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Insee Flash Centre-Val de Loire · Décembre 2025 · n° 101
Insee Flash Centre-Val de LoireL’accessibilité aux médecins généralistes se dégrade en Centre‑Val de Loire

Boris Ménard, Nina Thillet (Insee)

En 2023, en Centre‑Val de Loire, un habitant sur trois vit dans une commune sous-dotée en médecins généralistes. Le nombre moyen de consultations disponibles par habitant et par an figure parmi le plus faible de France. Il a fortement diminué depuis 2015 dans la plus grande partie des territoires. Le département d’Indre‑et‑Loire fait office d’exception avec un accès aux médecins généralistes plus élevé qu’au niveau national et stable depuis 2015. La baisse du nombre de médecins contribue à la diminution de l’accessibilité aux médecins.

Insee Flash Centre-Val de Loire
No 101
Paru le :Paru le10/12/2025

Un indicateur pour mesurer l’accessibilité de l’offre tenant compte de la disponibilité des médecins

Disposer d’un médecin généraliste à une distance raisonnable ne garantit pas sa disponibilité, de nombreux médecins ne prenant plus de nouveaux patients. Les bassins de vie de la région sont en moyenne moins bien dotés en médecins généralistes [Fégar T. et al., 2023 ; pour en savoir plus (4)]. La question de l’accessibilité se pose également en termes de consultations disponibles.

L’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) mis en place par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) et l’Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé (IRDES) mesure l’adéquation entre l’offre et la demande de soins à un niveau géographique fin. Il met en lumière les zones sous‑dotées en soins, avec une déclinaison par spécialité et permet de comparer les territoires sur la base d’une mesure standardisée (pour comprendre) du nombre de consultations accessibles par an et par habitant, ajustée en fonction de l’éloignement des professionnels.

Plus d’un habitant sur trois réside dans une commune sous-dotée en médecins généralistes

En 2023, en Centre‑Val de Loire, chaque habitant a accès en moyenne à 2,9 consultations de médecins généralistes par an, qu’ils soient libéraux ou salariés d’un centre de santé. C’est près d’une consultation de moins qu’au niveau national (3,8 en France hors Mayotte). Hormis la Guyane, le Centre‑Val de Loire est la région française où l’APL est la plus basse. En outre, l’APL a baissé de 0,6 consultation par habitant et par an par rapport à 2015, de façon plus marquée qu’au niveau national (-0,3 consultation).

Cette diminution de l’accès aux soins est la conséquence de la baisse continue du nombre de médecins généralistes (-340 libéraux entre 2015 et 2023) alors que la demande de soins croît avec le vieillissement de la population régionale [Collard A. et al., 2023 ; pour en savoir plus (5)].

Une commune est sous-dotée en médecins généralistes si son APL est inférieure ou égale à 2,5 consultations par habitant et par an. En 2023, 35 % des habitants de la région vivent dans une commune sous-dotée (figure 1), soit 18 points de plus qu’en France hors Mayotte. Entre 2015 et 2023, la part d’habitants de communes sous‑dotées a progressé de 17 points. Cette hausse est nettement supérieure à celle observée en France hors Mayotte (+8 points).

Figure 1Part de la population selon l’accessibilité aux généralistes de la commune de résidence

(en %)
Part de la population selon l’accessibilité aux généralistes de la commune de résidence ((en %)) - Lecture : En 2023, 16 % de la population du Centre-Val de Loire vit dans une commune bien dotée en médecins généralistes.
Année Zone Bien dotée Moyennement dotée Sous-dotée
2015 Centre-Val de Loire 29 53 18
France 51 40 9
2023 Centre-Val de Loire 16 49 35
France 40 43 17
  • Lecture : En 2023, 16 % de la population du Centre-Val de Loire vit dans une commune bien dotée en médecins généralistes.
  • Champ : Médecins généralistes libéraux et salariés en centre de santé en France (hors Mayotte).
  • Sources : Insee, Recensement de la population 2013 et 2021, distancier METRIC ; SNIIRAM, EGB, Cnam (calculs Drees).

