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Insee Flash Guyane · Mars 2024 · n° 185
Insee Flash GuyaneEn Guyane, près de neuf entreprises sur dix créées par des femmes en 2018 sont encore actives trois ans après leur création

Gwenaëlle Taupe, Maurice Bilionière (Insee)

En Guyane, trois ans après leur création, 86 % des entreprises créées par des femmes au premier semestre 2018, hors régime du micro-entrepreneur, sont encore actives. Le statut de l’entreprise, l’expérience de la créatrice et l’entourage entrepreneurial sont des facteurs favorables à la pérennité de l’entreprise. À l’inverse, la formation et l’âge au moment de la création influence peu la pérennité. Le développement de ces jeunes entreprises dépend du niveau des investissements et des actions commerciales menées.

En 2021, trois ans après la création de leur entreprise, plus de 150 emplois salariés ont été générées par les entrepreneures et 47 % d’entre elles ont pour objectif d’accroître leur niveau d’activité. Toutefois, face à la crise du Covid-19, 64 % des entreprises créées par des femmes ont connu des difficultés financières et 60 % ont eu recours à l’un des dispositifs d’aide mis en place.

Insee Flash Guyane
No 185
Paru le :Paru le08/03/2024

En 2021, 86 % des entreprises créées par des femmes trois ans auparavant sont encore actives

En 2018, 1 234 entreprises ont été créées en Guyane dans le secteur marchand non agricole, hors régime du micro-entrepreneur, dont 435 au premier semestre. Parmi ces dernières, 32 % l’ont été par des femmes, proportion stable par rapport à 2014. Le domaine d’activité choisi est très concentré. Ainsi, deux tiers des femmes créatrices exercent dans quatre secteurs : le commerce, suivi de l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale, puis les activités spécialisées scientifiques, techniques et les activités administratives, de soutien.

Trois ans après leur création, 86 % de ces entreprises créées par des femmes au premier semestre 2018 sont encore actives contre 89 % pour celles créées par des hommes (figure 1). Avant la création de leur entreprise, 68 % de ces femmes avaient un emploi dont 37 % en tant que salariées du secteur privé. La première motivation des femmes pour créer une entreprise est le souhait d’être indépendante, citée par 57 % des créatrices. Viennent ensuite le goût d’entreprendre ou le désir d’affronter de nouveaux défis (47 %). Pour ces entrepreneures, l’objectif principal au moment de la création est d’abord d’assurer son propre emploi (53 %), avant de développer l’entreprise en matière d’emploi ou d’investissement. Neuf créatrices d’entreprises sur dix ont rencontré des difficultés pour mener à bien leur projet. Le règlement des formalités administratives (48 %) et l’obtention d’un financement (33 %) sont les obstacles les plus fréquemment rencontrés

Figure 1Taux de pérennité à 1, 2 et 3 ans des entreprises créées au premier semestre 2018

(en %)
Taux de pérennité à 1, 2 et 3 ans des entreprises créées au premier semestre 2018 ((en %))
Pérennité Femme – Guyane Homme – Guyane Femme – France entière
1 an 92 97 94
2 ans 87 90 89
3 ans 86 89 81
  • Champ : entreprises des secteurs marchands non agricoles créées au premier semestre 2018, hors micro-entrepreneurs.
  • Source : Insee, enquête Sine 2018 (interrogations 2018 et 2021).

Figure 1Taux de pérennité à 1, 2 et 3 ans des entreprises créées au premier semestre 2018

  • Champ : entreprises des secteurs marchands non agricoles créées au premier semestre 2018, hors micro-entrepreneurs.
  • Source : Insee, enquête Sine 2018 (interrogations 2018 et 2021).

Créer une entreprise en lien avec son métier principal est l’un des principaux facteurs de réussite

Exercer dans un secteur en lien avec le principal métier de la créatrice et avoir une expérience professionnelle dans cette activité sont des facteurs favorables à la pérennité de l’entreprise. Le taux de pérennité est ainsi plus élevé lorsque l’activité de l’entreprise est identique au principal métier (91 %) que lorsque l’activité diffère (82 %). De même, le taux de pérennité pour les entreprises créées par des entrepreneures expérimentées (plus de trois ans) atteint 91 % contre 80 % pour les moins expérimentés (moins de trois ans). Ces taux sont respectivement de 89 % et 87 % chez les hommes.

Le statut juridique de l’entreprise influe également sur sa pérennité. Sept créatrices sur dix (73 %) ont choisi le statut de société (2 points de moins que pour les hommes) et 27 % celui d’entreprise d’entreprise individuelle hors micro-entrepreneurs. Parmi les sociétés créées par les femmes, 92 % sont encore actives trois ans après contre 73 % des entreprises individuelles hors micro-entrepreneurs, soit des taux comparables à ceux des hommes (figure 2).

