Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine ·
Juillet 2024 · n° 42
Bilan économique 2023 - Nouvelle-Aquitaine En 2023, la reprise de l'activité économique se poursuit avec des disparités sectorielles
marquées
Malgré un contexte national et mondial toujours tendu en 2023, l’activité économique néo-aquitaine poursuit sa croissance, qui s’infléchit toutefois au second trimestre. Alors que les productions de marchandises ou de services sont en repli dans certains secteurs, les chiffres d’affaires se maintiennent ou progressent en partie grâce au report de l’augmentation des coûts de production sur les prix de vente. L’emploi salarié progresse peu, les recours à l’intérim et aux dispositifs d’aide à l’insertion professionnelle sont en retrait au profit d'emplois pérennes. Les offres d'emplois atteignent un niveau record. Pourtant, le chômage repart légèrement à la hausse avec une progression du nombre de demandeurs d’emploi et du taux de chômage.
Le secteur de la construction subit une diminution des commandes. Les mises en chantier de logements et de locaux non résidentiels reculent. Les demandes de construction autorisées en 2023, en baisse pour les logements, ne laissent pas entrevoir d’amélioration notable pour les mois à venir.
Le dynamisme global de l’industrie masque des situations différentes selon les secteurs. La fabrication de matériels de transport est en plein essor, portée essentiellement par les constructions navale et aéronautique. D'autres activités associées, comme la fabrication de produits électriques, électroniques et de machines, progressent aussi. En revanche, des secteurs subissent la contraction de la consommation comme les industries de boisson dont les ventes de vins et de Cognac reculent sur les marchés national et international.
Le bilan est mitigé pour les agriculteurs. Les productions végétales bénéficient de conditions climatiques favorables alors que la réduction de la majorité des élevages entraîne une baisse quasi généralisée des productions animales.
Le dynamisme du secteur tertiaire s’estompe en 2023. Le chiffre d’affaires de ces activités progresse légèrement et les effectifs se stabilisent. Si certaines branches tirent leur épingle du jeu, comme les services informatiques, d’autres rencontrent toujours des difficultés. C’est le cas des services immobiliers, qui subissent une nouvelle chute des ventes de logements, et des transports notamment de marchandises.
Dans ce climat quelque peu incertain, les créations d’entreprises sont un peu moins nombreuses en 2023 et le nombre de défaillances augmente.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.
Économie - Une économie incontestablement ralentie mais de réels moteurs de croissance subsistent Bilan économique 2023
Pôle études économiques (Banque de France)
Le ralentissement de l’économie néo-aquitaine, résultante des crises liées aux tensions géopolitiques, à l’inflation et à la baisse de la consommation induite, révèle des disparités marquées selon les secteurs.
Stabilité du chiffre d’affaires et des emplois industriels
Les entreprises industrielles enregistrent une stabilité de chiffre d’affaires qui intègre une hausse des prix, induite par l’augmentation des coûts (figure 1), notamment de l'énergie.
tableauFigure 1 – Variations brutes dans l’industrie en Nouvelle-Aquitaine et prévisions
Indicateur | 2023/2022 | Prévisions 2024/2023 |
---|---|---|
Chiffre d’affaires HT (en euros) | 0,4 | 4,1 |
Effectifs (en salariés) | -0,2 | 1,3 |
Investissements (en euros) | -2,6 | 5,1 |
- Source : Banque de France – Enquête régionale de bilan et perspectives.
graphiqueFigure 1 – Variations brutes dans l’industrie en Nouvelle-Aquitaine et prévisions

- Source : Banque de France – Enquête régionale de bilan et perspectives.
Toutefois, les évolutions se révèlent très contrastées selon les secteurs. L’industrie alimentaire enregistre une contraction de chiffre d’affaires et de production. Les exportations de boissons y contribuent largement. À l’opposé, les fabrications électroniques et de machines/équipements progressent, soutenues par la demande de l’aéronautique. La fabrication de matériels de transport, outre la relative bonne tenue de la construction de bateaux de plaisance, bénéficie de la montée en cadence de l’aéronautique avec l’efficience croissante de sa chaîne logistique.
