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Décembre 2024 · n° 93En Corse, 12 % des ménages de travailleurs sont pauvres
En 2021, 12 % des ménages insulaires dont le travail est la principale source de revenus sont pauvres. La Corse se situe en deuxième position des régions métropolitaines par l’importance du taux de pauvreté de ces ménages.
Leur précarité découle de salaires relativement bas, d’un temps de travail faible et de charges familiales. Les ménages avec enfants, notamment monoparentaux, sont particulièrement vulnérables. Cependant, la redistribution joue son rôle d’amortisseur social. En lien avec les secteurs d’activité dominants, la pauvreté est plus fréquente parmi les travailleurs habitant dans les intercommunalités rurales.
Parmi les ménages de travailleurs, 12 % vivent sous le seuil de pauvreté
En 2021 en Corse, la moitié des ménages ont des revenus principalement issus du travail. Parmi eux, 12 % vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1 150 € par mois et par unité de consommation (UC). Ils sont 10 % dans cette situation dans l'Hexagone. La Corse se situe en deuxième position des régions métropolitaines derrière l’Occitanie par l’importance du taux de pauvreté des ménages de travailleurs. À l’inverse, en Pays de la Loire et en Bretagne, ces ménages vivent moins fréquemment dans des situations de pauvreté (figure 1).
tableauFigure 1 – Taux de pauvreté des ménages de travailleurs au sein des régions métropolitaines
Code région | Libellé région | Taux de pauvreté des ménages de travailleurs |
---|---|---|
84 | Auvergne-Rhône-Alpes | 9,2 |
27 | Bourgogne-Franche-Comte | 9,5 |
53 | Bretagne | 8,4 |
24 | Centre-Val de Loire | 9,6 |
94 | Corse | 11,9 |
44 | Grand Est | 10,3 |
32 | Hauts-de-France | 11,8 |
11 | Île-de-France | 10,2 |
28 | Normandie | 9,8 |
75 | Nouvelle-Aquitaine | 10,1 |
76 | Occitanie | 12,3 |
52 | Pays de la Loire | 8,2 |
93 | Provence-Alpes-Cote d'Azur | 11,7 |
- Source : Insee, Fichier Localisé Social et Fiscal (Filosofi) 2021.
graphiqueFigure 1 – Taux de pauvreté des ménages de travailleurs au sein des régions métropolitaines
En Corse, les revenus d’activité des travailleurs pauvres sont nettement inférieurs à ceux des autres travailleurs. En moyenne, ils perçoivent respectivement 1 060 € par mois contre 3 970 € par UC. Cela représente 69 % du total des revenus perçus avant impôt (salaire, prestations sociales, etc.) contre 86 % pour les autres ménages de travailleurs (figure 2). En outre, la moitié des travailleurs pauvres disposent de moins de 940 € par mois par UC. Ces revenus issus du travail particulièrement bas peuvent s’expliquer par une faible rémunération horaire ou des contrats et des durées de travail réduits (CDD, temps partiels).
En additionnant tous leurs revenus perçus et en déduisant les impôts directs, le revenu disponible mensuel moyen des ménages de travailleurs pauvres s’élève à 1 400 € par UC, contre 3 890 € pour les autres ménages de travailleurs.
tableauFigure 2 – Répartition des différentes sources des revenus perçus par les ménages de travailleurs insulaires
Type de famille | Travail | Prestations sociales | Indemnité de chômage | Pension ou retraite | Patrimoine et autre |
---|---|---|---|---|---|
Travailleurs pauvres | 69 | 24 | 4 | 2 | 1 |
Travailleurs non pauvres | 86 | 3 | 2 | 4 | 5 |
- Champ : Ménages résidant en Corse et dont les revenus sont principalement issus du travail.
- Source : Insee, Fichier Localisé Social et Fiscal (Filosofi) 2021.
graphiqueFigure 2 – Répartition des différentes sources des revenus perçus par les ménages de travailleurs insulaires
Les prestations sociales représentent le quart du revenu des travailleurs pauvres
Les prestations sociales, telles les allocations familiales, les minima sociaux ou les aides au logement, apportent un soutien financier aux ménages qui ont un faible niveau de vie malgré leur emploi.
Elles constituent 26 % des revenus disponibles des travailleurs pauvres en Corse contre 33 % dans l'Hexagone. Ces prestations ne représentent que 4 % des revenus des autres ménages de travailleurs insulaires.
Sans le versement de ces prestations, le taux de pauvreté de ces ménages serait supérieur de 5 points, soit de 17 %. Les revenus provenant du chômage, des pensions ou retraites, ainsi que du patrimoine complètent les revenus des travailleurs pauvres à hauteur de 7 %. Cette proportion est deux fois moindre que pour les autres ménages de travailleurs pour lesquels les revenus du patrimoine sont plus importants.
Les travailleurs pauvres déclarant moins de revenus, le montant de leurs impôts est moindre, de 140 € mensuel contre 730 € pour les autres travailleurs.
La majorité des ménages de travailleurs ont au moins un enfant à charge
Parmi les ménages de travailleurs pauvres, la moitié se compose d’au moins un enfant de moins de 25 ans. Plus précisément, 27 % des ménages de travailleurs pauvres sont des couples avec enfants et 25 % sont des familles monoparentales. La pauvreté est d'ailleurs la plus fréquente au sein des familles monoparentales où 20 % des ménages qui travaillent vivent sous le seuil de pauvreté.
