Insee Analyses Corse · Décembre 2025 · n° 63

Corse - Premiers résultats de la saison touristique 2025 Une attractivité touristique croissante en avant-saison et en septembre, une érosion du pic estival

Entre avril et septembre 2025, les touristes ont passé 10 millions de nuitées dans les hôtels, campings et autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT) en Corse. Depuis la pandémie de Covid-19, 2025 marque ainsi une année record sur l’île en nombre de nuitées passées dans les établissements professionnels marchands (figure 1). Par rapport à la saison 2024, la fréquentation touristique augmente de 1,4 %, soit 135 000 nuitées supplémentaires. Cette progression est plus modérée que l’année précédente, où elle avait atteint 6,9 %.

Dans l’Hexagone, le nombre de nuitées progresse dans toutes les régions (+4,5 %). Cependant, la Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) se distinguent par une hausse inférieure à 2 %. Cette situation contraste avec l’an passé, où elles étaient les seules à gagner en fréquentation touristique.

Pendant la saison touristique 2025, les campings restent le type d’hébergement le plus fréquenté. Ils représentent désormais 44 % des nuitées, une part qui continue de croître au fil des années. L’engouement pour ces hébergements de plein air se confirme avec 2,6 % de nuitées supplémentaires par rapport à la saison touristique précédente.

Dans les AHCT, la fréquentation progresse de 0,5 %, après les replis consécutifs en 2023 et 2024 (figure 2). Enfin, dans les hôtels, la hausse est modérée (0,3 % de nuitées supplémentaires), après le fort rebond de fréquentation survenu l’an passé.

En Corse, la hausse de fréquentation se concentre principalement sur l’avant saison, d’avril à juin, et l’arrière-saison, en septembre. Le nombre de nuitées progresse dans les trois types d’hébergement à ces périodes. Ces dernières années, un étalement de la saison se dessine, avec un pic traditionnel de juillet et août qui a tendance à s’éroder. Ce phénomène traduirait plutôt un report des séjours dans les hébergements marchands vers l’avant saison et septembre, peut-être motivé par des considérations budgétaires, avec des tarifs plus attractifs, ou des raisons climatiques. La baisse de la concentration des séjours en juillet-août questionne les professionnels de l’hébergement. Ils font face à des réservations tardives qui réduisent leur visibilité. De plus, leurs marges commerciales restent limitées, plus faibles en avant et arrière-saison qu’en pleine saison estivale.

D’avril à juin, la fréquentation des hébergements touristiques insulaires augmente de +3,3 % par rapport à l’année précédente, soit 95 500 nuitées supplémentaires. Cette hausse est supérieure à celle du nombre de voyageurs dans les ports et les aéroports insulaires (encadré). Le dynamisme d’avant-saison dans les campings reflète 63 000 nuitées supplémentaires par rapport à 2024. Cette période est également excédentaire dans les AHCT, et dans une moindre mesure dans les hôtels (figure 3).

Avril est le mois le plus dynamique de l’avant-saison avec une hausse de 14,5 % du nombre de nuitées dans les hébergements marchands. Cette évolution s’explique en partie par un effet calendaire : en 2025, les vacances scolaires de printemps coïncident avec cette période dans l’ensemble des zones. De plus, l’an passé, le relais de la flamme Olympique sur l’île de Beauté avait stimulé la fréquentation en mai. Sans cet événement, la fréquentation touristique se stabilise tout de même en mai 2025.

En revanche, en juillet et août, au cœur de la saison estivale, le nombre de nuitées diminue de 1,2 % dans les hébergements marchands insulaires par rapport à 2024. Les campings insulaires comptabilisent 39 000 nuitées de moins (−1,5 %). La baisse de fréquentation concerne également les AHCT (–1,3 %), ainsi que les hôtels où la clientèle estivale recule de 0,4 %.

En septembre, portée par des températures clémentes, la Corse confirme son attractivité touristique. La fréquentation des hébergements marchands progresse de 6,4 % par rapport à l’année précédente. Elle est largement stimulée par la présence des campeurs (+13,9 %) et de la clientèle des AHCT (+2,5 %). La hausse du nombre de nuitées est plus modérée dans les hôtels, qui enregistrent malgré tout 0,9 % de nuitées de plus qu’en septembre 2024.

De retour ces deux dernières années après un net recul en 2023, la clientèle domiciliée en France soutient la fréquentation des hébergements marchands insulaires. Avec 6,6 millions de nuitées entre avril et septembre, elle progresse de 2,1 % par rapport à la saison précédente et représente 65 % des nuitées dans la région.

La clientèle en provenance d’autres pays se stabilise cette saison (figure 4). Comme l’an passé, elle s’établit à 3,5 millions de nuitées, soit 35 % des nuitées passées dans les hébergements marchands. Elle se concentre principalement au cœur de saison.

Sur le podium, les touristes allemands ont passé un million de nuitées touristiques en Corse. Ils ont accru leur fréquentation en avant-saison et surtout en septembre, privilégiant les séjours en campings. Avec les touristes italiens (504 000 nuitées) et suisses (304 000 nuitées), ils représentent les deux tiers de la clientèle internationale des campings et des hôtels insulaires. Leur fréquentation progresse globalement de 2,1 % en 2025, malgré un net repli des campeurs italiens, qui s’orientent de plus en plus vers les hôtels. Dans les campings insulaires, la clientèle néerlandaise se raréfie aussi. Sa fréquentation recule globalement de 1,9 % par rapport à 2024, avec 195 000 nuitées.

