Insee Analyses Hauts-de-France · Octobre 2025 · n° 199

Un pôle attractif pour les bacheliers de l’académie Les mobilités à l’entrée dans l’enseignement supérieur à Amiens

La zone d’emploi d’Amiens propose dans la plateforme Parcoursup (sources) 9 600 places de formation en première année d’enseignement supérieur (hors apprentissage et enseignement à distance) en 2022. 15 zones d’emploi sur les 24 sièges d’académie de province hors Corse dépassent les 10 000 places tandis que 4 d’entre elles n’excèdent pas les 8 000.

L’offre de formation d’Amiens (pour comprendre) est relativement typique d’un siège d’académie avec une prépondérance de l’offre universitaire qui représente près de 6 places sur 10 (figure 1). Toutefois, elle se caractérise par davantage de Licences Staps (7 % des places contre 3 % pour les sièges d’académie), de bachelors universitaires de technologie (BUT) et de Diplômes d’État (DE) sanitaires. En revanche, l’offre s’avère moins conséquente s’agissant des écoles de commerce et de management ainsi que des écoles d’ingénieurs, et légèrement sous-représentée pour les licences Arts – lettres – langues, Économie et gestion et accès santé (Las). Contrairement à certaines zones d’emploi sièges d’académie telle que Lille ou Lyon, celle d’Amiens ne dispose d’aucune université privée.

Avec 58 % des places à l’entrée dans l’enseignement supérieur, la zone d’Amiens constitue le premier pôle de formation de l’académie d’Amiens, qui recouvre les trois départements de l’ex-Picardie (Somme, Oise et Aisne). Comparativement à la moyenne des autres académies (54 %), l’offre de formation de l’académie d’Amiens est plus concentrée au sein de son siège. Toutefois, dans certaines académies peu densément peuplées telles que celles de Clermont-Ferrand ou Limoges, les sièges regroupent trois quarts des places à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Cette concentration de l’offre de formation de l’académie dans le pôle amiénois concerne principalement les formations universitaires, 91 % des places en licence de l’ex-Picardie étant proposées dans la zone d’emploi d’Amiens. À l’inverse, les formations de BTS sont davantage réparties sur le territoire et celles d’ingénieur fortement présentes à Compiègne avec l’Université de technologie (43 % des places de l’académie).

Environ 600 néobacheliers amiénois s’inscrivent dans une formation dispensée en dehors de la zone d’emploi où ils résidaient l’année précédant l’obtention du bac. Cela représente 23,9 % d’entre eux. Ce taux de sortie est relativement faible pour un siège d’académie. En effet, dans la moitié des zones d’emploi sièges d’académie, le taux de sortie dépasse 27 %. Les taux les plus élevés concernent notamment les sièges des académies bi-sites où l’offre universitaire est répartie entre deux pôles importants (Aix, Marseille, Orléans, Tours, Metz…) mais également d’autres zones d’emploi comme Poitiers, Rennes ou Besançon.

D’une manière générale, les taux de sortie sont faibles dans les plus grands pôles universitaires, l’importance de l’offre de formation limitant les besoins de mobilité (figure 2). En ce sens, Amiens s’avère atypique puisque son taux de sortie approche ceux de Bordeaux ou Toulouse. Ces derniers proposent pourtant 2 fois et 3 fois plus de places de formation.

La faible mobilité sortante amiénoise s’explique principalement par des mouvements intra-académiques peu nombreux. Ils ne concernent que 4,1 % des bacheliers originaires de la zone contre 10,9 % en moyenne pour les autres zones d’emploi sièges d’académie (figure 3). La forte concentration de l’offre d’enseignement supérieur picarde à Amiens en est la principale cause. À l’inverse, les mobilités vers le reste de la France (encadré) sont les plus élevées des sièges d’académie (19,8 % contre 18,2 % en moyenne).

Alors que peu d’étudiants quittent la zone d’emploi d’Amiens, nombreux sont ceux qui viennent y étudier. Ainsi, en 2022, Amiens accueille 4 200 néobacheliers originaires d’une autre zone d’emploi, soit 68,5 % de ceux inscrits dans la zone. Ce taux d’entrée se décompose entre 53,7 % de bacheliers issus de l’académie et 14,8 % originaires d’une autre région. Il ne dépasse 66 % que pour un quart des sièges d’académie.

