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Insee Analyses Pays de la Loire · Mars 2024 · n° 124
Insee Analyses Pays de la LoireMétiers, diplômes, mariages : les spécificités régionales s’atténuent au détriment de la fécondité Fécondité dans les Pays de la Loire

Youna Marchand (Master 1 Démographie – Université de Strasbourg), Amandine Rodrigues (Insee)

Dans les Pays de la Loire, le niveau de fécondité diminue depuis 2013 et converge vers la moyenne nationale. La plus grande concentration du nombre de femmes en âge de faire des enfants en Loire-Atlantique, département le moins fécond de la région, contribue à cette moindre fécondité régionale. Conséquence directe de la baisse de la fécondité, la part des familles de trois enfants ou plus diminue et rejoint la moyenne nationale. Par ailleurs, les spécificités sociodémographiques des Ligériennes s’atténuent, au détriment de la fécondité : plus diplômées et plus actives, elles se marient moins qu’auparavant et ont des enfants plus tard.

Insee Analyses Pays de la Loire
No 124
Paru le :Paru le14/03/2024

La baisse de la fécondité, un enjeu pour l’avenir du territoire

Dans les Pays de la Loire, territoire situé dans ce qui a longtemps été appelé le « croissant fertile » [Aerts A.-T., 2013 ; pour en savoir plus (6)], la fécondité s’est souvent démarquée des autres régions. Pourtant, depuis une dizaine d’années, elle baisse, comme celle de la France métropolitaine.

Le niveau de fécondité est l’un des facteurs impactant la composition, la taille et l’accroissement d’une population. La baisse de la fécondité a ainsi des conséquences à tous les niveaux de la pyramide des âges. Moins de naissances se traduit à court terme par un vieillissement de la population et, à moyen terme, par un possible manque de main d’oeuvre. Ainsi, l’évolution démographique d’un territoire peut avoir des répercussions sur ses perspectives économiques, le financement du système de protection sociale et de santé, les besoins en logements et en infrastructures. Dès lors, la baisse de la fécondité et son inscription dans la durée deviennent des enjeux déterminants pour le territoire.

La fécondité régionale baisse et converge vers le niveau national

Depuis 2013, la baisse de la fécondité, mesurée par l’, est plus marquée dans les Pays de la Loire. Le niveau de fécondité de la région converge vers celui de la France métropolitaine. L’indicateur conjoncturel de fécondité de la région passe de 2,28 enfants par femme en 1975 à 1,68 en 2023, contre respectivement 1,93 à 1,64 enfant par femme en France métropolitaine (figure 1). La baisse est plus ou moins marquée selon les départements. La fécondité du Maine-et-Loire (1,71) et de la Vendée (1,65) convergent vers la moyenne nationale. En Loire-Atlantique (1,60), elle devient même inférieure à la moyenne nationale. L’écart reste important dans la Sarthe avec 1,79 enfant par femme. Avec 1,95 enfant par femme en 2023, la Mayenne se démarque : département le plus fécond de la région, il se positionne au 4e rang français, derrière trois départements franciliens.

Figure 1Évolution de l’indice conjoncturel de fécondité dans les Pays de la Loire et en France métropolitaine, entre 1975 et 2023

(nombre moyen d’enfant par femme)
Évolution de l’indice conjoncturel de fécondité dans les Pays de la Loire et en France métropolitaine, entre 1975 et 2023 ((nombre moyen d’enfant par femme))
Année Pays de la Loire France Métropolitaine
1975 2,28 1,93
1976 2,14 1,83
1977 2,12 1,86
1978 2,08 1,82
1979 2,10 1,85
1980 2,19 1,94
1981 2,17 1,94
1982 2,09 1,91
1983 1,91 1,78
1984 1,93 1,80
1985 1,92 1,81
1986 1,90 1,83
1987 1,87 1,80
1988 1,86 1,80
1989 1,82 1,78
1990 1,82 1,77
1991 1,80 1,77
1992 1,77 1,73
1993 1,69 1,66
1994 1,70 1,66
1995 1,77 1,71
1996 1,80 1,73
1997 1,80 1,73
1998 1,82 1,76
1999 1,86 1,79
2000 2,01 1,87
2001 1,98 1,88
2002 1,98 1,86
2003 2,00 1,87
2004 2,03 1,90
2005 2,06 1,92
2006 2,12 1,98
2007 2,09 1,96
2008 2,11 1,99
2009 2,11 1,99
2010 2,13 2,02
2011 2,10 2,00
2012 2,09 1,99
2013 2,07 1,97
2014 2,03 1,97
2015 1,96 1,93
2016 1,91 1,89
2017 1,88 1,86
2018 1,86 1,84
2019 1,85 1,83
2020 1,82 1,78
2021 1,87 1,79
2022 1,81 1,76
2023 (p) 1,68 1,64
  • (p) résultats provisoires.
  • Source : Insee, État civil, estimations de population.

