Insee Analyses Bretagne · Novembre 2024 · n° 132

De plus en plus de Bretonnes parmi les métiers qualifiés de la fonction publique, de la banque-assurance, du droit et de la médecine

Les avancées législatives en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ont progressivement facilité l’insertion des femmes sur le marché de l’emploi ces dernières décennies. L’activité féminine n’a cessé d’augmenter, pour se rapprocher désormais de celle des hommes.

En 2021 en Bretagne, 73 % des femmes et 76 % des hommes de 15 à 64 ans sont actifs, c’est-à-dire en emploi ou en recherche d’emploi (respectivement 72 % et 77 % en France métropolitaine). L’écart entre les femmes et les hommes se réduit, passant de 5 points en 2012 à 3 points en 2021, le taux d’activité des Bretonnes ayant augmenté plus fortement sur la période (+3 points). Cette hausse concerne essentiellement les femmes d’au moins 55 ans (figure 1). La participation des seniors, femmes et hommes, au marché du travail augmente notamment sous l’effet des réformes des retraites et suite à l’arrivée à ces âges de générations davantage présentes sur le marché du travail. Désormais, huit femmes de 55 à 59 ans sur dix sont actives. De plus, le taux d’activité des femmes âgées de 60 à 64 ans a doublé par rapport à 2012, s’établissant ainsi à 30 %. Les femmes âgées de 25 à 54 ans sont légèrement plus actives en Bretagne qu’au niveau national (France métropolitaine).

Près de 670 000 emplois sont occupés par des Bretonnes en 2021. Les femmes représentent ainsi 48 % de l’ensemble des emplois occupés par les habitants de la région, un taux identique à celui observé au niveau national et en légère hausse par rapport à 2012 (+0,7 point). La part des femmes dans l’emploi est en constante augmentation depuis un demi-siècle, en lien avec l’élévation du niveau de formation des femmes et leur présence croissante sur le marché du travail.

Ce taux de féminisation moyen de 48 % masque toutefois de nombreuses disparités selon les catégories socioprofessionnelles. Il varie de 22 % pour les ouvriers à 76 % pour les employés (figure 2). La part de femmes a nettement progressé parmi les cadres entre 2012 et 2021, passant de 38 % à 42 %. Les professions intermédiaires sont aussi plus féminisées en 2021 (54 % de femmes contre 52 % en 2012). Les taux de féminisation de ces emplois qualifiés augmentent quelle que soit la tranche d’âge considérée. En effet, depuis 2012, la structure de l’emploi s’est déformée principalement au profit des cadres et des professions intermédiaires. Les emplois de cadres ont augmenté de plus de 20 % en Bretagne sur la période 2012-2021 et ceux des professions intermédiaires de plus de 10 %. Ainsi, les femmes, davantage présentes sur le marché du travail ces dernières années, ont pu bénéficier de cet essor.

Le taux de féminisation des artisans, commerçants et chefs d’entreprise progresse également en Bretagne entre 2012 et 2021 (+2 points), suite à une hausse plus élevée du nombre d’emplois occupés par des femmes que par des hommes. Les femmes représentent ainsi 32 % des emplois de cette catégorie en 2021. Elles sont également légèrement plus nombreuses parmi les ouvriers (22 % en 2021 après 21 % en 2012), même si elles restent minoritaires. En effet, le nombre d’emplois occupés par des ouvrières a légèrement augmenté sur la période, alors qu’il a diminué pour les hommes.

Cependant, entre 2012 et 2021, le taux de féminisation a diminué dans la région pour les employés et, dans une moindre mesure, pour les agriculteurs exploitants. Concernant les employés, la baisse de l’emploi des femmes est compensée par une hausse de l’emploi des hommes. Le taux de féminisation de cette catégorie socioprofessionnelle diminue ainsi de 3 points. Néanmoins, les femmes restent toujours largement majoritaires parmi les employés (76 % en 2021). Les agriculteurs exploitants sont également moins nombreux en 2021, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Le taux de féminisation de cette profession diminue légèrement, passant de 28 % en 2012 à 27 % en 2021.

