Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté · Juillet 2025 · n° 220

Une économie haut-saônoise résiliente

Fin 2021, la Haute-Saône a une population de 230 000 habitants et un tissu productif offrant 80 000 emplois. Ce département est constitué d’un maillage de villes et bourgs centres qui structurent l’ensemble de son territoire. Dépourvu de grands pôles d’emploi, sa population travaille pour partie dans ceux de Besançon, Belfort et Montbéliard, de par leur proximité. Ces derniers drainent chaque jour ses habitants et ses entreprises qui accèdent facilement à un éventail varié d’emplois et de services. L’emploi tertiaire est peu développé dans le département. Ramené au nombre d’habitants, l’emploi tertiaire marchand place la Haute-Saône au 93^e rang des départements et le non marchand au 85^e rang. La Haute-Saône demeure industrielle et agricole.

En 2021, elle est le département le plus industriel de France avec plus d’un emploi sur cinq dans ce secteur. La métallurgie et l’industrie du bois sont des secteurs historiquement bien implantés. D’autres productions traditionnelles, comme les féculeries ou les manufactures de coton ont en revanche quasiment disparu. En 2015, l’installation à Héricourt d’un établissement des Manufactures de Franche-Comté du groupe Hermès a relancé l’emploi dans le secteur de l’habillement. La proximité de l’École Boudard, centre de formation dans les métiers du cuir, a favorisé cette dynamique. Par ailleurs, avec 4,3 % des emplois, l’agriculture est diversifiée avec une dominante en céréales et en élevage. Le tertiaire non marchand est en décroissance avec le recul de l’emploi public.

Depuis 2022, l’emploi total diminue à nouveau après le rebond observé sur la période 2017-2021.

Fin 2021, le secteur privé marchand non agricole compte plus de 4 700 établissements, employant 44 000 personnes. Ces derniers ont généré une valeur ajoutée de 2,5 milliards d’euros, soit 57 500 euros par salarié. Cette productivité apparente du travail est inférieure de 4 % à la moyenne régionale. La moindre présence de cadres dans l’appareil productif explique en partie cette différence.

À eux seuls, les 15 plus grands établissements contribuent à plus de 20 % de la valeur ajoutée du département et concentrent 15 % des salariés. La Haute-Saône se place au deuxième rang des départements de la région par la concentration de l’emploi. Répartis sur l’ensemble du territoire, ils structurent fortement le tissu local. Ces 15 établissements, tous de plus de 250 salariés, relèvent de secteurs industriels variés (fabrication d’équipements de transport automobile, industrie pharmaceutique, fabrication de machines et équipements…), du commerce et de la santé (figure 1).

Parmi ces 15 grands établissements, plusieurs sont détenus par des multinationales. Certaines ont leur siège dans le département, comme Vétoquinol dans les médicaments vétérinaires à Magny-Vernois ou Eurosérum qui produit du lactosérum à Port-sur-Saône. Pour autant, la dépendance des emplois haut-saônois à un groupe français ou étranger est la plus faible de la région. Seul 62 % des emplois sont dans ce cas, soit sept points de moins qu’au niveau régional. Le tissu productif haut-saônois se caractérise par une surreprésentation des petites et moyennes entreprises (PME). 23 % des salariés du département travaillent pour une PME, soit 4 points de plus que la moyenne régionale. À l’inverse, 17 % des emplois dépendent d’une grande entreprise, contre 23 % au niveau régional (figure 2).

De 2017 à 2021, l’emploi salarié marchand non agricole croît de 4 % en Haute-Saône, soit le double de la moyenne régionale. Dans l’industrie, la hausse est forte dans la fabrication de machines et équipements et les industries agroalimentaires (figure 3).

La hausse de l’emploi est portée par les établissements dépendant de PME et, dans une moindre mesure, de ceux des entreprises de taille intermédiaire (ETI). Au sein des PME, la progression est forte dans les industries agroalimentaires, le commerce et les services aux entreprises. Elle est également importante dans la fabrication d’autres produits industriels, tant au sein des PME que des ETI.

Les établissements des grandes entreprises perdent 10 % de leurs effectifs. La majorité de ces pertes d’emploi concerne Stellantis à Vesoul, où le site spécialisé dans les pièces détachées automobiles perd 500 emplois en quatre ans, en lien avec le repli de la filière en France. En outre, dans l’industrie du bois, les établissements du groupe Parisot à Saint-Loup-sur-Semouse connaissent des difficultés depuis plusieurs années.

Ce tissu productif varié et bien réparti constitue un atout pour faire face aux mutations économiques. Avec diverses subventions, la Haute-Saône est fortement concernée par le processus de réindustrialisation en œuvre depuis 2019. Elle pourrait bénéficier d’un supplément d’activité avec le doublement annoncé, d’ici 2035, des effectifs de la base aérienne 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur.

Néanmoins, avec une structure par âge vieillissante et un recul de sa population, la Haute-Saône fait face à de nombreux départs en retraite d’actifs. Sur la période récente, cette baisse de la population active a été absorbée par un recul du chômage. Avec un taux à 6,5 % fin 2024, celui-ci est dorénavant bas, rendant plus difficile la réponse aux besoins en main-d’œuvre des établissements haut-saônois.