Figure 1Évolution de l’indice conjoncturel de fécondité dans les Pays de la Loire et en France métropolitaine, entre 1975 et 2023

  • (p) résultats provisoires.
  • Source : Insee, État civil, estimations de population.

La fécondité avait déjà connu une période de diminution dans les 1980. À cette période, l’indicateur conjoncturel de fécondité baisse durablement en raison d’un décalage de l’âge à la maternité : la fécondité des femmes de moins de 30 ans baisse, alors que celle des plus de 30 ans augmente. Mais, dans un premier temps, la baisse de la fécondité des moins de 30 ans est plus rapide que l’augmentation de celle des plus de 30 ans. Par la suite, la fécondité après 30 ans augmente plus fortement : cela conduit, dans les années 1990, à relever l’indicateur conjoncturel de fécondité.

En 1975, la fécondité des cinq départements de la région était nettement supérieure à celle de la France métropolitaine. Le Maine-et-Loire, la Mayenne et la Vendée occupent alors le podium des départements de France métropolitaine pour leur indice conjoncturel de fécondité. La Sarthe se classe en 11e position et la Loire-Atlantique est 15e. Puis, lors de la reprise de la fécondité au milieu des années 1990, la situation se différencie. En Loire-Atlantique notamment, la fécondité reste plus proche de la moyenne nationale qu’auparavant. La Mayenne tire son épingle du jeu et devient de manière durable le département le plus fécond de la région et jusqu’en 2012 l’un des trois départements les plus féconds de France.

À tous les âges, une convergence de la fécondité vers le niveau national

Le pic de fécondité correspond au moment de la vie où la fécondité est la plus élevée : il intervient plus tardivement qu’auparavant dans les Pays de la Loire, à 30 ans en 2023 (contre 23 ans en 1975), comme en France métropolitaine (31 ans en 2023 contre 25 ans en 1975) (figure 2). Ce décalage légèrement plus marqué contribue à la convergence de la fécondité régionale vers la moyenne nationale. L’âge moyen à la maternité ne cesse d’augmenter sous l’effet du recul de l’âge à l’entrée dans la parentalité. Ce décalage s’explique en partie du fait de la massification des études, de l’allongement de leur durée, des difficultés d’insertion professionnelle des jeunes, des mises en couple plus tardives et des progrès médicaux qui permettent, par exemple, d’avoir des enfants plus tardivement.

Figure 2Taux de fécondité selon l’âge de la mère en 1975 et 2023, dans les Pays de la Loire et en France métropolitaine

