Insee
Insee Première · Décembre 2024 · n° 2029
Insee PremièreLe compte prévisionnel de l’agriculture en 2024 Mauvaises récoltes et retombée des prix

Claire Géry, Vincent Hecquet, Félix Lucas (Insee)

En 2024, d’après les estimations du compte prévisionnel de l’agriculture, la production agricole baisserait de 7,5 % en euros courants : la retombée des prix s’accompagnerait d’une réduction en volume.

La production végétale baisserait de 6,8 % en volume ; des conditions météorologiques défavorables ont particulièrement affecté la production de vin et celle des grandes cultures. Les prix reculeraient pareillement de 6,8 %, conduisant à une baisse exceptionnelle de 13,1 % en valeur. La production animale fléchirait de 1,4 % en valeur. Après une forte élévation les années précédentes, les prix seraient désormais en recul (-2,3 %), faisant plus que compenser un très léger rebond des volumes (+0,9 %).

Les consommations intermédiaires baisseraient de 8,0 % en valeur. La diminution désormais sensible de leur prix permettrait leur reprise en volume. Comme l’année précédente, la valeur ajoutée de la branche agricole serait en diminution : la production se replie davantage que les consommations intermédiaires. Au total, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels diminuerait de 7,7 % en 2024 après une baisse de 9,6 % en 2023. Elle avait progressé de 8,7 % en 2021 puis de 14,4 % en 2022.

Avertissement : le compte de l’agriculture présenté ici décrit les performances de l’agriculture en tant qu’activité économique. Il ne constitue pas une mesure du revenu disponible des ménages dont la personne de référence est agriculteur.

La production diminuerait en valeur, avec une baisse marquée pour les produits végétaux

En 2024, la production de la hors baisserait de 7,5 % en valeur (figure 1, figure 2). Elle avait déjà diminué de 1,5 % en 2023, mettant fin à la forte augmentation des deux années précédentes, durant lesquelles les prix s’étaient fortement appréciés dans le contexte de sortie de crise sanitaire puis du déclenchement de la guerre en Ukraine. Les prix marqueraient un nouveau recul de 4,2 %, proche de celui de l’année précédente (-4,4 %) (figure 3). En 2024, s’ajouterait une baisse des volumes de 3,4 %, alors qu’ils avaient progressé de 3,0 % en 2023 (figure 4figure 5). Cette évolution serait pour l'essentiel le fait de la production végétale, dont la valeur baisserait de 13,1 %, sous l’effet d’une diminution conjointe des prix (‑6,8 %) et des volumes (-6,8 %). La production animale fléchirait elle aussi de 1,4 %, le redressement des volumes (+0,9 %) étant plus qu’effacé par une diminution des prix (-2,3 %).

Figure 1 – Évolution de la production agricole hors subventions en 2023 et 2024

en %
Figure 1 – Évolution de la production agricole hors subventions en 2023 et 2024 (en %) - Lecture : En 2024, la valeur de la production agricole hors subventions recule de 7,5 % par rapport à 2023.
Production 2023/2022 2024/2023
Prix -4,4 -4,2
Volume 3,0 -3,4
Valeur -1,5 -7,5
  • Lecture : En 2024, la valeur de la production agricole hors subventions recule de 7,5 % par rapport à 2023.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure 1 – Évolution de la production agricole hors subventions en 2023 et 2024

  • Lecture : En 2024, la valeur de la production agricole hors subventions recule de 7,5 % par rapport à 2023.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure 2 – Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2023 et 2024

en point de %
Figure 2 – Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2023 et 2024 (en point de %) - Lecture : La valeur de la production agricole totale hors subventions recule de 7,5 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 3,6 points.
Postes 2023 2024
Ensemble (en %) -1,5 -7,5
Produits végétaux
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,5 0,6
Autres plantes industrielles1, y c. betteraves 0,0 0,2
Fruits 0,3 0,2
Oléagineux et protéagineux -1,0 -0,3
Fourrages 0,6 -1,8
Céréales -4,3 -2,7
Vin 0,5 -3,6
Produits animaux
Lait et autres produits de l'élevage 0,4 -0,1
Volailles et œufs 0,5 -0,1
Bétail 0,7 -0,3
Services 0,2 0,2
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : Les produits sont classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution 2024/2023. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : La valeur de la production agricole totale hors subventions recule de 7,5 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 3,6 points.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure 2 – Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2023 et 2024