Figure 2Taux de pérennité à trois ans selon le statut juridique en Guyane et France entière

(en %)
Taux de pérennité à trois ans selon le statut juridique en Guyane et France entière ((en %))
Statut juridique Femme – Guyane Homme – Guyane Femme – France entière
Sociétés 92 94 82
Entreprises individuelles hors micro-entrepreneurs 73 71 80
Ensemble 86 89 81
  • Champ : entreprises des secteurs marchands non agricoles créées au premier semestre 2018, hors micro-entrepreneurs.
  • Source : Insee, enquête Sine 2018 (interrogations 2018 et 2021).

S’ajoute à ces facteurs l’entourage entrepreneurial au moment de la création. En 2018, il est plus fréquent en Guyane pour les femmes (72 %) que pour les hommes (70 %). Le taux de pérennité est de 90 % lorsque les créatrices ont un entourage entrepreneurial (figure 3), soit douze points de plus que celles qui n’ont en pas (78 %). En revanche, l’âge et la formation n’influent pas sur la pérennité des entreprises.

Figure 3Taux de pérennité à trois ans selon l’existence d’un entourage entrepreneurial en Guyane et France entière

(en %)
Taux de pérennité à trois ans selon l’existence d’un entourage entrepreneurial en Guyane et France entière ((en %))
Entourage entrepreneurial Femme – Guyane Homme-Guyane Femme – France entière
Oui 90 89 82
Non 76 86 79
  • Champ : entreprises des secteurs marchands non agricoles créées au premier semestre 2018, hors micro-entrepreneurs.
  • Source : Insee, enquête Sine 2018 (interrogations 2018 et 2021).

Investir et embaucher participent au développement de l’entreprise

En 2018, 62 % des créatrices d’entreprise démarrent avec moins de 8 000 euros dont 30 % avec moins de 1 000 euros. En dehors de leurs ressources personnelles, 75 % des créatrices n’ont recours à aucune autre source de financement et 75 % n’ont bénéficié d’aucun dispositif d’aide en 2018. Avec des moyens financiers plus élevés au démarrage de l’activité, le taux de pérennité croît. En effet, il est de 94 % lorsque les créatrices démarrent avec plus de 8 000 euros contre 83 % quand elles ont démarré avec moins de cette somme.

Trois ans après leur création d’entreprise, 47 % des entrepreneures désirent avant tout accroître leur niveau d’activité. Par conséquent, elles ont investi dans plusieurs domaines tels que l’achat de matériel nécessaire à la production de biens ou de services (39 %). Ces investissements ont nécessité un engagement de plus de 15 000 euros pour 56 % des entreprises. Après trois ans d’activité, 34 % des entreprises créées au premier semestre 2018 par des femmes emploient au moins un salarié en plus du chef d’entreprise. Ainsi, fin 2021, 296 personnes travaillent dans les entreprises encore actives dont 166 salariés.

Deux tiers des entreprises ont fait face à des difficultés financières pendant la crise de la Covid-19

Les entreprises créées en 2018 avaient au plus deux ans d’ancienneté lors du début de la pandémie de Covid-19. Parmi celles créées par des femmes et encore actives en novembre 2021, 67 % déclarent une chute d’activité liée à cette crise contre 63 % chez les hommes. Du fait de la baisse de leur activité, 64 % des entreprises créées par des femmes ont rencontré des difficultés financières, une proportion similaire à celle des hommes.

Face aux difficultés financières, 60 % des entreprises pérennes créées par des femmes ont eu recours à l’un des dispositifs d’aide mis en place lors de la crise sanitaire, soit un point de moins que les hommes. Le fonds de solidarité pour les indépendants et le report des échéances sociales ou fiscales ont été les plus mobilisés par les entrepreneures. Dans la région, 91 % des entrepreneures ayant eu recours aux aides considèrent que ces dispositifs ont permis de préserver l’activité de leur entreprise contre 86 % des hommes. France entière, elles sont proportionnellement moins nombreuses à déclarer que ces dispositifs ont permis de préserver totalement leur entreprise (85 % contre 84 % pour les hommes). Malgré le contexte de pandémie Covid-19 en 2021, 83 % des entrepreneures sont satisfaites de la création de leur entreprise, une part égale à celle des hommes.

Encadré - Trois ans après son immatriculation au premier semestre 2018, seule une micro-entreprise sur huit est toujours en activité

En 2018, 684 entreprises sous le régime du micro-entrepreneur ont été créées en Guyane, dont 348 au premier semestre. Parmi ces dernières, 41 % l’ont été par des femmes principalement dans le commerce (36 %). Parmi ces créatrices, 48 % ont choisi le statut de commerçant et 28 % celui de profession libérale.

Après trois ans, 13 % de ces micro-entreprises créées par des femmes sont encore actives (38 % en France entière). Ce taux plus faible s’explique en partie par une absence de chiffre d’affaires lors de la première année d’activité (79 % contre 36 % France entière).

