Insee Analyses Occitanie · Septembre 2025 · n° 162

En Occitanie, six néo-bacheliers sur dix changent de zone d’emploi pour poursuivre leurs études

En 2022, 54 700 personnes ont obtenu leur baccalauréat en Occitanie. Parmi eux, 38 200 poursuivent leurs études et ont accepté une proposition d’admission dans une formation de l’enseignement supérieur via la plateforme Parcoursup, hors formations à distance et formations en apprentissage (pour comprendre). Ils sont issus pour 25 500 d’entre eux de la voie générale, pour 8 100 de la voie technologique et pour 4 600 de la voie professionnelle. Comme ailleurs en France, 57 % des souhaits d’inscription impliquent un changement de zone d’emploi (pour comprendre) : 40 % au sein de la région et 17 % hors de la région. Les raisons peuvent être multiples : choix d’une filière qui n’est pas accessible à proximité du lieu de résidence, vœux refusés pour des formations plus proches, priorité donnée à une formation plus réputée mais lointaine, etc.

Les néo-bacheliers qui habitent dans une zone d’emploi à offre universitaire large (Toulouse, Montpellier, Nîmes, Perpignan et Albi) (encadré 1) sont 35 % à poursuivre leurs études dans une zone d’emploi différente de celle où ils résidaient au moment du baccalauréat, contre 85 % de ceux des autres zones d’emploi. Ces jeunes changeant de zone d’emploi pour poursuivre leurs études seront appelés mobiles dans la suite de l’étude (pour comprendre). Les néo-bacheliers résidant dans les zones d’emploi de Toulouse ou de Montpellier sont les moins mobiles (figure 1). Ces deux zones d’emploi concentrent les deux tiers des places de formation d’études supérieures offertes dans la région, ce qui facilite l’accès à une grande variété de filières. A contrario, dans les deux zones d’emploi qui proposent moins de 100 places de formation, la quasi-totalité des néo-bacheliers sont mobiles : ceux résidant dans la zone d’emploi d’Agde-Pézenas vont massivement étudier à Montpellier ou à Béziers, ceux résidant dans celle de Nord-du-Lot étudient majoritairement à Toulouse, à Brive ou à Limoges.

La mobilité des néo-bacheliers poursuivant des études supérieures est fortement liée à la filière choisie. Ainsi, plus de six néo-bacheliers sur dix qui s’orientent vers un bachelor universitaire de technologie (BUT) ou une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) sont mobiles (figure 2). Ces formations sont accessibles dans la moitié des 25 zones d’emploi de la région. Sept néo-bacheliers sur dix qui s’orientent vers les formations des écoles d’ingénieurs sont mobiles et la moitié d’entre eux quittent la région. En effet, ces formations ne sont proposées en première année d’études supérieures que dans cinq zones d’emploi de la région, principalement dans celles de Toulouse et de Montpellier. L’accès aux diplômes d’État (DE) implique également une forte mobilité. Les DE du secteur social (assistants de services sociaux, éducateurs spécialisés…) sont proposés dans six zones d’emploi de la région et les néo-bacheliers qui s’orientent dans cette voie sont les plus mobiles. Les DE du secteur sanitaire (infirmiers, orthophonistes…) sont proposés dans la plupart des zones d’emploi de la région mais toutes les spécialités ne le sont pas forcément. Plus de six néo-bacheliers sur dix qui choisissent cette filière sont mobiles.

À l’opposé, les néo-bacheliers qui s’orientent vers un brevet de technicien supérieur (BTS) sont les moins mobiles : moins de la moitié d’entre eux changent de zone d’emploi. Ces formations bénéficient du maillage territorial des lycées qui les accueillent et sont présentes dans toutes les zones d’emploi de la région. Les néo-bacheliers qui s’orientent vers une licence universitaire sont également moins mobiles que la moyenne régionale. Douze zones d’emploi offrent une formation en licence universitaire hors santé, et sept en licence universitaire de santé (Licence accès santé (Las) ou en parcours d’accès spécifique santé (Pass)).

Par ailleurs, les néo-bacheliers issus de la voie générale sont plus mobiles que les autres. Plus de six sur dix s’orientent vers une licence, alors qu’à l’issue d’un bac professionnel ou d’un bac technologique, le BTS est la formation la plus suivie. Les néo-bacheliers de la voie professionnelle sont les moins mobiles. En particulier, sept sur dix s’orientent vers un BTS. Ceux de la voie technologique privilégient les BTS, puis les licences et les BUT.

Parmi les néo-bacheliers résidant dans la région et changeant de zone d’emploi pour poursuivre leurs études, 48 % vont étudier dans les zones d’emploi de Toulouse et de Montpellier. Ces deux zones d’emploi captent près de sept néo-bacheliers mobiles sur dix qui s’orientent vers une licence universitaire, et jusqu’à huit sur dix qui s’orientent vers une licence Pass. Ces grands pôles universitaires attirent une part importante des néo-bacheliers résidant dans les zones d’emploi limitrophes. La zone d’emploi de Toulouse attire six néo-bacheliers mobiles sur dix des zones d’emploi limitrophes, particulièrement de celles de Montauban et d’Albi (figure 3).

L’attractivité du pôle toulousain dépasse les frontières régionales : des néo-bacheliers issus de zones d’emploi plus lointaines telles que celles de Pau ou de Bordeaux viennent également y étudier, notamment en CPGE, en formation des écoles d’ingénieurs ou en BUT (encadré 2).