  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : Les produits sont classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution 2024/2023. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : La valeur de la production agricole totale hors subventions recule de 7,5 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 3,6 points.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure 3 – De la production à la valeur ajoutée

Figure 3 – De la production à la valeur ajoutée - Lecture : La production de la branche agricole hors subventions s’élève à 89,3 milliards d’euros. La valeur ajoutée brute recule de 6,6 % en 2024.
Principaux postes du compte de l’agriculture en 2024 Valeur 2024
(en milliards d'euros)
Évolution 2024/2023
(en %)
Volume Prix Valeur
Production hors subventions (a) 89,3 -3,4 -4,2 -7,5
Produits végétaux 46,5 -6,8 -6,8 -13,1
Céréales 10,0 -16,3 -4,9 -20,4
Oléagineux et protéagineux 2,9 -12,6 3,8 -9,3
Autres plantes industrielles1 2,2 14,6 -5,4 8,5
Fourrages 5,4 16,1 -34,8 -24,3
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 9,3 5,4 1,1 6,6
Fruits 4,5 1,2 2,7 3,9
Vin 12,2 -20,5 -1,5 -21,7
Produits animaux 33,9 0,9 -2,3 -1,4
Bétail (bovins, porcins, ovins, caprins, équidés) 14,3 -1,2 -0,6 -1,8
Volailles et œufs 6,2 7,5 -8,5 -1,6
Lait et autres produits de l'élevage 13,4 0,1 -1,0 -0,9
Services2 7,0 0,0 2,2 2,2
Production des jardins familiaux 1,9 4,6 4,0 8,9
Subventions sur les produits (b) 1,2 0,4 -0,3 0,1
Production au prix de base (c) = (a) + (b) 90,4 -3,3 -4,2 -7,4
Consommations intermédiaires (d), dont : 53,6 2,6 -10,2 -8,0
Achats 46,9 -0,1 -4,8 -4,9
Valeur ajoutée brute (e) = (c) - (d) 36,8 -12,1 6,2 -6,6
Subventions d'exploitation 8,6 /// /// 1,3
Autres impôts sur la production, dont : 1,3 /// /// 4,4
Impôts fonciers 1,2 /// /// 5,0
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs 44,1 /// /// -5,4
Emploi agricole3 /// -0,1 /// ///
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif /// /// /// -5,4
Prix du produit intérieur brut /// /// 2,5 ///
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels /// /// /// -7,7
  • /// : absence de données due à la nature des choses.
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • 2. Production des entreprises de travaux agricoles, des coopératives d’utilisation de matériel agricole, services entre agriculteurs, agritourisme, etc.
  • 3. Mesuré en unités de travail annuel (équivalents temps plein de l’agriculture).
  • Lecture : La production de la branche agricole hors subventions s’élève à 89,3 milliards d’euros. La valeur ajoutée brute recule de 6,6 % en 2024.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure 4 – Contributions à la variation en volume de la production hors subventions en 2023 et 2024

en point de %
Figure 4 – Contributions à la variation en volume de la production hors subventions en 2023 et 2024 (en point de %) - Lecture : Le volume de la production agricole totale hors subventions diminue de 3,4 % en 2024. La production de légumes, pommes de terre, plantes et fleurs contribue positivement à cette variation à hauteur de 0,5 point. Le vin contribue, quant à lui, négativement à hauteur de 3,4 points.
Postes 2023 2024
Ensemble (en %) 3,0 -3,4
Produits végétaux
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,1 0,5
Autres plantes industrielles1, y c. betteraves -0,1 0,3
Fruits 0,3 0,1
Oléagineux et protéagineux 0,1 -0,4
Fourrages 1,7 1,2
Céréales 1,2 -2,1
Vin 0,5 -3,4
Produits animaux
Lait et autres produits de l'élevage -0,3 0,0
Volailles et œufs 0,1 0,5
Bétail -0,4 -0,2
Services 0,0 0,0
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2024/2023) est identique à celui de la figure 2. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Le volume de la production agricole totale hors subventions diminue de 3,4 % en 2024. La production de légumes, pommes de terre, plantes et fleurs contribue positivement à cette variation à hauteur de 0,5 point. Le vin contribue, quant à lui, négativement à hauteur de 3,4 points.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure 4 – Contributions à la variation en volume de la production hors subventions en 2023 et 2024

