Insee Analyses Mayotte ·
Mai 2025 · n° 39
Les élèves s’orientent plus qu’ailleurs vers un BTS et quittent très souvent l’île Orientations et mobilités post-bac à Mayotte
À Mayotte, en 2022, les néo-bachelières et néo-bacheliers s’orientent davantage vers un BTS qu’ailleurs (30 % contre 19 % dans l’Hexagone). En effet, ces élèves sont plus souvent issus d’un bac pro ou techno, en lien avec une origine sociale plus défavorisée. Ils s’orientent moins souvent vers les filières « sélectives » : BUT, médecine, classes prépa ou écoles d’ingénieur ou de commerce.
En outre, les élèves de Mayotte acceptent très souvent une proposition d’admission hors de l’île : c’est le cas de 68 % d’entre eux. En effet, les places offertes dans la région sont bien moindres que le nombre d’élèves qui souhaitent poursuivre leurs études, même si les capacités d’accueil ont triplé ces dix dernières années. La nationalité française ou un titre de séjour est requis pour quitter l’île mais aussi pour étudier à l’Université. Les élèves de nationalité française ont donc plus de chance d’étudier hors de l’île et de s’inscrire en licence. Les élèves de nationalité étrangère restent davantage étudier à Mayotte en BTS.
- À Mayotte, en 2022, 3 980 élèves obtiennent leur bac à la session 2022 et s’orientent davantage vers un BTS
- Les élèves s’orientent plus qu’ailleurs vers les BTS
- Les élèves s’orientent moins qu’ailleurs vers les filières « sélectives », en lien avec une origine sociale plus défavorisée
- À Mayotte, les élèves quittent très souvent l’île après le bac
- Quitter l’île pour poursuivre ses études : une possibilité liée à la nationalité et à des déterminismes sociaux
- Beaucoup de départs pour les élèves qui s’orientent vers une licence
- Encadré 1 – 24 % des néo-bachelières et bacheliers de 2022 arrêtent leurs études après le bac
- Encadré 2 – Près de 70 % des élèves qui s’orientent vers une licence sont des filles
- Encadré 3 – De 2015 à 2025, les capacités d’accueil en 1re année de l’enseignement supérieur triplent à Mayotte
- Encadré 4 – Partenariat
À Mayotte, en 2022, 3 980 élèves obtiennent leur bac à la session 2022 et s’orientent davantage vers un BTS
À Mayotte, 3 980 élèves obtiennent leur bac à la session 2022. Parmi eux, 3 790 avaient validé en mars et avril 2022 sur la plateforme Parcoursup une liste de demandes de formations pour poursuivre leurs études. En juillet 2022, à l’issue de la phase principale, parmi les élèves qui reçoivent une proposition d’admission, 3 160 l’acceptent : ils émettent alors un souhait d’inscription. À la rentrée suivante, 3 010 sont effectivement inscrits dans un établissement (encadré 1).
Les élèves s’orientent plus qu’ailleurs vers les BTS
En 2022, parmi les 3 160 néo-bachelières et néo-bacheliers de l’île qui acceptent une proposition d’admission, 30 % le font pour un brevet de technicien supérieur (BTS). Choisir un BTS est bien plus fréquent que dans l’Hexagone (19 %), mais davantage également qu’à La Réunion (25 %). En effet, dès le lycée, les élèves scolarisés à Mayotte se dirigent davantage vers les bacs techno ou pro, et sont ainsi prioritaires pour intégrer un BTS. Parmi les 3 160 jeunes qui acceptent une proposition d’admission, 30 % sont diplômés d’un bac techno (contre 20 % dans l’Hexagone) et 20 % d’un bac pro (contre 12 %) (figure 1). Les séries technologiques sont particulièrement développées sur l’île ; elles permettent d’offrir une alternative à la voie professionnelle, qui nécessite des infrastructures dédiées.
tableauFigure 1 – Répartition des élèves selon le type de baccalauréat
Territoire | Général | Professionnel | Technologique |
---|---|---|---|
Ensemble Mayotte | 50,1 | 19,7 | 30,1 |
Mayotte : élèves de nationalité française | 52,0 | 17,8 | 30,2 |
Mayotte : élèves de nationalité étrangère | 42,6 | 27,6 | 29,8 |
La Réunion | 54,6 | 20,0 | 25,3 |
Hexagone | 68,8 | 11,6 | 19,6 |
- Lecture : À Mayotte, 50 % des élèves inscrits dans Parcoursup 2022 ont obtenu un bac général contre 55 % à La Réunion et 69 % dans l’Hexagone.
