Insee Analyses Guyane · Septembre 2025 · n° 77

En 2024, l’accès à l’emploi demeure limité en Guyane et le chômage progresse

En 2024, 42 % des personnes âgées de 15 à 64 ans résidant en Guyane routière sont en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT), un taux relativement stable par rapport à 2023 (figure 1). Il demeure néanmoins nettement inférieur à celui observé en France hexagonale (69 %) et place la Guyane au deuxième rang des DROM au plus faible taux d’emploi, après Mayotte (29 %). Ce faible taux s’explique à la fois par des difficultés d’insertion sur le marché du travail, de l’existence de travail informel ainsi que par la jeunesse de la population, dont une part importante est encore en études et donc moins souvent en emploi.

Le taux d’emploi des hommes s’élève à 49 %, un niveau relativement stable sur un an. Celui des femmes atteint 37 % et n’évolue pas significativement non plus. Comme en France hexagonale, les femmes occupent moins fréquemment un emploi que les hommes, mais l’écart entre les sexes est plus marqué en Guyane.

En 2024, le taux d’emploi des jeunes en Guyane reste relativement stable, mais leur situation sur le marché du travail demeure particulièrement défavorable. Comme au niveau national, les 15-29 ans sont les moins insérés. Cependant, en moyenne, seuls 20 % d’entre eux sont en emploi, contre 49 % en France hexagonale. Par ailleurs, si le faible taux d’emploi des jeunes est à relativiser par le fait que 44 % d’entre eux sont encore en études, plus d’un jeune sur trois en Guyane n’est ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) en 2024 (34 %), une proportion près de trois fois plus élevée que celle observée au niveau national (12 %). Cette part progresse fortement sur un an (+4 points), témoignant d’un recul de la participation des jeunes à la sphère professionnelle et éducative.

En Guyane, contrairement à la tendance observée au niveau national, les 30-49 ans ne constituent pas la tranche d’âge la plus insérée sur le marché du travail. Leur taux d’emploi s’élève à 53 %, contre 59 % pour les 50-64 ans. Les 30-49 ans affichent par ailleurs l’écart le plus important avec leurs homologues de France métropolitaine (84 %). Les taux d’emploi de ces deux tranches d’âge restent globalement stables par rapport à l’année précédente.

En 2024, le taux d’emploi des personnes diplômées de l’enseignement supérieur augmente de 4 points pour atteindre 85 % (figure complémentaire 1). Cette progression confirme le rôle déterminant du diplôme dans l’accès à l’emploi : en Guyane, seuls 22 % des personnes peu ou pas diplômées, c’est-à-dire ne possédant aucun diplôme ou seulement le brevet des collèges, sont en emploi. Si les taux d’emploi des diplômés du supérieur sont comparables à ceux observés en France métropolitaine (86 %), l’écart avec les peu ou pas diplômés est nettement plus marqué en Guyane : le rapport est d’environ 1 à 4, contre 1 à 2 en Hexagone.

En 2024, 14 % des personnes en emploi travaillent à temps partiel en Guyane, une proportion stable sur un an et moindre que dans l’Hexagone (17 %). Comme en France métropolitaine, les femmes sont plus souvent concernées par le temps partiel que les hommes (19 % contre 9 %). Les jeunes de 15 à 29 ans sont les plus concernés par le temps partiel en Guyane (24 %), une proportion en hausse de 6 points sur un an. En France métropolitaine, en revanche, ce sont les seniors qui y recourent le plus fréquemment.

Parmi les personnes à temps partiel, certaines souhaitent travailler davantage et sont disponibles pour le faire : elles sont alors considérées en sous-emploi, au même titre que celles en chômage technique ou partiel. En 2024, 8 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi, soit 4 points de plus qu’en France métropolitaine (figure 2). Cette proportion n’évolue pas significativement par rapport à 2023.

Comme dans le reste du pays, les femmes sont plus exposées au sous-emploi que les hommes (10 % contre 6 %), ce qui s’explique notamment par leur recours plus fréquent au temps partiel. En 2024, 79 % des personnes en sous-emploi n’effectuent pas de démarches actives de recherche d’un autre emploi (contre 73 % dans l’Hexagone). À l’inverse, 18 % déclarent rechercher activement à augmenter leur durée de travail, contre 24 % en Hexagone. En parallèle, ils sont autant à avoir involontairement travaillé moins que d’habitude en raison d’un dispositif d’activité partielle en France métropolitaine et en Guyane (3 %).

Comme en France métropolitaine, les personnes en situation de sous-emploi présentent un profil proche de celui des chômeurs, notamment en matière de niveau de diplôme : en Guyane, 58 % d’entre elles possèdent au plus le brevet des collèges, une proportion similaire à celle observée parmi les chômeurs (61 %), contre seulement 25 % chez les personnes en emploi hors sous-emploi (figure complémentaire 2).

Le sous-emploi concerne davantage les professions les moins qualifiées : 40 % des personnes concernées sont employées et 33 % sont ouvrières, des proportions nettement plus élevées que parmi les autres personnes en emploi (respectivement 29 % et 19 %) (figure complémentaire 3). À l’inverse, seuls 4 % des personnes en sous-emploi sont cadres, contre 16 % parmi les personnes en emploi non concernées par le sous-emploi.

En 2024, le chômage au sens du BIT progresse de 3 points en Guyane (figure 3). Il atteint 17 % de la population active de 15 ans ou plus, soit un niveau supérieur de 10 points à celui observé en France métropolitaine.