  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2024/2023) est identique à celui de la figure 2. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Le volume de la production agricole totale hors subventions diminue de 3,4 % en 2024. La production de légumes, pommes de terre, plantes et fleurs contribue positivement à cette variation à hauteur de 0,5 point. Le vin contribue, quant à lui, négativement à hauteur de 3,4 points.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure 5 – Contributions à la variation du prix de la production hors subventions en 2023 et 2024

en point de %
Figure 5 – Contributions à la variation du prix de la production hors subventions en 2023 et 2024 (en point de %) - Lecture : Le prix de la production agricole totale hors subventions baisse de 4,2 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 0,2 point.
Postes 2023 2024
Ensemble (en %) -4,4 -4,2
Produits végétaux
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,4 0,1
Autres plantes industrielles1, y c. betteraves 0,2 -0,1
Fruits 0,0 0,1
Oléagineux et protéagineux -1,1 0,1
Fourrages -1,0 -3,2
Céréales -5,4 -0,6
Vin 0,0 -0,2
Produits animaux
Lait et autres produits de l'élevage 0,7 -0,2
Volailles et œufs 0,4 -0,6
Bétail 1,1 -0,1
Services 0,2 0,2
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2024/2023) est identique à celui de la figure 2. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Le prix de la production agricole totale hors subventions baisse de 4,2 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 0,2 point.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure 5 – Contributions à la variation du prix de la production hors subventions en 2023 et 2024

  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2024/2023) est identique à celui de la figure 2. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Le prix de la production agricole totale hors subventions baisse de 4,2 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 0,2 point.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Production végétale : forte baisse des volumes de vins et de céréales

En volume, la production végétale (hors subventions) baisserait de 6,8 %. La production de vin serait la plus touchée avec une chute de 20,5 % en volume, toutes les régions viticoles ayant subi des conditions météorologiques défavorables, depuis la floraison jusqu’aux vendanges. La baisse serait de 16,5 % pour le champagne, de 20,4 % pour les autres vins d’appellation, et atteindrait 26,4 % pour les vins sans appellation. Les vagues de chaleur et les épisodes orageux de l’été ont également pénalisé les céréales, dont les récoltes reculeraient de 16,3 %. En particulier, la production de blé tendre chuterait de 27,0 %, aux conséquences des conditions météorologiques venant s’ajouter une réduction de la surface cultivée (-11,8 % par rapport à 2023). Les récoltes d’oléagineux baisseraient de 11,5 %, et celles de protéagineux diminueraient davantage encore (-22,4 %), sous l'effet supplémentaire de la réduction de la surface cultivée (-15,4 %). À l’inverse, la production de fourrage s’accroîtrait de 16,1 %, les rendements étant en forte augmentation grâce à une pluviométrie abondante. La production de fruits se redresserait légèrement (+1,2 %). En particulier, la collecte de pommes augmenterait de 7,4 %, grâce à de bonnes conditions climatiques dans le sud de la France. Après les mauvaises récoltes de 2023, les productions de noix et de poires connaîtraient de vifs rebonds (respectivement de +21,8 % et +11,5 %). À l’inverse, la production d’abricots chuterait de 34,6 %, avec une réduction de la surface cultivée et de moindres rendements. La production de légumes augmenterait de 4,3 % en volume toujours, en raison principalement des meilleures récoltes d’endives (+30,3 %) et de tomates (+7,4 %), par rapport à la très mauvaise campagne précédente. Les récoltes seraient en hausse pour pratiquement tous les légumes, les rares exceptions étant les courgettes (-9,7 %), les potirons (-9,3 %), l'ail (-6,5 %) et les petits pois (-6,0 %). Les récoltes de pommes de terre augmenteraient de 10,6 %, grâce notamment à l'augmentation des surfaces cultivées pour les variétés de conservation et de demi-saison (+15,8 %), dynamisée par l’implantation de nouvelles usines de transformation dans les Hauts-de-France.

