Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté ·
Mai 2025 · n° 216
Une économie belfortaine entre recul de l’emploi et besoin de diversification
Entre 2017 et 2021, l’emploi dans le Territoire de Belfort recule, notamment dans l’industrie et les services aux entreprises. La baisse se concentre au sein des établissements de grandes entreprises qui jouent un rôle clé dans l’économie départementale. Le commerce et l’automobile font preuve en revanche d’un certain dynamisme. Le Territoire de Belfort est face à un enjeu de diversification de ses activités, pour limiter sa dépendance à quelques grands groupes internationaux.
Un recul de l’économie productive
Le Territoire de Belfort est le plus petit département de métropole, sa densité de 230 habitants par km² est, de loin, la plus forte de la région. Urbain, limitrophe avec l’Alsace et la Suisse, son économie est très marquée par la présence historique de grands groupes industriels.
Fin 2021, le Territoire de Belfort compte 54 000 emplois. Les filières nucléaire et automobile, très présentes, concentrent un emploi sur neuf. L’emploi diminue de façon régulière depuis la décennie 2000, en dehors d’une hausse ponctuelle en 2019, liée à l’ouverture de l’hôpital Nord-Franche-Comté.
Entre fin 2017 et fin 2021, le nombre de salariés baisse de 2 000, et passe sous la barre des 50 000. Ce repli concerne l’industrie et les services marchands. Pesant encore à eux trois un cinquième des salariés, la fabrication de biens d’équipement, la métallurgie et les services aux entreprises expliquent plus de la moitié de cette baisse.
À l’inverse, l’emploi dans le secteur non marchand progresse légèrement, porté par le développement du tissu associatif. Avec 41 % des salariés, ce secteur devient de plus en plus prépondérant dans l’économie du Territoire de Belfort.
Une forte concentration de l’emploi
Fin 2021, les quinze plus grands établissements du département emploient à eux tous un cinquième des salariés du secteur privé marchand non agricole. Cette proportion, deux fois plus élevée que la moyenne régionale, témoigne de la forte concentration de l’économie belfortaine (figure 1). Les multinationales étrangères contrôlent 21 % des emplois du département, contre 12 % pour la moyenne régionale. L’américain General Electric, actif dans la fabrication de biens d’équipement et les services aux entreprises, contrôle, à lui seul, 11 % des emplois. Parmi les autres grands établissements, on peut citer SMRC Automotive à Rougegoutte, qui appartient à l’indien Motherson, ou Voestalpine à Fontaine détenu par le groupe éponyme autrichien. Ces deux groupes sont des équipementiers automobiles, fournissant des pièces plastiques pour le premier et métalliques pour le second.
tableauFigure 1a – Poids des 15 plus grands établissements dans l’emploi du département
Code | Département | Part dans l’emploi du département |
---|---|---|
25 | Doubs | 10,3 |
68 | Haut-Rhin | 8,7 |
70 | Haute-Saône | 15,2 |
90 | Territoire de Belfort | 19,5 |
- Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
- Source : Insee, Flores 2021.
graphiqueFigure 1a – Poids des 15 plus grands établissements dans l’emploi du département

- Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
- Source : Insee, Flores 2021.
Les 3 040 établissements marchands non agricoles génèrent 1,8 milliard de valeur ajoutée, soit 59 100 € par salarié. Cette productivité du travail est inférieure à celle de la région (60 100 €), malgré une structure productive très industrielle et portée par la présence de grands établissements. Plus basse dans la plupart des activités de l’industrie et des services aux entreprises, elle dépasse la moyenne régionale dans la fabrication de matériels de transport et la recherche et développement.
Recul de l’emploi dans les grandes entreprises
Entre 2017 et 2021, le Territoire de Belfort est le seul département où l’emploi salarié marchand non agricole baisse : ‑1,8 %, contre +2,0 % dans la région. Ce recul se concentre au sein des établissements des grandes entreprises, dont plus de la moitié au sein du groupe General Electric. Les incertitudes entourant ce groupe persistent et conduisent, en 2024, à la reprise par EDF des turbines Arabelle utilisées dans l’industrie nucléaire. En 2021, un emploi sur trois dépend d’une grande entreprise, contre un sur quatre en moyenne dans la région. Cette part est la plus élevée dans l’activité des biens d’équipement. Elle est aussi marquée dans le transport-entreposage, avec la présence de la Poste, la SNCF et XPO Distribution France, et les services aux entreprises, avec Arabelle Solutions et Cap Gemini (ex Altran) (figure 2).
tableauFigure 2 – Part des emplois salariés par taille d’entreprise et secteur d’activité
Secteurs d’activité | Microentreprises | Petites et moyennes | Intermédiaires | Grandes |
---|---|---|---|---|
Construction | 36,1 | 34,6 | 9,9 | 19,4 |
Commerce | 22,4 | 23,9 | 28,8 | 24,9 |
Enseignement, santé, action sociale | 17,3 | 38,6 | 37,2 | 6,9 |
Services aux entreprises | 12,5 | 23,0 | 23,4 | 41,1 |
Transport-entreposage | 9,2 | 33,2 | 15,4 | 42,2 |
Autres produits industriels | 7,1 | 46,7 | 46,2 | 0,0 |
Biens d’équipement | 0,5 | 4,9 | 10,1 | 84,5 |
Territoire de Belfort | 17,8 | 26,4 | 23,1 | 32,7 |
Bourgogne-Franche-Comté | 19,4 | 31,5 | 25,5 | 23,6 |
- Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
- Source : Insee, Flores 2021.
graphiqueFigure 2 – Part des emplois salariés par taille d’entreprise et secteur d’activité

- Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
- Source : Insee, Flores 2021.
Ces pertes d’emploi dans les grandes entreprises influent sur les évolutions sectorielles. Un quart des effectifs est ainsi supprimé dans la fabrication de machines et équipements. La baisse dépasse 10 % dans les services aux entreprises, hors recherche et développement et services administratifs. Elle est du même ordre de grandeur dans la finance et la plasturgie. Il n’y a que dans la fabrication de matériels de transport que l’emploi industriel croît sensiblement (+140 emplois), avec la création d’un établissement de la SNOP, fournisseur de pièces automobiles, à Fontaine et le développement du site de Stellantis à Bessoncourt (figure 3).
tableauFigure 3 – Évolution de l’emploi salarié 2017-2021 et poids des quinze principaux secteurs d’activité du Territoire de Belfort
Secteurs d’activité (A38) | Part des emplois salariés | Évolution 2021/2017 | Poids par rapport à la moyenne régionale | |
---|---|---|---|---|
(en %) | (en %) | |||
GZ | Commerce | +19,2 | +6,0 | Dans la moyenne |
MA | Activités Juridiques, comptables, études techniques | +10,5 | -11,1 | Surreprésenté |
NZ | Services administratifs et de soutien | +7,8 | +6,3 | Dans la moyenne |
FZ | Construction | +7,6 | +3,2 | Dans la moyenne |
CK | Fabrication de machines et équipements | +6,5 | -26,5 | Surreprésenté |
CH | Métallurgie | +6,2 | -4,8 | Surreprésenté |
QB | Hébergement médico-social | +5,9 | +32,6 | Surreprésenté |
HZ | Transport-entreposage | +5,8 | +5,3 | Sous-représenté |
IZ | Hébergement-Restauration | +5,2 | +3,0 | Dans la moyenne |
CJ | Matériels de transport | +3,7 | +14,8 | Dans la moyenne |
QA | Santé | +3,1 | +2,4 | Dans la moyenne |
KZ | Activités financières | +2,5 | -12,7 | Sous-représenté |
CG | Plasturgie | +2,3 | -13,0 | Dans la moyenne |
CA | Industries agroalimentaires | +1,8 | +2,7 | Sous-représenté |
SZ | Services aux ménages | +1,7 | -8,2 | Dans la moyenne |
- Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
- Source : Insee, Flores 2021.
graphiqueFigure 3 – Évolution de l’emploi salarié 2017-2021 et poids des quinze principaux secteurs d’activité du Territoire de Belfort

- Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
- Source : Insee, Flores 2021.
Par ailleurs, les établissements des petites et moyennes entreprises (PME) et des microentreprises, sont moins présents dans le département que dans la région (44 % de l’emploi contre 51 %). Les créations d’emploi dans les PME déjà existantes sont faibles. Légèrement supérieures dans les microentreprises, elles concernent surtout le secteur de l’enseignement, la santé et l’action sociale.
Malgré tout, quelques secteurs restent bien orientés. Le commerce, porté par les établissements de taille intermédiaire, voit ses effectifs croître de 6 %. Il s’agit de la plus forte progression observée dans la région. Les effectifs salariés progressent également de 32 % dans l’hébergement médico-social.
Un enjeu de diversification des activités
La dépendance à quelques grands groupes internationaux expose le Territoire de Belfort à des risques accrus de délocalisation ou de perte de certains savoir-faire. L’annonce du transfert, au 1er janvier 2025, du site Stellantis de Bessoncourt à Sochaux, dans le Doubs, en est une illustration. Dans un contexte de difficultés d’approvisionnement et de montée des tensions protectionnistes, la diversification des activités apparaît donc comme un enjeu important. La présence de l’Université Technologique de Belfort-Montbéliard et les synergies qu’elle développe avec le monde de l’entreprise sont un atout pour le développement de nouvelles filières d’excellence, comme celle de l’hydrogène. Le département fait également face à un défi en matière d’attractivité, notamment vis-à-vis de sa main-d’œuvre qualifiée à maintenir. En effet, la baisse de la population active devrait s’accélérer dans les prochaines années.
Sources
Les données sur l’ensemble de l’emploi sont issues des estimations annuelles d’emploi. Celles sur les établissements du secteur marchand privé non agricole proviennent du Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores). Les effectifs salariés correspondent aux postes principaux de la dernière semaine de décembre. Les effectifs intérimaires ne sont pas pris en compte.
Définitions
Un groupe est l’ensemble des sociétés détenues directement ou indirectement à plus de 50 % par une société mère, elle-même indépendante d’une autre société.
Les petites et moyennes entreprises (PME) emploient moins de 250 personnes, ou génèrent un chiffre d’affaires n’excédant pas 50 millions d’euros. Parmi elles, les microentreprises ont moins de 10 salariés et un chiffre d’affaires n’excédant pas 2 millions d’euros. Les seuils pour les entreprises de taille intermédiaire sont de 5 000 salariés et de 1,5 milliard d’euros. Les plus importantes sont des grandes entreprises.
Pour en savoir plus
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(2) Léger M, Sztrakoniczky T. (Insee), Durand L., Vivas E. (Dreets), « D’ici 2050, la région pourrait compter 145 000 actifs de moins », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté no 123, décembre 2024.