Enfin, 8 % sont des couples sans enfant. Ce type de famille est moins concerné par la pauvreté (7 %).
Parmi les travailleurs pauvres, les hommes vivant seuls sont plus souvent pauvres que les femmes (14 % sont pauvres contre 11 %) et l’intensité de la pauvreté est plus importante pour eux.
Un ménage de travailleurs de l’Oriente sur cinq est pauvre
La pauvreté est plus fréquente parmi les travailleurs des territoires ruraux, en particulier en Haute-Corse. Ainsi, dans la communauté de communes (CC) de l’Oriente, un ménage de travailleurs sur cinq vit sous le seuil de pauvreté (figure 3). Cette proportion s’explique par un emploi porté par l’agriculture où les salaires sont plus faibles et les durées des contrats plus courtes.
tableauFigure 3 – Taux de pauvreté des ménages de travailleurs dans les intercommunalités corses
Code EPCI | Libellé EPCI | Taux de pauvreté des ménages de travailleurs |
---|---|---|
200015162 | L'Oriente | 20,6 |
200033827 | Fium'orbu Castellu | 13,9 |
200034205 | La Costa Verde | 15,9 |
200036499 | Marana-Golo | 10,8 |
200038958 | La Pieve de l'Ornano et du Taravo | 10,0 |
200040764 | Le Sud Corse | 13,4 |
200042943 | Le Cap Corse | 13,6 |
200067049 | Spelunca-Liamone | 13,8 |
200073104 | L'Île-Rousse - Balagne | 17,7 |
200073120 | Nebbiu - Conca d'Oro | 13,4 |
200073138 | Pasquale Paoli | 16,6 |
200073252 | La Castagniccia-Casinca | 15,2 |
242000354 | Bastia | 12,0 |
242000495 | L'Alta Rocca | 13,8 |
242000503 | Celavu-Prunelli | 7,3 |
242010056 | Le Pays Ajaccien | 8,1 |
242010130 | Le Sartenais Valinco Taravo | 14,6 |
242020071 | Le Centre Corse | 15,3 |
242020105 | Calvi Balagne | 15,3 |
- Champ : Ménages résidant en Corse et dont les revenus sont principalement issus du travail.
- Source : Insee, Fichier Localisé Social et Fiscal (Filosofi) 2021.
graphiqueFigure 3 – Taux de pauvreté des ménages de travailleurs dans les intercommunalités corses
Les intercommunalités touristiques de Balagne sont également concernées par une pauvreté davantage marquée en lien avec une part d’emplois saisonniers plus élevée. Ainsi, dans la CC de L’Île-Rousse-Balagne, 18 % des ménages en emploi sont pauvres. À l’inverse, les travailleurs sont moins confrontés à la pauvreté dans les intercommunalités urbaines et leur périphérie. En effet, les emplois y sont plus souvent qualifiés et exercés à temps complet. Ils se regroupent dans le secteur tertiaire, notamment dans la fonction publique.
Ainsi, dans le Pays ajaccien, les CC de la Piève de l’Ornano et du Celavu-Prunelli, la part des travailleurs pauvres est la plus basse de l’île.
Sources
Les données sur les revenus s’appuient sur la source Filosofi 2021. Filosofi est un dispositif combinant plusieurs fichiers fiscaux et sociaux, il permet d’aborder notamment les niveaux de vie, les inégalités de revenus et le taux de pauvreté. La population concernée se compose de ménages fiscaux, hors collectivités et hors sans-domicile.
Définitions
Le seuil de pauvreté est fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian de la population. Il est de 1 150 euros par unité de consommation en 2021.
Pour comparer les niveaux de vie de ménages de taille ou de composition différente, on divise le revenu par le nombre d’unités de consommation (UC). Celles-ci sont généralement calculées de la façon suivante :
- 1 UC pour le premier adulte du ménage,
- 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus,
- 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.
Cette échelle d’équivalence (dite de l’OCDE) tient compte des économies d’échelle au sein du ménage. En effet, les besoins d'un ménage ne s'accroissent pas en stricte proportion de sa taille. Lorsque plusieurs personnes vivent ensemble, il n'est pas nécessaire de multiplier tous les biens de consommation (en particulier, les biens de consommation durables) par le nombre de personnes pour garder le même niveau de vie.
Les revenus d’activité sont issus des activités salariées et non salariées.
Le revenu disponible est le revenu à la disposition du ménage pour consommer et épargner.
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation.
Une famille monoparentale comprend un parent isolé et un ou plusieurs enfants célibataires (n’ayant pas d’enfant) de moins de 25 ans.
L'intensité de la pauvreté permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté.
Pour en savoir plus
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(2) « Panorama de la pauvreté en Corse : une diversité de situations individuelles et territoriales », Insee Dossier Corse no 18, octobre 2023.
(3) Ponthieux S., « Les travailleurs pauvres comme catégorie statistique : difficultés méthodologiques et exploration d’une notion de pauvreté en revenu d’activité », document de travail no F2009/02, mars 2009