Baisse des prix, sauf pour les fruits, les légumes frais et le champagne

En 2024, les prix de la production (hors subventions) diminueraient pour les produits végétaux (‑6,8 %). En 2023, le prix des céréales avait chuté de 30,0 % en France, à la suite d’une récolte mondiale à un niveau record. Il baisserait encore de 4,9 % en 2024 du fait de disponibilités toujours élevées. Cette nouvelle baisse serait notable pour l’orge (-13,0 %) et le blé tendre (-4,5 %). Toutefois, le prix du maïs se redresserait quelque peu (+1,3 %), alors qu’il s'était le plus réduit en 2023 (-34,6 %). Dans un contexte de réduction de l’offre, le prix des oléagineux se redresserait légèrement (+2,6 %), après la forte baisse de l’année précédente (‑26,4 %). La hausse des prix serait plus forte pour les protéagineux (+16,0 %), sans permettre toutefois de compenser la perte en volume. Le prix des fourrages diminuerait fortement (-34,8 %), suivant celui des engrais qui en est le déterminant essentiel. La hausse de la production des pommes de terre s’accompagnerait d’une baisse de leur prix (-5,5 %). À l’inverse, le redressement des volumes n’empêcherait pas l’appréciation du prix des fruits (+2,7 %). Pratiquement tous les fruits verraient leurs prix s’apprécier, en particulier les noix (+27,3 %), les fraises (+10,4 %), et les pommes (+2,4 %). Feraient exceptions les pêches, dont le prix baisserait de 6,0 % en raison d’une consommation atone en début de saison, et les poires (-7,5 %) après leur forte appréciation de l’année précédente. Le prix des légumes s’accroîtrait de 5,3 %. Les plus fortes hausses concerneraient l’ail (+24,5 %), les endives (+24,2 %) et les concombres (+19,8 %). Les baisses les plus prononcées seraient celles des artichauts (-16,3 %) et des oignons (-8,3 %). Pour le vin, les prix reculeraient de 1,5 %, la chute des volumes ne suffisant pas à compenser la moindre demande, intérieure comme à l'exportation. De même que l’année précédente, le prix du champagne serait le seul à s’apprécier (+7,6 %), tandis que s’amplifierait la baisse de prix des autres vins d’appellation (-6,2 %) et des vins sans appellation (-4,9 %). Au total, les prix des produits végétaux s'étaient accrus de 17,3 % en 2022, puis avaient nettement baissé en 2023 (-11,4 %).

Production animale : reprise pour les volailles, nouveau recul du cheptel bovin

En 2024, la production animale (hors subventions) augmenterait très légèrement en volume (+0,9 %). Ceci tiendrait à une forte hausse de la production de volailles (+13,8 %), après une année 2023 encore marquée au premier trimestre par l’épizootie aviaire. L’augmentation serait plus marquée pour les canards et les poulets. La production d’œufs fléchirait (-0,4 %). Après avoir diminué en France depuis une vingtaine d’années, le cheptel porcin se redresserait légèrement (+0,9 %). À l’inverse, l’érosion du cheptel se poursuivrait pour les gros bovins (-1,4 %), les veaux (-4,2 %) et plus encore pour les ovins-caprins (-6,2 %), frappés à partir de l’été par la fièvre ovine.

En 2024, les prix de la production (hors subventions) baisseraient de 2,3 % pour l’ensemble des produits animaux. La remontée de la production de volailles s’accompagnerait d’une baisse des prix (-8,5 %). Les prix des œufs diminueraient eux aussi (-8,4 %), après s’être appréciés de 8,3 % en 2023 et surtout une hausse record de 70,0 % en 2022. De même, les prix du porc reflueraient de 7,1 %, après deux années de hausse (+25,2 % en 2022 et +21,0 % en 2023). Pour le reste du bétail, l’érosion du cheptel conduirait en revanche à de nouvelles hausses de prix. Au total, les prix des produits animaux avaient augmenté de 23,8 % en 2022 puis de 6,8 % en 2023.