(nombre de naissances pour 100 femmes)
Taux de fécondité selon l’âge de la mère en 1975 et 2023, dans les Pays de la Loire et en France métropolitaine ((nombre de naissances pour 100 femmes))
Âge Pays de la Loire 2023 France métropolitaine 2023 Pays de la Loire 1975 France métropolitaine 1975
14 ans 0,02 0,00 0,02 0,01
15 ans 0,02 0,02 0,07 0,11
16 ans 0,09 0,10 0,48 0,53
17 ans 0,21 0,23 1,39 1,62
18 ans 0,45 0,44 3,69 3,68
19 ans 0,93 0,94 7,74 6,73
20 ans 1,62 1,58 11,32 9,49
21 ans 2,37 2,35 14,60 11,62
22 ans 3,46 3,15 17,06 13,33
23 ans 4,22 3,96 18,39 14,48
24 ans 5,83 5,25 18,24 14,86
25 ans 7,22 6,47 17,49 14,91
26 ans 9,09 7,90 16,85 14,06
27 ans 10,44 9,15 15,20 12,90
28 ans 11,16 10,39 13,27 11,59
29 ans 12,01 11,10 11,75 10,11
30 ans 13,85 11,96 10,24 8,86
31 ans 13,47 12,10 8,73 7,64
32 ans 12,88 11,74 7,15 6,50
33 ans 11,11 11,14 5,88 5,60
34 ans 10,26 10,35 5,57 4,88
35 ans 8,49 9,17 4,84 4,16
36 ans 7,17 8,00 4,14 3,45
37 ans 5,76 6,61 3,40 2,87
38 ans 4,69 5,40 2,59 2,34
39 ans 3,47 4,45 2,28 1,89
40 ans 2,92 3,37 1,88 1,50
41 ans 1,73 2,38 1,25 1,04
42 ans 1,29 1,69 0,91 0,78
43 ans 0,70 1,08 0,63 0,53
44 ans 0,45 0,63 0,28 0,32
45 ans 0,21 0,38 0,19 0,18
46 ans 0,12 0,20 0,15 0,09
47 ans 0,08 0,10 0,04 0,04
48 ans 0,04 0,05 0,02 0,02
49 ans 0,08 0,06 0,02 0,02
  • Source : Insee, État civil, estimations de population.

Figure 2Taux de fécondité selon l’âge de la mère en 1975 et 2023, dans les Pays de la Loire et en France métropolitaine

  • Source : Insee, État civil, estimations de population.

En outre, le pic du taux de fécondité par âge s’atténue et traduit une baisse du nombre d’enfants par femme. En 2023, le pic de fécondité atteint 13,9 naissances pour 100 Ligériennes contre 12,1 pour 100 Françaises. En 1975, dans les Pays de la Loire, le maximum était de 18,4 naissances pour 100 femmes contre une moyenne de 14,9 naissances pour 100 femmes en France métropolitaine. L’écart s’est ainsi réduit de 2 points en un demi-siècle entre la région et la France métropolitaine.

Cette convergence s’opère à tous les âges féconds. En 2023, les Ligériennes de moins de 35 ans font globalement plus d’enfants que la moyenne nationale. À partir de 35 ans, elles font moins d’enfants que les femmes du même âge en France métropolitaine. A contrario, en 1975, quel que soit leur âge les Ligériennes donnent plus souvent naissance à un enfant que la moyenne nationale.

Concentration des femmes en âge de procréer en Loire-Atlantique

La natalité est intrinsèquement liée au nombre de femmes en , c’est-à-dire les femmes âgées de 15 à 49 ans. L’évolution par département de la répartition des femmes en âge de procréer suit celle de la population. Ainsi, en 2020, les femmes de 15 à 49 ans, à l’instar de la population dans son ensemble, se concentrent de plus en plus en Loire-Atlantique : 39 % contre 35 % en 1975.

À l’opposé, le poids démographique des départements les plus féconds de la région diminue. En 2020, 8 % des femmes de 15 à 49 ans de la région vivent en Mayenne et 15 % vivent dans la Sarthe, contre respectivement 9 % et 18 % en 1975. Par conséquent, la fécondité basse de la Loire-Atlantique a davantage d’influence qu’auparavant sur la fécondité globale de la région quand, dans le même temps, la fécondité haute de la Mayenne et de la Sarthe en a de moins en moins.

Moins de familles nombreuses : les Pays de la Loire s’alignent sur la tendance nationale

La baisse de la fécondité se traduit également par une diminution de la part de familles nombreuses (figure 3). Entre 1975 et 2020, la part de Ligériennes de 15 à 49 ans avec au moins trois enfants au foyer est quasiment divisée par deux. Cette baisse est moins marquée au niveau national. En 1975, les Pays de la Loire se distinguent par une plus grande part de femmes de 15 à 49 ans vivant avec au moins trois enfants (28 % contre 21 % au niveau national). En 2020, cette spécificité régionale s’efface (15 % contre 14 %).