- Champ : Néo-bacheliers et néo-bachelières qui acceptent une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, hors apprentissage.
- Source : MESRI-SIES, Parcoursup 2022.
graphiqueFigure 1 – Répartition des élèves selon le type de baccalauréat

- Lecture : À Mayotte, 50 % des élèves inscrits dans Parcoursup 2022 ont obtenu un bac général contre 55 % à La Réunion et 69 % dans l’Hexagone.
- Champ : Néo-bacheliers et néo-bachelières qui acceptent une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, hors apprentissage.
- Source : MESRI-SIES, Parcoursup 2022.
À l’inverse, à Mayotte, les élèves suivent moins souvent la voie générale : 50 % des 3 160 élèves acceptant une proposition d’admission sur Parcoursup ont un bac général, contre 69 % dans l’Hexagone et 55 % à La Réunion. Cette proportion est encore plus faible chez les élèves de nationalité étrangère : parmi les 640 concernés, 43 % sont diplômés du bac général contre 52 % des 2 520 élèves de nationalité française. Ces élèves de nationalité étrangère qui s’inscrivent sur Parcoursup sont peu nombreux. Ils représentent seulement 20 % des élèves qui acceptent une proposition d’admission alors que près de la moitié de la population de Mayotte est étrangère en 2017 [Chaussy et al., 2019 ; pour en savoir plus (8)].
Par ailleurs, la situation professionnelle et le niveau de formation des parents ont un effet sur la scolarisation des enfants : le type de bac choisi, la mention obtenue, leur connaissance des filières post-bac et leurs aspirations. Ainsi, les élèves dont les parents n’ont pas d’emploi ont tendance à s’orienter vers des formations plus courtes. À Mayotte comme ailleurs, les jeunes d’origine sociale défavorisée passent moins souvent un bac général.
Les élèves s’orientent moins qu’ailleurs vers les filières « sélectives », en lien avec une origine sociale plus défavorisée
Les néo-bachelières et néo-bacheliers de Mayotte s’orientent moins souvent vers les filières « sélectives » : bachelors universitaires de technologie (BUT), classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), écoles d’ingénieur ou de commerce, licence PASS (parcours d’accès spécifique santé) de médecine. C’est le cas de seulement 7 % des 3 160 élèves qui acceptent une proposition d’admission sur Parcoursup, soit quatre fois moins que dans l’Hexagone (30 %).
En particulier, 3 % acceptent une proposition d’inscription en BUT (contre 10 % dans l’Hexagone), et 3 % en classes prépas ou écoles d’ingénieur et de commerce (contre 15 %). L’accès aux études de médecine est lui aussi moins fréquent : 1 % des élèves acceptent une proposition d’admission en licence PASS (parcours d’accès spécifique santé), contre 5 % dans l’Hexagone. Cette faible part est pour partie liée au fait que cette licence n’est pas proposée sur le territoire. Pour autant, les élèves de Mayotte ne sont pas prioritaires pour intégrer cette licence dans une autre académie. En effet, l’accès aux études médicales est aussi possible via la licence accès santé (LAS) - licence classique avec une option santé -, qui existe à Mayotte. Cette licence concerne 5 % des élèves faisant un souhait d’inscription (contre 3 % dans l’Hexagone).
