Insee Analyses ·
Septembre 2025 · n° 112
Le taux d'imposition implicite des profits entre 2016 et 2022 est plus élevé pour
les PME que pour les grandes entreprises
Entre 2016 et 2022, le taux normal de l’impôt sur les sociétés est passé de 33,3 % à 25 %, rapprochant la France de la moyenne des pays de l’OCDE. Le taux implicite brut d’imposition, qui rapporte l’impôt sur les sociétés (hors crédits d’impôt) à l’excédent net d’exploitation, s’établit en moyenne à 17,5 % en 2022. Ce taux a reculé de 3,2 points depuis 2016. Il n’a ainsi baissé que d’un sixième contre un quart pour le taux normal. Cette différence s’explique principalement par le plus grand dynamisme de la base fiscale par rapport au profit d’exploitation, en partie sous l’effet du redressement des résultats exceptionnels et financiers.
Le taux implicite brut des petites et moyennes entreprises (PME) n’a reculé que de 1,7 point sur la période, pour s’établir à 21,4 % en 2022. Celui des microentreprises a augmenté de 0,4 point sur la période pour atteindre 19,0 %. Il demeure plus élevé que celui des grandes entreprises, en baisse de 5,0 points pour atteindre 14,3 %. Il existe une grande hétérogénéité à l’intérieur même des catégories d’entreprises : le taux implicite a ainsi augmenté sur la période pour 34 % des grandes entreprises et 45 % des PME.
- Le taux normal de l’impôt sur les sociétés se rapproche de la moyenne de l’OCDE
- Le taux implicite de l’impôt sur les sociétés baisse moins rapidement que le taux normal
- Le plus grand dynamisme de la base fiscale explique l’essentiel de la baisse moins marquée du taux implicite
- Le taux d’imposition des PME diminue moins que celui des grandes entreprises
- Encadré – Le calcul de l’impôt sur les sociétés
Le taux normal de l’impôt sur les sociétés se rapproche de la moyenne de l’OCDE
En 2022, 2,4 millions d’entrepreneurs individuels, sociétés indépendantes et groupes fiscaux sont soumis à l’impôt sur les sociétés (IS) (encadré) [Ouvrir dans un nouvel ongletArnal, 2024]. Près de 4,2 millions d’entrepreneurs individuels et de sociétés de personnes relèvent, à l’inverse, de l’impôt sur le revenu. L’IS, impôt assis sur les bénéfices, n’est effectivement acquitté que par les redevables qui réalisent un bénéfice fiscal. En 2022, deux sur cinq n’en payent pas car ils sont déficitaires. Les redevables de l’IS génèrent, en 2022, 278 milliards d’euros de bénéfice fiscal (hors plus-values et brevets), soit les trois quarts du bénéfice fiscal total dégagé par l’ensemble des sociétés et entrepreneurs individuels, tous secteurs d’activité et régimes fiscaux confondus.
Le taux normal de l’impôt sur les sociétés a baissé rapidement depuis les années 2000 au sein des pays de l’OCDE. En 2016, ce taux d’imposition était en France l’un des plus élevés parmi ces pays [Ouvrir dans un nouvel ongletBach et al., 2019]. Puis le taux normal de l’impôt sur les sociétés a été progressivement abaissé de 33,3 % à 25 % entre 2016 et 2022, se rapprochant de la moyenne des pays de l’OCDE : 21,1 %.
L’imposition sur leurs bénéfices est cependant loin d’être déterminée uniquement par ce taux normal de l’IS. Par exemple, les petites sociétés bénéficient d’un taux réduit sur une partie de leur assiette. De plus, la base fiscale à laquelle s’applique ce taux normal est affectée par différents dispositifs (reports de déficit, déductions, régime de groupe, etc.) dont l’impact dépend également des caractéristiques des sociétés. En outre, des mécanismes de crédits d’impôts réduisent in fine le montant de l’IS acquitté. Finalement, exprimés en point de PIB, les montants d’IS situent la France à un niveau proche de la moyenne des pays de l’UE, avec des variations d’une année sur l’autre. Par ailleurs, d’autres impôts affectent les profits, tels que la Contribution économique territoriale (CET). Ces différentes composantes de la charge fiscale évoluent dans le cadre de politiques publiques visant à soutenir la compétitivité, l’innovation ou encore l’efficacité économique.
