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Insee Analyses Grand Est · Décembre 2025 · n° 207
Insee Analyses Grand EstFormes particulières d’emploi dans le Grand Est : essor de l’apprentissage, érosion des emplois aidés et des CDD

Madeline Bertrand, Sylvain Moreau, Achour Rezzik (Insee)

En 2022, dans la région, un sixième des heures rémunérées par le secteur privé relève d’une forme contractuelle différente du CDI, une proportion qui classe le Grand Est au deuxième rang des régions ayant le plus faible taux de recours aux formes particulières d’emploi. Ces formes d’emploi regroupent les CDD, les contrats d’intérim, l’apprentissage et les emplois aidés. Entre 2017 et 2022, elles augmentent plus fortement que l’emploi salarié total, surtout grâce à l’essor de l’apprentissage. Deux tiers des heures rémunérées des formes particulières d’emploi sont concentrées sur trois secteurs du tertiaire, la construction et la « fabrication d’autres produits industriels ». Les employés et les ouvriers non qualifiés sont très majoritaires dans ces types de contrats.

Insee Analyses Grand Est
No 207
Paru le :Paru le11/12/2025
Infographie_les formes particuliere d'emploi dans le Grand est
Publication rédigée par :Madeline Bertrand, Sylvain Moreau, Achour Rezzik (Insee)

Le Grand Est, 2e région qui a le moins recours aux formes particulières d’emploi

Depuis les Trente Glorieuses, l’emploi stable en constitue la forme d’emploi dominante. Toutefois, les mutations économiques et la recherche d’une plus grande flexibilité ont favorisé l’émergence de . Ces formes d’emploi regroupent des situations diverses : contrats à durée déterminée (35 %), l’ (29 %), l’ (26 %) et les (10 %).

En marge du contrat à durée indéterminée de droit commun, les formes particulières d’emploi jouent un rôle complémentaire ou régulateur du marché du travail. Sur le champ du secteur privé hors particuliers employeurs, elles représentent 17 % du volume total d’heures rémunérées en 2022 dans le Grand Est, une part proche de la moyenne nationale mais inférieure d’un point à la moyenne de France de province. Cela correspond à plus de 400 millions d’heures occupées, 961 000 de travail et 225 000 équivalents temps plein.

Le Grand Est est la deuxième région qui a le moins recours à ces formes d’emploi ; seule l’Île-de-France se situe bien en dessous (13 %). À l’autre extrémité du classement, la Corse et les Outre-mer ont un taux de recours qui varie de 23 % en Corse à 20 % en Martinique.

Figure 1Nombre de jours, d’heures et salaires moyens des emplois selon leur forme

Nombre de jours, d’heures et salaires moyens des emplois selon leur forme - Lecture : 16,8 % des heures travaillées dans le Grand Est relèvent des FPE.
Forme d'emploi Grand Est France
Durée moyenne des postes (en jour par an) Répartition des heures (en %) Salaire horaire net moyen (en €) Durée moyenne des postes (en jour par an) Répartition des heures (en %) Salaire horaire net moyen (en €)
Intérim 71 4,8 11,7 65 4,2 11,8
Apprentis 201 4,4 7,1 193 4,3 7,4
Emplois aidés 195 1,6 9,1 190 1,3 9,3
CDD 76 6,0 12,7 75 7,1 13,9
Ensemble des FPE 95 16,8 11,6 90 16,9 12,4
CDI 278 81,0 15,2 270 80,6 17
Autres 167 2,2 13,2 172 2,5 15
Ensemble 207 100,0 13,8 199 100,0 15,2
  • Note : Le salaire horaire net moyen correspond à une moyenne simple des salaires horaires nets de chaque poste, sans tenir compte du nombre d’heure propre à chaque poste.
  • Lecture : 16,8 % des heures travaillées dans le Grand Est relèvent des FPE.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Une durée moyenne des postes de travail et une rémunération horaire bien inférieures à celles des emplois en CDI

Dans le Grand Est, la durée moyenne des postes sur une année est de 95 jours pour les formes particulières d’emploi (FPE), contre 278 jours pour les CDI, et respectivement 90 et 270 jours à l’échelle nationale. De fortes disparités existent entre les différentes FPE. Ainsi, la durée est d’environ 200 jours dans l’apprentissage et les emplois aidés, et autour de 75 jours pour les CDD et l’intérim.

