Insee Première · Avril 2024 · n° 1992

Panorama des licences sportives dans les fédérations olympiques de Paris 2024

Dans 101 jours, le 26 juillet 2024, débuteront les Jeux olympiques d’été de Paris 2024. Les épreuves se dérouleront jusqu’au 11 août, en grande partie en Île-de-France, mais également dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire ainsi qu’à Tahiti. Les Jeux paralympiques auront lieu du 28 août au 8 septembre 2024 (encadré 1).

En 2022, 8,8 millions de licences annuelles ont été délivrées dans les 32 fédérations françaises organisant la pratique des sports représentés aux Jeux olympiques d’été, soit une licence annuelle pour sept habitants. Le nombre de licences est le plus élevé en Île-de-France (1,5 million de licences), en Auvergne-Rhône-Alpes (1,1 million) et en Nouvelle-Aquitaine (0,9 million), et le plus faible en Guyane et à Mayotte (respectivement 19 500 et 22 400), en lien avec le nombre d’habitants.

Rapporté à la population, le nombre de licences dans les fédérations olympiques d’été est plus élevé dans les régions de l’ouest de la France métropolitaine, plus particulièrement dans les départements situés sur la façade atlantique : l’ouest de la Normandie, la Bretagne, les Pays de la Loire et jusqu’au sud de la Nouvelle-Aquitaine (figure 1). Ces territoires restent plus sportifs que le reste de la France, même hors voile et surf, deux sports qui y sont très pratiqués. Les nombres de licences pour 1 000 habitants sont les plus faibles dans le nord et l’est de la France (à l’exception du Bas-Rhin), ainsi que sur le pourtour méditerranéen, en Corse et dans les départements d’outre-mer (DOM).

Le football, le tennis et l’équitation sont les trois principales fédérations olympiques d’été pourvoyeuses de licences, délivrant à elles seules 44 % des licences en 2022. Ces trois fédérations sont très présentes dans toutes les régions, mais de façon inégale (figure 2). Le football, sport qui compte le plus de licenciés dans toutes les régions, est très développé en Bretagne, dans les Pays de la Loire ou à Mayotte, avec plus de 40 licences pour 1 000 habitants. En comparaison, le nombre de licences pour 1 000 habitants du football est deux fois moins élevé en Guyane, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Île-de-France.

Certaines régions se démarquent par leurs spécificités sportives. Le rugby est ainsi très répandu en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, avec respectivement 12 et 11 licences pour 1 000 habitants, soit deux fois plus qu’au niveau national. Le basketball est également deux fois plus présent dans les Pays de la Loire (16 licences pour 1 000 habitants, contre 8 au niveau national) à l’instar du handball à Mayotte (12 contre 7). La voile est trois fois plus pratiquée en Bretagne (12 contre 4) et le tir l’est quatre fois plus en Corse (17 contre 4).

Les résidents des communes urbaines denses détiennent 33 % des licences annuelles de fédérations olympiques d’été, alors qu’ils représentent 38 % de la population, soit un nombre de licences par habitant inférieur à la moyenne. À l’inverse, le nombre de licences par habitant est plus élevé dans les communes urbaines à densité intermédiaire et dans les communes rurales périurbaines, en lien notamment avec la plus grande présence dans ces territoires de familles et d’enfants, principaux détenteurs de licences.

Parmi les 10 principales fédérations olympiques d’été, les licenciés de golf, de natation et de tennis habitent relativement plus dans les territoires à dominante urbaine (figure 3). À l’inverse, les licenciés d’équitation et de rugby sont plus souvent présents dans les espaces ruraux.

Parmi les plus petites fédérations olympiques d’été, le hockey sur gazon, le taekwondo et l’escrime sont relativement plus développés dans les communes urbaines. Au contraire, le cyclisme, le tir à l’arc et le canoë-kayak sont relativement plus présents en zone rurale.

En 2022, le nombre de licences délivrées par les fédérations sportives olympiques d’été s’établit au même niveau qu’en 2017. Après une stabilité entre 2017 et 2019, le nombre de licences avait fortement baissé au plus fort de la crise sanitaire liée à l’épidémie du Covid-19 (-14 % entre 2019 et 2021), avant de rebondir entre 2021 et 2022 (+16 %). D’après des projections réalisées à partir de relevés à mi-saison, l’année 2023 devrait amplifier ce rebond et dépasser les niveaux d’avant-crise (+5 % par rapport à 2017).