Les néobacheliers picards entrants à Amiens ont plus fréquemment obtenu un baccalauréat général (figure 4) que les jeunes stables originaires du pôle universitaire amiénois (74 % contre 64 %). En effet, les bacheliers professionnels ou technologiques du reste de la Picardie s’orientent souvent vers des formations de proximité telles que les BTS ou les BUT, tandis que les mobiles vers Amiens privilégient les formations à l’université, plutôt destinées aux baccalauréats généraux.

Environ 800 néobacheliers originaires de Creil poursuivent leurs études supérieures à Amiens. Beauvais (700 entrants), Saint-Quentin (600) et Compiègne (500) constituent également des zones d’origine de nombreux étudiants. Les néobacheliers en provenance de ces 4 zones d’emploi se distinguent par un choix plus fréquent de licences que l’ensemble des entrants (68 % pour l’ensemble des entrants). Cela peut concerner des zones d’emploi sans offre universitaire, telles que Compiègne et Creil (72 % et 80 % des entrants de ces zones s’orientent en licence) mais également des zones disposant d’une antenne universitaire comme Beauvais ou Saint-Quentin (71 % et 76 %).

Dans plusieurs des zones d’emploi limitrophes de celles d’Amiens, la proportion de néobacheliers qui rejoignent la zone amiénoise pour poursuivre leurs études supérieures est particulièrement élevée. C’est le cas en particulier d’Abbeville (57 %), de la vallée de la Bresle-Vimeu, (42 %), de Beauvais (40 %) et de Compiègne (39 %) (figure 5). En plus de la proximité, l’importance des mobilités vers Amiens s’explique par l’offre de formation locale. À Abbeville, Compiègne ou dans la vallée de la Bresle-Vimeu, la faiblesse de l’offre de formation rend les mobilités quasi obligatoires, notamment pour des études universitaires et Amiens constitue naturellement la destination privilégiée du fait de sa proximité géographique. À l’inverse, les jeunes originaires de Saint-Quentin, qui disposent d’une offre de formation assez diversifiée, étudient assez fréquemment dans leur zone malgré la proximité du pôle amiénois. Enfin, la part de mobiles vers Amiens diminue avec la distance. Ainsi, moins de 16 % des néobacheliers de Soissons et Laon étudient à Amiens et cette proportion n’atteint que 6,9 % pour Château-Thierry. L’éloignement, mais aussi la concurrence d’autres pôles de formation à proximité (Reims ou encore l’antenne universitaire de Soissons) restreignent les mobilités étudiantes à destination d’Amiens.

Une partie des mobilités sortantes d’Amiens concerne des formations peu ou pas présentes sur place. Ainsi, 13 % des sortants poursuivent leurs études en école d’ingénieur alors que seul 1 % des étudiants non mobiles s’y inscrit. La sélectivité des écoles d’ingénieurs et leur répartition inégale selon les territoires contribuent à l’importance des mobilités pour ce type de formation. Toutefois, ce taux est particulièrement élevé à Amiens. Ces futurs étudiants en école d’ingénieurs s’inscrivent un peu partout en France mais plus particulièrement à Compiègne (Université de Technologie) et à Lille. Les classes préparatoires aux grandes écoles et plus particulièrement la section littéraire, les formations en diplôme d’État sanitaire, notamment pour les formations infirmières, sont également surreprésentées parmi les sortants.

Plus de la moitié des néobacheliers quittant Amiens ont une origine sociale très favorisée, soit 19 points de plus que les non mobiles. Cette surreprésentation est davantage prononcée à Amiens : l’écart entre les sortants et les stables n’étant que de 12 points pour l’ensemble des sièges d’académie.

Lille et Paris sont les deux pôles accueillant le plus de néobacheliers amiénois avec respectivement 29 % et 11 % des sortants. Les néobacheliers d’Amiens effectuant une mobilité vers Lille rejoignent plus fréquemment une formation en licence, en particulier en Droit, sciences politiques (13 % des mobiles d’Amiens vers Lille contre 7 % de l’ensemble des mobiles d’Amiens). L’Université catholique de Lille constitue une destination privilégiée pour les étudiants en Arts, lettres et langues, en Sciences humaines et sociales ou en économie, gestion. Les classes préparatoires littéraires sont également prisées des Amiénois inscrits à Lille. Les étudiants quittant Amiens pour Paris s’inscrivent plus fréquemment en licence (et plus particulièrement en Arts, lettres, langues) ou en classe préparatoire économique et commerciale.