Les formes particulières d’emploi étant plutôt occupées par des personnes en début de carrière, peu diplômées et peu qualifiées (encadré 2), la rémunération est nettement plus faible pour les FPE que pour les CDI : le salaire net horaire moyen se situe à 11,6 €, contre 15,2 € pour l’ensemble des emplois du Grand Est (12,4 € contre 17 € au niveau France entière).

Alors qu’un salarié en CDD ou en intérim touche en moyenne environ 12 € net de l’heure, la rémunération varie entre 7 € pour les apprentis et 9 € pour les emplois aidés. Le Smic horaire net passe de 8,4 € à 8,8 € suite à deux revalorisations au cours de l’année 2022.

Une concentration des emplois dans cinq secteurs économiques

Cinq secteurs sur dix-sept concentrent plus de 60 % des heures rémunérées des FPE dans la région : le « commerce et réparation automobile », l’« administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale » (dont une bonne partie relève de l’hébergement social et médico-social), les « activités scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien », la « fabrication d’autres produits industriels » et la construction.

Cependant les trois secteurs ayant le plus recours aux formes particulières d’emploi n’y figurent pas, du fait de leur taille plus modeste. Les FPE sont très présentes dans l’agriculture (30 % de l’emploi), où l’activité saisonnière est importante. Ce secteur recourt fortement aux contrats à durée déterminée, mais a aussi su développer l’apprentissage (figure 2). Viennent ensuite les « autres activités de services », qui incluent principalement les prestations fournies par le milieu associatif. Enfin, l’industrie agroalimentaire, où la part des FPE est également supérieure à 20 %, adopte une répartition équilibrée entre apprentissage, CDD et intérim.

Si l'on se concentre sur cette dernière forme d’emploi, l’intérim est davantage utilisé dans l’industrie de biens durables (fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques, de machines ou de matériels de transport).

Figure 2Part des formes particulières d’emploi dans chaque secteur en 2022

(en %)
Part des formes particulières d’emploi dans chaque secteur en 2022 ((en %)) - Lecture : Dans le secteur « Cokéfaction et raffinage », 4,3 % du volume d’heures rémunérées relèvent de l’intérim.
Secteurs Intérim Apprentis Emplois aidés CDD
Cokéfaction et raffinage 4,3 0,0 0,0 0,0
Activités financières et d'assurance 0,7 3,9 0,7 3,0
Information et communication 1,0 5,6 0,7 3,7
Activités immobilières 1,2 7,3 0,4 3,0
Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution 6,0 3,2 1,6 1,5
Commerce, réparation d'automobiles et de motocycles 2,3 5,4 0,8 5,3
Transports et entreposage 8,3 1,4 0,3 3,9
Fabrication d'autres produits industriels 9,2 2,7 0,5 2,6
Fabrication d'équipements électriques, électroniques, informatiques ; fabrication de machines 10,4 3,0 0,3 2,1
Ensemble 4,8 4,4 1,6 6,0
Fabrication de matériels de transport 13,5 3,0 0,2 0,7
Hébergement et restauration 1,4 4,6 0,7 11,3
Administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale 1,3 2,0 5,8 9,2
Activités scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien 4,8 4,4 2,4 6,9
Construction 7,3 6,7 0,5 4,4
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac 7,2 7,6 0,5 6,2
Autres activités de services 1,1 9,4 4,6 14,2
Agriculture, sylviculture et pêche 1,2 7,9 1,0 20,0
  • Lecture : Dans le secteur « Cokéfaction et raffinage », 4,3 % du volume d’heures rémunérées relèvent de l’intérim.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Figure 2Part des formes particulières d’emploi dans chaque secteur en 2022

  • Lecture : Dans le secteur « Cokéfaction et raffinage », 4,3 % du volume d’heures rémunérées relèvent de l’intérim.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

En cinq ans, les FPE se développent plus vite que l’emploi salarié privé total

De 2017 à 2022, le nombre d’heures travaillées sous FPE s’accroît de 9 %, contre 14 % au niveau national, alors que l’emploi privé total n’augmente que de 3 %. Cette forte hausse est portée par l’apprentissage, dont le volume d’heures travaillées a presque doublé (figure 3) (encadré 1). L’intérim croît de 4 % malgré une chute significative au moment du Covid. En cinq ans, l’intérim croît fortement dans le transport et l’entreposage. Il augmente également, mais de façon plus limitée, dans certaines entreprises publiques et dans les secteurs de la santé humaine, de l’hébergement médico-social et social, ainsi que de l’action sociale. À l’inverse, CDD et emplois aidés n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant la crise sanitaire. Le nombre d’heures travaillées en CDD baisse de 6 % : il recule dans tous les secteurs hormis dans l’agriculture-sylviculture-pêche. Face à la baisse de l’ensemble des emplois aidés (‑25 %), seuls les services administratifs et de soutien ont recruté davantage sous ce type de contrats.