Le secteur de la «Fabrication d'autres produits industriels » signe le plus net recul de chiffre d’affaires et d’activité. Parmi ses composantes, l’industrie papetière subit la réduction de la demande en lien avec la baisse de la consommation. La filière bois et la fabrication de produits métalliques pâtissent du ralentissement des commandes du BTP. Par ailleurs, le fort recul du prix de l’acier se répercute sur les facturations de la métallurgie.
Globalement, les tensions sur les approvisionnements reculent significativement. Les effectifs se contractent légèrement, plus fortement pour les emplois d’intérim alors que des embauches durables se réalisent notamment dans l’aéronautique.
L’activité des services marchands revenue à un niveau plus favorable depuis 2022 résiste
Le renchérissement des prix de vente dans un contexte d'inflation permet une consolidation des chiffres d’affaires des services marchands en 2023 (figure 2), avec des évolutions différenciées selon les secteurs.
tableauFigure 2 – Variations brutes dans les services marchands en Nouvelle-Aquitaine et prévisions
Indicateur | 2023/2022 | Prévisions 2024/2023 |
---|---|---|
Chiffre d’affaires HT (en euros) | 2,1 | 2,0 |
Effectifs (en salariés) | 2,2 | 1,6 |
Investissements (en euros) | 4,2 | -10,9 |
- Source : Banque de France – Enquête régionale de bilan et perspectives.
graphiqueFigure 2 – Variations brutes dans les services marchands en Nouvelle-Aquitaine et prévisions

- Source : Banque de France – Enquête régionale de bilan et perspectives.
L’hébergement, y compris de plein air, continue de bénéficier du rebond d’activité post-Covid avec une hausse de la fréquentation et le retour des touristes étrangers. Les chiffres d'affaires des segments de programmation et conseils informatiques, comme ceux des prestataires d’ingénierie, progressent bien que freinés par le déficit de profils adaptés lors des recrutements.
À l’opposé, le transport routier de marchandises fait face depuis le second semestre à un repli de son chiffre d'affaires, avec une baisse des volumes transportés sous l’effet d’une moindre consommation des ménages. De même, le travail temporaire subit un recul de la demande, corollaire du ralentissement de l’activité régionale. Le renforcement des effectifs permanents paraît globalement privilégié dans les services marchands. Dans un contexte d'inflation, des revalorisations salariales s’opèrent et contribuent à une dégradation de la rentabilité.
Dans le bâtiment, la production ralentit et les carnets de commandes se vident
Comme attendu, en 2023, la hausse de la production dans le bâtiment bénéficie des revalorisations des facturations, mais masque l’amorce d’une contraction de l’activité (figure 3). Le repli des commandes de logements neufs constaté depuis début 2022 affecte les mises en chantiers. L’amélioration de logements anciens ainsi que les marchés publics non résidentiels résistent mieux. Les difficultés d’approvisionnement s’estompent significativement et les effectifs progressent quelque peu.
tableauFigure 3 – Évolution de la production (1) du BTP en Nouvelle-Aquitaine et perspectives
Activité | 2023/2022 | Prévisions 2024/2023 |
---|---|---|
Ensemble du BTP | 1,4 | -2,0 |
Gros œuvre | 1,9 | -5,8 |
Second œuvre | 1,4 | -0,2 |
Travaux publics | 0,8 | -0,1 |
- (1) la production est mesurée par le chiffre d’affaires + la production stockée
- Source : Banque de France – Enquête régionale de bilan et perspectives.
graphiqueFigure 3 – Évolution de la production (1) du BTP en Nouvelle-Aquitaine et perspectives

- (1) la production est mesurée par le chiffre d’affaires + la production stockée
- Source : Banque de France – Enquête régionale de bilan et perspectives.