Figure 1Part de la population selon l’accessibilité aux généralistes de la commune de résidence

  • Lecture : En 2023, 16 % de la population du Centre-Val de Loire vit dans une commune bien dotée en médecins généralistes.
  • Champ : Médecins généralistes libéraux et salariés en centre de santé en France (hors Mayotte).
  • Sources : Insee, Recensement de la population 2013 et 2021, distancier METRIC ; SNIIRAM, EGB, Cnam (calculs Drees).

À l’inverse, la part de la population résidant dans une commune bien dotée (plus de 4 consultations par habitant et par an) s’amenuise (16 % en 2023 contre 29 % en 2015). Si la baisse n’a pas épargné le niveau national (-11 points), la part de la population vivant dans une commune bien dotée (40 %) demeure plus de deux fois supérieure en France hors Mayotte.

Un meilleur accès aux médecins généralistes en Indre‑et‑Loire

Dans la région, l’Indre‑et‑Loire se distingue des autres départements. Avec 4,1 consultations par an et par habitant, ce département est le seul pour lequel l’APL est supérieure à celle au niveau national en 2023 ; elle y est stable depuis 2015. Dans les autres départements, l’APL diminue. En 2023, le nombre de consultations disponibles est inférieur à 3 consultations, et même à 2,5 dans le Cher et l’Eure‑et‑Loir. En 2015, l’APL était supérieure à 3 consultations par habitant et par an avec de faibles disparités selon les départements. La situation s’est largement dégradée dans le Cher et l’Eure‑et‑Loir qui ne disposent presque plus de communes bien dotées en médecins généralistes. En outre, la part de la population résidant dans une commune sous-dotée y avoisine les 60 %, soit une augmentation de 30 points entre 2015 et 2023. Dans l’Indre, le Loir‑et‑Cher et le Loiret, cette augmentation est moindre (+20 points environ). La part de la population résidant dans une commune sous-dotée est nettement inférieure, même si elle reste élevée (entre 30 à 40 % de la population).

Des disparités territoriales existent également au niveau des intercommunalités. La baisse du nombre de consultations disponibles affecte près de neuf intercommunalités sur dix dans la région mais à des degrés différents (figure 2). Les trois intercommunalités les plus touchées sont les Communautés de communes des Collines du Perche, de Chabris Pays de Bazelle et de Cœur du Berry, avec une baisse de l’APL comprise entre -1,5 et -2 consultations depuis 2015. Ces trois EPCI (Établissement Public de Coopération Intercommunale) présentent des caractéristiques communes : une densité de population faible, un nombre restreint de communes (environ une dizaine), une population stable et vieillissante.

Figure 2Évolution du nombre de consultations accessibles par intercommunalité

  • Note : Les données détaillées de la carte sont disponibles dans le fichier de données à télécharger.
  • Champ : EPCI du Centre-Val de Loire, médecins généralistes libéraux et salariés en centre de santé.
  • Sources : Insee, Recensement de la population 2013 et 2021, distancier METRIC ; SNIIRAM, EGB, Cnam (calculs Drees).

Des médecins moins nombreux et plus âgés

La baisse du nombre de médecins généralistes est notable dans la région. En 2023, les médecins généralistes libéraux sont au nombre de 1 665, soit 2,9 % de l’ensemble des médecins libéraux exerçant en France. Les effectifs ont diminué de 16,9 % entre 2015 et 2023, la deuxième plus forte baisse régionale. Cette baisse contribue à faire diminuer l’APL.

Aussi, la population des praticiens en exercice est plus âgée en Centre‑Val de Loire. L’âge moyen des médecins libéraux exerçant dans la région en 2023 est de 52,1 ans. C’est l’une des moyennes d’âge les plus élevées au niveau régional (au 13ᵉ rang des régions françaises hors Mayotte). En 2023, 18 % des médecins généralistes ont plus de 65 ans et 8 % plus de 70 ans. A contrario, seuls 25 % ont moins de 40 ans (figure 3). La proportion de médecins de plus de 65 ans a progressé régulièrement entre 2015 et 2023, augmentant d’environ 7 points sur cette période.

Figure 3Effectifs de médecins généralistes libéraux par tranche d’âge

Effectifs de médecins généralistes libéraux par tranche d’âge
Année Tranche d’âge
Moins de 35 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65-69 ans 70 ans ou plus
2015 146 270 506 861 179 43
2016 137 255 449 838 200 45
2017 158 244 420 785 204 59
2018 172 258 388 750 199 74
2019 184 285 348 707 193 90
2020 205 288 327 674 193 109
2021 194 299 308 621 201 116
2022 208 318 277 579 167 130
2023 225 335 273 528 170 134
  • Champ : Médecins généralistes libéraux en Centre-Val de Loire.
  • Source : Drees, médecins RPPS 2015-2023.