Les filières « sélectives » recrutent sur dossier : elles sont ainsi plus accessibles aux élèves ayant obtenu les meilleurs résultats au bac. Or à Mayotte, 62 % des élèves ayant accepté une proposition d’admission sur Parcoursup en 2022 n’ont pas obtenu de mention au bac contre 29 % dans l’Hexagone. Les écarts sont surtout marqués pour les séries technologiques : 80 % de leurs élèves n’ont pas de mention sur l’île, contre 44 % dans l’Hexagone et 52 % à La Réunion (figure 2).
tableauFigure 2 – Part des élèves sans mention selon le type de baccalauréat
Territoire | Général | Professionnel | Technologique | Ensemble |
---|---|---|---|---|
Mayotte | 54,9 | 52,2 | 79,7 | 61,8 |
Hexagone | 24,9 | 28,3 | 44,0 | 29,0 |
La Réunion | 27,4 | 32,6 | 52,1 | 34,7 |
- Lecture : À Mayotte, 55 % des élèves diplômés du bac général n’ont pas obtenu de mention contre 25 % dans l’Hexagone et 27 % à La Réunion.
- Champ : Néo-bacheliers et néo-bachelières qui acceptent une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, hors apprentissage.
- Source : MESRI-SIES, Parcoursup 2022.
graphiqueFigure 2 – Part des élèves sans mention selon le type de baccalauréat

- Lecture : À Mayotte, 55 % des élèves diplômés du bac général n’ont pas obtenu de mention contre 25 % dans l’Hexagone et 27 % à La Réunion.
- Champ : Néo-bacheliers et néo-bachelières qui acceptent une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, hors apprentissage.
- Source : MESRI-SIES, Parcoursup 2022.
Le niveau scolaire moins élevé des néo-bachelières et néo-bacheliers à Mayotte est notamment lié à leur origine sociale. La part des élèves d’origine sociale défavorisée est bien plus élevée à Mayotte qu’ailleurs (65 %), en lien avec une pauvreté plus importante [Merceron, 2020 ; pour en savoir plus (9)]. En outre, si le français est la langue de l’école, elle ne constitue pas la principale langue du quotidien de la population de Mayotte. Les langues régionales, le shimaoré et le kibushi, sont bien plus utilisées sur l’île. Les difficultés en français à l’écrit sont ainsi nombreuses : en 2022, 47 % des 18-24 ans ont des difficultés à l’écrit en langue française contre 6 % dans l’Hexagone et 10 % à La Réunion [Garoche et Mekkaoui, 2025 ; pour en savoir plus (2)]. Ces difficultés concernent également certains jeunes ayant eu le bac : 34 % des diplômés du secondaire (brevet, BEP, CAP, bac) et 11 % des diplômés du supérieur.
Les étudiantes et étudiants s’orientent ainsi plus souvent après le bac vers une licence, filière moins sélective. Parmi les 3 160 propositions d’admission acceptées à Mayotte, 52 % concernent une licence, contre 41 % dans l’Hexagone et 43 % à La Réunion (encadré 2).
À Mayotte, les élèves quittent très souvent l’île après le bac
Parmi les 3 160 élèves de Mayotte qui acceptent une proposition d’admission sur Parcoursup, 1 640 le font pour une formation dans l’Hexagone (principalement en Occitanie, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne) et 500 pour une formation à La Réunion. Mayotte est la région de France où les souhaits de départs des élèves sont les plus importants. Ils concernent ainsi 68 % des néo-bachelières et néo-bacheliers de Mayotte, une part bien supérieure à la Corse (35 %), la Guyane (33 %), la Martinique (29 %), la Guadeloupe (27 %) ou La Réunion (19 %).
Avec le développement des infrastructures scolaires et la scolarisation de masse à partir de la fin des années 1970, les jeunes font des études de plus en plus longues. Malgré une nette progression depuis les années 2010, l’offre de places en 1re année dans le supérieur reste insuffisante sur l’île (encadré 3) : 1 500 places toutes filières confondues en 2022 pour 3 790 élèves qui formulent des demandes dans Parcoursup et 3 160 qui acceptent une proposition d’admission. Les départs sont donc nécessaires, d’autant que toutes les filières n’existent pas sur l’île. Ils pourraient par ailleurs être perçus comme une opportunité par certains jeunes. Des dispositifs tels que les bourses et les aides à la mobilité visent d’ailleurs à élever l’ambition des élèves. Néanmoins, les dépenses restant à la charge des familles et les craintes familiales liées à l’éloignement peuvent être des freins au départ.
