Une pérennité des entreprises supérieure à la moyenne dans l’industrie et plus faible dans la construction

Stéphane Adrover, Émilie Vivas

En Franche-Comté, les entreprises créées dans l’industrie et la construction au premier semestre 2010 représentent 26 % de l’ensemble des créations. Le profil des créateurs et des entreprises créées dans l’industrie explique une pérennité des entreprises de ce secteur supérieure à la moyenne. À l’inverse, les entreprises de la construction présentent des éléments de fragilité qui les rendent plus vulnérables dans un contexte économique défavorable.

Insee Flash Franche-Comté
No 15
Paru le :Paru le07/10/2015
Stéphane Adrover, Émilie Vivas
Insee Flash Franche-Comté No 15- Octobre 2015

Au premier semestre 2010, 371 entreprises ont été créées dans l’industrie et la construction en Franche-Comté, hors auto entreprises. Elles représentent ainsi 26 % de l’ensemble des créations de la région. Les entreprises de la construction représentent les deux tiers des créations du secteur « industrie-construction ». Les créations d’entreprises industrielles relèvent pour la plupart de l’industrie manufacturière.

Moindre dynamisme des entrées dans l’industrie et la construction depuis 2008

Entre 2003 et 2007, le nombre des entrées (créations, reprises et transferts) et des sorties (cessations, transferts, cessions) d’entreprises (y c. auto-entreprises) de l'industrie et de la construction dans le répertoire Sirene augmentent à un rythme similaire à celui de l’ensemble des entreprises en Franche-Comté (figure 1). Ces mouvements d’entrées et de sorties sont plus irréguliers dans l’industrie que dans la construction. Les entrées d’entreprises diminuent une première fois en 2008 dans les deux secteurs, puis reprennent grâce à la création du régime d’auto entrepreneur. Ce rebond est particulièrement important dans l’industrie (+ 42 % en 2009) mais il est de moindre ampleur qu’en moyenne dans l’ensemble des secteurs. Les entrées d’entreprises de l'industrie et la construction sont à nouveau en retrait en 2011 et 2012, tandis que les sorties d’entreprises continuent d’augmenter. Le solde, négatif dès 2011, s’accentue en 2012.

Entre 2009 et 2012, l’essentiel des entrées d’entreprises du secteur dans le répertoire Sirene se fait dans les bassins de vie des principales agglomérations régionales. Toutefois, rapportée à leur population, la démographie de entreprises de ces bassins de vie est assez peu dynamique, contrairement à certains bassins de vie ruraux périurbains, notamment ceux situés à la périphérie de Besançon et de Dole, dont le dynamisme démographique profite à la construction.

Figure 1Depuis 2008, les entrées d'entreprises augmentent moins dans l'industrie et la construction que dans les autres secteurs

Nombre d'entreprises (Base 100 Entrées en 2003)
Depuis 2008, les entrées d'entreprises augmentent moins dans l'industrie et la construction que dans les autres secteurs (Nombre d'entreprises (Base 100 Entrées en 2003))
Entrées Industrie-Construction Sorties Industrie-Construction Entrées tous secteurs Sorties tous secteurs
2003 100 95 100 96
2004 120 104 123 105
2005 124 103 127 106
2006 124 103 122 109
2007 142 115 142 106
2008 124 119 135 120
2009 165 134 202 145
2010 182 168 223 182
2011 166 174 195 201
2012 169 197 208 224
  • Source : Insee, Répertoire des Entreprises et des Établissements

Figure 1Depuis 2008, les entrées d'entreprises augmentent moins dans l'industrie et la construction que dans les autres secteursEntrées et sorties du répertoire Sirene

  • Source : Insee, Répertoire des Entreprises et des Établissements

Un profil a priori plus favorable dans l’industrie que dans la construction

En raison de la nature des activités exercées, créateurs et entreprises de l’industrie et la construction présentent certains points communs (figure 2). Ainsi, 80 % des entreprises créées dans l’industrie et la quasi totalité de celles de la construction sont artisanales (inscrites au répertoire des métiers). Les créateurs sont majoritairement titulaires d’un CAP, BEP ou Bac professionnel ou technique. Dans les deux secteurs d’activité, la part des diplômés de l’enseignement supérieur est plus faible qu’en moyenne dans l’ensemble des secteurs. Elle atteint toutefois 27 % parmi les créateurs de l’industrie, contre 18 % parmi ceux de la construction. Avec seulement 11 % des femmes parmi les créateurs d’entreprises, ces secteurs restent très peu féminisés.

