Insee Flash Normandie · Décembre 2023 · n° 137

En Normandie, environ 6 % des seniors vivant à domicile sont en situation de perte d’autonomie en 2021

Les seniors, définis comme les personnes âgées de 60 ans ou plus, sont au nombre de 941 300 en Normandie en 2020. Ils représentent 28,3 % de la population régionale, une proportion légèrement supérieure à celle observée pour la France métropolitaine (26,5 %). Cette part de seniors est plus élevée dans la Manche et dans l’Orne (32 % et 34 %), et dans une moindre mesure dans le Calvados (29 %). Elle est plus faible en Seine-Maritime et dans l’Eure (26 %). Si les tendances démographiques observées ces dernières années se poursuivaient, la population des seniors pourrait dépasser le million de personnes dans la région à l’horizon 2030. Les 60 ans ou plus représenteraient alors près d’un tiers de la population normande et jusqu’à quatre personnes sur dix à l’horizon de 2070.

En Normandie, 96 % des seniors vivent à domicile et l’augmentation de cette population pose la question de l’accompagnement dont ils ont ou auront besoin, en particulier lorsqu’ils vivent seuls. Parmi les seniors âgés de 60 à 74 ans vivant à domicile, une personne sur quatre est seule, une proportion qui s’élève à trois sur cinq pour les personnes âgées de 85 ans ou plus. Les femmes sont davantage concernées que les hommes : près de trois sur quatre vivent seules à partir de 85 ans contre seulement un homme sur trois. Cette différence résulte, notamment, d’une espérance de vie à 60 ans inférieure de 4,6 ans pour les hommes : 22,3 ans contre 26,9 ans pour les femmes.

La perte d’autonomie est déterminée par des difficultés à mener seul certains actes de la vie quotidienne. Cette situation concerne près de 60 000 seniors en Normandie, soit 6,4 % de la population senior résidant à domicile (7,3 % en France).

Cette prévalence de la perte d’autonomie s’accentue nettement avec l’âge. Entre 60 et 64 ans, seuls 2 % des seniors sont dans cette situation alors qu’ils sont 36 % à partir de 90 ans (figure 1). Elle concerne également davantage les femmes (7,2 % contre 5,5 % des hommes). Une différence qui s’explique par une espérance de vie plus élevée et donc par un plus grand nombre de femmes vivant seules à domicile aux âges les plus avancés, et donc plus souvent confrontées à la perte d’autonomie.

Deux facteurs peuvent expliquer le taux relativement peu élevé de seniors normands en perte d’autonomie à domicile (6,4 %). D’une part, la région bénéficie d’un nombre de places en instituts spécialisés, rapporté à la population, plus avantageux que sur l’ensemble du territoire métropolitain. La Normandie dispose d’un peu plus de 139 places pour 1 000 habitants âgés de 75 ans ou plus contre 116 en France métropolitaine, soit la deuxième position des régions pour ce ratio. Les seniors normands ont ainsi plus facilement l’opportunité de rejoindre un centre d’hébergement lorsqu’ils présentent une situation de perte d’autonomie. D’autre part, le taux de pauvreté, déjà globalement plus faible en Normandie qu’en moyenne France métropolitaine (13,2 % contre 14,4 %), l’est aussi pour les seniors de 60 ans ou plus : 8,7 % en Normandie contre 10,3 % en France métropolitaine. Une moindre précarité financière peut favoriser l’accès aux soins et à de meilleures conditions de vie, et donc diminuer le risque de perte d’autonomie.

Les problèmes fonctionnels recouvrent des difficultés de type moteur, sensoriel ou cognitif : 16 % des seniors normands de 60 ans ou plus vivant à domicile déclarent rencontrer des problèmes moteurs, 10 % des problèmes sensoriels et 6 % des problèmes cognitifs (figure 2). De façon globale, ce sont près de 23 % des seniors vivant à domicile qui présentent au moins l’une de ces limitations.

Ces limitations touchent, en Normandie, un quart des femmes (plus nombreuses que les hommes aux âges avancés) et un cinquième des hommes de plus de 60 ans vivant à domicile. Elles augmentent fortement avec l’âge : parmi les seniors âgés de 60 à 75 ans une personne sur sept souffre d’au moins un problème fonctionnel alors que plus d’une personne de 85 ans ou plus sur deux en est affectée. En outre, un senior de 60 ans ou plus vivant à domicile sur trois se déclare limité dans ses activités habituelles depuis au moins six mois en Normandie, une proportion légèrement inférieure à la moyenne nationale.

Avec l’âge, le recours aux aides, qu’elles proviennent de l’entourage, de professionnels, ou de solutions techniques, s’accentue, voire devient indispensable pour les seniors à domicile en situation de perte d’autonomie. En Normandie, 15 % des seniors résidant à domicile reçoivent au moins l’aide d’une personne de leur entourage et 21 % bénéficient au moins d’une aide professionnelle (infirmier, aide-soignant, aide ménagère, etc.) ou technique (canne, déambulateur, fauteuil roulant, aménagement de leur logement, etc.). En définitive, un quart des seniors normands vivant à domicile reçoivent de l’aide (figure 3). Ces proportions augmentent nettement avec l’âge : ils ne sont que 14 % à bénéficier d’une aide entre 60 et 74 ans mais 70 % à partir de 85 ans. Dans le cas des seniors en perte d’autonomie à domicile, le recours à une aide est quasi systématique et 80 % bénéficient à la fois de l’aide d’un proche et d’une aide professionnelle ou technique. Liée à leur espérance de vie supérieure, près de 30 % des femmes ont recours à une aide contre 21 % pour les hommes.

L’enquête Vie quotidienne et santé (VQS) a pour objectif d’établir des statistiques sur les conditions de vie des personnes vivant à domicile, leurs difficultés à réaliser les activités de la vie quotidienne et les aides qu’elles reçoivent. Elle a été réalisée auprès de 334 000 personnes vivant en France en domicile ordinaire (hors établissements), entre février 2021 et avril 2022. En France, les personnes ont pu répondre par Internet, par téléphone ou en renvoyant un questionnaire papier, sauf à Mayotte où les personnes ont répondu en face-à-face. Une personne du logement pouvait répondre pour l’ensemble des membres du logement.