Ainsi, en 2017, 57 % des jeunes âgés de 21 à 24 ans nés à Mayotte et vivant en France ont quitté leur région de naissance [Demougeot et al., 2021 ; pour en savoir plus (7)]. Toutefois, ces jeunes reviennent plus vite et plus souvent sur leur île natale que les jeunes des Antilles, de Guyane ou de La Réunion.
Quitter l’île pour poursuivre ses études : une possibilité liée à la nationalité et à des déterminismes sociaux
À Mayotte, les élèves de nationalité étrangère doivent être en possession d’un titre de séjour et d’un visa pour poursuivre des études dans une autre académie. Ils sont 250 à émettre un souhait de départ, soit 38 % des élèves de nationalité étrangère acceptant une proposition d’admission sur Parcoursup. C’est deux fois moins que pour les élèves de nationalité française (76 %). Toutefois, même si les élèves de nationalité étrangère restent davantage étudier à Mayotte, ils sont minoritaires dans les études supérieures : parmi les 1 000 élèves qui souhaitent rester étudier à Mayotte, 390 sont de nationalité étrangère et 610 de nationalité française.
Dans une moindre mesure, le type de bac et l’origine sociale jouent également sur les choix de mobilité. À Mayotte comme ailleurs, les élèves issus du bac général et les élèves d’origine sociale favorisée quittent plus souvent leur territoire pour poursuivre leurs études. Cependant, à Mayotte, les élèves ayant un bac techno ou pro et d’origine défavorisée partent beaucoup plus souvent que leurs homologues des autres régions françaises. Ainsi, 60 % des élèves issus d’un bac pro émettent un souhait de départ, 68 % après un bac techno et 72 % après un bac général. L’écart est davantage marqué selon l’origine sociale : 82 % des élèves ayant une origine sociale favorisée acceptent une proposition hors de l’île contre 63 % des élèves d’origine défavorisée.
Beaucoup de départs pour les élèves qui s’orientent vers une licence
Les départs sont également variables selon la filière choisie (figure 3). Parmi les 1 650 élèves qui s’orientent vers une licence, seulement 20 % acceptent une proposition à Mayotte. En effet, la capacité d’accueil de l’Université de Mayotte reste bien inférieure à la demande, malgré un développement ces dernières années. Les élèves de nationalité étrangère s’orientent peu vers une licence, que ce soit à l’Université de Mayotte ou dans une autre Université. En effet, chaque année, faute de titre de séjour valide ou de renouvellement intervenu dans les temps, certains d’entre eux ne parviennent pas à confirmer leur inscription au sein de l’Université de Mayotte [Cour des comptes, 2024 ; pour en savoir plus (5)]. Ainsi, seuls 80 élèves de nationalité étrangère acceptent une proposition d’admission à l’Université de Mayotte et 150 dans une Université hors de l’île.
tableauFigure 3 – Propositions d’admission acceptées selon la filière, la mobilité et la nationalité
Filière | Souhaits de départ – Élèves de nationalité française | Souhaits de départ – Élèves de nationalité étrangère | Souhaits de rester étudier à Mayotte – Élèves de nationalité française | Souhaits de rester étudier à Mayotte – Élèves de nationalité étrangère |
---|---|---|---|---|
Licences | 1 174 | 149 | 248 | 82 |
BTS | 471 | 67 | 216 | 203 |
Autres formations | 59 | 11 | 91 | 76 |
BUT | 100 | 6 | /// | /// |
CPGE, École d’ingénieur ou de commerce | 27 | /// | 28 | 30 |
DE sanitaire ou social | 47 | /// | 27 | /// |
Médecine (PASS) | 29 | 6 | /// | /// |
- Lecture : En juillet 2022, 1 650 élèves de Mayotte inscrits sur Parcoursup acceptent une proposition d’admission en licences. Parmi, eux, 1 170 élèves de nationalité française et 150 de nationalité étrangère ont émis le souhait de quitter l’île.
- Champ : Néo-bacheliers et néo-bachelières qui acceptent une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, hors apprentissage.