Cette progression concerne principalement les femmes dont le taux de chômage augmente de 5 points pour atteindre 21 %. Déjà plus exposées au chômage que les hommes, elles voient l’écart avec ces derniers se creuser davantage : 13 % des hommes actifs sont au chômage en 2024.

Le chômage progresse également chez les jeunes de 15 à 29 ans, dont le taux atteint 30 % en 2024, en hausse de 8 points sur un an. Comme en France métropolitaine, les moins de 30 ans constituent la population la plus exposée au chômage. Toutefois, la situation est nettement plus dégradée en Guyane, où leur taux de chômage est plus de deux fois supérieur à celui observé dans l’Hexagone (14 %). Cet écart s’explique en partie par une moindre qualification : 44 % des 15-29 ans en Guyane sortis du système scolaire possèdent au plus le brevet des collèges, contre 14 % en France métropolitaine.

Le taux de chômage des 30-49 ans croît également, atteignant 18 % (+4 points), contre seulement 6 % en France métropolitaine pour cette tranche d’âge. À l’inverse, le taux de chômage des seniors (50 ans et plus) reste relativement stable (7 %) en Guyane et proche de celui de l’Hexagone (5 %).

La hausse du chômage concerne également les personnes peu ou pas diplômées, dont le taux progresse de 6 points pour atteindre 31 % en 2024 (figure complémentaire 4). Elles restent ainsi nettement plus exposées au chômage que les diplômés de l’enseignement supérieur (5 %). Ces derniers ne sont pas davantage touchés par le chômage qu’en France métropolitaine, contrairement aux autres catégories de diplôme, toutes plus concernées en Guyane.

Le chômage peut s’installer dans le temps, signe d’un éloignement persistant vis-à-vis du marché du travail. Les personnes concernées sont alors en situation de chômage de longue durée, c’est-à-dire privées d’emploi depuis au moins un an. En Guyane, 7 % de la population active est dans cette situation, une part en hausse de 2 points sur un an (figure 4). Ce niveau est supérieur de 5 points à celui observé en France métropolitaine.

Cette forme de chômage progresse notamment chez les femmes (+3 points), atteignant 9 %. Elles sont davantage concernées que les hommes (4 %). Il progresse également chez les 30-49 ans à 7 % (+ 1 point) et s’observe moins fréquemment chez les seniors (4 %) que chez les autres tranches d’âge (15-29 ans et 30-49 ans) dont les taux de chômage de longue durée sont proches.

En Guyane, les situations de chômage ont tendance à s’installer plus durablement qu’en France métropolitaine : quatre chômeurs sur dix sont en situation de chômage de longue durée contre deux sur dix en France métropolitaine. Et parmi les chômeurs de longue durée, 44 % sont au chômage depuis au moins deux ans (contre 38 % en France métropolitaine).

En outre, la majorité des chômeurs de longue durée en Guyane n’ont jamais travaillé : c’est le cas de 56 % d’entre eux, contre 11 % en France métropolitaine.

Certaines catégories professionnelles sont plus exposées au chômage de longue durée. En 2024, la part des chômeurs de longue durée ayant déjà travaillé atteint 6 % chez les ouvriers et 4 % chez les employés, contre moins de 1 % chez les cadres. Le niveau de diplôme joue également un rôle déterminant : la part des chômeurs de longue durée s’élève à 15 % chez les personnes peu ou pas diplômées, contre 1 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur.

Parmi les personnes inactives, c’est-à-dire ni en emploi, ni au chômage au sens du BIT, certaines déclarent souhaiter travailler sans pour autant rechercher activement un emploi ou être disponibles à court terme pour en occuper un. Elles constituent le « halo autour du chômage ». Cette catégorie inclut notamment des personnes qui n’ont pas entamé de démarche de recherche, ainsi que celles qui y ont renoncé, souvent par découragement.

En 2024, le halo autour du chômage regroupe 18 % des 15-64 ans en Guyane (figure 5). Cette proportion diminue de 3 points par rapport à 2023, mais reste plus de quatre fois supérieure à celle observée en France métropolitaine. Cette baisse concerne principalement les 30-49 ans (19 % contre 23 % en 2023) et les femmes (20 % contre 23 %). Ces dernières restent néanmoins plus souvent concernées par le halo que les hommes (16 %).

En considérant les personnes du halo et les chômeurs au sens du BIT, ce sont au total 27 % des 15-64 ans qui sont sans emploi et qui souhaitent travailler, contre 10 % en France métropolitaine. Cette part n’évolue pas significativement sur un an.

En Guyane, 38 % des personnes inactives déclarent souhaiter travailler, contre 17 % en France métropolitaine, suggérant une situation d’inactivité plus subie qu’au niveau national (figure complémentaire 5). Par ailleurs, les motifs avancés par ceux qui ne souhaitent pas travailler mettent également en lumière des difficultés plus importantes en Guyane : 9 % évoquent notamment des difficultés liées aux papiers ou au titre de séjour (une part très faible en France hexagonale) tandis que le fait d’être à la retraite ou d’en être proche est moins souvent cité (5 % contre 21 % dans l’Hexagone).

Les évolutions à la hausse ou à la baisse d’une année sur l’autre qui ne sont pas statistiquement significatives, signalées par l’absence d’astérisque dans les figures, ne permettent pas de conclure à une variation réelle. Ces variations pouvant résulter de fluctuations liées au recours à une enquête par sondage, sont interprétées avec prudence et sont donc considérées comme globalement stables. Dans l’étude, les indicateurs correspondants sont qualifiés de « quasi stables », « relativement stables » ou présentés comme n’évoluant « pas significativement ».