Figure 3Répartition des femmes de 15 à 49 ans en fonction du nombre d’enfants avec lesquels elles vivent

(en %)
Répartition des femmes de 15 à 49 ans en fonction du nombre d’enfants avec lesquels elles vivent ((en %))
Statut Pays de la Loire 2020 France métropolitaine 2020 Pays de la Loire 1975 France métropolitaine 1975
Mère d'au moins trois enfants 15 14 28 21
Mère de deux enfants 31 28 24 24
Mère d'un enfant 20 23 23 26
Femme vivant sans enfant 34 35 25 29
  • Champ : Femmes de 15 à 49 ans vivant en ménage ordinaire (et qui n’ont pas le statut d’enfant de la famille).
  • Source : Insee, recensements de la population (RP) 1975 et 2020.

Figure 3Répartition des femmes de 15 à 49 ans en fonction du nombre d’enfants avec lesquels elles vivent

  • Champ : Femmes de 15 à 49 ans vivant en ménage ordinaire (et qui n’ont pas le statut d’enfant de la famille).
  • Source : Insee, recensements de la population (RP) 1975 et 2020.

Nouvelle particularité en 2020, la région se distingue de la moyenne nationale par une plus forte proportion de femmes en âge de procréer vivant avec deux enfants : 31 % (contre 28 %). A contrario, en 2020 comme en 1975, les femmes de 15 à 49 ans vivant sans enfant ou avec un seul enfant sont sous-représentées dans la région.

Pour comprendre les mécanismes à l’oeuvre dans cette baisse de la fécondité, les caractéristiques sociodémographiques des mères vivant avec au moins trois enfants plutôt que deux sont analysées. Le champ de l’étude est restreint aux mères de 40 à 44 ans : il permet ainsi de s’approcher au plus près du concept de , tout en limitant le nombre d’enfants ayant quitté le foyer parental pour prendre leur autonomie (Pour comprendre).

Un facteur décisif pour les mères : concilier vie professionnelle et vie familiale

Le niveau d’activité professionnelle des femmes est le premier facteur déterminant dans le fait d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux. En effet, les femmes de 40 à 44 ans sans activité professionnelle ont une probabilité supérieure de 18 points d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux par rapport aux femmes travaillant à temps plein, à autres caractéristiques identiques (figure 4).

Figure 4Différence dans la probabilité d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux selon certaines caractéristiques de la mère en 2020

(en %)
Différence dans la probabilité d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux selon certaines caractéristiques de la mère en 2020 ((en %)) - Lecture : En 2020, une mère agricultrice a, à autres caractéristiques identiques, une probabilité supérieure de neuf points d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux, par rapport à une mère employée.
Variable Modalités Effet marginal moyen
Niveau d’activité Inactive 18
Au chômage 14
Temps partiel 9
Temps plein Réf.
Catégorie sociale Agricultrice 9
Autre sans activité professionnelle 7
Ouvrière 2
Employée Réf.
Artisane,commerçante,cheffe d'entreprise -2
Profession intermédiaire -3
Cadre, profession intellectuelle supérieure -5
Diplôme Sans diplôme 10
CAP, BEP ou équivalent 5
Bac Réf.
Bac+3 ou plus -2
Bac+2 -4
Statut conjugal Mariée Réf.
Veuve -6
Divorcée -7
Union libre -7
Célibataire -11
Pacsée -12
Région de résidence Pays de la Loire Réf.
Bretagne n.s
Hauts-de-France n.s
Île-de-France -2
Normandie -3
Centre-Val de Loire -4
Auvergne-Rhône-Alpes -4
Bourgogne-Franche-Comté -5
Grand Est -6
Occitanie -9
Nouvelle-Aquitaine -9
Provence-Alpes-Côte d Azur -9
Corse -17
Lieu de naissance Hors France métropolitaine 12
Hors région de résidence actuelle en métropole 3
Dans un autre département de la région de résidence actuelle 1
Dans le département de résidence actuelle Réf.
Nationalité Française 5
Étrangère Réf.
Type de commune de résidence selon la grille de densité Urbain 3
Rural Réf.
  • n.s : Écart non significatif avec la valeur de référence.
  • Réf. : Modalité de référence.
  • Lecture : En 2020, une mère agricultrice a, à autres caractéristiques identiques, une probabilité supérieure de neuf points d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux, par rapport à une mère employée.
  • Champ : Femmes de 40 à 44 ans, vivant en France métropolitaine dans un ménage ordinaire.
  • Source : Insee, RP 2020 exploitation complémentaire.