- Source : MESRI-SIES, Parcoursup 2022.
graphiqueFigure 3 – Propositions d’admission acceptées selon la filière, la mobilité et la nationalité

- Lecture : En juillet 2022, 1 650 élèves de Mayotte inscrits sur Parcoursup acceptent une proposition d’admission en licences. Parmi, eux, 1 170 élèves de nationalité française et 150 de nationalité étrangère ont émis le souhait de quitter l’île.
- Champ : Néo-bacheliers et néo-bachelières qui acceptent une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, hors apprentissage.
- Source : MESRI-SIES, Parcoursup 2022.
Certaines filières telles que la licence PASS de médecine ou les BUT n’existent pas à Mayotte. Quant aux diplômes d’État (DE), il n’existe en 2022 qu’un DE d’infirmier ou d’infirmière et un DE d’éducateur ou d’éducatrice spécialisée. Les 220 élèves qui font le choix de ces trois filières doivent donc largement quitter l’île. À nouveau, les départs concernent quasi exclusivement des élèves de nationalité française.
À l’inverse, les BTS permettent davantage de rester étudier sur l’île : 44 % des 960 élèves qui font le choix d’un BTS acceptent une proposition dans un lycée de Mayotte. Les élèves de nationalité étrangère s’orientent davantage vers ces filières proposées au sein des lycées, qui n’imposent pas de titre de séjour. Ainsi, 200 élèves de nationalité étrangère souhaitent s’inscrire dans un BTS à Mayotte, un effectif proche de celui des élèves de nationalité française (220). Les classes prépas, pour lesquelles la formation a lieu en lycée également, permettent elles aussi aux élèves de nationalité étrangère de poursuivre leurs études à Mayotte. Ainsi, la plupart des 90 élèves qui font le choix de la classe prépa ou d’une école d’ingénieur ou de commerce restent sur l’île.
Par ailleurs, 240 élèves s’orientent vers d’« autres formations ». En effet, en raison du niveau scolaire plus faible à Mayotte, s’est développée une offre pour aménager une transition entre l’année de terminale et l’entrée dans les études supérieures, et améliorer ainsi les chances de réussite. Ce sont par exemple des classes préparatoires à l’enseignement supérieur, des diplômes universitaires de préparation à l’accès à l’enseignement supérieur, des certificats de spécialisation. Dans cette filière, 170 des 240 élèves acceptent une proposition sur l’île. C’est un choix particulièrement fréquent pour les élèves de nationalité étrangère (80 d’entre eux s’y orientent), notamment parce que ces formations ont majoritairement lieu en lycée et leur sont donc plus accessibles d’un point de vue administratif.
Encadré 1 – 24 % des néo-bachelières et bacheliers de 2022 arrêtent leurs études après le bac
Parmi les 3 980 élèves qui obtiennent leur diplôme du bac à Mayotte en 2022, 3 010 sont effectivement inscrits dans un établissement du supérieur à la rentrée 2022 : 1 130 à Mayotte, 350 à La Réunion et 1 530 dans l’Hexagone. À l’inverse, 970 néo-bacheliers et néo-bachelières de l’île, soit 24 % d’entre eux, ne poursuivent pas leurs études à la rentrée suivante, une part proche de celle observée à La Réunion (27 %). Cette part est bien plus élevée pour les élèves de nationalité étrangère (45 %), qui peuvent se heurter à des difficultés liées à leur situation administrative.
Parmi ces 970 jeunes qui ne poursuivent pas leurs études après le bac, la plupart (630) se sont inscrits sur Parcoursup mais n’acceptent pas de proposition d’admission à l’issue de la phase principale. La majorité a reçu au moins une proposition de la part d’un établissement, mais ne l’a pas accepté. Parmi les autres élèves qui ne poursuivent pas leurs études après le bac, 190 n’émettent aucun voeu dans Parcoursup en mars ou avril 2022, et 150 acceptent une proposition d’admission dans Parcoursup en juillet 2022 mais ne sont au final pas inscrits dans les formations concernées à la rentrée suivante.