Le bénéfice fiscal des redevables de l’impôt sur les sociétés augmente très fortement entre 2016 et 2022 (+71 %), pour atteindre 278 milliards d’euros en 2022, tous secteurs d’activité confondus (hors plus-values et brevets). Le montant de l’IS brut, à acquitter avant réductions et crédits d’impôt, croît dans une bien moindre mesure (+31 %), pour atteindre 68 milliards d’euros (figure 1).
tableauFigure 1 – Répartition du résultat fiscal (hors plus-values et brevets) par tranche de taux normal et montant d’impôt sur les sociétés brut, de 2016 à 2022
Bénéfice, déficit ou montant | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Bénéfice imposable à 15 % | 16,0 | 17,3 | 18,2 | 20,6 | 20,4 | 24,0 | 27,0 |
Bénéfice imposable à 25 % | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 202,0 |
Bénéfice imposable à 26,5 % | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 92,0 | 39,0 |
Bénéfice imposable à 27,5 % | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 104,0 | 10,0 |
Bénéfice imposable à 28 % | 0,0 | 5,5 | 30,5 | 47,4 | 87,9 | 39,0 | 0,0 |
Bénéfice imposable à 31 % | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 41,5 | 78,5 | 9,0 | 0,0 |
Bénéfice imposable à 33,3 % | 146,3 | 145,5 | 128,6 | 104,9 | 5,2 | 0,0 | 0,0 |
Déficit | -53,5 | -57,5 | -65,4 | -60,2 | -101,3 | -83,0 | -113,0 |
Montant de l'impôt sur les sociétés brut | 52,3 | 53,7 | 55,1 | 64,7 | 53,9 | 71,0 | 68,3 |
- Lecture : En 2022, sur un montant total de bénéfices de 278,0 milliards d’euros (hors plus-values et brevets), 27,0 milliards sont taxés au taux de 15 %. Le montant des déficits s’élève à 113,0 Md€ et le montant de l’impôt sur les sociétés brut à 68,3 Md€. Certaines entreprises ont des exercices décalés avec l’année fiscale. Ainsi, en 2022, 49,0 Md€ de bénéfice fiscal sont encore imposés à des taux autres que 15 % ou 25 %.
- Champ : Entreprises redevables de l’impôt sur les sociétés (y compris armateurs, secteurs agricole et financier).
- Source : DGFiP, liasses fiscales des entreprises (BIC-IS) de 2016 à 2022.
graphiqueFigure 1 – Répartition du résultat fiscal (hors plus-values et brevets) par tranche de taux normal et montant d’impôt sur les sociétés brut, de 2016 à 2022

- Lecture : En 2022, sur un montant total de bénéfices de 278,0 milliards d’euros (hors plus-values et brevets), 27,0 milliards sont taxés au taux de 15 %. Le montant des déficits s’élève à 113,0 Md€ et le montant de l’impôt sur les sociétés brut à 68,3 Md€. Certaines entreprises ont des exercices décalés avec l’année fiscale. Ainsi, en 2022, 49,0 Md€ de bénéfice fiscal sont encore imposés à des taux autres que 15 % ou 25 %.
- Champ : Entreprises redevables de l’impôt sur les sociétés (y compris armateurs, secteurs agricole et financier).
- Source : DGFiP, liasses fiscales des entreprises (BIC-IS) de 2016 à 2022.
Le taux implicite de l’impôt sur les sociétés baisse moins rapidement que le taux normal
Pour étudier l’évolution de l’imposition des bénéfices des entreprises dans une perspective économique, le taux implicite, rapport du montant d’impôt acquitté sur l’excédent net d’exploitation (ENE), est préféré au taux fiscal, rapport de l’impôt acquitté sur le bénéfice fiscal. L’ENE mesure le profit généré par l’activité des entreprises, appréhendées dans leur périmètre économique, indépendamment des modalités de calcul de la base fiscale. Il est obtenu en déduisant du chiffre d’affaires les consommations intermédiaires, les coûts salariaux, ainsi que l’usure du capital. Le taux implicite mesure ainsi la charge réelle de l’impôt pour les entreprises par rapport aux profits qu’engendre leur activité. Ce taux implicite n’est bien sûr pas pertinent pour les entreprises dont l’ENE est négatif ou nul, qui sont donc exclues de son calcul, même si leur bénéfice fiscal peut être positif si elles génèrent un résultat exceptionnel ou financier élevé. Elles paient ainsi un impôt alors même qu’elles ne dégagent pas de profit net d’exploitation, mais ces cas restent limités : entre 2016 et 2022, seulement 3,8 à 4,4 % des entreprises hors armateurs, secteurs agricoles et financiers sont concernées, représentant 7 à 10 % de l’IS brut (méthodes).