Consommations intermédiaires : baisse des prix et remontée des volumes

En 2024, les de la branche agricole diminueraient de 8,0 % en valeur. Ceci tiendrait à la baisse des prix (-10,2 %), qui permettrait une remontée des volumes (+2,6 %). Cette évolution amplifierait celle de l’année précédente, où la stabilisation des prix (+0,1 %) avait rendu possible un redressement des volumes (+1,2 %). La rupture est nette avec l’année 2022, où la très forte élévation des prix (+20,4 %) avait conduit à une baisse inédite des consommations intermédiaires en volume (-4,1 %).

Premier poste de dépense, les achats d’aliments pour animaux diminueraient de 17,1 % en valeur. Les prix des aliments achetés en dehors de la branche agricole reculeraient de 9,1 %, cette baisse résultant de celle du prix des céréales. Le prix des aliments intraconsommés se réduirait fortement (-36,0 %), conséquence de l’abondante production de fourrage et de la baisse du prix des engrais. En volume, la consommation d’aliments pour animaux progresserait de 7,3 %, la consommation croissante d’aliments intraconsommés faisant plus que compenser une nouvelle baisse des achats à l’extérieur de la branche.

Les prix des engrais et amendements diminueraient de 35,1 %. Ils s’étaient appréciés de 19,0 % en 2023, et surtout de 82,1 % en 2022 avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. En volume, le recours aux engrais remonterait de 7,4 %, alors qu’il avait chuté de 23,4 % en 2022 puis de 17,0 % en 2023.

Le prix de l’énergie diminuerait de nouveau (-3,3 % après -5,0 % en 2023). Cette baisse résulterait de celle du gazole non routier utilisé pour les tracteurs (-13,0 % en 2024 après -9,9 % en 2023) et de celle des autres carburants, tandis que l’électricité et le gaz se seraient de nouveau renchéris.

La valeur ajoutée au coût des facteurs reculerait à nouveau

En 2024, la de la branche agricole baisserait de 6,6 %. Ceci tiendrait à une réduction de 7,4 % de la – c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits et déduction faite des impôts sur les produits – que la diminution des consommations intermédiaires ne permettrait pas de compenser. En 2023, la valeur ajoutée brute avait déjà diminué de 5,3 %. Ceci contraste avec les deux années précédentes, où elle avait fortement progressé (+9,0 % en 2021 et +25,7 % en 2022).

En 2024, les s’élèveraient à 8,6 milliards d’euros. Leur montant augmenterait d’une centaine de millions d’euros par rapport à 2023, en raison notamment de la hausse des aides agro-environnementales.

En prenant en compte les subventions d’exploitation et les impôts à la production, la diminuerait de 5,4 % en 2024, prolongeant la baisse de 2023 (-4,8 %). L’emploi agricole reculant très légèrement en 2024 comme en 2023, la diminuerait dans les mêmes proportions (-5,4 % après ‑4,8 %). Avec la décélération du prix du PIB, la baisse en , serait plus modérée qu’en 2023, revenant à -7,7 % en 2024 au lieu de -9,6 % un an auparavant. En 2021, elle avait augmenté de 8,7 %, puis de 14,4 % en 2022.

Encadré – Sur quatre ans, l'effet des prix domine nettement celui des volumes

Les prix des produits agricoles comme ceux des intrants ont fortement augmenté, notamment en 2022, avant de retomber. Pour l’ensemble de la production agricole hors subventions, les prix se sont élevés de 7,3 % en 2021 puis de 18,1 % en 2022. Ils ont ensuite diminué de 4,4 % en 2023, puis de 4,2 % en 2024. Pour les consommations intermédiaires, les prix ont bondi de 20,4 % en 2022, après une hausse de 1,8 % en 2021. Ils se sont ensuite stabilisés en 2023 (+0,1 %) avant de baisser en 2024 (-10,2 %). Au total, sur ces quatre années, la production agricole a augmenté de 9,2 % en valeur et les consommations intermédiaires de 7,7 % (figure). Ces augmentations sont tirées par celles des prix, cependant que les volumes évoluent peu. Pour l’ensemble de la production agricole, l’appréciation est quasi identique pour les prix des produits agricoles (+8,2 %) et ceux des consommations intermédiaires (+8,1 %). La valeur de la production végétale a faiblement reculé (-1,1 %), la légère augmentation des volumes ne compensant pas la baisse des prix. À l’inverse, la valeur de la production animale s’est accrue de 24,5 %, la très forte élévation des prix l’emportant sur la diminution des volumes.