La part des Ligériennes de 15 à 49 ans exerçant une activité passe de 55 % en 1975 à 79 % en 2020. Les femmes occupent donc de plus en plus une activité professionnelle et elles doivent davantage qu’en 1975 concilier vie professionnelle et vie familiale. Et ce, d’autant plus que le partage des tâches domestiques ou du temps à s’occuper des enfants entre les femmes et les hommes restent inégaux. Au printemps 2020, la fermeture des écoles, des crèches et le confinement ont révélé cette répartition encore fortement inégalitaire au sein des couples [Delhomme, 2022 ; pour en savoir plus (1)].

Ainsi, les familles nombreuses sont plus fréquentes chez les femmes travaillant à temps partiel que chez celles travaillant à temps plein. La probabilité d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux augmente de 9 points lorsque la mère travaille à temps partiel plutôt qu’à temps plein, à autres caractéristiques égales. Dans les Pays de la Loire, les femmes de 15 à 49 ans sont plus fréquemment en activité qu’au niveau national mais elles sont aussi plus souvent à temps partiel (21 % contre 17 % en 2020). Les Pays de la Loire se distinguent d’ailleurs par le plus fort taux de temps partiel féminin de France métropolitaine. Au même titre que le temps partiel, les facilités d’accès aux modes de garde peuvent contribuer à permettre aux Ligériennes d’avoir des enfants tout en travaillant. La région dispose d’une offre de garde abondante, favorable à la conciliation de la vie familiale avec la vie professionnelle [Bourieau, 2017 ; pour en savoir plus (4)].

L’évolution des métiers féminins joue sur la fécondité

L’évolution des métiers occupés par les femmes est également un facteur déterminant de la fécondité. D’abord, en 2020, les femmes de 15 à 49 ans sont moins fréquemment agricultrices qu’auparavant : moins de 1 % dans la région comme en France métropolitaine. En 1975, 9 % des Ligériennes sont agricultrices contre 3 % en France métropolitaine. Or les familles nombreuses sont plus fréquentes chez les mères de 40 à 44 ans agricultrices : leur probabilité d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux, est supérieure de 9 points à celle des femmes employées, à autres caractéristiques identiques. Ce rapprochement à la moyenne nationale de la part d’agricultrices dans la région, contribue à la convergence des comportements de fécondité.

D’autre part, les femmes sont plus souvent cadres. En effet, entre 1975 et 2020, leur part passe de 2 à 11 % dans les Pays de la Loire et de 3 à 14 % en France métropolitaine. Les femmes occupent plus fréquemment des professions intermédiaires que par le passé : 27 % dans les Pays de la Loire en 2020, contre 9 % en 1975. L’évolution est similaire en France métropolitaine. Ces évolutions impactent la fécondité à la baisse puisque les familles nombreuses sont moins fréquentes parmi les cadres et les professions intermédiaires. Elles ont respectivement une probabilité inférieure de 5 points et de 3 points à celle des mères employées, d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux.

L’allongement des études oriente la fécondité à la baisse

Le niveau de diplôme des femmes influence également la taille des familles. Depuis 1975, les femmes en âge de procréer sont de plus en plus diplômées dans les Pays de la Loire comme en France. La durée des études s’allonge et retarde l’âge au premier enfant. La probabilité d’avoir une famille nombreuse diminue ainsi avec le niveau de diplôme.