Malgré une féminisation continue du marché du travail durant ces dernières décennies, les femmes restent plus présentes dans certains métiers, en Bretagne comme au niveau national. Dans la région, elles sont proportionnellement plus nombreuses dans 26 métiers dits « féminisés » sur les 87 définis par la nomenclature des familles professionnelles, tandis que les hommes sont les plus présents dans 39 métiers dits « masculinisés ». Les 22 autres métiers de la nomenclature sont considérés comme « mixtes » . Ainsi, comme au niveau national, trois quarts des métiers sont encore genrés en Bretagne en 2021.

Certains métiers du tertiaire, notamment les métiers de la santé et des services à la personne, sont très féminisés : les assistantes maternelles comptent 98 % de femmes, les employés de maison et secrétaires de direction, 96 %, les aides à domicile et aides ménagères, 94 %, les aides-soignants, 92 % et les infirmiers et sages-femmes, 87 %. Il y a un peu plus de métiers féminisés en Bretagne qu’en France métropolitaine. En effet, certains métiers sont considérés comme tels dans la région mais pas au niveau national : c’est le cas par exemple des employés et agents de maîtrise en hôtellerie et restauration (64 % de femmes) ou des professionnels de la communication et de l’information (65 % de femmes).

À l’inverse, les femmes sont peu présentes dans les métiers du bâtiment et des travaux publics, de la maintenance et de la mécanique. Ce sont essentiellement des hommes qui exercent des métiers tels que conducteurs d’engins du bâtiment et travaux publics, ouvriers qualifiés du bâtiment ou de la réparation automobile (entre 95 % et 99 % d’hommes dans ces métiers). Il y a un peu moins de métiers masculinisés en Bretagne qu’au niveau national.

L’éventail des métiers occupés par les femmes est plus réduit que celui des hommes. En effet, en 2021 en Bretagne, la moitié des femmes exercent leur activité dans une douzaine de métiers, alors que les douze premiers métiers exercés par les hommes regroupent seulement 37 % d’entre eux.

Au-delà des professions de la santé et des services à la personne, les femmes sont aussi très présentes parmi les agents d’entretien et dans les métiers de l’éducation (35 700 enseignantes), de la vente (32 000 vendeuses) et de la gestion, administration des entreprises ou de l’administration publique (figure 3).

En dix ans, des métiers de cadres dits qualifiés, déjà considérés comme mixtes en 2012, se sont nettement féminisés, que ce soit dans la fonction publique ou dans le secteur privé (figure 4). Ainsi, les femmes cadres du public (catégorie A et assimilés) sont dorénavant presque aussi nombreuses (14 000) que les hommes, la part des femmes ayant augmenté de 8 points par rapport à 2012. En 2021, 14 600 femmes travaillent aussi en tant que cadres des services administratifs, comptables et financiers des entreprises ; ces métiers emploient ainsi 49 % de femmes, soit une hausse de 6 points par rapport à 2012. Les femmes représentent également 46 % des cadres de la banque et des assurances (+7 points par rapport à 2012). Désormais, elles sont majoritaires (2 300 postes) dans les métiers des professionnels du droit (62 % de femmes, +10 points par rapport à 2012). Dans le domaine de la santé, la croissance du nombre de femmes médecins, associée au repli de celui des hommes, a favorisé la féminisation de cette profession (+7 points par rapport à 2012). Ainsi, désormais, près de six médecins sur dix sont des femmes (soit 11 800 femmes médecins). Les taux de féminisation des plus jeunes sont élevés et ils ont surtout augmenté pour les praticiens de plus de 40 ans.