En 2016, le taux implicite moyen de l’IS s’établissait à 20,7 %, hors armateurs, secteurs agricoles et financiers (figure 2). Après neutralisation des effets de la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en 2019 et de la réforme de la CET en 2021, ce taux moyen a augmenté pour atteindre 21,6 % en 2019, puis diminué pour s’établir à 17,5 % en 2022 (méthodes). Cette baisse de 15 % entre 2016 et 2022 est moins prononcée que celle du taux normal, qui diminue d’un quart. Dans le même temps, sur l’ensemble des entreprises, le quartile supérieur du taux implicite passe de 29,6 % à 25,0 %, alors que le premier quartile recule de 7,1 % à 5,1 %.
tableauFigure 2 – Distribution du taux implicite brut, de 2016 à 2022
Distribution | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1er quartile (Q1) | 7,1 | 6,9 | 7,0 | 8,7 | 6,1 | 7,2 | 5,1 |
Médiane | 22,2 | 20,9 | 20,8 | 22,5 | 19,5 | 21,6 | 19,2 |
3e quartile (Q3) | 29,6 | 29,4 | 28,7 | 29,5 | 27,3 | 26,9 | 25,0 |
Moyenne | 20,7 | 20,4 | 20,1 | 21,6 | 18,7 | 19,6 | 17,5 |
- Lecture : En 2022, le taux implicite brut d’impôt sur les sociétés, pondéré par l'excédent net d'exploitation (ENE), est supérieur à 25,0 % pour un quart des entreprises du champ (Q3), hors effets des réformes du CICE et de la CET.
- Champ : Entreprises profilées des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, avec un ENE positif, hors armateurs et entreprises soumises à la taxe spéciale au tonnage.
- Sources : DGFiP, liasses fiscales des entreprises (BIC-IS) ; Insee, Base tous salariés, Ésane.
graphiqueFigure 2 – Distribution du taux implicite brut, de 2016 à 2022

- Lecture : En 2022, le taux implicite brut d’impôt sur les sociétés, pondéré par l'excédent net d'exploitation (ENE), est supérieur à 25,0 % pour un quart des entreprises du champ (Q3), hors effets des réformes du CICE et de la CET.
- Champ : Entreprises profilées des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, avec un ENE positif, hors armateurs et entreprises soumises à la taxe spéciale au tonnage.
- Sources : DGFiP, liasses fiscales des entreprises (BIC-IS) ; Insee, Base tous salariés, Ésane.
Sur l’ensemble des entreprises bénéficiaires au sens de l'ENE de 2016 à 2022, 60 % connaissent une hausse de leur taux implicite d’imposition et même 46 % une augmentation supérieure à deux points [Arnal et al., 2025]. Cette évolution peut s’expliquer par l’application de taux réduits sur leurs bénéfices, non affectés par la baisse du taux normal, ou encore par une progression des résultats exceptionnels ou financiers, pris en compte dans le bénéfice fiscal mais pas dans l’ENE (méthodes). Les entreprises dont la fiscalité augmente sont en moyenne plus petites, et totalisent un ENE deux fois moins élevé que celui des entreprises dont la fiscalité diminue. Si l’on ordonne les entreprises par montant de bénéfices décroissant, le taux implicite décroît de plus de 2,7 points pour les 29 % d’entreprises produisant la moitié des bénéfices, et même de plus de 7,8 points pour les 14 % générant un quart des profits.
Le plus grand dynamisme de la base fiscale explique l’essentiel de la baisse moins marquée du taux implicite
Le taux fiscal moyen est généralement inférieur au taux normal d’imposition (méthodes). En effet, les différents taux réduits conduisent mécaniquement à minorer le taux d’imposition effectif des entreprises. Ces taux réduits ainsi que la contribution sociale expliquent ainsi un écart de 5,1 points entre taux fiscal et taux normal en 2016 (figure 3). Avec la mise en place échelonnée de la diminution du taux normal pour certaines entreprises seulement, ce même écart atteint 7,1 points en 2020. Il se réduit ensuite nettement pour atteindre 3,3 points en 2022, quand l’ensemble des entreprises bénéficie de la baisse du taux normal. La baisse du taux fiscal est ainsi de 23 % de 2016 à 2022, très proche de celle du taux normal (-25 %), et les taux réduits n’expliquent donc qu’une fraction négligeable de l’écart d’évolution entre taux normal et taux implicite.