Figure 3Évolution du nombre d’heures rémunérées des quatre formes particulières d’emploi entre 2017 et 2022

(en millions)
Évolution du nombre d’heures rémunérées des quatre formes particulières d’emploi entre 2017 et 2022 ((en millions)) - Lecture : Le nombre d’heures rémunérées dans l’apprentissage passe de 56 millions en 2017 à 107 millions en 2022.
Année Intérim Apprentis Emplois aidés CDD
2017 115 56 53 155
2018 121 58 47 158
2019 115 60 44 154
2020 86 65 37 127
2021 112 90 38 142
2022 119 107 39 146
  • Lecture : Le nombre d’heures rémunérées dans l’apprentissage passe de 56 millions en 2017 à 107 millions en 2022.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs.
  • Source : Insee, bases Tous salariés.

Figure 3Évolution du nombre d’heures rémunérées des quatre formes particulières d’emploi entre 2017 et 2022

  • Lecture : Le nombre d’heures rémunérées dans l’apprentissage passe de 56 millions en 2017 à 107 millions en 2022.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs.
  • Source : Insee, bases Tous salariés.

Important recours au CDD dans la zone d’emploi d’Épernay et à l’intérim dans celle de Sarreguemines

À l’échelle des zones d’emploi (ZE), les taux de recours aux formes particulières d’emploi varient relativement peu dans leur ensemble : de 16 % (ZE de Strasbourg et ZE de Metz) à 19 % (ZE d’Épernay).

Dans la zone d’emploi d’Épernay, spécialisée dans l’agriculture/viticulture, les CDD sont les plus fréquents (11 %), ainsi que dans celles de Reims, Romilly-sur-Seine et Troyes ; dans celle d’Haguenau au contraire, le taux de recours est de 4 %. L’utilisation de l’intérim est le plus fort dans la ZE de Sarreguemines (8 %), à dominante industrielle, et s’avère le plus faible dans la ZE de Forbach (3 %). Pour l’apprentissage, le recours le plus élevé se fait dans la zone de Saint-Louis et le moins dans la zone de Romilly-sur-Seine (5 % contre 3 %). Quant aux emplois aidés, ils sont plus rares dans la ZE d’Épernay (1 %), au contraire des ZE de Forbach et de Vitry-le-François, moins dynamiques (3 %).

