Économie et Statistique n° 374-375 - 2004 Préférences de l'épargnant et accumulation patrimoniale
Préférences individuelles et disparités du patrimoine
Luc Arrondel, André Masson et Daniel Verger
Les indicateurs individuels de préférences élaborés dans les articles précédents scores, échelles, questions isolées, choix de loteries ont-ils des effets sur les montants de patrimoine financier net ou brut qui soient à la fois significatifs et conformes aux prédictions des modèles microéconomiques d'épargne ? L'analyse empirique menée sur l'enquête Insee Patrimoine 1998 conclut positivement, mais surtout dans le cas des scores : obtenus à partir d'un questionnement multiforme, ces indicateurs synthétiques ont un pouvoir explicatif beaucoup plus élevé et cohérent que celui des autres mesures des préférence envisagées. Être plus prudent ou plus prévoyant augmente le montant de la richesse détenue. L'altruisme familial va aussi de pair avec une fortune plus élevée. Le patrimoine des ménages apparaît donc bien sous sa dimension plurielle : réserve de précaution, épargne de cycle de vie, notamment pour les vieux jours, et transmission pour les siens. En revanche, le degré d'impatience, indicateur composite de réactions à court terme, n'a pas d'effet sur le niveau de l'accumulation. Il en va de même pour l'altruisme non familial (souci du bien-être des générations futures en général, de l'avenir de la planète, etc.). Le gain explicatif obtenu avec les scores de préférence peut paraître modeste : du fait de la concentration très élevée des fortunes, l'hétérogénéité non observée n'est pas fortement réduite. Malgré tout, les effets quantitatifs de ces variables subjectives sont loin d'être négligeables, notamment pour la préférence temporelle : entre individus extrêmes c'est-à-dire entre le plus myope et le plus prévoyant de l'échantillon , les écarts de patrimoine estimés vont ainsi de 1 à 10.
Economie et Statistique
No 374-375
Paru le :01/05/2005