Figure 3Effectifs de médecins généralistes libéraux par tranche d’âge

  • Champ : Médecins généralistes libéraux en Centre-Val de Loire.
  • Source : Drees, médecins RPPS 2015-2023.

Le manque de médecins généralistes s’explique en partie par la difficulté à en former de nouveaux et à les garder sur le territoire. Sur les 2 930 médecins généralistes en exercice au 1ᵉʳ janvier 2025, la moitié a été diplômée dans la région (49,7 %). Le Centre‑Val de Loire est une des dernières régions en termes de nombre de médecins diplômés dans leur région d’étude, loin derrière l’Île‑de‑France (2 % contre 18 % des médecins en exercice en France en 2025).

Le Centre Hospitalier Régional d’Orléans (CHRO) est devenu Centre Hospitalier Universitaire (CHU) en octobre 2023. Avec l’ouverture récente de l’Unité de formation et de Recherche (UFR) de médecine, la future faculté devrait permettre de former davantage de médecins. Si ces derniers choisissent majoritairement de s’installer dans la région, l’APL pourrait se stabiliser voire augmenter.

Publication rédigée par :Boris Ménard, Nina Thillet (Insee)

Pour comprendre

L’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) vise à mesurer l’adéquation spatiale entre l’offre et la demande de soins de premier recours à un échelon géographique fin. Calculé au niveau de la commune, il indique, pour une profession donnée, le volume de soins accessible pour les habitants de cette commune, compte tenu de l'offre disponible et de la demande (en fonction de la population et des consommations de soins moyennes observées par tranche d'âge) au sein de la commune et dans les communes environnantes. Pour les médecins généralistes, l'APL s'exprime en nombre de consultations accessibles (sur la base d'une estimation de l'activité des médecins selon les observations passées) par habitant à moins de 20 minutes du domicile. La méthode complète de l’indicateur se trouve sur le site de la Ouvrir dans un nouvel ongletDREES.

Selon le seuil de la DREES, un territoire est considéré comme sous-doté en médecins généralistes si son APL est inférieure ou égale à 2,5 consultations par habitant et par an. Il est bien doté si elle est supérieure à 4 consultations par habitant et par an.

Les médecins généralistes pris en compte dans le calcul de l’APL sont les médecins généralistes libéraux et les salariés des centres de santé. Les effectifs de médecins généralistes calculés comprennent l’ensemble des médecins généralistes qu’ils exercent en libéral, en tant que salarié dans un centre de santé ou à l’hôpital, ou en mixte (activité libérale et salariée). Les effectifs de médecins généralistes libéraux correspondent aux médecins qui exercent leur activité uniquement en libéral.

Sources

Les données sur les populations proviennent des recensements de la population de l’Insee. L’APL 2015 est calculé par la DREES sur la population 2013 et l’APL 2023 sur la population 2021.

Pour en savoir plus

(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.

(2) Kauffmann P., Richard M., « Dans le Grand Est, des généralistes proches des habitants, mais peu disponibles et de plus en plus âgés », Insee Analyses Grand‑Est, no 200, septembre 2025.

(3) Aude J., Durand A., « Dans le rural, l’accès à un médecin généraliste est difficile pour un habitant sur trois », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes, no 187, décembre 2024.

(4) Fégar T., Ménard B., « Santé : une offre moins diversifiée et des médecins généralistes moins accessibles dans les bassins de vie du Centre‑Val de Loire », Insee Analyses Centre‑Val de Loire, no 94, avril 2024.

(5) Collard A., Ménard B., « Plus de 50 000 seniors vivant à domicile en situation de perte d’autonomie en Centre‑Val de Loire », Insee Analyses Centre‑Val de Loire, no 106, décembre 2023.

(6) Legendre B., « Ouvrir dans un nouvel ongletEn 2018, les territoires sous-dotés en médecins généralistes concernent près de 6 % de la population », DREES Études et Résultats, no 1144, février 2020.