Insee Flash Normandie · Décembre 2025 · n° 155

31 000 seniors supplémentaires en perte d’autonomie d’ici 2050 en Normandie

En 2021, 961 400 personnes âgées de 60 ans ou plus (dites « seniors » dans le cadre de cette étude) résident en Normandie. Entre 1990 et 2021, cette population des seniors a augmenté de 1,7 % par an en moyenne dans la région, alors que l’ensemble de la population n’a augmenté que de 0,2 % par an sur la même période. La part des seniors dans la population normande est ainsi passée de 18 % en 1990 à 29 % en 2021. Si les tendances récentes se poursuivaient, le nombre de seniors continuerait d’augmenter de 1,1 % par an en moyenne jusqu’en 2035 (soit +156 000 personnes à cet horizon par rapport à 2021) puis se stabiliserait entre 2035 et 2050 (+8 000 personnes seulement en quinze ans), avant de diminuer par la suite (figure 1). En 2050, leur part dans la population normande pourrait atteindre 37 %. En France métropolitaine, la croissance du nombre de seniors pourrait être plus marquée (+1,3 % par an d’ici 2035), une croissance qui perdurerait ensuite mais à un rythme plus modéré (+0,4 % par an jusqu’en 2050).

En Normandie, la croissance du nombre de seniors d’ici 2050 (+17 % par rapport à 2021) serait bien plus faible que dans la plupart des autres régions métropolitaines. La région se situerait au 11ᵉ rang métropolitain pour cette hausse, juste devant Centre-Val de Loire (+16 %) et à un niveau proche des régions Grand Est (+18 %) et Hauts-de-France (+19 %). Si la croissance possible du nombre de seniors apparaît plus modeste en Normandie, c’est principalement parce que la part de seniors est déjà élevée dans la région. Les générations qui arriveront parmi les 60 ans ou plus dans les années à venir seront donc de taille moins importante.

Le vieillissement de la population entraîne mécaniquement une augmentation du nombre de seniors en situation de perte d’autonomie. Avec l’arrivée aux âges les plus avancés des générations nombreuses du baby-boom, mais aussi du fait de l’allongement de l’espérance de vie après 60 ans, le nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus, soit les plus exposées au risque de perte d’autonomie, va fortement progresser dans les années à venir. En Normandie, le rythme de cette hausse pourrait atteindre 1,9 % par an en moyenne d’ici 2050, soit environ 240 000 personnes supplémentaires à cet horizon.

En 2021, 103 400 seniors sont en situation de perte d’autonomie dans la région. Ils représentent 11 % des personnes âgées de 60 ans ou plus, un taux équivalent à celui de France métropolitaine. Près d’un tiers d’entre eux, soit 33 300 personnes, sont en situation de perte d’autonomie sévère. Ce type de situation touche notamment les plus âgés : 23 % des 75 ans ou plus contre 4 % des 60-74 ans. Si l’amélioration de l’état de santé observée au cours de la période récente se poursuivait et que les années d’espérance de vie gagnées à 60 ans étaient des années sans perte d’autonomie, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie augmenterait de 30 % d’ici 2050 (+35 % en France métropolitaine). Dans cette hypothèse, elles seraient près de 135 000 dans la région en 2050, soit 31 000 de plus qu’en 2021. Leur nombre atteindrait son pic dès 2045 en Normandie (2051 au niveau métropolitain), avant de diminuer légèrement par la suite (figure 2). Le nombre de seniors en perte d’autonomie sévère pourrait progresser encore plus rapidement : +38 % entre 2021 et 2050 (+43 % en France métropolitaine), soit 13 000 personnes supplémentaires en 2050.

En 2021, la part des personnes âgées de 60 ans ou plus dans la population des départements normands varie de 27 % (Eure et Seine-Maritime) à près de 35 % (Orne ; figure 3). D’ici 2050, les seniors pourraient représenter un tiers de la population de Seine-Maritime et jusqu’à 44 % dans la Manche. À ce même horizon, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie augmenterait dans tous les départements normands, en particulier celui des seniors en perte d’autonomie sévère. Ces derniers progresseraient de près de moitié dans le Calvados (+3 400 personnes) et dans l’Eure (+2 600). En Seine-Maritime et dans la Manche, leur nombre pourrait être de près d’un tiers plus élevé en 2050 (respectivement +3 700 personnes et +2 200). Dans le département de l’Orne, la part des personnes âgées de 75 ans ou plus est déjà élevée en 2021. Les arrivées aux âges les plus avancés étant moins nombreuses dans les décennies à venir, l’évolution du nombre de seniors en perte d’autonomie sévère serait plus contenue (+ 800 en 2050).

En 2021, un tiers des seniors en perte d’autonomie vit en institution, soit 34 600 personnes. 58 % d’entre elles sont en perte d’autonomie sévère (soit 20 100 personnes ; figure 4). La proportion de personnes accueillies en établissement varie selon les départements normands. L’Orne se distingue avec une part plus élevée de seniors vivant en institution (42 % des seniors en perte d’autonomie et 71 % de ceux en perte d’autonomie sévère), à l’inverse de la Seine-Maritime (respectivement 30 % et 56 %).

À conditions d’accueil en institution maintenues équivalentes à celles observées en 2021, le besoin en places supplémentaires d’ici 2050 serait de 19 400 à l’échelle de la région, dont 8 800 pour les seules personnes en perte d’autonomie sévère. Cette hypothèse représenterait une augmentation de 52 % du nombre de places par rapport à 2021. En dix ans (de 2014 à 2023), le nombre de places en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) a progressé de près de 300 unités par an en moyenne en Normandie [Drees, Insee, 2025 ; Pour en savoir plus (1)]. Pour disposer de près de 20 000 places supplémentaires à l’horizon 2050, il faudrait en créer presque 700 par an. À défaut d’un accroissement significatif du nombre de places en établissement, le maintien à domicile devrait entraîner une forte augmentation des besoins en termes de services à la personne et d’aménagement des logements.