Insee Première · Février 2025 · n° 2041

Équipements sportifs : une offre plurielle et contrastée en ville, des temps d’accès plus longs en milieu rural

En 2023, 182 700 équipements sportifs hors sports de nature (boucles de randonnées, course d’orientation, etc.) sont présents en France (sources). Dans cette étude, un équipement sportif désigne un site accueillant une ou plusieurs infrastructures du même type, quel que soit leur nombre. Rapporté à la population, cela correspond en moyenne à 27 équipements pour 10 000 habitants. La présence et l'accès à ces équipements conditionnent la pratique sportive de certaines disciplines, constituant ainsi un enjeu de politique publique pour les territoires.

Les petits terrains extérieurs constituent le type d’équipements sportifs le plus répandu en France, avec un total de près de 30 000, soit 4,4 pour 10 000 habitants (figure 1). Souvent en accès libre, ces équipements, tels que les terrains de basket-ball et de handball, offrent un espace particulièrement adapté pour la pratique non encadrée. Viennent ensuite les grands terrains extérieurs, comme les terrains de football ou de rugby, avec 3,9 équipements pour 10 000 habitants. Les 3,1 boulodromes pour 10 000 habitants témoignent de la popularité de la pétanque et ne représentent qu'une partie des aires où cette activité est pratiquée. Les salles multisports (gymnases), au nombre de 2,4 équipements pour 10 000 habitants, sont largement utilisées par les écoles, clubs et associations pour une variété de sports en intérieur. Viennent ensuite les complexes de tennis, avec 2,3 équipements pour 10 000 habitants.

Les équipements sportifs sont logiquement implantés à proximité des populations. Toutefois, dans les zones urbaines, bien que le nombre d’équipements soit élevé, les taux d’équipements par habitant sont souvent plus faibles en raison de la densité de population, ce qui peut engendrer des phénomènes de saturation et, dans certains cas, des refus d’inscription dans les clubs sportifs [Ouvrir dans un nouvel ongletMüller et al., 2024]. Ainsi, en Île-de-France, région la plus dense de France, le taux d’équipements pour 10 000 habitants est de 13,4. À l’opposé, dans les régions moins denses, ce taux est généralement plus élevé : il atteint 36,4 en Bourgogne-Franche-Comté et 34,2 dans le Grand Est. En outre, certains types d’équipements suivent une logique d’implantation influencée par des facteurs géographiques (présence d’un littoral ou de massifs montagneux) ou par des spécificités culturelles locales (encadré).

L’offre d’équipements sportifs se distingue par une grande diversité dans les zones densément peuplées, notamment le long des littoraux, dans l’Ouest et dans les grandes agglomérations (figure 2). Ainsi, 55 % de la population française, soit 38 millions de personnes, vivent dans une commune équipée d’au moins 11 types d’équipements sportifs différents, favorisant des pratiques variées. Ces communes incluent de grandes métropoles (comme Paris, Toulouse ou Marseille) et des centres urbains intermédiaires, où prédominent les équipements permettant la pratique de sports en intérieur (gymnases, salles de remise en forme, de combat, etc.) ainsi que les espaces dédiés à des activités comme l’athlétisme ou les jeux collectifs (petits terrains extérieurs) (figure 3). Le nombre de ces équipements pour 10 000 habitants y est supérieur à la moyenne nationale. En effet, les habitants des espaces urbains sont surreprésentés parmi les adultes pratiquant des activités de forme (musculation, fitness) et de gymnastique ainsi que les sports collectifs [Millery et al., 2022].

À l’inverse, les territoires les plus ruraux offrent une moins grande diversité d'équipements sportifs hors sports de nature. Toutefois, les habitants des bourgs ruraux et des petites villes bénéficient d'un accès à une variété d'équipements sportifs supérieure à la moyenne nationale, grâce à des installations souvent partagées entre plusieurs communes. Les grands et petits terrains extérieurs et les salles multisports y sont particulièrement nombreux.

Les communes disposant uniquement d’un ou deux types d’équipements sportifs (6 % de la population totale) se situent principalement dans des zones rurales à habitat dispersé ou très dispersé. Ces communes se caractérisent par une forte présence de boulodromes, de centres équestres et de complexes de tennis. L’équitation y est plus pratiquée qu’ailleurs, près de la moitié des licences de la fédération française d’équitation étant en effet détenues par les habitants de zones rurales, tous âges confondus [Anne et al., 2024]. Enfin, 3 % de la population, soit 1,75 million de personnes, habitent dans l’une des 9 000 communes dépourvues d’équipements sportifs hors sports de nature. Elles sont situées quasi exclusivement dans le rural très dispersé ou dispersé. Les communes avoisinantes ont également des taux d’équipements inférieurs à la moyenne dans des zones similaires.

