Insee Première ·
Juillet 2024 · n° 2001Le compte provisoire de l’agriculture en 2023 Les prix baissent pour les céréales et ralentissent pour les intrants
En 2023, d’après les estimations du compte provisoire de l’agriculture, la production agricole en valeur se replierait de 1,5 %, dans un contexte mondial de retombée des prix des céréales et des matières premières après deux années de fortes hausses.
La production végétale progresserait de 6,3 % en volume. Elle baisserait pourtant de 5,8 % en valeur, du fait d’un recul des prix (‑11,4 %). La production animale s’élèverait de 4,9 % en valeur, l’augmentation des prix (+6,8 %) faisant plus que compenser la baisse des volumes (‑1,8 %).
Les consommations intermédiaires augmenteraient de 1,3 % en valeur. Les prix des engrais s’élèveraient de nouveau, mais ceux de l’alimentation animale et de l’énergie diminueraient. Après s’être accrue pendant deux ans, la valeur ajoutée de la branche agricole serait en recul, la production étant en repli alors que les consommations intermédiaires s’élèvent. Au total, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels diminuerait de 9,6 %, après avoir progressé de 8,7 % en 2021 et de 14,4 % en 2022.
Le compte de l’agriculture présenté ici décrit les performances de l’agriculture en tant qu’activité économique. Il ne constitue pas une mesure du revenu disponible des ménages dont la personne de référence est agriculteur.
En 2024, comme l’ensemble des comptes nationaux, les comptes de l'agriculture passent en base 2020. Ils intègrent notamment les résultats du dernier recensement agricole. Les comptes de l’agriculture font l’objet de révisions successives liées à l’obtention de données économiques plus complètes jusqu’à leur publication définitive (encadré 1).
- La production se replierait en valeur, avec la retombée des prix des produits végétaux
- Production végétale : rebond de l’offre, sauf pour certains fruits et légumes
- Baisse du prix des céréales
- Production animale : nouveau recul de l’offre et prix toujours en hausse
- Consommations intermédiaires : ralentissement des prix, à des niveaux élevés
- La valeur ajoutée au coût des facteurs reculerait après deux années de hausse
- Encadré 1 – Rappel sur le compte 2023
- Encadré 2 – Des prix en forte hausse sur cinq ans, notamment en 2022
- Encadré 3 – Sur cinq ans, les hausses en valeur sont tirées par les prix
La production se replierait en valeur, avec la retombée des prix des produits végétaux
En 2023, la production de la branche agricole hors subventions sur les produits se replierait de 1,5 % en valeur, mettant fin à la forte augmentation des deux années précédentes (figure 1), (figure 2), (figure 3). Dans le contexte de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine, la production en valeur, tirée par les prix, s’était accrue de 8,2 % en 2021, puis de 19,8 % en 2022. La contraction en 2023 tiendrait au recul des prix, de 4,4 %, alors que les volumes progresseraient de 3,0 % (figure 4), (figure 5). Cette évolution serait le fait de la production végétale, dont la valeur baisserait de 5,8 %, sous l’effet d’une diminution des prix (‑11,4 %), tandis que les volumes progresseraient (+6,3 %). Au contraire, la production animale s’accroîtrait de 4,9 % en valeur, toujours portée par l’augmentation des prix (+6,8 %), alors que les volumes diminueraient de nouveau (‑1,8 %).
tableauFigure 1 – Évolution de la production agricole hors subventions en 2022 et 2023
Production | 2022/2021 | 2023/2022 |
---|---|---|
Valeur | 19,8 | -1,5 |
Volume | 1,4 | 3,0 |
Prix | 18,1 | -4,4 |
- Lecture : En 2023, la valeur de la production agricole hors subventions recule de 1,5 % par rapport à 2022.
- Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2024.
graphiqueFigure 1 – Évolution de la production agricole hors subventions en 2022 et 2023
tableauFigure 2 – Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2022 et 2023
Postes | 2022 | 2023 |
---|---|---|
Ensemble (en %) | 19,8 | -1,5 |
Produits végétaux | ||
Fourrages | 1,5 | 0,6 |
Vin | 5,3 | 0,5 |
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs | 0,8 | 0,5 |
Fruits | 0,7 | 0,3 |
Autres plantes industrielles1, y c. betteraves | 0,6 | 0,0 |
Oléagineux et protéagineux | 1,0 | -1,0 |
Céréales | 2,5 | -4,3 |
Produits animaux | ||
Bétail | 3,3 | 0,7 |
Volailles et œufs | 1,4 | 0,5 |
Lait et autres produits de l'élevage | 2,2 | 0,4 |
Services | 0,8 | 0,2 |
- 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
- Note : Les produits sont classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution 2023/2022.
- Lecture : La valeur de la production agricole totale hors subventions recule de 1,5 % en 2023. La production de céréales contribue négativement à cette variation à hauteur de -4,3 points.
- Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2024.
graphiqueFigure 2 – Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2022 et 2023
tableauFigure 3 – De la production à la valeur ajoutée
Principaux postes du compte de l’agriculture en 2023 |
Valeur 2023 (en milliards d'euros) |
Évolution 2023/2022 (en %) |
|||
---|---|---|---|---|---|
Volume | Prix | Valeur | |||
Production hors subventions | (a) | 96,5 | 3,0 | -4,4 | -1,5 |
Produits végétaux | 53,5 | 6,3 | -11,4 | -5,8 | |
Céréales | 12,5 | 7,2 | -30,0 | -24,9 | |
Oléagineux et protéagineux | 3,2 | 2,5 | -24,9 | -23,1 | |
Autres plantes industrielles¹ | 2,0 | -7,0 | 9,5 | 1,8 | |
Fourrages | 7,1 | 24,7 | -12,7 | 8,9 | |
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs | 8,8 | 1,0 | 4,4 | 5,4 | |
Fruits | 4,3 | 6,9 | 0,4 | 7,3 | |
Vins | 15,5 | 2,9 | 0,1 | 3,1 | |
Produits animaux | 34,4 | -1,8 | 6,8 | 4,9 | |
Bétail (bovins, porcins, ovins, caprins, équidés) | 14,6 | -2,8 | 8,0 | 5,0 | |
Volailles et œufs | 6,3 | 1,6 | 6,6 | 8,2 | |
Lait et autres produits de l'élevage | 13,5 | -2,1 | 5,5 | 3,3 | |
Services² | 6,8 | -0,7 | 3,0 | 2,3 | |
Production des jardins familiaux des non‑agriculteurs | 1,7 | 1,2 | 4,9 | 6,1 | |
Subventions sur les produits | (b) | 1,2 | -1,4 | -1,5 | -2,9 |
Production au prix de base | (c) = (a) + (b) | 97,7 | 3,0 | -4,3 | -1,5 |
Consommations intermédiaires, dont : | (d) | 58,3 | 1,2 | 0,1 | 1,3 |
Achats | 49,4 | -2,1 | 2,9 | 0,7 | |
Valeur ajoutée brute | (e) = (c) - (d) | 39,4 | 5,5 | -10,2 | -5,3 |
Subventions d'exploitation | 8,5 | -0,6 | |||
Autres impôts sur la production, dont : | 1,3 | 10,7 | |||
Impôts fonciers | 1,1 | 11,2 | |||
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs | 46,6 | -4,8 | |||
Emploi agricole³ | -0,0 | ||||
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif | -4,8 | ||||
Prix du produit intérieur brut | 5,3 | ||||
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels | -9,6 |
- 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
- 2. Production des entreprises de travaux agricoles, des coopératives d’utilisation de matériel agricole, services entre agriculteurs, agritourisme, etc.
- 3. Mesuré en unités de travail annuel (équivalents temps plein de l’agriculture).
- Lecture : La production de la branche agricole hors subventions s’élève à 96,5 milliards d’euros. La valeur ajoutée brute recule de 4,8 % en 2023.
- Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2024.
tableauFigure 4 – Contributions à la variation en volume de la production hors subventions en 2022 et 2023
Postes | 2022 | 2023 |
---|---|---|
Ensemble (en %) | 1,4 | 3,0 |
Produits végétaux | ||
Fourrages | -1,8 | 1,7 |
Vin | 4,8 | 0,5 |
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs | -0,7 | 0,1 |
Fruits | 0,9 | 0,3 |
Autres plantes industrielles1, y c. betteraves | -0,2 | -0,1 |
Oléagineux et protéagineux | 0,6 | 0,1 |
Céréales | -1,9 | 1,2 |
Produits animaux | ||
Bétail | -0,2 | -0,4 |
Volailles et œufs | -0,6 | 0,1 |
Lait et autres produits de l'élevage | -0,1 | -0,3 |
Services | 0,6 | 0,0 |
- 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
- Note : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2023/2022) est identique à celui de la figure 2.
- Lecture : Le volume de la production agricole totale hors subventions augmente de 3,0 % en 2023. La production de céréales contribue positivement à cette variation à hauteur de 1,2 point. Le bétail contribue, quant à lui, négativement à hauteur de -0,4 point.
- Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2024.
graphiqueFigure 4 – Contributions à la variation en volume de la production hors subventions en 2022 et 2023
tableauFigure 5 – Contributions à la variation du prix de la production hors subventions en 2022 et 2023
Postes | 2022 | 2023 |
---|---|---|
Ensemble (en %) | 18,1 | -4,4 |
Produits végétaux | ||
Fourrages | 3,2 | -1,0 |
Vin | 0,4 | 0,0 |
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs | 1,5 | 0,4 |
Fruits | -0,2 | 0,0 |
Autres plantes industrielles1, y c. betteraves | 0,7 | 0,2 |
Oléagineux et protéagineux | 0,4 | -1,1 |
Céréales | 4,3 | -5,4 |
Produits animaux | ||
Bétail | 3,4 | 1,1 |
Volailles et œufs | 2,0 | 0,4 |
Lait et autres produits de l'élevage | 2,3 | 0,7 |
Services | 0,1 | 0,2 |
- 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
- Note : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2023/2022) est identique à celui de la figure 2.
- Lecture : Le prix de la production agricole totale hors subventions baisse de 4,4 % en 2023. La production de céréales contribue négativement à cette variation à hauteur de -5,4 points.
- Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2024.
graphiqueFigure 5 – Contributions à la variation du prix de la production hors subventions en 2022 et 2023
Production végétale : rebond de l’offre, sauf pour certains fruits et légumes
En volume, la production végétale (hors subventions) progresserait de 6,3 %. Les récoltes de céréales seraient en hausse de 7,2 %, sous l’effet de conditions météorologiques moins exceptionnellement chaudes que celles de l’été 2022, et ce, en dépit d’une légère baisse de la surface globale cultivée (‑2,0 %). Notamment, le blé dur serait la seule céréale dont la récolte diminuerait (‑4,7 %) du fait de moindres mises en culture. La hausse des productions en volume serait particulièrement marquée pour les protéagineux (+22,4 %) et les fourrages (+24,7 %). Les productions de ces derniers sont en rebond après les mauvaises récoltes de 2022. Les récoltes de pommes de terre s’accroîtraient de 7,3 %. La production fruitière en volume progresserait de 6,9 %, mais ceci tient à quelques produits : les pommes (+8,1 %), les fraises (+3,2 %) et avant tout les prunes, dont la production fait plus que doubler (+123,1 %). Les prunes mises à part, les fruits d’été ont souffert des intempéries estivales et de la sécheresse. La production de légumes fléchirait en volume (‑0,9 %), avec des évolutions contrastées : les récoltes de tomates baisseraient de 7,4 %, en raison du manque d’ensoleillement printanier et des prix élevés de l’énergie qui pénalisent les cultures sous serre. En revanche, d’autres productions se redresseraient après la mauvaise année 2022, notamment l’ail, les poireaux, les concombres ou haricots à écosser. La production viticole dépasserait de 2,9 % son volume de 2022, qui était déjà le plus élevé depuis 2018. Les vendanges s’accroîtraient de 2,2 % pour les vins d’appellation d’origine protégée (AOP) et de 5,4 % pour les vins courants.