tableauFigure 3 – Décomposition du passage du taux normal au taux implicite brut d’imposition, de 2016 à 2022
Décomposition du taux | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Taux normal d'imposition | 33,3 | 33,3 | 33,3 | 33,3 | 31,0 | 27,5 | 25,0 |
Contribution sociale de 3,3 % | 0,5 | 0,5 | 0,5 | 0,5 | 0,4 | 0,4 | 0,4 |
Taux réduit de 15 % | -1,9 | -1,9 | -1,9 | -1,9 | -1,8 | -1,0 | -0,9 |
Taux réduit plus-values | -3,5 | -4,9 | -3,8 | -3,6 | -4,1 | -5,8 | -2,7 |
Taux réduit brevets | -0,2 | -0,1 | -0,2 | -0,4 | -0,3 | -0,3 | -0,4 |
Baisse progressive du taux normal | 0,0 | -0,3 | -1,1 | -1,5 | -1,3 | 0,1 | 0,3 |
Taux fiscal | 28,2 | 26,6 | 26,8 | 26,4 | 23,9 | 20,9 | 21,7 |
Passage du résultat fiscal au résultat comptable | -1,1 | -1,4 | -2,4 | -0,5 | 0,4 | -0,4 | -0,9 |
Passage du résultat comptable à l’excédent net d’exploitation (ENE) | -5,6 | -3,3 | -3,6 | -4,4 | -5,9 | 0,9 | -2,4 |
Consolidation des groupes fiscaux | 0,0 | 0,0 | -0,1 | -0,1 | 0,0 | -0,1 | 0,0 |
Redevables en déficit | -0,7 | -1,6 | -0,9 | 0,0 | 0,2 | -1,6 | -0,9 |
Taux implicite brut d’imposition | 20,7 | 20,4 | 20,1 | 21,6 | 18,7 | 19,6 | 17,5 |
- Lecture : En 2022, le taux normal d’imposition s’élève à 25 % ; parmi les différents effets permettant de passer du taux normal au taux net, la contribution sociale contribue à relever le taux normal de 0,4 point, alors que le taux réduit contribue à l’abaisser de 0,9 point. Les différents taux ou contributions sont calculés comme des moyennes pondérées par l'ENE, hors effets des réformes du CICE et de la CET.
- Champ : Entreprises profilées des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, avec un ENE positif, hors armateurs et entreprises soumises à la taxe spéciale au tonnage.
- Sources : DGFiP, liasses fiscales des entreprises (BIC-IS) ; Insee, Base tous salariés, Ésane.
La baisse moins rapide du taux implicite moyen relativement à celle du taux normal de 2016 à 2022 s’explique essentiellement par un effet d’assiette : le bénéfice fiscal (qui détermine le numérateur du taux fiscal) a augmenté plus rapidement que l’ENE au dénominateur (+68 % entre 2016 et 2022, soit +91 Md€, contre +53 %, soit +96 Md€), après retraitement des effets du CICE et de la CET, hors armateurs, secteurs agricole et financier. Ce dynamisme supérieur de l’assiette fiscale est notamment lié au redressement d’autres composantes du résultat comptable des entreprises (en particulier les résultats exceptionnels et financiers) qui restent néanmoins fortement volatiles.
Enfin, certains redevables ne payent pas d’impôt sur les sociétés en raison d’un résultat fiscal négatif, qu’ils soient bénéficiaires ou non au sens de l’ENE (encadré). Ils contribuent le plus souvent à diminuer le taux implicite moyen sur la période, jusqu’à -1,6 point en 2017 et 2021. La contribution de cet effet est quasiment identique en 2016 et 2022 (-0,7 point et -0,9 point).
Le taux d’imposition des PME diminue moins que celui des grandes entreprises
En 2022, après élimination des effets des réformes du CICE et de la CET, et compte tenu de la baisse du taux normal, le taux implicite moyen de l’impôt sur les sociétés atteint 21,4 % pour les petites et moyennes entreprises hors microentreprises (PME), niveau le plus élevé parmi les quatre catégories d’entreprises (figure 4). À l’inverse, il est le plus faible pour les grandes entreprises (GE) (14,3 %).
tableauFigure 4 – Taux implicite brut moyen selon la catégorie d’entreprise, de 2016 à 2022
Taille d’entreprise | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Microentreprises | 18,6 | 18,8 | 18,3 | 19,5 | 19,1 | 17,7 | 19,0 |
Petites et moyennes entreprises (PME) |
23,1 | 23,9 | 23,0 | 24,2 | 23,2 | 22,5 | 21,4 |
Entreprises de taille intermédiaire (ETI) |
21,2 | 21,6 | 21,8 | 22,4 | 20,2 | 20,9 | 17,8 |
Grandes entreprises (GE) |
19,3 | 16,9 | 17,3 | 20,2 | 13,8 | 17,4 | 14,3 |
Ensemble des entreprises | 20,7 | 20,4 | 20,1 | 21,6 | 18,7 | 19,6 | 17,5 |
- Note : La catégorie des petites et moyennes entreprises (PME) n’inclut pas les microentreprises.
