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Insee Flash Bretagne · Novembre 2024 · n° 105
Insee Flash BretagneEn 2023, un quart de naissances de moins qu’en 2006 en Bretagne

Muriel Cazenave, Jean-Marc Lardoux (Insee)

En 2023, 28 930 bébés sont nés en Bretagne, soit le plus bas niveau enregistré depuis le début du XXe siècle. Les naissances en 2023 sont inférieures de 23,5 % à celles de 2006, dernier point haut avant l’actuelle tendance à la baisse. Le net recul des naissances est encore plus marqué dans les communes rurales. Il s’explique essentiellement par la baisse de la fécondité observée dans la région, accentuée, dans certains territoires, par la diminution du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants. D’autres tendances de long terme se poursuivent, comme le recul de l’âge moyen des femmes à la maternité et l’augmentation du nombre de naissances de parents non mariés.

Insee Flash Bretagne
No 105
Paru le :Paru le14/11/2024
Insee - En 2023, un quart de naissances de moins qu’en 2006 en Bretagne
Publication rédigée par :Muriel Cazenave, Jean-Marc Lardoux (Insee)

Un nombre de naissances au plus bas en 2023

En 2023, 28 930 bébés sont nés de mères domiciliées en Bretagne. C’est le nombre de naissances le plus faible depuis le début du XXe siècle, le minimum s’établissant jusqu’alors à 30 900 nouveau-nés en 1941. Par rapport à 2022, 2 140 naissances de moins sont enregistrées en 2023 dans la région. Cette baisse s’inscrit dans une tendance de long terme entamée après le pic de naissances de 2006. Le nombre de nouveau-nés a ainsi diminué de près d’un quart entre 2006 et 2023 en Bretagne (-23,5 %), légèrement plus qu’en France métropolitaine (-19,7 %).

Le nombre de naissances diminue plus fortement dans les communes rurales que dans les communes urbaines (-27,7 % contre -18,4 % entre 2006 et 2023) (figure 1), en lien avec la répartition géographique des femmes en âge de procréer. La baisse des naissances dans les communes urbaines est quasi continue depuis 1980. Au contraire, dans les communes rurales, en particulier celles sous l’influence d’un pôle, cette tendance à la baisse s’observe seulement à partir de la fin des années 2000. C’est en effet dans ce type de communes que s’est concentrée la croissance démographique bretonne jusqu’à une période récente, avec notamment l’installation de nombreuses familles formées par des parents en âge d’avoir de jeunes enfants.

Figure 1Naissances domiciliées en Bretagne depuis 1975 selon le type de commune

(en nombre)
Naissances domiciliées en Bretagne depuis 1975 selon le type de commune ((en nombre))
Année Commune urbaine Commune rurale sous influence d'un pôle Commune rurale autonome
1975 21 204 7 831 8 443
1976 20 222 7 577 7 818
1977 21 058 7 763 8 008
1978 20 824 7 692 8 132
1979 21 103 8 427 8 305
1980 22 061 9 099 8 729
1981 21 167 9 326 9 197
1982 20 757 9 154 8 657
1983 19 144 8 526 8 006
1984 19 076 8 749 8 098
1985 19 288 8 942 8 019
1986 19 348 8 997 8 411
1987 18 913 8 907 8 058
1988 18 733 8 695 7 981
1989 18 454 8 675 7 668
1990 18 467 8 552 7 485
1991 17 982 8 373 7 292
1992 17 722 8 304 7 231
1993 17 070 7 882 6 939
1994 16 872 7 993 7 017
1995 17 443 8 543 7 291
1996 17 618 8 870 7 436
1997 17 150 8 834 7 426
1998 17 516 9 435 7 650
1999 17 185 9 792 7 884
2000 17 681 10 643 8 368
2001 17 381 10 746 8 270
2002 16 816 10 833 8 188
2003 16 627 11 307 8 330
2004 16 609 11 533 8 246
2005 16 523 11 622 8 200
2006 17 007 12 102 8 726
2007 16 343 12 128 8 538
2008 16 317 12 454 8 888
2009 16 352 12 257 8 542
2010 16 426 12 141 8 599
2011 16 175 12 020 8 569
2012 16 483 11 741 8 358
2013 16 060 11 513 8 005
2014 15 981 11 250 7 756
2015 15 503 10 690 7 329
2016 15 236 10 400 7 091
2017 14 985 10 200 6 951
2018 14 865 10 105 6 731
2019 14 891 9 939 6 577
2020 14 747 9 750 6 496
2021 15 070 10 152 6 843
2022 14 725 9 631 6 714
2023 13 880 8 801 6 249
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil.

Figure 1Naissances domiciliées en Bretagne depuis 1975 selon le type de commune

  • Source : Insee, statistiques de l'état civil.