Les femmes investissent également des professions traditionnellement plus masculines. Elles sont encore minoritaires dans les métiers de cadres techniques, mais elles y trouvent aussi des débouchés. Ainsi, 1 700 femmes représentent 23 % des cadres du bâtiment et des travaux publics en 2021 en Bretagne (soit 7 points de plus qu’en 2012), 3 900 femmes sont ingénieures et cadres techniques de l’industrie (24 % soit +4 points) et 32 % de femmes sont cadres commerciales ou technico-commerciales (+7 points). Les femmes représentent seulement 22 % des dirigeants d’entreprise, mais ce taux augmente un peu par rapport à 2012 (+4 points). Elles sont aussi plus présentes dans les métiers, devenus mixtes en 2021, de techniciens et cadres de l’agriculture (35 % de femmes, +9 points), alors que le nombre d’hommes y diminue. Le taux de féminisation augmente également chez les ouvriers non qualifiés du second œuvre du bâtiment (+7 points), où il y avait traditionnellement peu de femmes (1 700 en 2021, soit 18 % des effectifs), et ce, alors que le nombre d’hommes diminue.

Certains métiers très féminisés recrutent à la fois des femmes et des hommes, mais de façon encore beaucoup plus soutenue pour les femmes. C’est le cas des techniciens des services administratifs, comptables et financiers. La part des femmes atteint ainsi 76 % en 2021, en hausse de 6 points par rapport à 2012. Parmi les professionnels de l’action sociale et de l’orientation, près de huit emplois sur dix sont occupés par des femmes, soit une progression de 5 points suite à une baisse du nombre d’emplois masculins entre 2012 et 2021. Dans les professions para-médicales (dont les psychologues, les kinésithérapeutes, les techniciens médicaux, etc., mais hors infirmiers et sages-femmes), le taux de féminisation atteint 75 % en 2021, en lien avec une hausse des emplois féminins depuis 2012 (+4 900). Le métier d’aides-soignants, où les hommes sont nettement minoritaires (8 %), se féminise encore entre 2012 et 2021 (+1 point). Les femmes sont également majoritaires parmi les enseignants (68 % en 2021). En dix ans, le nombre de professionnels de 40 ans ou plus, femmes et hommes confondus, augmente alors que celui des professionnels de moins de 40 ans diminue d’autant. Ainsi, par rapport à 2012, la profession se féminise (+2 points) et vieillit avec 74 % des enseignants ayant au moins 40 ans.

Entre 2012 et 2021, la part des femmes baisse dans certains métiers très féminins dont les effectifs, tous sexes confondus, diminuent suite à une forte baisse de l’emploi féminin, l’emploi masculin augmentant légèrement. C’est le cas par exemple des métiers de caissiers et d’employés de libre service, où le taux de féminisation a diminué de 9 points entre 2012 et 2021 pour atteindre 75 % en 2021. La part des femmes baisse également chez les secrétaires (-5 points), en lien avec le déclin et la transformation de cette profession ces dernières années.

Les métiers de vendeurs et d’agents d’entretien, qui gagnent des emplois entre 2012 et 2021, figurent aussi parmi les professions qui se masculinisent le plus sur la période. La part des hommes y augmente respectivement de 5 et 3 points. Pour les vendeurs, la croissance s’explique par une plus forte progression de l’emploi chez les hommes que chez les femmes, alors que pour les agents d’entretien, le nombre d’emplois masculins augmente en parallèle d’une baisse chez les femmes. Néanmoins, les agents d’entretien constituent toujours le métier le plus exercé par les femmes en Bretagne en 2021 (41 700). Le nombre d’agents d’entretien de 50 ans ou plus, femmes et hommes confondus, augmente, alors que celui des professionnels de moins de 50 ans diminue. Ainsi, en 2021, quatre agents d’entretien sur dix ont au moins 50 ans.

La part des hommes augmente aussi dans les métiers de la gestion et l’administration des entreprises, professions qui évoluent et se transforment ces dernières années. C’est le cas des employés administratifs d’entreprise (+4 points entre 2012 et 2021), dont les effectifs progressent pour les hommes comme pour les femmes, ou des employés de la comptabilité (+2 points), dont les effectifs, masculins et féminins, baissent à l’inverse sur la période.