- Lecture : En 2022, le taux implicite brut moyen des microentreprises, pondéré par l'excédent net d'exploitation (ENE), s’établit à 19,0 %, hors effets des réformes du CICE et de la CET.
- Champ : Entreprises profilées des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, avec un ENE positif, hors armateurs et entreprises soumises à la taxe spéciale au tonnage.
- Sources : DGFiP, liasses fiscales des entreprises (BIC-IS) ; Insee, Base tous salariés, Ésane.
graphiqueFigure 4 – Taux implicite brut moyen selon la catégorie d’entreprise, de 2016 à 2022

- Note : La catégorie des petites et moyennes entreprises (PME) n’inclut pas les microentreprises.
- Lecture : En 2022, le taux implicite brut moyen des microentreprises, pondéré par l'excédent net d'exploitation (ENE), s’établit à 19,0 %, hors effets des réformes du CICE et de la CET.
- Champ : Entreprises profilées des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, avec un ENE positif, hors armateurs et entreprises soumises à la taxe spéciale au tonnage.
- Sources : DGFiP, liasses fiscales des entreprises (BIC-IS) ; Insee, Base tous salariés, Ésane.
Entre 2016 et 2022, ce taux a diminué fortement pour les entreprises de taille intermédiaires (ETI) et les GE : respectivement -3,4 et -5,0 points. Le recul est plus limité pour les PME (-1,7 point). Le taux implicite s’est même légèrement accru pour les microentreprises (+0,4 point), ces dernières étant moins concernées par la baisse du taux normal. En effet, en 2016, 47 % de leur bénéfice fiscal est imposé au taux normal contre 76 % pour les grandes entreprises. La baisse du taux implicite est plus tardive pour les grandes entreprises, en raison de la mise en place progressive de la réforme de baisse du taux normal, qui ciblait d’abord les entreprises de taille plus modeste. En parallèle, les résultats exceptionnels et financiers, très volatils, influent fortement sur le taux implicite des grandes entreprises, davantage que pour les autres catégories. Ainsi, en 2019, le taux implicite des grandes entreprises a nettement augmenté par rapport à l’année précédente (+2,9 points), avant une forte diminution en 2020 (-6,4 points).
Au sein de chaque catégorie, l’évolution du taux implicite n’est pas uniforme. Parmi les entreprises bénéficiaires entre 2016 et 2022, il augmente pour 63 % des microentreprises, largement imposées à un taux réduit, stable sur la période. Cette proportion diminue quand la taille de l’entreprise augmente : le taux implicite croît pour 45 % des PME, 38 % des ETI et 34 % des GE.
Encadré – Le calcul de l’impôt sur les sociétés
Le bénéfice fiscal sert de base au calcul de l’impôt sur les sociétés (IS). Il s’obtient à partir du résultat comptable, somme du résultat d’exploitation et des résultats exceptionnels et financiers, ajusté par des réintégrations et déductions fiscales.
Le taux normal s’applique par défaut. S’élevant à 33,3 % en 2016, il a baissé par paliers pour atteindre 25 % en 2022, en ciblant d’abord les plus petites sociétés (figure). Ce taux est modulé dans plusieurs situations (toutes ces modulations n’ayant pas été altérées par la réforme de baisse du taux normal). Par exemple, les redevables fiscaux dont le chiffre d’affaires est inférieur à 7,63 millions d’euros (jusqu’en 2021, puis 10 millions d’euros à partir de 2022), peuvent bénéficier d’un taux réduit de 15 % sur la tranche de bénéfice allant jusqu’à 38 120 euros. De plus, certaines plus-values, définies comme la différence entre le prix de cession et la valeur nette comptable de l’actif cédé, bénéficient de taux réduits spécifiques, fixés à 0 %, 15 % ou 19 % selon les cas. Par ailleurs, les revenus issus de brevets sont taxés à 15 % entre 2016 et 2018, puis à 10 % à partir de 2019. Enfin, les redevables fiscaux réalisant un chiffre d’affaires d’au moins 7,63 millions d’euros et dont l’impôt sur les sociétés dépasse 763 000 euros sont assujetties à une contribution sociale additionnelle, s’élevant à 3,3 % de l’impôt dû.