Ces évolutions varient selon les régions sous l’influence de la dynamique démographique régionale. Dans la moitié des régions, le nombre de licences a augmenté. Mayotte est le territoire où la hausse est la plus marquée, avec +12 % de licences depuis 2017. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Corse, le nombre de licences croît de 4 %. À l’inverse, le nombre de licences annuelles baisse particulièrement en Martinique (-21 %), en Guadeloupe (-19 %), en Guyane (-12 %), à La Réunion (-9 %) ou encore en Centre-Val de Loire (-6 %) et dans le Grand Est (-4 %).

Les évolutions diffèrent également selon les fédérations. La natation (+21 %), la lutte (+14 %), le triathlon (+13 %), le rugby (+12 %) et le tir (+12 %) sont parmi les fédérations qui ont gagné le plus de licenciés en cinq ans. Au contraire, la baisse est forte pour l’haltérophilie (-39 %), le tennis de table (-23 %) et le taekwondo (-23 %). Le football se maintient au même niveau.

Au sein des fédérations sportives olympiques d’été, un tiers des licences sont détenues par des femmes ou des filles (figure 4). Cette part a augmenté depuis 2017, car le nombre de licences féminines s’accroît (+5 %), alors qu’il diminue pour les hommes ou les garçons (-2 %).

Les femmes sont très majoritaires dans les fédérations de danse, d’équitation et de gymnastique (plus de 80 % des licenciés). Plus de la moitié des licenciés sont également des femmes en natation et en roller/skateboard. À l’exception de ces cinq fédérations, les femmes sont minoritaires. Notamment, la part des femmes n’excède pas 15 % dans les fédérations de football, cyclisme et tennis de table. La parité entre les femmes et les hommes est presque atteinte en athlétisme (48 % de femmes), escalade (46 %) et volleyball (46 %).

La part des femmes licenciées est un peu plus élevée en Normandie (35 %, contre 33 % au niveau national) sous l’influence de la gymnastique (6,2 licences pour 1 000 habitants, contre 4,2 au niveau national). Elle est plus faible à Mayotte (24 %), en raison de la très forte pratique du football, ainsi qu’en Corse (30 %), en partie en raison du tir, sport répandu dans cette région mais peu féminisé.

En 2022, la moitié des détenteurs d’une licence dans les fédérations sportives olympiques d’été ont moins de 16 ans. Les âges médians restent très proches d’une région à l’autre dans chaque fédération, bien que certaines différences reflètent des structures de population différentes, notamment plus jeunes dans certains DOM.

Il existe en revanche de fortes variations entre fédérations. Les sports avec les licenciés les plus jeunes sont le judo et la gymnastique (âge médian de 9 ans), la natation et le taekwondo (11 ans) ainsi que le roller/skateboard, la voile et l’escrime (13 ans). L’âge médian est proche de 20 ans pour la danse, le tennis de table, et de 30 ans pour le canoë-kayak, le badminton, l’haltérophilie et le tir à l’arc.
À l’inverse, le golf, le tir et l’aviron sont les trois fédérations avec les licenciés les plus âgés (respectivement 57, 49 et 41 ans d’âges médians).

Les trois fédérations sportives françaises organisant la pratique des sports représentés aux Jeux olympiques d’hiver ont délivré 134 200 licences en 2022 : 89 900 pour le ski, 22 700 pour les sports de glace (patinage, luge, bobsleigh, etc.) et 21 600 pour le hockey sur glace, qui a sa propre fédération.

La région Auvergne-Rhône-Alpes concentre à elle seule 44 % de ces licences, et même 56 % des licenciés en ski. Pour le hockey sur glace, un peu moins de la moitié des licenciés résident dans deux régions : l’Auvergne-Rhône-Alpes (23 %) et l’Île-de-France (20 %).

À l’inverse des fédérations sportives olympiques d’été, le nombre de licences dans les fédérations olympiques d’hiver n’a pas rattrapé son niveau d’avant la pandémie (-13 % entre 2017 et 2022). Le hockey sur glace se maintient, mais les sports de glace et le ski perdent des licenciés (respectivement -17 % et -14 %).