Baisse du prix des céréales
En 2023, les prix de la production (hors subventions) diminueraient pour les produits végétaux (‑11,4 %). Au niveau mondial, la récolte de céréales s’annonce à un niveau record, ce qui tire les cours à la baisse, en dépit de la persistance de la guerre en Ukraine. En France, les prix des céréales diminueraient de 30,0 % en 2023. Ils avaient augmenté de 23,3 % en 2021, puis de 26,9 % en 2022. Le prix des oléagineux baisserait également (‑26,4 %), là encore sous l’effet de disponibilités mondiales abondantes et après deux années de fortes hausses. Le rebond des récoltes en France amplifierait la baisse des prix des protéagineux (‑9,3 %) et des fourrages (‑12,7 %). En revanche, pour les pommes de terre, la remontée des volumes n’empêcherait pas une nouvelle élévation des prix, tirés par une forte demande industrielle. Le prix des pommes de terre s’apprécierait encore de 10,7 %, après les hausses survenues en 2021 (+13,2 %) et 2022 (+26,9 %). Les autres productions connaissent des évolutions contrastées. Parmi les fruits, la stabilité globale des prix (+0,4 %) tient à la chute de celui des prunes, sous l'effet des récoltes abondantes. Sur l’ensemble des autres fruits, le prix global s’apprécierait de 7,0 %. Celui des légumes s’accroîtrait de 1,9 %. Les hausses de prix des carottes (+28,3 %) ou des choux-fleurs (+20,0 %) seraient contrebalancées par les baisses pour d’autres produits, comme les concombres (‑14,7 %) ou les courgettes (‑13,1 %). En dépit des moindres récoltes, le prix des tomates reculerait également (‑3,6 %), sous l’effet d’une demande limitée et de la concurrence étrangère. Pour le vin, la quasi-stabilité des prix résulte aussi de tendances opposées. Le prix du champagne s’apprécierait de nouveau (+5,0 %), tandis que diminueraient ceux des autres vins d’appellation (‑1,3 %) et des vins courants (‑3,1 %).
Production animale : nouveau recul de l’offre et prix toujours en hausse
En 2023, la production animale (hors subventions) reculerait en volume (‑1,8 %). La baisse serait de 1,9 % pour les bovins, de 8,3 % pour les veaux et de 4,0 % pour les porcins. Le cheptel porcin diminue en France depuis une vingtaine d’années et le cheptel bovin depuis 2016. La production de volailles avait baissé de 14,3 % en volume en 2022, affectée par l’influenza aviaire. En 2023, elle ne remonterait que de 3,4 % en volume, l’épizootie s’étant prolongée sur le début d’année.
Dans ce contexte d’offre limitée, les prix de la production animale continueraient d’augmenter (+6,8 %). En particulier, les prix du porc s’élèveraient de 21,0 % sur l’année, les abattages ayant chuté de 7,2 % au niveau de l’Union européenne. Les prix des volailles augmenteraient de 5,2 %. Après une hausse record de 70,0 % en 2022, les prix des œufs s’apprécieraient de 8,3 %, toujours tirés par une forte demande.
Consommations intermédiaires : ralentissement des prix, à des niveaux élevés
En 2023, les consommations intermédiaires de la branche agricole augmenteraient de 1,3 % en valeur. Alors que les prix avaient fortement augmenté l’année précédente (+20,4 %), ils auraient ralenti en 2023. Ils resteraient ainsi stables en moyenne sur l’ensemble des postes, à des niveaux élevés. En volume, les consommations intermédiaires se redresseraient légèrement (+1,2 %) alors qu’elles avaient reculé de 4,1 % en 2022.
Premier poste de dépense, les achats d’aliments pour animaux seraient quasi stables en valeur (+0,2 %). Les prix des aliments achetés en dehors de la branche agricole s’apprécieraient de 0,5 %, résultant de deux tendances opposées : le nouveau renchérissement des produits manufacturés agroalimentaires et la baisse en 2023 du prix des céréales. Le prix des aliments intraconsommés diminuerait de 13,3 %, après la très forte hausse de l’année précédente (+48,2 %) où la hausse du prix des engrais et les conséquences de la sécheresse estivale avaient fortement renchéri les fourrages. En volume, la consommation d’aliments pour animaux progresserait de 9,0 %, la consommation croissante d’aliments intraconsommés faisant plus que compenser un nouveau recul des achats à l’extérieur de la branche.