Dans les Pays de la Loire, la part de femmes de 15 à 49 ans sans diplôme passe de 72 % en 1975 à 9 % en 2020, contre respectivement 69 % et 12 % en France métropolitaine. Ainsi, la part de Ligériennes en âge de procréer et sans diplôme est désormais plus faible que la moyenne nationale. Cette évolution contribue à une baisse plus marquée de la fécondité régionale. En effet, avoir une famille nombreuse est plus fréquent pour les mères de 40 à 44 ans sans diplôme que pour celles diplômées du baccalauréat. Leur probabilité d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux, est supérieure de 10 points à celle des mères diplômées d’un baccalauréat, à autres caractéristiques identiques.

Dans les Pays de la Loire, la part des femmes diplômées du supérieur augmente fortement (de 5 % en 1975 à 48 % en 2020) ainsi que, dans une moindre mesure, celle des bachelières (de 7 % à 25 %). Or, les femmes diplômées du supérieur fondent moins souvent une famille nombreuse. Ainsi, les Ligériennes se rapprochent de la moyenne nationale concernant les diplômées du supérieur et la dépasse pour les bachelières, alors qu’elles étaient moins diplômées que la moyenne nationale en 1975. Cette évolution oriente la fécondité à la baisse dans la région et contribue à sa convergence avec la moyenne nationale.

La proportion de mères diplômées d’un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ou d’un brevet d’études professionnelles (BEP) est restée relativement stable au cours de ces 45 dernières années. Dans les Pays de la Loire, elles sont plus présentes qu’en France métropolitaine et cette spécificité s’est légèrement renforcée en raison de la forte composante industrielle et de la moindre désindustrialisation du tissu productif ligérien. Les mères diplômées d’un CAP ou d’un BEP ont une probabilité d’avoir trois enfants ou plus plutôt que deux, supérieure de 5 points à celle des mères diplômées d’un baccalauréat, à autres caractéristiques identiques.

Baisse des mariages et de la fécondité vont de pair

Le statut conjugal des mères est déterminant pour le passage de deux à trois enfants ou plus. Les familles nombreuses sont plus fréquentes parmi les mères de 40 à 44 ans mariées. Le fait d’être mariée augmente la probabilité d’avoir trois enfants plutôt que deux, de 12 points par rapport aux femmes pacsées, de 11 points par rapport aux femmes célibataires, de 7 points par rapport aux femmes en union libre ou divorcées et de 6 points par rapport aux femmes veuves.

Dans les Pays de la Loire comme en France métropolitaine, le mariage est deux fois moins fréquent en 2020 qu’il ne l’était en 1975. Le recul du mariage est un facteur explicatif supplémentaire de la baisse de la fécondité. Si en 1975, la part de femmes mariées de 15 à 49 ans était supérieure de 2 points dans la région par rapport à la France métropolitaine, ce n’est plus le cas en 2020. Depuis 2009, la fréquence du mariage dans les Pays de la Loire diminue et atteint le même niveau que la moyenne nationale en 2020 : 38 % des femmes de 15 à 49 ans sont mariées. Cette convergence est un autre élément explicatif du rapprochement de la fécondité régionale vers le niveau national.

Vivre ou naître dans les Pays de la Loire, un impact différencié sur la fécondité

La région de résidence joue un rôle sur le niveau de fécondité. La probabilité d’avoir trois enfants plutôt que deux, est plus forte pour les femmes de 40 à 44 ans vivant dans les Pays de la Loire, par rapport à celles vivant ailleurs en France métropolitaine. Cet effet favorable de la région peut trouver une partie de son explication dans d’autres caractéristiques non étudiées ici comme les modes de garde, l’activité professionnelle et le niveau de diplôme des pères, les caractéristiques des logements, etc.