tableauFigure – Taux d’imposition selon la taille d’entreprise et la tranche de bénéfices imposables, de 2016 à 2022
Entreprises concernées | Tranches de bénéfices imposables (en euros) | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Chiffre d’affaires inférieur à 7,63 M€ | 0 à 38 120 | 15 | 15 | 15 | 15 | 15 | 15 | 15 |
38 120 à 75 000 | 33,3 | 28 | 28 | 28 | 28 | 26,5 | 25 | |
75 000 à 500 000 | 33,3 | |||||||
> 500 000 | 33,3 | 31 | ||||||
Chiffre d’affaires compris entre 7,63 M€ et 250 M€ | 0 à 500 000 | 33,3 | 33,3 | 28 | 28 | 28 | 26,5 | 25 |
> 500 000 | 33,3 | 31 | ||||||
Chiffre d’affaires supérieur à 250 M€ | 0 à 500 000 | 33,3 | 33,3 | 28 | 28 | 28 | 27,5 | 25 |
> 500 000 | 33,3 | 33,3 | 31 |
- Note : Le seuil pour bénéficier du taux réduit à 15 % a été relevé de 7,63 M€ à 10 M€ à partir de l’exercice 2021.
- Lecture : Une société dont le chiffre d’affaires est inférieur à 7,63 M€ et dont le bénéfice imposable est de 65 000 euros est imposée, au titre de l’exercice 2021, à 15 % sur les premiers 38 120 euros puis à 26,5 % sur le solde (26 880 euros).
- Champ : Entreprises établies en France et soumises au régime normal de l’impôt sur les sociétés.
- Source : DGFiP.
L’étude porte sur le taux implicite brut, mais il est important de rappeler qu’en pratique, les sociétés acquittent un montant d’impôt sur les bénéfices inférieur grâce à des mesures de soutien public à la recherche et à l’emploi comme le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et le crédit d’impôt recherche (CIR).
Dans le cas général, l’IS est acquitté par l’unité légale. Il peut toutefois être calculé à l’échelle d’un groupe fiscal intégré, composé d’unités légales détenues à plus de 95 % par une même société mère : l’IS est alors établi sur un résultat fiscal consolidé, permettant la compensation entre bénéfices et pertes au sein du groupe.
Dans ce travail, l’analyse est menée au niveau des entreprises au sens économique. Le montant de l’IS et les agrégats comptables sont reconstitués à cette échelle en sommant les données des unités légales et groupes fiscaux rattachés. Lorsque le périmètre d’un groupe fiscal recouvre plusieurs entreprises, le montant de l’IS et les agrégats comptables sont préalablement répartis au prorata de la masse salariale.
Les années mentionnées correspondent au fait générateur, c’est-à-dire à l’année où l’impôt est généré au titre des bénéfices réalisés ou le CICE au titre des salaires versés, et non à l’année où ils sont effectivement perçus ou octroyés.
Sources
Les liasses fiscales des entreprises (BIC-IS) regroupent un ensemble de documents comptables et fiscaux que les entreprises doivent transmettre à la Direction générale des finances publiques chaque année. Ces documents incluent notamment le bilan et le compte de résultat, et permettent à l’administration de vérifier le calcul de l’impôt sur les bénéfices.
La Base tous salariés (BTS) est extraite de la déclaration sociale nominative, que doit accomplir toute entreprise employant des salariés. Elle permet d’analyser les emplois, les rémunérations et les caractéristiques des entreprises employeuses et, dans le cadre de ce travail, d’estimer le montant de CICE perçu par les entreprises.
Le dispositif Ésane produit les statistiques structurelles d’entreprises, c’est-à-dire une photographie annuelle des entreprises appartenant au système productif. Ces statistiques sont élaborées en mobilisant des données administratives, notamment les liasses fiscales, complétées par des enquêtes statistiques ad hoc.
Méthodes
Champ de l’étude
Le taux implicite est calculé au niveau des entreprises au sens économique, et non des unités légales redevables de l’impôt, afin de permettre une analyse par catégorie d’entreprises [Arnal et al., 2025]. Le contour des entreprises est issu du dispositif Ésane, dont le dernier millésime disponible est 2022 (sources). Le champ est constitué des entreprises présentant un excédent net d’exploitation (ENE) positif. Une même entreprise peut donc être incluse certaines années et exclue d’autres, selon sa profitabilité. Les analyses de l’évolution individuelle de la charge fiscale se restreignent aux entreprises présentes en continu entre 2016 et 2022.