Moins importante, la fréquentation des touristes britanniques augmente quant à elle légèrement (+0,7 %), et s’établit à 70 000 nuitées en 2025. Elle se développe en avant-saison en particulier, et en septembre.

L’attractivité des campings corses reste forte en 2025. Ces établissements de plein air demeurent le mode d’hébergement privilégié. Les touristes y ont passé 4,4 millions de nuitées sur la saison, un niveau proche du record de 2018. Avec 112 000 nuitées supplémentaires, la progression régionale (+2,6 %) s’inscrit dans une tendance nationale également à la hausse (+4,5 %).

Dans les campings de la région, 55 % des nuitées concernent des emplacements équipés en mobil-homes, bungalows et chalets. Elles progressent de 11,3 % alors que les nuitées dans les emplacements nus diminuent de 6,4 %.

La hausse de fréquentation des campings insulaires est toutefois plus marquée en Corse-du-Sud (+3,6 %) qu’en Haute-Corse (+1,6 %). La nature des emplacements offerts et les choix d’hébergements des campeurs peuvent expliquer cet écart fluctuant d’une année sur l’autre. Par rapport à la saison précédente, dans le sud de l’île, le nombre d’emplacements équipés des campings s’accroît au détriment des emplacements nus.

En 2025, l’offre globale d’emplacements de camping diminue de 1,1 %. Le recul du nombre d’emplacements nus est partiellement compensé par le développement des emplacements équipés. Ainsi, le taux d’occupation des hébergements de plein air atteint 44,9 % et progresse de 1,7 point par rapport à 2024. Par ailleurs, après une tendance baissière, la durée des séjours se stabilise : les touristes restent en moyenne quatre nuits dans ce type d’établissement. L’éventail des sites touristiques présents sur l’île peut expliquer l’itinérance des touristes, notamment ceux véhiculés arrivant en bateau, venus plus nombreux cet été.

La clientèle en provenance de France contribue exclusivement à la hausse de fréquentation des campings de Corse avec 196 000 nuitées supplémentaires. En augmentation de 8,1 % par rapport à la saison 2024, elle reste majoritaire au sein de la clientèle de l’hôtellerie de plein air (59 %). Sa proportion est néanmoins inférieure de 10 points à la moyenne métropolitaine.

En revanche, les campeurs venant de l’étranger sont moins présents que la saison précédente (−4,4 % de nuitées). Parmi eux, les touristes allemands restent majoritaires avec 897 000 nuitées. Leur fréquentation augmente de 2,4 % en 2025. Les campeurs italiens, en retrait, occupent la seconde place du podium avec 340 000 nuitées, suivis des clients suisses (197 000 nuitées).

Les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT) regroupent notamment les résidences de tourisme ainsi que les villages de vacances. D’avril à septembre 2025, les touristes ont passé 2,8 millions de nuitées dans ces hébergements, soit 14 000 nuitées supplémentaires. En 2024, le recul de fréquentation de ces établissements contrastait avec le dynamisme des hôtels et des campings.

La hausse régionale de 0,5 % est inférieure à celle des autres régions métropolitaines (+3,9 %). Elle concerne exclusivement les établissements de Haute-Corse (+6,9 %). En revanche, les AHCT de Corse-du-Sud totalisent un recul de 4,5 % de leur nombre de nuitées par rapport à la saison 2024, du fait d’une réduction de l’offre.

Sur l’île, le regain de fréquentation dans ces établissements est exclusivement imputable au retour de la clientèle domiciliée à l’étranger (+5,8 %), qui compense le repli de nuitées des personnes résidant en France. Pour autant, la clientèle provenant de France constitue les trois quarts de la fréquentation des AHCT.

Entre avril et septembre 2025, les hôtels insulaires totalisent 2,8 millions de nuitées, soit 9 800 nuitées de plus qu’en 2024. À l’instar de celle des AHCT, cette hausse de fréquentation (+0,3 %) est bien inférieure à celle des régions de l’Hexagone (+4,7 %). En 2025, les hôtels représentent 28 % des nuitées des hébergements marchands de Corse, une part qui atteint désormais celle des AHCT.

La hausse de fréquentation dans les hôtels concerne uniquement la Corse-du-Sud, qui étoffe son offre. Le nombre de nuitées demeure stable en Haute-Corse.

Par ailleurs, la progression régionale est de nouveau portée par les clients en provenance de l’étranger, fidèles à la Corse pour la troisième année consécutive (+5,1 %). Ils représentent un tiers des nuitées hôtelières. Au contraire, les touristes domiciliés en France sont moins nombreux à fréquenter ce type d’hébergements cette année (−1,8 %).

Les clients italiens, toujours plus nombreux dans les hôtels, constituent la première provenance étrangère (163 000 nuitées). Ils sont suivis des Allemands (151 000 nuitées) et des Suisses (106 000 nuitées).

La clientèle des hôtels s’oriente toujours vers les établissements classés 2 et 3 étoiles qui regroupent 53 % des nuitées. Pour autant, leur fréquentation baisse au profit des établissements haut de gamme ou non-classés. Les hôtels non classés présentent la plus forte hausse (+14,4 %), mais ne concentrent que 10 % des nuitées hôtelières. Dans les hôtels haut de gamme (4 et 5 étoiles), la fréquentation progresse de 2,9 % avec une offre légèrement supérieure à celle de 2024 et un taux d’occupation en croissance de 1,4 point.

En parallèle, le taux d’occupation des établissements hôteliers augmente globalement de 1,7 point par rapport à 2024. Toutefois, cette hausse de fréquentation reste sans effet sur la durée moyenne des séjours qui reste stable à 2,2 jours depuis 2023.