Du fait de la très forte féminisation de la fédération des sports de glace (88 % des licences sont délivrées à des femmes), la part des femmes et filles est plus élevée que dans l’olympisme d’été (42 % contre 33 %).

En plus des fédérations sportives olympiques d’été et d’hiver, les 54 fédérations sportives unisports non olympiques ont délivré 1,7 million de licences en 2022, soit 25 licences pour 1 000 habitants. Ce nombre est plus élevé dans les régions du sud de la France : 35 licences pour 1 000 habitants en Occitanie, 31 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 30 en Nouvelle-Aquitaine, 29 en Auvergne-Rhône-Alpes et 26 en Corse.

La pétanque, la randonnée pédestre et le karaté sont les trois principales fédérations non olympiques, avec chacune plus de 200 000 licences. Pratiquer la pétanque en club est le plus répandu en Occitanie (9 licences pour 1 000 habitants), devant les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Nouvelle-Aquitaine. Les licenciés de randonnée pédestre sont les plus présents en Centre-Val de Loire (5 licences pour 1 000 habitants) et ceux du karaté en Île-de-France (4 licences pour 1 000 habitants).

D’autres fédérations, plus confidentielles, sont très spécifiques à certaines régions. Ainsi, le sauvetage et secourisme est très présent à Mayotte et en Guadeloupe (respectivement 7 et 4 licences pour 1 000 habitants), le cyclotourisme en Bretagne, la pelote basque en Nouvelle-Aquitaine, le rugby à XIII en Occitanie et le vol libre (parapente, deltaplane, etc.) en Auvergne-Rhône-Alpes.

Avec un âge médian de 47 ans, les licenciés des fédérations non olympiques sont plus âgés que ceux des fédérations olympiques. La part des femmes y est de 30 %, soit légèrement moins que dans les fédérations olympiques. Les femmes sont majoritaires uniquement dans les fédérations de twirling bâton (92 %), de randonnée pédestre (65 %), d’arts énergétiques et martiaux chinois (62 %), et de sports et loisirs canins (60 %).

Depuis 1949, le recensement annuel des licences est réalisé auprès des fédérations sportives agréées par le ministère des Sports afin de capter les évolutions de la pratique sportive encadrée. Cette étude se concentre principalement sur les 32 fédérations olympiques d’été, qui proposent au moins une discipline qui figure au programme des Jeux olympiques de Paris 2024, ainsi que sur les 3 fédérations olympiques d’hiver. Elle porte également sur les 54 fédérations sportives unisports non olympiques (hors Fédération française d’échecs). Le recensement des licences comptabilise les licences annuelles et non les licenciés, un même individu pouvant détenir plusieurs licences dans une même fédération (ex. : joueur, entraîneur) et/ou dans plusieurs fédérations. Les licences sont identifiées au lieu d’habitation du licencié et non au lieu de pratique. L’année 2022 fait référence à la saison sportive 2021/2022 ou 2022 selon l’organisation des fédérations.

Avertissement : Une erreur a été détectée sur les données de 2019 à 2022 de la Fédération française de volley et est en cours de correction par l’Injep. L’erreur sur le nombre total de licences annuelles délivrées est estimée à 0,5 %.

L’Ouvrir dans un nouvel ongletenquête nationale sur les pratiques physiques et sportives (ENPPS) est une enquête statistique menée tous les dix ans depuis 2000 par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) et la Direction des sports auprès des personnes résidant en France âgées de 15 ans ou plus. La définition de la pratique d’activité physique ou sportive (APS) est volontairement très large, la question étant posée ainsi : « Au cours des douze derniers mois, avez vous fait, même occasionnellement y compris pendant vos vacances, des APS en dehors des cours obligatoires d’éducation physique et sportive à l’école ? ». Elle est suivie du recueil détaillé des activités pratiquées (530 recensées au total) et des modalités de pratiques, ce qui permet de reconstruire a posteriori des catégories de sportifs. Les personnes pratiquant toutes leurs activités physiques exclusivement à des fins utilitaires (pour se déplacer et non pour faire de l’exercice) ne sont pas considérées comme pratiquantes ; de même, les activités de balade, relaxation, baignade et les échecs sont exclus du champ.