Une baisse marquée de la fécondité, essentiellement avant 34 ans

Le nombre de naissances enregistrées chaque année est lié à la fois au nombre de femmes en âge de procréer et au observé. Dès lors, toutes choses égales par ailleurs, l’arrivée aux âges de forte fécondité des générations moins nombreuses nées au début des années 1990 entraîne une diminution du nombre de naissances potentielles dans tous les départements bretons, sauf en Ille-et-Vilaine où se concentre une population plus jeune qui est toujours plus nombreuse. Ainsi, dans ce département, à fécondité égale à celle de 2006, les naissances auraient dû augmenter de 8 % entre 2006 et 2023 (figure 2). Dans les trois autres départements bretons, la diminution du nombre de femmes en âge de procréer provoque une baisse de la natalité estimée à 10 % sur cette période. Toutefois, dans ces trois départements, le recul des naissances (-31,6 % dans les Côtes-d’Armor, -28,6 % dans le Finistère et -24,8 % dans le Morbihan) est nettement plus prononcé que celui attendu selon ce seul effet démographique et en Ille-et-Vilaine, le nombre de naissances est en baisse de 14,4 % malgré la hausse du nombre de femmes en âge de procréer.

Figure 2Évolution du nombre de naissances en Bretagne de 2006 à 2023, décomposée selon les effets de la démographie et de la fécondité

(en %)
Évolution du nombre de naissances en Bretagne de 2006 à 2023, décomposée selon les effets de la démographie et de la fécondité ((en %))
Territoire Évolution due à l’effet démographique* Évolution due à l’effet taux de fécondité Évolution totale
Côtes-d’Armor -10,8 -20,8 -31,6
Finistère -10,4 -18,2 -28,6
Ille-et-Vilaine 8,4 -22,8 -14,4
Morbihan -9,9 -14,9 -24,8
Bretagne -4,0 -19,6 -23,6
  • * Variation du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants.
  • Source : Insee, recensement de la population, estimations de population, statistiques de l’état civil.

Figure 2Évolution du nombre de naissances en Bretagne de 2006 à 2023, décomposée selon les effets de la démographie et de la fécondité

  • * Variation du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants.
  • Source : Insee, recensement de la population, estimations de population, statistiques de l’état civil.

L’écart observé entre les nombres de naissances de 2006 et de 2023 s’explique alors majoritairement par une baisse de la fécondité. Pour la Bretagne, son impact peut être estimé à une diminution des naissances de l’ordre de 20 %. Celle-ci se traduit par une baisse de l’, qui s’établit à 1,62 enfant par femme en 2023, après 2,04 en 2006. La fécondité des Bretonnes est désormais un peu plus faible qu’en France métropolitaine (1,64 en 2023, après 1,98 en 2006). Les différences entre départements bretons s’atténuent, en raison notamment de la forte baisse de la fécondité dans les Côtes-d’Armor. En effet, l’indicateur conjoncturel de fécondité de ce département, pendant longtemps le plus élevé de la région, converge vers la moyenne régionale : il s’élevait à 2,23 enfants par femme en 2006 et s’établit à 1,68 en 2023.

L’âge moyen des femmes à la maternité continue de croître légèrement, de 30,2 ans en 2006 à 31,3 ans en 2023, mais à un rythme inférieur à ce qu’il était sur les périodes précédentes. Par ailleurs, les taux de fécondité par âge chutent pour toutes les femmes âgées de moins de 34 ans (figure 3). Cela se mesure plus particulièrement au niveau du pic de fécondité, âge de la vie où la fécondité est la plus élevée. Ainsi, pour 100 femmes âgées de 29 ans en 2006, 17 avaient un bébé cette année-là ; elles ne sont désormais plus que 12 dans ce cas en 2023.

Figure 3Taux de fécondité par âge des femmes en 2006 et en 2023, en Bretagne et en France métropolitaine(taux de fécondité pour 100 femmes)

Taux de fécondité par âge des femmes en 2006 et en 2023, en Bretagne et en France métropolitaine
Âge (révolu) Bretagne France métropolitaine
2006 2023 2006 2023
14 0,0 0,0 0,0 0,0
15 0,0 0,0 0,1 0,0
16 0,1 0,1 0,2 0,1
17 0,3 0,1 0,5 0,2
18 0,6 0,3 1,0 0,4
19 1,5 0,7 2,0 0,9
20 2,3 1,3 3,2 1,6
21 3,0 1,9 4,2 2,4
22 4,5 2,6 5,4 3,2
23 6,2 3,5 6,7 4,0
24 7,7 4,8 8,4 5,3
25 10,2 6,5 10,1 6,5
26 13,0 8,3 11,9 7,9
27 14,9 9,1 13,6 9,2
28 16,1 11,1 14,7 10,4
29 17,1 12,4 15,3 11,1
30 16,8 13,2 15,0 12,0
31 15,9 13,1 14,4 12,1
32 14,4 12,4 13,1 11,7
33 12,8 11,5 11,6 11,1
34 10,8 10,9 10,1 10,4
35 9,1 8,8 8,6 9,2
36 7,3 7,6 7,3 8,0
37 5,7 5,9 5,8 6,6
38 4,2 4,5 4,5 5,4
39 3,3 3,4 3,6 4,5
40 2,4 2,9 2,6 3,4
41 1,6 2,0 1,9 2,4
42 0,9 1,3 1,2 1,7
43 0,5 0,7 0,7 1,1
44 0,2 0,5 0,4 0,6
45 0,1 0,3 0,2 0,4
46 0,1 0,1 0,1 0,2
47 0,0 0,1 0,0 0,1
48 0,0 0,0 0,0 0,1
49 0,0 0,0 0,0 0,1
  • Source : Insee, recensement de la population, estimations de population, statistiques de l’état civil.