Globalement, le crédit ralentit
Fin décembre 2023, la croissance de l'encours de crédit bancaire des entreprises diminue en Nouvelle-Aquitaine (figure 4).
tableauFigure 4 – Variation, en glissement annuel, des encours de crédits mobilisés
Territoire | France | Nouvelle-Aquitaine |
---|---|---|
déc.-22 | 8,6 | 10,3 |
janv.-23 | 7,9 | 10,7 |
févr.-23 | 8,0 | 8,8 |
mars-23 | 7,6 | 8,2 |
avr.-23 | 6,9 | 8,2 |
mai-23 | 6,1 | 7,8 |
juin-23 | 5,3 | 7,2 |
juil.-23 | 4,7 | 6,8 |
août-23 | 3,2 | 6,2 |
sept.-23 | 2,8 | 4,7 |
oct.-23 | 1,8 | 3,9 |
nov.-23 | 2,1 | 4,0 |
déc.-23 | 1,9 | 3,4 |
- Source : Banque de France.
graphiqueFigure 4 – Variation, en glissement annuel, des encours de crédits mobilisés

- Source : Banque de France.
Une dynamique encore favorable perdure pour les grandes entreprises et essentiellement pour le crédit d'investissement alors qu’elle s’inverse pour les petites entreprises. Par secteur, la croissance reste portée par l’activité immobilière.
Les financements d’investissements en Nouvelle-Aquitaine constituent 91 % de l’encours mobilisé global ; ils progressent de 3,3 % en un an (figure 5). Cette tendance se retrouve également au plan national. Les crédits d’exploitation augmentent de nouveau dans la région après la phase de remboursement immédiat ou d’étalement sur cinq voire six ans des prêts garantis par l'État (PGE), initialement comptabilisés en crédit court terme.
tableauFigure 5 – Crédits d’investissement et d’exploitation aux entreprises en Nouvelle-Aquitaine
Date | Crédits d'investissements | Crédits d'exploitation |
---|---|---|
janvier 2016 | 47 565 | 10 033 |
février 2016 | 47 710 | 10 209 |
mars 2016 | 47 908 | 10 327 |
avril 2016 | 48 211 | 10 207 |
mai 2016 | 48 338 | 10 104 |
juin 2016 | 48 744 | 10 139 |
juillet 2016 | 48 763 | 10 289 |
août 2016 | 48 895 | 10 095 |
septembre 2016 | 49 029 | 10 194 |
octobre 2016 | 49 190 | 10 139 |
novembre 2016 | 49 424 | 10 150 |
décembre 2016 | 49 653 | 10 079 |
janvier 2017 | 49 964 | 9 933 |
février 2017 | 50 146 | 9 885 |
mars 2017 | 50 700 | 10 099 |
avril 2017 | 50 550 | 10 031 |
mai 2017 | 51 268 | 9 817 |
juin 2017 | 51 356 | 9 984 |
juillet 2017 | 52 029 | 10 173 |
août 2017 | 51 914 | 9 853 |
septembre 2017 | 52 270 | 9 899 |
octobre 2017 | 52 508 | 10 089 |
novembre 2017 | 52 700 | 10 393 |
décembre 2017 | 53 421 | 10 544 |
janvier 2018 | 53 700 | 10 146 |
février 2018 | 53 546 | 10 305 |
mars 2018 | 54 362 | 10 507 |
avril 2018 | 54 022 | 10 562 |
mai 2018 | 54 163 | 10 459 |
juin 2018 | 54 659 | 10 605 |
juillet 2018 | 55 574 | 10 623 |
août 2018 | 55 518 | 10 399 |
septembre 2018 | 55 858 | 10 585 |
octobre 2018 | 56 128 | 10 654 |
novembre 2018 | 56 549 | 10 802 |
décembre 2018 | 57 385 | 10 748 |
janvier 2019 | 57 558 | 10 614 |
février 2019 | 57 486 | 10 645 |
mars 2019 | 57 894 | 10 820 |
avril 2019 | 58 109 | 10 753 |
mai 2019 | 58 420 | 10 671 |
juin 2019 | 58 709 | 10 837 |
juillet 2019 | 59 417 | 10 823 |
août 2019 | 59 404 | 10 652 |
septembre 2019 | 59 691 | 10 808 |