Les analyses excluent également les entreprises agricoles et financières, dont les comptes diffèrent fortement de ceux des autres secteurs en raison du poids respectif des résultats financiers et des subventions d’exploitation, rendant le taux implicite inadapté pour évaluer leur contribution fiscale. Sont également exclues les entreprises relevant de la taxe spéciale au tonnage, un régime fiscal propre au secteur maritime qui se substitue à l’imposition classique sur les sociétés.
Prise en compte des réformes du CICE et de la CET
Outre la baisse du taux normal de l’impôt sur les sociétés (IS) entre 2016 et 2022, la suppression du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), remplacé en 2019 par un allègement pérenne des cotisations, a affecté la taxation effective des bénéfices. Alors que le montant du CICE (6 % des cotisations patronales sur les salaires, jusqu’à 2,5 SMIC) se déduisait directement de l’IS brut, il vient désormais alléger le montant de cotisations sociales dues.
La hausse sur la charge fiscale nette due à la réforme du CICE résulte d’un effet direct lié à la suppression du crédit d’impôt, mais aussi d’un effet de « retour » : l’allégement de cotisations réduit le coût du travail des entreprises, donc augmente les profits et les bénéfices fiscaux, contribuant à accroître l’impôt brut de façon indirecte via un effet de base. C’est pour neutraliser l’impact de cet effet retour, jouant à la hausse sur le total des prélèvements obligatoires (IS et cotisations), qu’un allégement complémentaire de cotisations patronales a été mis en place en 2019, de 4,05 % sur les salaires, jusqu’à 1,6 SMIC.
La baisse de la contribution économique territoriale (CET), engagée à partir de 2021, produit un mécanisme analogue de hausse indirecte de l’impôt acquitté.
Sans les réformes du CICE et de la CET, on estime que l’ENE de 304,6 milliards d’euros généré en 2022 serait inférieur de 9,1 %. L’IS brut total serait quant à lui inférieur de 10,6 %. L’ENE aurait ainsi augmenté de 53 % entre 2016 et 2022 en l’absence de ces réformes, et l’IS de 30 %, contre des hausses effectivement observées de respectivement 68 % et 45 %.
Afin d’assurer une comparaison homogène des taux implicites entre 2016 et 2022, les données fiscales individuelles ont été retraitées pour mesurer les évolutions qui auraient été observées en l’absence de ces deux réformes. Ces retraitements s’appuient sur les données sur les salaires versés par les entreprises, afin d’apprécier pour chacune la part de la masse salariale concernée par chaque type d’allégement. Ainsi, à partir de 2019, une approche contrefactuelle a été utilisée en calculant les montants d’impôt qui auraient été observés avec le maintien du CICE (et l’absence d’allégements de cotisations). De même, à compter de 2021, les cotisations liées à la CET sont maintenues à leur niveau antérieur. La correction du taux implicite est modeste : les ajustements liés aux réformes du CICE et de la CET entraînent une diminution du taux implicite brut de l’IS de 0,3 point en 2022.
Décomposition de l’écart entre taux normal et implicite
L’écart entre l’évolution du taux normal d’imposition, passé de 33,3 % à 25 % entre 2016 et 2022, et du taux implicite résulte de plusieurs facteurs. La décomposition proposée permet de mettre en évidence les différents éléments du bilan comptable et de sa taxation qui expliquent cet écart. Tout d’abord, certains revenus de l’entreprise sont soumis à un taux réduit d’imposition, tandis que d’autres supportent une contribution sociale additionnelle. Le taux fiscal rapporte ainsi l’impôt effectivement acquitté à l’assiette fiscale des profits, qui inclut le bénéfice fiscal élargi de l’ensemble des plus-values. Ces taux réduits expliquent un écart entre le taux fiscal observé et le taux normal. Ensuite, le bénéfice fiscal diffère du bénéfice économique, l’ENE, qui est utilisé pour calculer le taux implicite. La différence entre taux fiscal et taux implicite peut être décomposée pour les redevables fiscaux en plusieurs termes :
- Différence entre résultat fiscal et résultat comptable : le résultat fiscal est obtenu à partir du résultat comptable avant impôt, en ajoutant les charges non déductibles (amendes, dépenses somptuaires, impôt sur les sociétés, etc.), en retranchant certains produits exonérés ou en appliquant certains abattements visant par exemple à encourager l’implantation dans des territoires défavorisés.