Figure 4Taux de recours aux CDD par zone d’emploi en 2022

(en %)
Taux de recours aux CDD par zone d’emploi en 2022 ((en %)) - Lecture : Le taux de recours aux CDD dans la zone d’emploi de Strasbourg est de 5,9 %.
Code zone d’emploi Libellé zone d’emploi Taux de recours
4401 Bar-le-Duc 4,9
4402 Châlons-en-Champagne 5,7
4403 Charleville-Mézières 6,3
4404 Chaumont 5,8
4405 Colmar 6,1
4406 Épernay 11,4
4407 Épinal 5,9
4408 Forbach 6,9
4409 Haguenau 4,3
4410 Metz 5,0
4411 Mulhouse 5,6
4412 Nancy 5,8
4413 Reims 7,0
4414 Remiremont 6,5
4415 Romilly-sur-Seine 8,0
4416 Saint-Avold 6,0
4417 Saint-Dié-des-Vosges 6,4
4418 Saint-Louis 7,5
4419 Sarrebourg 5,4
4420 Sarreguemines 4,7
4421 Sedan 6,3
4422 Sélestat 4,6
4423 Strasbourg 5,9
4424 Thionville 5,6
4425 Troyes 7,7
4426 Verdun 6,0
4427 Vitry-le-François Saint-Dizier 5,5
0054 Beauvais 6,1
0056 Cosne-Cours-sur-Loire 6,3
0057 Dreux 6,0
0058 La Vallée de la Bresle-Vimeu 5,5
0059 Mâcon 6,4
0060 Nevers 5,5
0061 Nogent-le-Rotrou 5,1
1101 Cergy-Vexin 5,6
1102 Coulommiers 6,8
1103 Etampes 5,2
1104 Evry 5,6
1105 Fontainebleau-Nemours 6,3
1106 Marne-la-Vallée 5,7
1107 Meaux 6,2
1108 Melun 5,3
1109 Paris 6,1
1110 Provins 6,9
1111 Rambouillet 5,0
1112 Roissy 5,7
1113 Saclay 5,1
1114 Seine-Yvelinoise 5,6
1115 Versailles-Saint-Quentin 4,1
2401 Blois 7,0
2402 Bourges 5,7
2403 Chartres 5,2
2404 Châteaudun 6,2
2405 Châteauroux 5,4
2406 Chinon 7,0
2407 Gien 4,9
2408 Loches 6,2
2409 Montargis 5,2
2410 Orléans 5,0
2411 Pithiviers 4,7
2412 Romorantin-Lanthenay 9,5
2413 Tours 6,0
2414 Vendôme 5,6
2415 Vierzon 5,5
2701 Autun 8,3
2702 Auxerre 6,9
2703 Avallon 9,0
2704 Beaune 7,2
2705 Belfort 5,5
2706 Besançon 5,8
2707 Chalon-sur-Saône 5,3
2708 Charolais 5,9
2709 Châtillon-Montbard 7,0
2710 Creusot-Montceau 5,6
2711 Dijon 5,8
2712 Dole 4,6
2713 Lons-le-Saunier 6,8
2714 Montbéliard 4,9
2715 Pontarlier 6,1
2716 Saint-Claude 6,8
2717 Sens 5,2
2718 Vesoul 5,9
3201 Abbeville 11,2
3202 Amiens 6,7
3203 Arras 6,8
3204 Berck 8,9
3205 Béthune 6,6
3206 Boulogne-sur-Mer 7,1
3207 Calais 7,8
3208 Cambrai 8,0
3209 Château-Thierry 7,2
3210 Compiègne 5,3
3211 Creil 7,4
3212 Douai 6,5
3213 Dunkerque 6,7
3214 Laon 7,6
3215 Lens 6,4
3216 Lille 5,9
3217 Maubeuge 6,9
3218 Roubaix-Tourcoing 7,1
3219 Saint-Omer 6,6
3220 Saint-Quentin 7,9
3221 Soissons 6,8
3222 Valenciennes 7,1
  • Lecture : Le taux de recours aux CDD dans la zone d’emploi de Strasbourg est de 5,9 %.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Figure 4Taux de recours aux CDD par zone d’emploi en 2022

  • Lecture : Le taux de recours aux CDD dans la zone d’emploi de Strasbourg est de 5,9 %.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Les hommes sont bien plus souvent en intérim ou en apprentissage

Près de six salariés sur dix exerçant sous une forme particulière d’emploi sont des hommes (57 %). Ils sont très majoritaires dans l’intérim et l’apprentissage (respectivement 71 % et 60 %), tandis que les emplois aidés sont à parité. Le rapport est inversé pour les CDD, où la part des femmes est plus importante (54 %).

Les apprentis hommes ou femmes sont presque toujours des jeunes de moins de 26 ans : en effet, ce dispositif est réservé aux personnes âgées de 16 à 29 ans. La parité progresse dans l’apprentissage, puisque la proportion de femmes est passée de 32 % en 2017 à 40 % en 2022. La part des femmes apprenties augmente aussi avec le niveau de diplôme.

Les deux tiers des salariés occupent toujours une forme particulière d’emploi six mois après avoir été embauchés. Un peu moins d’un salarié sur dix passe en CDI dans les six mois qui suivent son emploi en FPE. Toutefois, un intérimaire sur sept change de statut pour une forme d’emploi plus stable et pérenne.

Encadré 1 - Très forte dynamique de l’apprentissage encouragé par les pouvoirs publics jusqu’en 2025

La volonté des pouvoirs publics de renforcer l’insertion professionnelle par l’apprentissage et l’alternance a conduit à l’adoption de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » le 5 septembre 2018. Celle-ci a permis l’élargissement des dispositifs de professionnalisation à tous les niveaux de certification et de diplôme, allant du CAP au Bac+5.