octobre 2019 | 60 108 | 10 933 |
novembre 2019 | 60 569 | 11 125 |
décembre 2019 | 61 075 | 11 018 |
janvier 2020 | 61 532 | 10 937 |
février 2020 | 61 803 | 10 938 |
mars 2020 | 62 543 | 11 091 |
avril 2020 | 63 343 | 12 834 |
mai 2020 | 63 529 | 14 545 |
juin 2020 | 63 790 | 15 664 |
juillet 2020 | 64 129 | 16 227 |
août 2020 | 64 352 | 16 267 |
septembre 2020 | 64 388 | 16 538 |
octobre 2020 | 63 699 | 16 938 |
novembre 2020 | 64 105 | 17 031 |
décembre 2020 | 64 436 | 17 267 |
janvier 2021 | 64 528 | 16 960 |
février 2021 | 64 734 | 17 030 |
mars 2021 | 66 672 | 16 756 |
avril 2021 | 68 210 | 15 048 |
mai 2021 | 69 626 | 13 585 |
juin 2021 | 70 363 | 13 393 |
juillet 2021 | 71 507 | 12 851 |
août 2021 | 71 736 | 12 620 |
septembre 2021 | 71 899 | 12 947 |
octobre 2021 | 72 797 | 12 633 |
novembre 2021 | 73 965 | 12 422 |
décembre 2021 | 73 646 | 12 267 |
janvier 2022 | 74 160 | 11 701 |
février 2022 | 76 376 | 11 515 |
mars 2022 | 77 168 | 11 776 |
avril 2022 | 78 275 | 11 003 |
mai 2022 | 79 961 | 10 056 |
juin 2022 | 82 092 | 8 657 |
juillet 2022 | 82 770 | 8 723 |
août 2022 | 83 671 | 8 257 |
septembre 2022 | 85 433 | 7 913 |
octobre 2022 | 86 118 | 8 061 |
novembre 2022 | 86 309 | 7 903 |
décembre 2022 | 86 634 | 8 154 |
janvier 2023 | 86 688 | 8 386 |
février 2023 | 86 558 | 9 041 |
mars 2023 | 87 282 | 8 986 |
avril 2023 | 87 536 | 9 056 |
mai 2023 | 87 900 | 9 105 |
juin 2023 | 88 365 | 8 902 |
juillet 2023 | 88 730 | 8 985 |
août 2023 | 88 915 | 8 754 |
septembre 2023 | 88 952 | 8 825 |
octobre 2023 | 89 008 | 8 866 |
novembre 2023 | 89 102 | 8 886 |
décembre 2023 | 89 497 | 8 558 |
- Source : Banque de France.
graphiqueFigure 5 – Crédits d’investissement et d’exploitation aux entreprises en Nouvelle-Aquitaine

- Source : Banque de France.
Le montant des crédits nouveaux à l’habitat accordés aux ménages en 2023 diminue de 53 % en un an. Comme pour la construction neuve, les crédits pour l’acquisition de l’ancien et pour les travaux d’amélioration s’inscrivent en repli (figure 6).
tableauFigure 6 – Montants trimestriels des crédits nouveaux à l’habitat selon l’utilisation en Nouvelle-Aquitaine
Date | Construction neuve | Acquisition ancien et amélioration | Amélioration et gros entretien |
---|---|---|---|
Déc 2020 | 1 102 279 | 4 046 507 | 447 206 |
Mars 2021 | 840 585 | 3 164 370 | 413 197 |
Juin 2021 | 873 291 | 3 869 677 | 420 015 |
Sept 2021 | 862 573 | 4 187 090 | 386 028 |
Déc 2021 | 936 199 | 3 114 866 | 403 531 |
Mars 2022 | 792 268 | 3 014 198 | 383 326 |
Juin 2022 | 902 779 | 3 595 752 | 431 500 |
Sept 2022 | 811 930 | 3 994 037 | 393 727 |
Déc 2022 | 905 877 | 3 201 992 | 513 796 |
Mars 2023 | 582 727 | 2 530 173 | 406 122 |
Juin 2023 | 495 464 | 2 182 377 | 288 944 |
Sept 2023 | 488 888 | 2 291 147 | 104 214 |
Déc 2023 | 493 868 | 1 591 074 | 89 271 |
- Source : Banque de France.
graphiqueFigure 6 – Montants trimestriels des crédits nouveaux à l’habitat selon l’utilisation en Nouvelle-Aquitaine

- Source : Banque de France.