- Différence entre résultat comptable et ENE : l’ENE mesure le revenu issu de l’activité productive de l’entreprise. Le résultat comptable, lui, inclut l’ensemble des produits et charges de l’entreprise, y compris exceptionnels et financiers. Cette différence contribue négativement au taux implicite si le résultat comptable est inférieur à l’ENE.
- Consolidation des groupes fiscaux : un troisième terme doit prendre en compte le fait que le bénéfice fiscal d’un groupe n’est pas la simple somme des résultats de ses entités, certaines opérations intragroupes (dividendes, provisions, plus-values) étant neutralisées.
Cette décomposition ne peut être menée que pour les redevables bénéficiaires au sens fiscal (pour lesquels le bénéfice fiscal est observé). Cependant, certains redevables, en déficit, appartiennent à des entreprises dont l'ENE est positif (champ sur lequel sont calculées les statistiques agrégées). Pour retrouver le taux implicite moyen sur l’ensemble du champ, il faut donc ajouter un dernier terme (appelé redevables en déficit), qui correspond à l’écart entre le taux implicite moyen calculé d’une part sur l’ensemble des redevables bénéficiaires et de l’autre sur l’ensemble des entreprises dont l’ENE est positif. Ce dernier terme est le plus souvent négatif, car il correspond fréquemment à des redevables dont l’ENE est positif, alors qu’ils sont fiscalement déficitaires et ne payent donc pas d’impôt (ce qui a tendance à baisser le taux implicite). Cet écart peut être cependant positif, car certains redevables peuvent être également déficitaires au sens de l’ENE, mais appartenir à une entreprise qui a un ENE positif. C’est notamment le cas lorsqu’on calcule le taux implicite de l’ensemble des grandes entreprises.
Définitions
La contribution économique territoriale (CET) est un dispositif fiscal comprenant d’une part la cotisation foncière des entreprises (CFE), et d’autre part la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Cette dernière concerne les entreprises qui exercent une activité générant un chiffre d’affaires annuel hors taxes supérieur à 152 500 euros. Elle est déterminée à partir du chiffre d’affaires réalisé et de la valeur ajoutée produite au cours de l’année d’imposition. Le taux supérieur, qui s’élevait à 1,5 % jusqu’en 2020, a été abaissé à 0,75 % en 2021 et 2022.
L’entreprise est la plus petite combinaison d’unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes. Son périmètre ne coïncide pas toujours avec celui du redevable fiscal, entrepreneur individuel, société indépendante ou groupe fiscal qui acquitte l’impôt sur les sociétés.
Le taux implicite rapporte le montant brut d’impôt sur les sociétés à l’excédent net d’exploitation (ENE).
L’excédent net d’exploitation (ENE) représente le surplus/déficit des activités de production après déduction des consommations intermédiaires (valeur ajoutée) et de la rémunération du facteur travail (EBE), et duquel ont été déduits les amortissements liés à l’usure du capital.
Le taux fiscal rapporte le montant collecté d’impôt sur les sociétés au bénéfice fiscal (BFI).
Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), est introduit en 2013 sous forme d’un crédit d’impôt équivalent à 4 % de la masse salariale pour les salaires inférieurs à 2,5 fois le SMIC (puis porté à 6 % entre 2014 et 2016, à 7 % en 2017, et de nouveau à 6 % en 2018), avant sa transformation en 2019 en allègement des cotisations sociales.
Quatre catégories d’entreprises sont définies en fonction du nombre de salariés, du chiffre d’affaires et du total du bilan : les petites et moyennes entreprises (PME) dont les microentreprises, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises (GE).
Pour en savoir plus
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Arnal O., Di Nallo U., Martin J.-P., « La réforme du taux statutaire de l'impôt sur les sociétés », Documents de travail no 2025-18, Insee, septembre 2025.
Arnal O., « Ouvrir dans un nouvel ongletImpôt sur le bénéfice des entreprises en 2022 », DGFiP Statistiques no 21, avril 2024.
CPO, « Ouvrir dans un nouvel ongletQuel taux pour l’impôt sur les sociétés en France ? », Les notes du CPO no 1, juillet 2021.
Assemblée Nationale, Ouvrir dans un nouvel ongletRapport d’information no 2252 sur le bilan de la lutte contre les montages transfrontaliers, septembre 2019.
Bach L., Bozio A., Malgouyres C., « Ouvrir dans un nouvel ongletL'hétérogénéité des taux d’imposition implicites des profits en France : constats et facteurs explicatifs », Rapport IPP no 21, mars 2019.
DG Trésor, « Ouvrir dans un nouvel ongletLe taux de taxation implicite des bénéfices en France », Trésor éco no 88, juin 2011.