La mise en œuvre de ce cadre législatif a produit ses effets dès 2019 avec une accélération en 2020, pourtant année de la crise sanitaire. Entre 2018 et 2022, dans le Grand Est, l’apprentissage a connu un essor fulgurant (+84 %). Tous les secteurs d’activité ont profité de cette croissance. Plus de la moitié de cette hausse est imputable au commerce, réparation d’automobiles et de motocycles (+24 %), la construction (+11 %), aux activités de services administratifs et de soutien (+7 %), à l’hébergement médico-social et social, ainsi qu’à l’action sociale sans hébergement (+5 %), et enfin aux autres activités de services (+5 %). D’autres secteurs de taille bien plus modeste ont même multiplié par cinq, six ou sept leur volume d’heures rémunérées en apprentissage.

Toutefois, cette embellie des dernières années vient de prendre fin en 2025, sous l’effet de la baisse récente des aides publiques à l’alternance (aide à l’embauche des apprentis, exonérations de cotisations sociales) et à l’inverse, l’instauration d’une contribution de 750 € par contrat pour un apprenti préparant un diplôme de niveau Bac+3 ou plus.

Figure 5Évolution du nombre d’heures travaillées dans l’apprentissage entre 2017 et 2022

(nombre d’heures)
Évolution du nombre d’heures travaillées dans l’apprentissage entre 2017 et 2022 ((nombre d’heures)) - Lecture : Dans l’apprentissage, le nombre d’heures travaillées dans la construction passe de 9 727 heures en 2017 à 15 086 heures en 2022.
Année Construction Commerce, réparation d'automobiles et de motocycles Activités financières et d'assurance Activités juridiques, comptables, de gestion, d'architecture, d'ingénierie, de contrôle et d'analyses techniques Activités de services administratifs et de soutien Hébergement médico-social et social et action sociale sans hébergement Autres activités de services
2017 9 727 11 043 1 318 1 710 1 696 556 3 037
2018 9 880 11 814 1 323 1 826 1 963 678 3 248
2019 10 538 12 296 1 392 2 019 2 164 920 3 320
2020 10 745 13 506 1 888 2 568 2 619 1 286 3 115
2021 13 759 19 686 2 795 4 362 3 986 2 512 4 747
2022 15 086 23 352 3 448 5 622 5 184 3 334 5 825
  • Lecture : Dans l’apprentissage, le nombre d’heures travaillées dans la construction passe de 9 727 heures en 2017 à 15 086 heures en 2022.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs ; secteurs représentant deux tiers de l’évolution.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Figure 5Évolution du nombre d’heures travaillées dans l’apprentissage entre 2017 et 2022

  • Lecture : Dans l’apprentissage, le nombre d’heures travaillées dans la construction passe de 9 727 heures en 2017 à 15 086 heures en 2022.
  • Champ : Ensemble des emplois au lieu de travail, hors fonction publique et particuliers employeurs ; secteurs représentant deux tiers de l’évolution.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Encadré 2 - Beaucoup d’ouvriers et d’employés non qualifiés ou peu diplômés

En 2020, 43 % des ouvriers non qualifiés ont un contrat temporaire, contre 17 % pour leurs homologues qualifiés. Pour les employés, la part tombe à 20 % et les professions intermédiaires à 12 %.

Parmi les salariés embauchés sous une forme particulière d’emploi, employés et ouvriers non qualifiés sont très majoritaires, les cadres étant très peu concernés. La proportion d’ouvriers qualifiés et non qualifiés est forte dans l’intérim (40 %). Dans les emplois aidés, les ouvriers non qualifiés et employés prédominent (46 % et 33 %). Parmi les CDD, les employés sont surreprésentés par rapport aux ouvriers non qualifiés (43 % contre 18 %), et la part des cadres y est deux fois plus forte qu’en moyenne dans les FPE.

Les détenteurs d’un CAP/BEP ou d’un BEPC et les non-diplômés constituent les principaux bénéficiaires des emplois aidés. Seuls 15 % de ces emplois sont occupés par des titulaires d’un diplôme d’études supérieures, et 22 % par des bacheliers. Les apprentis se répartissent de façon assez homogène en fonction du niveau de diplôme obtenu : les titulaires d’un CAP/BEP sont peu nombreux, car l’apprentissage est souvent l’objet même de la scolarité. Enfin, la répartition des niveaux de diplômes est assez proche entre les CDD et les CDI.