Liés aux prix du gaz, les prix des engrais et amendements s’accroîtraient de nouveau, de 19,0 %. La hausse est bien moindre que l’année précédente (+82,1 %), où les prix du gaz avaient bondi avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. Le prix des engrais a toutefois culminé au début de la campagne 2023, la hausse des prix du gaz ayant même conduit certaines usines de fabrication en Europe à stopper leur production durant l’été 2022. En volume, le recours aux engrais diminuerait de nouveau (‑17,0 %), entraînant une légère réduction du poste en valeur (‑1,2 %).
Les prix de l’énergie diminueraient en 2023 (‑5,0 %), après leur forte hausse de l’année précédente (+41,5 %). Cette baisse résulterait de celle du gazole non routier utilisé pour les tracteurs, tandis que les autres produits énergétiques seraient de nouveau renchéris.
La valeur ajoutée au coût des facteurs reculerait après deux années de hausse
En 2023, la valeur ajoutée brute de la branche agricole baisserait de 5,3 %. Ceci tient au repli de la production au prix de base (‑1,5 %), c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits, tandis que les consommations intermédiaires continuent d’augmenter légèrement. Une rupture s’opère avec les deux années précédentes où la valeur ajoutée brute avait fortement progressé (+9,0 % en 2021 et +25,7 % en 2022).
En 2023, les subventions d’exploitation s’élèveraient à 8,5 milliards d’euros. Leur montant diminuerait de 50 millions par rapport à 2022, principalement sous l’effet de l’arrêt de l’aide exceptionnelle accordée au début de la guerre en Ukraine.
En prenant en compte les subventions d’exploitation et les impôts à la production, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs baisserait de 4,8 % en 2023. L’emploi agricole reculant très légèrement en 2023, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif diminuerait dans la même proportion (‑4,8 %). En termes réels, elle baisserait de 9,6 % en 2023, après avoir augmenté de 8,7 % en 2021, puis de 14,4 % en 2022.
Encadré 1 – Rappel sur le compte 2023
Les données présentées ici concernent le compte 2023 provisoire de l’agriculture. Ces données seront mises à jour en juillet 2025 (version semi‑définitive). Elles seront publiées simultanément avec les comptes 2022 définitif et 2024 provisoire. Ce compte est réalisé pour la première fois en base 2020, ce qui rend les données difficilement comparables en niveau à celles précédemment publiées. En décembre 2023, le compte prévisionnel de l’agriculture avait été réalisé en base 2014. L’évolution en 2023 de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif en termes réels y était évaluée à ‑9,0 %.
Les données des années antérieures à 2019, diffusées jusqu’à présent sous forme de séries en base 2014, seront remplacées par des séries équivalentes en base 2020. Ces nouvelles séries rétropolées seront publiées d’ici fin 2024.
Encadré 2 – Des prix en forte hausse sur cinq ans, notamment en 2022
Les prix des produits et des intrants agricoles ont fortement augmenté en 2021, dans un contexte mondial marqué par la crise sanitaire et par la reprise qui a suivi. En 2022, leur hausse a été encore plus marquée, sous les effets conjugués des suites de la sortie de crise, de conditions climatiques pénalisantes et de la guerre en Ukraine. En France, les prix de la production agricole au prix de base se sont ainsi accrus de 7,2 % en 2021 puis de 17,9 % en 2022 (figure). Les prix des consommations intermédiaires de la branche se sont accrus dans le même temps de 1,8 % puis de 20,4 %. En 2023, le prix des consommations intermédiaires reste stable, tandis que celui de la production agricole baisse de 4,4 %.
tableauFigure encadré 2 – Évolution des prix du compte de l’agriculture entre 2019 et 2023
2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | |
---|---|---|---|---|---|
Prix de la production au prix de base | 100,0 | 100,8 | 108,1 | 127,4 | 121,9 |
Prix des consommations intermédiaires | 100,0 | 97,4 | 99,2 | 119,4 | 119,5 |
Prix de la valeur ajoutée | 100,0 | 106,5 | 124,0 | 142,2 | 127,8 |
- Lecture : Les prix de la production au prix de base a augmenté de 21,9 % (indice 121,9, base 100 en 2019) entre 2019 et 2023, contre 19,5 % (indice 119,5, base 100 en 2019) pour le prix des consommations intermédiaires.
- Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2024.
graphiqueFigure encadré 2 – Évolution des prix du compte de l’agriculture entre 2019 et 2023
Encadré 3 – Sur cinq ans, les hausses en valeur sont tirées par les prix
De 2019 à 2023, l’augmentation des agrégats en valeur est principalement tirée par celle des prix. En volume, la production agricole au prix de base a augmenté de 3,2 % en cinq ans et les consommations intermédiaires de 3,9 %. Dans le même temps, les prix de la production agricole au prix de base se sont accrus de 21,9 %, et ceux des consommations intermédiaires de 19,5 %. La part de la valeur ajoutée dans la production reste relativement stable, autour de 40 %. Toutefois en 2022, la production en valeur au prix de base s’était accrue de 19,6 %, plus rapidement que les consommations intermédiaires (+15,5 %), aussi la part de la valeur ajoutée dans la production était remontée à 41,9 %.
Sources
Le compte français de l’agriculture est établi selon la méthode et les concepts du Système européen des comptes (SEC). Le compte provisoire 2023 repose sur les informations disponibles en juin 2024.
Définitions
La branche agricole est le regroupement de toutes les unités d’activité économique qui exercent les activités suivantes : culture de végétaux (y compris maraîchage et horticulture), élevage d’animaux, activités de travaux agricoles à façon, chasse et activités annexes.
Les subventions à l’agriculture comprennent les subventions sur les produits (aides associées à certains types de production) et les subventions d’exploitation versées dans le cadre de la PAC ou au niveau national.
Les consommations intermédiaires correspondent aux biens et services qui entrent dans le processus de production.
La production au prix de base est égale à la production valorisée au prix auquel vend le producteur, augmentée des subventions sur les produits qu’il perçoit et diminuée des impôts spécifiques sur les produits qu’il reverse.
La valeur ajoutée brute est égale à la production valorisée au prix de base diminuée des consommations intermédiaires.
La valeur ajoutée brute au coût des facteurs est obtenue par ajout des subventions d’exploitation et déduction des impôts sur la production. Son évolution peut être rapportée à celle du nombre d’unités de travail annuel total (ou équivalents temps plein) : on obtient ainsi l’évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif.
Les indicateurs de résultats sont présentés en termes réels : les évolutions à prix courants sont déflatées par l’indice de prix du produit intérieur brut (PIB), qui couvre l’ensemble du champ de l’économie. Ainsi, l’évolution d’un prix ou d’un résultat calculée en termes réels est positive si elle est supérieure à l’évolution générale des prix. Il s’agit d’une moyenne qui résulte d’une grande diversité de situations individuelles.
Pour en savoir plus
Géry C., Hecquet V., Lucas F., « L’agriculture en 2023 - Les comptes nationaux provisoires de l’agriculture en 2023 », Documents de travail n° 2024-15, juillet 2024.
Géry C., Hecquet V., Lucas F., « Le compte prévisionnel de l’agriculture pour 2023 – Recul du prix des céréales », Insee Première n° 1977, décembre 2023.
Géry C., Hecquet V., Lucas F., « L’agriculture en 2023 – Les comptes nationaux prévisionnels de l’agriculture en 2023 », Documents de travail n° 2023-23, Insee, décembre 2023.
Géry C., Hecquet V., Lucas F., « Le compte provisoire de l'agriculture pour 2022 – Hausse des prix des produits et intrants », Insee Première n° 1957, juillet 2023.
Eurostat, « Ouvrir dans un nouvel ongletComptes économiques de l’agriculture - revenu du secteur agricole (indicateurs a, b, c) », Indicateur A : indice du revenu réel des facteurs dans l’agriculture par unité de travail annuel pour l’ensemble des pays de l’Union européenne, mars 2023.