Figure – Évolution de la production hors subventions, en volume, en prix et en valeur entre 2021 et 2024

en %
Figure – Évolution de la production hors subventions, en volume, en prix et en valeur entre 2021 et 2024 (en %) - Lecture : Entre 2021 et 2024, la production agricole a augmentée de 9,2 % en valeur.
Postes Valeur Volume Prix
Production agricole1 9,2 1,0 8,2
Production végétale -1,1 2,1 -3,1
Production animale 24,5 -3,5 29,1
Consommations intermédiaires 7,7 -0,4 8,1
  • 1. Y compris production de services et jardins familiaux. La consommation intermédiaire des jardins familiaux est aussi prise en compte.
  • Lecture : Entre 2021 et 2024, la production agricole a augmentée de 9,2 % en valeur.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.

Figure – Évolution de la production hors subventions, en volume, en prix et en valeur entre 2021 et 2024

  • 1. Y compris production de services et jardins familiaux. La consommation intermédiaire des jardins familiaux est aussi prise en compte.
  • Lecture : Entre 2021 et 2024, la production agricole a augmentée de 9,2 % en valeur.
  • Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024.
Publication rédigée par :Claire Géry, Vincent Hecquet, Félix Lucas (Insee)
Publication rédigée par :Claire Géry, Vincent Hecquet, Félix Lucas (Insee)

Sources

Le compte français de l’agriculture est établi selon la méthode et les concepts du Système européen des comptes (SEC). Le compte prévisionnel 2024 repose sur les informations disponibles en novembre 2024. Ces données seront mises à jour en juillet 2025 (version provisoire). Elles seront publiées simultanément avec les comptes 2023 semi-définitif et 2022 définitif.

Définitions

La branche agricole est le regroupement de toutes les unités d’activité économique qui exercent les activités suivantes : culture de végétaux (y compris maraîchage et horticulture), élevage d’animaux, activités de travaux agricoles à façon, chasse et activités annexes.

Les subventions à l’agriculture comprennent les subventions sur les produits (aides associées à certains types de production) et les subventions d’exploitation versées dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) ou au niveau national.

Les consommations intermédiaires correspondent aux biens et services qui entrent dans le processus de production.

La valeur ajoutée brute est égale à la production valorisée au prix de base diminuée des consommations intermédiaires.

La production au prix de base est égale à la production valorisée au prix auquel vend le producteur, augmentée des subventions sur les produits qu’il perçoit et diminuée des impôts spécifiques sur les produits qu’il reverse.

La valeur ajoutée brute au coût des facteurs est obtenue par ajout des subventions d’exploitation et déduction des impôts sur la production. Son évolution peut être rapportée à celle du nombre d’unités de travail annuel total (ou équivalents temps plein) : on obtient ainsi l’évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif.

Les indicateurs de résultats sont présentés en termes réels : les évolutions à prix courants sont déflatées par l’indice de prix du produit intérieur brut (PIB), qui couvre l’ensemble du champ de l’économie. Ainsi, l’évolution d’un prix ou d’un résultat calculée en termes réels est positive si elle est supérieure à l’évolution générale des prix. Il s’agit d’une moyenne qui résulte d’une grande diversité de situations individuelles.

Pour en savoir plus

Géry C., Hecquet V., Lucas F., « L’agriculture en 2024 – Les comptes nationaux prévisionnels de l’agriculture en 2024 », Documents de travail no 2024-26, Insee, décembre 2024.

Eurostat, Ouvrir dans un nouvel onglet "Economic accounts for agriculture – agricultural income indicators" , novembre 2024.

Géry C., Hecquet V., Lucas F., « Le compte provisoire de l’agriculture en 2023 – Les prix baissent pour les céréales et ralentissent pour les intrants », Insee Première no 2001, juillet 2024.

Géry C., Hecquet V., Lucas F., « L’agriculture en 2023 – Les comptes nationaux provisoires de l’agriculture », Documents de travail no 2024-15, Insee, juillet 2024.

Transformations de l'agriculture et des consommations alimentaires, coll. « Insee Références », édition 2024.