En France métropolitaine, le temps d’accès aux sept types d’équipements sportifs dits « courants » est en moyenne de 5 minutes en voiture. Certains de ces équipements sont plus proches de la population que d’autres : le temps moyen pour parvenir aux grands et petits terrains extérieurs est de 3 minutes, alors que l'accès aux salles de remise en forme nécessite 6 minutes et celui aux bassins de natation 7 minutes (figure 4). Les salles multisports et les courts de tennis sont à 4 minutes et les salles spécialisées à 5 minutes.

Les temps d’accès en voiture varient cependant fortement selon le lieu de résidence. Les zones peu denses affichent des temps d’accès plus longs qu’en milieu urbain ou périurbain. Dans les zones rurales à habitat très dispersé, la population est en moyenne à 15 minutes en voiture des bassins de natation et à 18 minutes des salles de remise en forme. Ces temps d’accès diminuent progressivement à mesure que l’on s’approche des zones urbaines. En effet, les habitants des bourgs ruraux sont, en moyenne, à 10 minutes des bassins de natation et des salles de remise en forme, alors que ceux des petites villes et des ceintures urbaines y accèdent en 5 à 8 minutes. Dans les centres urbains intermédiaires, l'accès à ces équipements se fait en 3 à 5 minutes.

Les grands et petits terrains extérieurs, les courts de tennis et les salles multisports sont accessibles en moyenne en moins de 5 minutes par la route, quelle que soit la taille de la commune. Seuls les habitants des zones rurales à habitat dispersé ou très dispersé sont plus éloignés, les temps d’accès pouvant atteindre 9 minutes pour ces équipements, et même 12 minutes pour les salles multisports, soit deux à trois fois plus que dans les bourgs ruraux.

Dans les départements plus ruraux ou montagneux, les trajets en voiture sont plus longs : les habitants de la Creuse et de la Corse-du-Sud se trouvent en moyenne à plus de 20 minutes des bassins de natation et à 7 ou 8 minutes des courts de tennis. Le temps d’accès aux salles de remise en forme dépasse les 15 minutes en Corse-du-Sud, ainsi que dans la Nièvre et le Cantal.

Les habitants des grands centres urbains sont très proches de l’ensemble des équipements sportifs courants (3 minutes en voiture en moyenne) mais privilégient généralement d’autres modes de transport, notamment la marche, pour y accéder (méthodes). Ainsi, en moyenne, ils sont à 10 minutes à pied des petits terrains extérieurs et à environ 15 minutes des différentes salles (multisports, spécialisées, de remise en forme). Ils sont cependant un peu plus éloignés des grands terrains extérieurs (18 minutes) et des courts de tennis (22 minutes), alors que les bassins de natation leur sont accessibles en 26 minutes à pied.

Les 10 % des habitants les plus éloignés des équipements sportifs courants (6,3 millions de personnes en France métropolitaine) ont un temps d’accès moyen de 9 minutes en voiture pour atteindre ces équipements et résident pour 95 % d’entre eux dans les zones rurales : 20 % en zone rurale à habitat très dispersé, 59 % en zone rurale à habitat dispersé et 16 % dans des bourgs ruraux.

Ces habitants éloignés des équipements sportifs courants sont relativement plus nombreux dans certaines régions, notamment en Bourgogne-Franche-Comté (20 %) et en Nouvelle-Aquitaine (18 %). Ces habitants éloignés résident notamment dans des zones situées le long de la diagonale à faible densité de population, des Vosges aux Pyrénées, incluant des secteurs comme le Parc naturel régional de Lorraine, le Périgord ou dans des zones montagneuses comme le Massif central.

A contrario, les 10 % de personnes les plus éloignées des équipements sportifs courants sont nettement moins nombreuses dans les territoires densément peuplés : sur le littoral, le long des frontières du quart nord-est, et le long de certaines grandes voies de communications (vallées du Rhône et de la Loire). La part de cette population éloignée du panier des équipements sportifs courants est particulièrement faible en Île-de-France (moins de 1 %), en Provence-Alpes-Côte d’Azur (moins de 5 %), et dans les régions Haut-de-France et Pays de la Loire (7 %).