Encadré 2 – Près de 70 % des élèves qui s’orientent vers une licence sont des filles
Tout au long de leur parcours scolaire, les filles obtiennent de meilleurs résultats à l’école que les garçons [Grangé et Merceron, 2022 ; pour en savoir plus (6)]. Plus nombreuses à obtenir le bac, elles poursuivent aussi plus souvent en 1re année d’études supérieures : en 2022, 60 % des élèves qui acceptent une proposition d’admission dans Parcoursup sont des filles. Plus souvent diplômées du bac général que les garçons, elles s’orientent davantage vers l’Université. Ainsi, 67 % des 1 650 élèves acceptant une proposition en licence sont des filles (figure 4). Ce constat se vérifie autant pour les élèves de nationalité française qu’étrangère. Dans les autres régions françaises également, les filles s’orientent plus fréquemment vers l’Université mais de façon moins marquée : 63 % dans l’Hexagone et 60 % à La Réunion. De plus, à l’Université, les choix des filles et des garçons diffèrent : la licence « arts-langues-lettres » attire ainsi 76 % de filles contre 29 % en STAPS. Les filles s’orientent aussi davantage vers les DE sanitaire et social (76 %) ainsi que vers la licence PASS de médecine (71 %).
À Mayotte comme ailleurs, les orientations sont aussi très genrées dans les BTS. Parmi les 210 propositions d’inscription acceptées en BTS Production, 190 viennent des garçons tandis que 430 des 710 propositions en BTS Services émanent des filles.
Par ailleurs, filles et garçons sont tout aussi prêtes et prêts au départ : 68 % des filles acceptent une proposition d’admission hors de l’île et 69 % des garçons.
tableauFigure 4 – Propositions d’admission acceptées selon la discipline d’étude et le sexe
Filières | Filles | Garçons |
---|---|---|
BTS – Services | 425 | 283 |
Licence – Sciences humaines et sociales | 291 | 143 |
Licence – Arts-lettres-langues | 255 | 79 |
Licence – Économie, gestion | 240 | 116 |
Licence – Sciences - technologies - santé | 178 | 112 |
Autres formations | 138 | 99 |
Licence – Droit, Sciences politiques | 128 | 55 |
DE sanitaire ou social | 61 | 19 |
CPGE ou écoles de commerce ou d’ingénieur | 50 | 37 |
BUT – Service | 30 | 27 |
BTS – Production | 26 | 185 |
Licence – Médecine (PASS) | 25 | 10 |
BTS – Agricole, maritime | 20 | 18 |
Licence – STAPS | 16 | 40 |
BUT – Production | 11 | 38 |
- Lecture : À Mayotte, 710 élèves inscrits sur Parcoursup 2022 acceptent une proposition d’admission en BTS Services. Parmi eux, 430 sont des filles.
- Champ : Néo-bacheliers et néo-bachelières qui acceptent une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, hors apprentissage.
- Source : MESRI-SIES, Parcoursup 2022.
graphiqueFigure 4 – Propositions d’admission acceptées selon la discipline d’étude et le sexe

- Lecture : À Mayotte, 710 élèves inscrits sur Parcoursup 2022 acceptent une proposition d’admission en BTS Services. Parmi eux, 430 sont des filles.
- Champ : Néo-bacheliers et néo-bachelières qui acceptent une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, hors apprentissage.
- Source : MESRI-SIES, Parcoursup 2022.
Encadré 3 – De 2015 à 2025, les capacités d’accueil en 1re année de l’enseignement supérieur triplent à Mayotte
À la rentrée 2025, 1 650 places sont proposées en 1re année de l’enseignement supérieur à Mayotte. L’offre de formations se structure autour de 22 spécialités de BTS, 8 licences, 2 classes préparatoires aux grandes écoles, 3 diplômes d’État (DE) d’infirmiers, éducateurs spécialisés et assistants de service social, 1 certificat de capacité d’orthoptiste, 4 certificats de spécialisation, 1 diplôme universitaire et 2 formations préparatoires à l’enseignement supérieur.