La zone d’emploi de Montpellier attire la moitié des néo-bacheliers mobiles des zones d’emploi limitrophes et est très attractive également pour ceux en provenance de Nîmes, de Béziers ou de Perpignan. Près d’un quart des mobiles arrivant dans le pôle montpelliérain en provenance de Perpignan s’orientent vers une licence de santé.

Bien qu’avec des flux entrants beaucoup plus modestes, le pôle universitaire de Nîmes est attractif pour les néo-bacheliers des zones limitrophes de Montpellier et d’Alès-Le Vigan. Ces jeunes s’orientent souvent vers un BUT, une CPGE ou une licence de santé.

Le pôle d’Albi est attractif pour les néo-bacheliers des zones voisines de Toulouse, de Castres-Mazamet et de Rodez qui s’orientent souvent vers une licence ou une CPGE.

La zone d’emploi de Tarbes-Lourdes se distingue par son offre de formation en BUT et en école d’ingénieurs avec la présence sur son territoire de l’ENIT. Cette école attire essentiellement des néo-bacheliers qui ne résidaient pas dans cette zone d’emploi au moment du baccalauréat. Ainsi, plus de sept néo-bacheliers sur dix ayant accepté une formation à Tarbes-Lourdes viennent d’une autre zone d’emploi.

Les élèves d’origine sociale très favorisée (pour comprendre) sont les plus mobiles quelle que soit l’offre de formation supérieure proposée par la zone d’emploi où ils résidaient [Figure complémentaire 1 ; pour en savoir plus (1)]. Dans les zones d’emploi à offre universitaire large où ils sont plus nombreux qu’ailleurs, quatre néo-bacheliers d’origine sociale très favorisée sur dix poursuivent leurs études dans une autre zone d’emploi. C’est le cas de neuf néo-bacheliers sur dix d’origine sociale très favorisée quand ils sont issus de zones d’emploi où l’offre de formation supérieure est plus restreinte. Plus de la moitié des néo-bacheliers qui poursuivent leurs études en dehors de la région sont d’origine sociale très favorisée. Pour les jeunes moins favorisés, des freins d’origine économique ou culturelle peuvent limiter la mobilité : coût du logement ou des déplacements, moins bonne connaissance des contenus et des modalités de recrutement des différentes filières [Thebault G, 2025 ; pour en savoir plus (5)].

Les néo-bacheliers ayant obtenu une mention très bien au baccalauréat, souvent d’origine sociale favorisée, sont plus mobiles que les autres et quittent plus souvent la région. C’est particulièrement le cas pour ceux issus d’un bac général, qui s’orientent davantage vers des filières inégalement réparties sur le territoire telles que les CPGE, les licences Pass ou les écoles d’ingénieurs. Par ailleurs, les femmes sont légèrement plus mobiles que les hommes (encadré 3).

Les choix d’orientation des néo-bacheliers peuvent être en partie influencés par la proximité des formations disponibles. Dans les zones d’emploi où l’offre de formation est majoritairement constituée de BTS, 25 % des néo-bacheliers s’orientent vers un BTS contre 17 % dans les autres zones d’emploi. Dans les zones d’emploi à offre moyennement diversifiée, près de trois places de formation sur dix sont offertes en BUT contre moins d’une sur dix dans l’ensemble des autres zones d’emploi. Les néo-bacheliers de la voie technologique résidant dans ces zones sont 27 % à s’orienter vers un BUT contre 20 % dans les autres zones d’emploi.

Les licences Pass ne sont proposées que dans les zones d’emploi de Toulouse, de Montpellier et de Nîmes. Plus de la moitié des néo-bacheliers qui s‘orientent dans cette voie résident à proximité et ne changent pas de zone d’emploi.

Globalement, les néo-bacheliers d’Occitanie s’orientent davantage vers les licences universitaires, quelle que soit la série du baccalauréat dont ils sont issus, en lien avec une offre importante dans ces formations. Les licences constituent 55 % des places disponibles contre 47 % en France en raison notamment de licences hors du domaine de la santé. La quasi-totalité des places en licences sont offertes dans les zones d’emploi à offre universitaire large. Dans ces zones, 51 % des néo-bacheliers s’orientent vers une licence contre 46 % dans le reste de la région.

L’étude repose sur les données Parcoursup 2022 du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), traitées par l’Insee. Les formations en apprentissage et celles à distance ont été exclues du champ. Le champ retenu couvre 80 % des étudiants s’inscrivant pour la première fois dans l’enseignement supérieur. Les « souhaits d’inscription » sont ceux des néo-bacheliers ayant confirmé un vœu sur Parcoursup, avant l’étape d’inscription effective dans l’établissement choisi.

Une zone d’emploi est un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent. L’Occitanie compte 25 zones d’emploi situées entièrement sur son territoire.

Les néo-bacheliers mobiles sont ceux qui quittent leur zone d’emploi de résidence l’année du baccalauréat pour poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur. Un néo-bachelier mobile est dit entrant s’il réside hors Occitanie et qu’il s’oriente vers une formation en Occitanie.

L’origine sociale des néo-bacheliers repose sur la catégorie socio-professionnelle (CSP) la plus élevée des parents. Quatre profils de néo-bacheliers sont distingués selon cette CSP : origine sociale « très favorisée », « favorisée », « assez défavorisée » et « défavorisée ».