Près des trois quarts des salariés en contrat temporaire vivent et travaillent dans la même zone d’emploi, une proportion similaire à celle des salariés en CDI. Les emplois aidés se distinguent au sein des FPE, avec une part encore plus forte (87 %). A l’opposé, plus d’un salarié sur dix en CDD travaille hors de sa région de résidence, un taux au-dessus de la moyenne des FPE et de l’emploi total.

Publication rédigée par :Madeline Bertrand, Sylvain Moreau, Achour Rezzik (Insee)

Champs

L’étude porte sur l’ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs. Cela inclut les personnels des entreprises publiques, telles que la Poste ou la SNCF (y compris les fonctionnaires). Les agents de la fonction publique (d’État, territoriale ou hospitalière), titulaires ou non sont exclus du champ.

Publication rédigée par :Madeline Bertrand, Sylvain Moreau, Achour Rezzik (Insee)

Sources

Le dénombrement et la caractérisation des emplois salariés en forme particulière d’emploi ou non sont réalisés grâce à la base Tous salariés 2022 constituée à partir des déclarations sociales nominatives (DSN).

Le fichier intérim de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) fournit des données sur le nombre d’intérimaires, le volume de travail en intérim et les durées moyennes de mission, détaillées par secteur d’activité et par région de l'établissement utilisateur. Ces données sont issues depuis 2018 de l’exploitation par la Dares de la déclaration sociale nominative (DSN).

Le recensement de la population fournit les caractéristiques sociodémographiques des personnes en emploi.

Définitions

Les contrats à durée indéterminée (CDI) et les « autres formes d’emploi » complètent la liste des formes d’emploi. Cette dernière rubrique « autres formes d’emploi » comporte tous les salariés qui ne sont pas en CDI, en CDD, en intérim, en apprentissage ou en emplois aidés. Une analyse de cette catégorie fait apparaître un nombre important de contrats de travail « non renseignés » et d’emplois « sans contrat de travail ».

Les formes particulières d’emploi (FPE) regroupent les contrats d’intérim, d’apprentissage, les emplois aidés et les CDD.

L’intérim consiste à mettre à disposition provisoire d’entreprises clientes, des salariés qui, en fonction d’une rémunération convenue, sont embauchés et rémunérés à cet effet par l’entreprise de travail temporaire. Le contrat ne peut être conclu que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire, dénommée mission, et seulement dans les cas énumérés par la loi.

Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail conclu entre un employeur et un jeune de 16 à 29 ans ayant satisfait à l’obligation scolaire, des dérogations étant possibles. La durée du contrat d’apprentissage peut varier de 6 mois à 3 ans en fonction du type de profession et de la qualification préparée. L’apprenti perçoit un salaire calculé selon son âge et son ancienneté dans le dispositif. La conclusion d’un contrat d’apprentissage ouvre droit à des aides de l’État pour l’employeur.

Un contrat aidé est un contrat de travail dérogatoire au droit commun, pour lequel l’employeur bénéficie d’aides, qui peuvent prendre la forme de subventions à l’embauche, d’exonérations de certaines cotisations sociales, d’aides à la formation.

Un contrat à durée déterminée (CDD) est un contrat de travail par lequel un employeur recrute un salarié pour une durée limitée. Un tel contrat n’est possible que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire et seulement dans les cas énumérés par la loi.

Le concept de poste principal permet de ne compter qu’un seul poste par salarié. Le poste principal d’un salarié est le poste le plus rémunérateur.

Pour en savoir plus

(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.

(2) OREF, « Ouvrir dans un nouvel ongletL’apprentissage dans le Grand Est », Tableau de bord, septembre 2025.

(3) Lembré S., « Ouvrir dans un nouvel ongletLa politique d’apprentissage et d’alternance : quel avenir après le boom ? », article dans Vie publique, février 2025.

(4) Bauer P., Le Guillou N., « L’intérim a la cote dans les Pays de la Loire », Insee Analyses Pays de la Loire no 127, avril 2024.

(5) Givord P., « Formes particulières d’emploi et insertion des jeunes », Économie et statistique no 388-389, juin 2006.