En dix ans, de 2015 à 2025, les capacités d’accueil ont plus que triplé. Cet effort a été porté par l’ensemble des structures de formation présentes sur l’île. À la rentrée 2015, le système de formation de l’enseignement supérieur offrait ainsi 500 places en 1re année, réparties entre 9 spécialités de BTS, 6 licences, 1 DE d’infirmiers, 2 formations préparatoires à l’enseignement supérieur.
Encadré 4 – Partenariat
Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre l’Insee et la Région Académique de Mayotte.
Champ
Le champ de cette étude est constitué des élèves néo-bacheliers ayant accepté un souhait d’inscription hors apprentissage via cette plateforme en juillet 2022, c’est-à-dire durant la « phase principale ». Les élèves n’ayant fait que des demandes en apprentissage ne sont pas intégrés dans le champ étudié, car certains organismes de formation proposant de l’apprentissage ne sont pas référencés sur la plateforme. D’autres filières de formation ne passent pas non plus par Parcoursup, notamment les formations à l’étranger. Les élèves en réorientation ne font pas partie du champ de cette étude. Ils sont plus nombreux à Mayotte qu’ailleurs. En effet, en plus des élèves en réorientation « classique » c’est-à-dire des élèves qui changent d’orientation après une première année dans le supérieur, s’ajoutent des élèves dits « non scolarisés », c’est-à-dire des élèves qui ont eu leur bac majoritairement au cours des deux années précédentes (en 2021 ou en 2020), mais qui n’ont pas pu poursuivre leurs études l’année juste après leur bac, notamment en raison de leur situation administrative.
Définitions
Parcoursup est la plateforme web qui permet aux bachelières et bacheliers de candidater dans l’enseignement supérieur. Elle assure la transmission de leurs candidatures aux établissements de formation, l’envoi des propositions d’admission aux élèves, et récolte leurs réponses.
Si l’élève accepte la proposition d’admission, la procédure d’appariement se termine, et il peut rejoindre cette formation à la rentrée : on parle alors de souhait d’inscription. L’inscription peut ne pas être effective : une part des élèves ayant accepté un voeu renoncent finalement à s’inscrire pour diverses raisons (choix d’un autre projet d’études hors Parcoursup, d’un projet professionnel, problème médical, etc.).
L’origine sociale des élèves est définie à partir de la catégorie socioprofessionnelle la plus élevée parmi celles de chaque parent. Elle se divise en quatre groupes selon la typologie usuelle de la Ouvrir dans un nouvel ongletDepp.
Pour en savoir plus
(1) Retrouver davantage de données associées à cette publication en téléchargement.
(2) Garoche B., Mekkaoui J., « Enquête formation tout au long de la vie 2022-2023 - À Mayotte, six adultes sur dix sont en difficulté à l’écrit en langue française », Insee Analyses Mayotte no 38, avril 2025.
(3) Avila É., Thao Khamsing W. (Sies), Pucher O. (Insee), « En 2022, 58 % des nouveaux bacheliers quittent leur zone d’emploi en entrant dans l’enseignement supérieur », Insee Première no 2031, janvier 2025.
(4) Ramaye C., « Orientations et mobilités post-bac à La Réunion – Plus d’entrées en BTS qu’ailleurs, peu de départs vers l’Hexagone », Insee Analyses Réunion no 95, décembre 2024.
(5) Cour des comptes, « Ouvrir dans un nouvel ongletL’enseignement supérieur et la recherche en Outre-Mer-Mayotte », Exercices 2018-2024, Rapport public thématique, novembre 2024.
(6) Grangé C., Merceron S., « Scolarisation et diplôme - Forte hausse du niveau de formation des jeunes femmes », Insee Dossier Mayotte no 3, juillet 2022.
(7) Demougeot L., Besson L., Thibault P., « Les natifs des Antilles, de Guyane et de Mayotte quittent souvent leur région natale, contrairement aux Réunionnais », Insee Première no 1853, avril 2021.
(8) Chaussy C., Merceron S., Genay V., « À Mayotte, près d’un habitant sur deux est de nationalité étrangère », Insee Première no 1737, février 2019.
(9) Merceron S., « Les inégalités de niveau de vie se sont creusées - Revenus et pauvreté à Mayotte en 2018 », Insee Analyses Mayotte no 25, juillet 2020.