Les 10 % des Français les plus éloignés des équipements sportifs courants ont des temps d’accès particulièrement élevés pour certains types d’équipements. Il leur faut notamment 15 minutes en moyenne en voiture pour atteindre un bassin de natation ou une salle de remise en forme, 12 minutes pour une salle spécialisée, 7 minutes pour un court de tennis et 6 minutes pour un grand ou petit terrain extérieur. De plus, les habitants éloignés résidant en zone rurale à habitat très dispersé (1,3 million d’habitants) mettent en moyenne 24 minutes de plus que les habitants d’un grand centre urbain pour rejoindre une salle de remise en forme (29 minutes contre 5). L’écart est également marqué pour les bassins de natation (24 minutes contre 6) et, dans une moindre mesure, pour les grands terrains extérieurs (12 minutes contre 5).

La base permanente des équipements (BPE) recense un large éventail d’équipements et de services (marchands ou non) accessibles à la population. Elle ne prend pas en compte l’amplitude horaire ou les périodes d’ouverture annuelle des équipements.

Dans la BPE, un équipement sportif est comptabilisé en fonction de son type dans la nomenclature, quel que soit le nombre d’infrastructures de même type sur le même site. Ainsi, pour un complexe qui comprend plusieurs terrains de football ou de tennis, un seul équipement de chaque type est compté par site. En 2023, la BPE comporte 28 types d’équipements sportifs et de loisirs issus des données du répertoire des équipements sportifs du ministère chargé des Sports.

Le Ouvrir dans un nouvel ongletrecensement des licences et des clubs sportifs est réalisé annuellement par la mission enquêtes, données et études statistiques (Medes) de l'Injep auprès des fédérations sportives agréées par le ministère chargé des Sports. Celles-ci fournissent des données sur les licences annuelles qu’elles délivrent et sur les clubs qui lui sont affiliés. Ces fichiers sont retraités par la Medes pour la production de tableaux statistiques présentant notamment pour chaque fédération le nombre et la répartition des licences par sexe, âge et zone géographique.

Cette étude se focalise sur 21 types d’équipements sportifs, hors sports de nature, accessibles au public, que ce soit à titre individuel ou via une structure publique ou privée (associative ou commerciale). Les équipements liés aux sports de nature (boucles de randonnées, parcours de course d’orientation, etc.), les équipements de cyclisme, de roller-skate ou vélo bicross/VTT, les sites de modélisme et les bowlings ne sont pas étudiés en raison notamment d’une mise à jour parcellaire du recensement.

Les temps d’accès aux équipements sont calculés à partir de durées de transport par la route, en voiture, fournies par le Ouvrir dans un nouvel ongletdistancier Metric-OSRM de l’Insee. À partir des fichiers fiscaux, le territoire national est découpé en carreaux de 200 mètres contenant de la population. Les temps d’accès sont calculés, à travers le réseau routier, entre chaque carreau et l’équipement géolocalisé le plus proche. Au-delà des temps d’accès, d’autres facteurs non pris en compte ici influencent l’accès aux équipements (état des routes, offre et fréquence des transports en commun, etc.).

Le temps d’accès à pied théorique est basé sur une vitesse moyenne de 4,45 km/h calculée à partir des distances routières fournies par Metric-OSRM, que ces routes soient accessibles ou non aux piétons.

La grille communale de densité permet de classer les communes en fonction du nombre d’habitants et de la répartition de ces habitants sur leur territoire. Plus la population est concentrée et nombreuse, plus la commune est considérée comme dense.

L’appartenance à un niveau de la grille n’est pas simplement liée à la densité moyenne de population calculée sur l’ensemble de la commune (incluant les surfaces non habitées comme les forêts, la montagne et les champs), elle prend en compte la présence au sein de la commune de zones concentrant un grand nombre d’habitants sur une faible surface.

La grille à 7 niveaux permet de différencier, au niveau urbain :
- les communes des cities européennes, dénommées « grands centres urbains » ;
- les « centres urbains intermédiaires » ;
- les « ceintures urbaines » ;
- les « petites villes ».

Au sein des communes rurales, la grille distingue :
- les « bourgs ruraux » ;
- le « rural à habitat dispersé » ;
- le « rural à habitat très dispersé ».