Économie et Statistique n° 374-375 - 2004 Préférences de l'épargnant et accumulation patrimoniale

Economie et Statistique
Paru le :Paru le01/05/2005
Luc Arrondel, André Masson et Daniel Verger
Economie et Statistique- Mai 2005
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Mesurer les préférences individuelles pour le présent

Luc Arrondel, André Masson et Daniel Verger

La théorie microéconomique fait dépendre les choix de l'épargnant sur le cycle de vie de son taux de dépréciation du futur, soit du taux d'actualisation subjectif à l'aide duquel il escompte ses satisfactions à venir. Plus ce taux est élevé et plus le niveau de l'épargne sera faible. Caractérisant l'horizon de vie de l'agent, cette préférence pour le présent doit être distinguée des paramètres qui gouvernent ses décisions sur d'autres échéances : son degré d'impatience à plus court terme, mais aussi son altruisme intergénérationnel. De même que le taux de dépréciation du futur permet de comparer un plaisir demain à un plaisir aujourd'hui, le degré d'altruisme indique le poids relatif accordé au bien-être de ses enfants ­ ou à celui des générations futures ­ par rapport au sien. Pour évaluer ces préférences individuelles, un questionnaire spécifique a été posé à un sous-échantillon de l'enquête Insee Patrimoine 1998. Afin d'éviter les difficultés rencontrées par les tentatives de mesure précédentes, il ne propose pas seulement les arbitrages habituels - entre des plaisirs supposés équivalents à différentes dates -, mais envisage aussi une batterie de questions plus simples et plus concrètes qui cherchent à mieux cerner ce que représente véritablement la préférence temporelle, en termes d'horizon décisionnel et de « projets de vie ». En balayant un grand nombre de domaines et de situations, on espère limiter les effets de contexte et mieux contrôler les autres facteurs intervenant dans les choix intertemporels : taux d'intérêt, attitude à l'égard du risque face à un futur forcément incertain, contraintes de liquidité, etc. Le taux de dépréciation du futur, l'impatience, et les degrés d'altruisme ­ familial et non familial ­ sont alors évalués par des scores, mesures ordinales qui synthétisent les réponses apportées par l'enquêté à l'ensemble des questions attribuées à chaque préférence.

Economie et Statistique

No 374-375

Paru le :01/05/2005