Le lieu de naissance de la mère est également un facteur déterminant dans le fait d’avoir trois enfants plutôt que deux. Les familles nombreuses sont moins fréquentes parmi les mères de 40 à 44 ans résidant dans leur département de naissance. À l’inverse, les familles nombreuses sont plus fréquentes parmi les mères de 40 à 44 ans nées dans les DOM ou à l’étranger (+12 points par rapport à celles résidant dans leur département de naissance). Pour celles résidant dans une région métropolitaine différente de leur région natale, cette probabilité est supérieure de 3 points. L’attractivité démographique de la région se limite à la France métropolitaine. Ainsi, les Ligériennes sont plus souvent nées dans une autre région de France métropolitaine : 32 % contre 26 % pour la moyenne nationale. Toutefois, elles sont moins souvent nées dans les DOM ou à l’étranger : 9 % contre 17 % pour la moyenne nationale. Cette moindre prépondérance de Ligériennes nées dans les DOM ou à l'étranger oriente la fécondité de la région à la baisse.

Publication rédigée par :Youna Marchand (Master 1 Démographie – Université de Strasbourg), Amandine Rodrigues (Insee)

Pour comprendre

Cette étude part du constat que les naissances de rang 3 et au-delà sont celles le plus impactées par la baisse de la fécondité. Une régression logistique, mobilisant les résultats du recensement de 1975 et de 2020, a été mise en oeuvre. La variable à expliquer « avoir trois enfants plutôt que deux » est construite à partir de la variable « type de famille ». Cette variable s’appuie sur les enfants déclarés au foyer. Le champ se borne aux femmes de 40 à 44 ans vivant dans un ménage ordinaire en France métropolitaine. Cette limitation du champ permet, d’une part, d’approcher au plus près le concept de descendance finale des femmes et d’autre part, de limiter le nombre de femmes dont les aînés ont quitté le foyer parental pour prendre leur autonomie. Les variables explicatives sont l’activité professionnelle, la catégorie sociale, le niveau de diplôme, le statut conjugal, le lieu de naissance, la nationalité, la région de résidence et son niveau de densité. D’autres facteurs, non étudiés ici, peuvent jouer un rôle dans le niveau de fécondité : la facilité d’accès à un mode de garde, les caractéristiques du père, les situations de crise (économique, sanitaire, environnementale, géopolitique), etc. Les résultats présentés ici ne permettent pas d'établir des liens de causalité.

Définitions

L’indicateur conjoncturel de fécondité mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l’année considérée pour chaque âge demeuraient inchangés. Indicateur théorique, il sert uniquement à caractériser de façon synthétique la situation démographique au cours d’une année donnée.

Le taux de fécondité à un âge donné mesure le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge. Par extension, le taux de fécondité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année sur l’ensemble des femmes en âge de procréer cette l’année. À la différence de l’indicateur conjoncturel de fécondité, son évolution dépend en partie de l’évolution de la structure par âge des femmes en âge de procréer.

Les femmes en âge de procréer sont les femmes âgées de 15 à 49 ans, pour des raisons physiologiques.

La descendance finale est le nombre moyen d’enfants des femmes appartenant à une même génération lorsqu’elles parviennent en fin de vie féconde, en ne tenant pas compte de leur mortalité. C’est la somme des taux de fécondité par âge d’une génération.

Pour en savoir plus

(1) Delhomme I. et al., « Premier confinement et égalité femmes-hommes : une articulation des temps de vie plus difficile pour les femmes », Insee Analyses Pays de la Loire no 103, mars 2022.

(2) Marynissen L., « Ouvrir dans un nouvel ongletPrêts pour un premier enfant ? Le rôle des positions relatives de l’emploi des conjoints sur l’entrée en parentalité en France », in Population Volume 77, no 3, pp.411-437, 2022.

(3) Breton D. et al., « Ouvrir dans un nouvel ongletL’évolution démographique récente en France : situation et comportements des mineurs », in Population Volume 75, no 4, 2020, pp.488-498, 2020.

(4) Bourieau P., Goin A., « Garde d’enfants : une offre abondante portée par les assistantes maternelles », Insee Flash Pays de la Loire no 81, mars 2018.

(5) Brée S., « Ouvrir dans un nouvel ongletÉvolution de la taille des familles au fil des générations en France (1850-1966) », in Population Volume 72, no 2, pp.309-342, 2017.

(6) Aerts A.-T., « La fécondité dans les régions depuis les années 1960 », Insee Première no 1430, janvier 2013.