Figure 3Taux de fécondité par âge des femmes en 2006 et en 2023, en Bretagne et en France métropolitaine(taux de fécondité pour 100 femmes)

  • Source : Insee, recensement de la population, estimations de population, statistiques de l’état civil.

De plus en plus de naissances de parents non mariés

Deux tiers des enfants nés en France en 2023 ont des parents non mariés. En Bretagne, cette part est plus élevée et a tendance à s’accroître d’année en année : les nouveau-nés de parents non mariés représentent près des trois quarts des naissances en 2023, contre un peu plus de la moitié en 2006 et moins de 5 % en 1975 (figure 4).

Figure 4Caractéristiques des naissances en 2006 et en 2023 en Bretagne

(en %)
Caractéristiques des naissances en 2006 et en 2023 en Bretagne ((en %)) - Lecture : Parmi les enfants nés en 2023, 71,9 % ont des parents qui ne sont pas mariés.
Caractéristique 2006 2023
Statut matrimonial des parents à la naissance
Non mariés 52,4 71,9
Mariés 47,6 28,1
Pays de naissance des parents
Deux parents nés en France 89,8 80,6
Un parent né en France et un parent né à l’étranger 7,6 10,0
Deux parents nés à l’étranger 2,6 9,4
Patronyme de l’enfant
Nom du père uniquement 84,1* 78,5
Nom de la mère uniquement 3,8* 4,8
Autres cas (principalement noms des deux parents) 12,1* 16,7
  • * en 2013.
  • Lecture : Parmi les enfants nés en 2023, 71,9 % ont des parents qui ne sont pas mariés.
  • Champ : Naissances vivantes en France.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil.

Par ailleurs, dans la région, un peu plus de 80 % des enfants nés en 2023 ont des parents tous deux nés en France, contre près de 90 % en 2006. Inversement, un nouveau-né sur dix a ses deux parents nés à l’étranger en 2023, contre moins de 3 % en 2006. Dans l’ensemble du pays, les deux tiers des enfants nés en 2023 ont leurs deux parents nés en France.

Depuis la loi de 2003, un enfant peut porter les noms de famille de ses deux parents. En 2023, c’est le cas d’un nouveau-né sur sept en France et d’un nouveau-né sur six en Bretagne. Dans plus de trois quarts des cas, ce double nom est d’abord formé du nom du père puis de celui de la mère. En 2013, cette pratique du double nom était certes moins répandue, mais elle concernait déjà près d’un nouveau-né sur huit en Bretagne.

Publication rédigée par :Muriel Cazenave, Jean-Marc Lardoux (Insee)
Publication rédigée par :Muriel Cazenave, Jean-Marc Lardoux (Insee)

Sources

Les statistiques de l’état civil sur les naissances sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee. Les naissances sont comptabilisées au lieu de domicile de la mère (événements dits domiciliés).

Définitions

Le taux de fécondité à un âge donné (ou pour une tranche d’âge) est le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge. Par extension, le taux de fécondité est le rapport du nombre d’enfants nés vivants au cours de l’année à l’ensemble de la population féminine en âge de procréer (nombre moyen des femmes de 15 à 50 ans sur l’année). À la différence de l’indicateur conjoncturel de fécondité, son évolution dépend en partie de l’évolution de la structure par âge des femmes âgées de 15 à 50 ans.

L’indicateur conjoncturel de fécondité mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l’année considérée pour chaque âge demeuraient inchangés. Indicateur théorique, il sert uniquement à caractériser de façon synthétique la situation démographique au cours d’une année donnée.

Pour en savoir plus

(1) Papon S., « Bilan démographique 2023 - En 2023, la fécondité chute, l’espérance de vie se redresse », Insee Première no 1978, janvier 2024.

(2) Papon S., « En 2022, des naissances au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », Insee Focus no 307, septembre 2023.

(3) Bovi H. et al., « En Bretagne, le nombre de lycéens atteindrait son pic en 2026 avant de diminuer jusqu’à l’horizon 2040 », Insee Analyses Bretagne no 130, septembre 2024.

(4) Cazenave M., Lardoux J.-M., « Un nombre de naissances historiquement bas en 2023 », Insee Flash Bretagne no 102, février 2024.