Figure_2Un profil des entreprises et des créateurs de l’industrie et de la construction très différent - Écarts en points par rapport à l’ensemble des créations

  • Lecture : 27 % des entreprises des entreprises créées dans l’Industrie sont des entreprises individuelles, contre 47 % dans l’ensemble des secteurs. L’écart en points est donc -20
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 - Interrogation 2010

Concernant les différences de profil, les caractéristiques des créateurs et des entreprises créées dans l’industrie sont en général plus favorables à la pérennité que celles de la construction.

Ainsi les créateurs de moins de 30 ans sont deux fois moins nombreux dans l’industrie que dans la construction, tandis que les créateurs de plus de 50 ans sont deux fois plus nombreux. Au moment de la création, la proportion de créateurs ayant déjà une expérience en matière de gestion d’entreprise (indépendants ou chefs d’entreprise salariés au moment de la création) est nettement supérieure à la moyenne parmi les créateurs de l’industrie (+ 15 points), tandis qu’elle est proche de la moyenne parmi les créateurs de la Construction. La proportion de chômeurs parmi les créateurs dans l’industrie est également plus faible qu’en moyenne.

La création d’une entreprise industrielle nécessite souvent des investissements matériels élevés. C’est pourquoi les entreprises créées dans l’industrie sont très majoritairement des sociétés. La part des investissements initiaux d’au moins 40 000 euros concernent 36 % des entreprises créées. Les investissements d’au moins 160 000 euros concernent 17 % des créations industrielles, soit deux fois plus que l’ensemble des créations franc-comtoises.

Dans la construction, près de la moitié des entreprises créées sont des entreprises individuelles et 45 % d’entre elles démarrent avec un investissement initial inférieur à 8 000 euros.

Meilleure pérennité des entreprises industrielles

Comme dans les autres régions, les entreprises industrielles ont une pérennité nettement supérieure à celle de l’ensemble des entreprises créées (75 % contre 66 %) (figure 3). Toutefois, leur taux de survie est inférieur à la moyenne de France de province. Dans la construction, le taux de survie des entreprises créées est inférieur de trois points à la moyenne régionale. Quelles que soient les caractéristiques du créateur et de l’entreprise créée, les chances de survie d’une entreprise de la construction sont inférieures à celle d’une entreprise industrielle. Dans un contexte économique défavorable dans la construction depuis 2008, la vulnérabilité des projets reposant sur de faibles investissements est particulièrement marquée.

Ainsi, le taux de survie des entreprises de la construction créées avec moins de 8 000 euros est inférieur de 22 points à celui des entreprises industrielles comparables.

Figure 3Trois quarts des entreprises industrielles encore en activité trois ans après leur création - Taux de survie à trois ans (en %)

Trois quarts des entreprises industrielles encore en activité trois ans après leur création - Taux de survie à trois ans (en %)
Secteur Franche-Comté Province
Nombre d'entreprises Taux de survie Taux de survie
Industrie 114 75 81
Construction 257 63 68
Industrie, Construction 371 67 71
Tous secteurs 1402 66 71
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 - Interrogations 2010 et 2013

Les embauches dans les entreprises pérennes ne compensent pas les emplois perdus dans les entreprises ayant cessé leur activité

Au moment de leur création au premier semestre 2010, les entreprises créées dans l’industrie et la construction emploient 667 personnes, dont 231 salariés hors dirigeants (figure 4). Les entreprises encore en activité en décembre 2013 ont embauché 130 personnes supplémentaires, soit en moyenne + 0,6 personne par entreprise. Cette hausse ne suffit pas à compenser les emplois perdus dans les entreprises qui ont cessé leur activité au cours de la période. L’emploi total recule ainsi de 13 %.

Figure 4L'emploi en baisse de 13 %

Emploi total (en nombre)
L'emploi en baisse de 13 % (Emploi total (en nombre))
Entreprises pérennes Entreprises non pérennes
au démarrage 450 217
en décembre 2013 580
  • Champ : Entreprises du champ Sine actives en septembre 2010
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 - Interrogations 2010 et 2013

Figure 4L'emploi en baisse de 13 %Évolution de l’emploi entre la création et décembre 2013

  • Champ : Entreprises du champ Sine actives en septembre 2010
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 - Interrogations 2010 et 2013

Pour en savoir plus

- Adrover S., Mairey F., « Fragilité des entreprises créées en 2010 en Franche-Comté », Insee Analyses n° 12, octobre 2015

- Adrover S., Vivas E., « Faible pérennité des entreprises créées dans le commerce en 2010 », Insee Flash n° 20, octobre 2015

- Adrover S., Vivas E., « Sept entreprises de services sur dix sont encore en activité trois ans après leur création », Insee Flash n° 21, octobre 2015