Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté · Septembre 2025 · n° 221

Yonne : les entreprises de taille intermédiaire moteur de l’emploi

L’Yonne est un département rural où l’activité économique se concentre autour d’un axe plus urbanisé entre Auxerre et Sens, ainsi que le long de l’autoroute A6. Sa population, en léger déclin depuis dix ans, atteint 334 000 habitants.

Fin 2021, l’Yonne compte 124 900 emplois. Après une forte baisse de 2007 à 2017, l’emploi total progresse légèrement jusqu’en 2021 (+0,8 %). Depuis 2022, les effectifs salariés reculent à nouveau.

La structure de l’emploi est proche de la moyenne régionale, tant par le poids du secteur tertiaire non marchand (35 %), où la plus forte présence d’emploi public compense un moindre poids de l’emploi associatif, que par l’emploi non salarié (12 %).

Orientée dans la viticulture et dans l’élevage de volailles, l’agriculture icaunaise concentre 4,7 % des emplois, contre 3,6 % pour la région. Entre 2017 et 2021, l’emploi agricole recule, avec la baisse du nombre d’exploitations.

Fin 2021, le secteur marchand privé non agricole emploie 68 900 personnes, effectif en hausse de 1,6 % par rapport à 2017. Ses quinze plus grands établissements concentrent 10 % des effectifs, à l’instar de la région.

Huit établissements sont industriels, dont deux dans l’agroalimentaire : Eurial Ultra Frais et Duc. Le tertiaire est bien représenté avec quatre établissements dans le commerce, principalement de gros. Spécialiste dans la vente d’outillage professionnel, Berner est le plus grand employeur de commerce de la région avec près de 1 500 emplois (figure 1). À la tête d’enseignes comme Super U, Kiabi ou Intersport, le groupe Schiever détient plusieurs établissements icaunais, dont son siège implanté à Avallon.

En 2021, les 8 000 établissements marchands icaunais ont généré 3,9 milliards d’euros de valeur ajoutée. Ce montant équivaut à 56 700 euros par salarié, soit 6 % en dessous de la moyenne régionale. Cette moindre productivité apparente du travail s’explique en partie par la forte présence de secteurs moins intenses en capital, comme l’industrie agroalimentaire et le commerce.

Les multinationales étrangères concentrent 14 % des emplois, soit deux points de plus qu’en moyenne dans la région. Outre l’allemand Berner dans le commerce, il y a la société Davey Bickford du chilien Enaex qui fabrique des détonateurs et du matériel explosif pour les domaines de la défense et de l’industrie minière. À Migennes, l’équipementier automobile allemand Benteler a arrêté son activité en 2022.

Le tissu économique de l’Yonne se caractérise par une forte présence d’établissements dépendant d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). Ceux-ci emploient près d’un tiers des salariés du secteur marchand contre seulement un quart pour l’ensemble de la région. À l’inverse, les établissements de grandes entreprises et de petites et moyennes entreprises (PME) sont moins représentés (figure 2).

Dans la fabrication d’autres produits industriels (meubles de bureau notamment avec HMY France) et l’industrie agroalimentaire (IAA), près d’un emploi sur deux dépend d’une ETI. Ces dernières ont fortement contribué à la croissance de l’emploi dans les industries agroalimentaires.

Les effectifs salariés progressent aussi dans la construction. Cette croissance est là-encore portée par les ETI dont les effectifs ont presque doublé entre 2017 et 2021. L’emploi de ce secteur reste toutefois très concentré dans les PME et les microentreprises. Le département bénéficie du développement d’entrepôts en lien avec l’expansion, notamment, du commerce en ligne. L’emploi a d’ailleurs progressé de 5 % dans le transport-entreposage.

Les effectifs dans l’hébergement-restauration augmentent légèrement. Ce secteur n’est pas plus développé qu’en moyenne dans la région malgré la présence de sites touristiques emblématiques comme la basilique de Vézelay.

D’autres secteurs, très présents dans le département, ont une dynamique d’emploi moins favorable comme la plasturgie et la fabrication d’équipements électriques. Ils perdent environ 6 % de leurs effectifs entre 2017 et 2021. Baisses et hausses sont néanmoins plus modérées dans l’Yonne que dans les autres départements de la région (figure 3).

Infrastructures autoroutières et proximité du bassin parisien constituent des atouts pour le développement économique de l’Yonne. Ainsi, la construction d’entrepôts bénéficie d’un foncier disponible et moins coûteux. Le département dispose également du port fluvial de Gron, connecté au port du Havre. En matière d’emploi, les liens de l’Yonne avec l’Île-de-France se limitent au département de la Seine-et-Marne, le plus proche de cette région. Ainsi, son influence ne dépasse pas le nord du Sénonais.

Par ailleurs, la faible connexion ferroviaire entre Auxerre et Paris ou Dijon limite l’attractivité et l’ouverture du département. Dans un contexte où les zones d’emploi limitrophes de l’Yonne, hormis celles de Troyes, Provins et Fontainebleau, perdent des emplois, le potentiel de croissance pour le département se situe au nord. De ce fait, l’élargissement des liens entre l’Yonne et l’Île-de-France, au-delà de la zone sénonaise, constitue un enjeu fort pour le développement de ce département.