Publication rédigée par :Gwenaëlle Taupe, Maurice Bilionière (Insee)

Sources

Le Système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine) est un dispositif permanent d’observation d’une génération de nouvelles entreprises tous les quatre ans. Le champ de l’enquête Sine couvre l’ensemble des créations d’entreprises du premier semestre d’une année donnée, hors micro-entrepreneurs, qui ont vécu plus d’un mois dans l’ensemble des activités économiques marchandes non agricoles. Les entreprises créées sous le régime du micro-entrepreneur font l’objet d’une enquête spécifique. La cohorte 2018 a été de nouveau enquêtée fin 2021 et fin 2023. Cette étude présente des résultats issus de la deuxième interrogations, en novembre 2021.

Définitions

Création d'entreprise / Réactivation d'entreprise :

Une création d'entreprise correspond à la mise en œuvre d'une nouvelle combinaison de facteurs de production avec pour restriction qu'aucune autre entreprise ne soit impliquée dans cet évènement.

Les créations d’entreprises sont en fait des créations d’unités légales. On parle néanmoins de créations d’entreprises en raison de la spécificité de la situation au moment de la création. En effet, au moment de son immatriculation, il n’est pas possible de déterminer si une unité légale est indépendante ou appartient à un groupe. Par défaut, au moment de la création, toute entité est donc indépendante et considérée comme une entreprise.

La statistique mensuelle des créations d'entreprises est constituée à partir du dispositif SIDE (Système d’information sur la démographie d’entreprises). Ce dispositif est alimenté à partir de données du répertoire Sirene, enrichies d’éléments provenant du répertoire statistique Sirus.

Les créations d'entreprises correspondent aux unités légales du répertoire Sirene qui enregistrent un début d'activité relevant de l'un des cas suivants :

  • l'immatriculation d'une nouvelle unité légale avec création d'une nouvelle combinaison de facteurs de production ;
  • le cas où l'entrepreneur redémarre une activité après une interruption de plus d'un an (il n'y a pas de nouvelle immatriculation mais reprise de l'ancien numéro Siren, en général pour un entrepreneur individuel) ;
  • le cas où l'entrepreneur redémarre une activité après une interruption de moins d'un an, mais avec changement d'activité ;
  • la reprise par une unité légale nouvellement immatriculée de tout ou partie des activités et facteurs de production d'une autre unité légale, lorsqu'il n'y a pas de continuité économique entre la situation du cédant et celle du repreneur.

On considère qu'il n'y a pas continuité économique de l'unité légale si, parmi les trois éléments suivants concernant son siège, au moins deux sont modifiés lors de la reprise : l'unité légale contrôlant l'établissement siège, l'activité économique et la localisation.

Depuis les données relatives à janvier 2009, à la suite de la mise en place du régime de l'auto-entrepreneur (renommé micro-entrepreneur, à compter du 19 décembre 2014), les statistiques de créations d'entreprises incluent les demandes de créations enregistrées dans Sirene au titre de ce régime. Ce dénombrement n'inclut pas les entrepreneurs déjà en activité avant le 1er janvier 2009 et qui avaient demandé, à titre dérogatoire au plus tard le 31 mars 2009, à bénéficier du régime micro-social et du versement fiscal libératoire en 2009.

La statistique de créations d'entreprises couvre l'ensemble des activités marchandes hors agriculture.

Remarque :

Depuis le 1er janvier 2007, la notion de création d'entreprise s'appuie sur un concept harmonisé au niveau européen pour faciliter les comparaisons.


Taux de pérennité à N ans :

Le taux de pérennité à N ans est, pour une année donnée (2018 ou 2014), le rapport entre le nombre d’entreprises créées au cours du premier semestres ayant atteint leur Ne anniversaire et l’ensemble des entreprises créées au cours du premier semestre. Les entreprises sont considérées comme actives à une date donnée si, jusqu’à cette date, elles n’ont pas effectué de formalité de cessation d’activité enregistrée dans le répertoire Sirene ou détectée lors de la collecte de l’enquête Sine.

Micro-entrepreneur :

Un micro-entrepreneur bénéficie du régime de même nom (appelé auto-entrepreneur jusque 2014), qui offre des formalités de création d'entreprise allégées et un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu. Il s’applique aux entrepreneurs individuels qui en font la demande, sous certaines conditions.

Le micro-entrepreneur bénéficie ainsi notamment :

– du régime fiscal de la micro-entreprise ;

– du régime micro-social ;

– d'une exonération ou d’une franchise de TVA.

Le régime peut concerner des activités commerciales, artisanales ou libérales, à titre principal ou complémentaire.

Sont exclus du régime :

– les activités rattachées à la Mutualité sociale agricole (MSA) ;

– les professions libérales réglementées ne relevant pas de la caisse de retraite de la Cipav (professions juridiques et judiciaires, professions de santé, experts comptables, agents généraux d’assurance...) ;

– les activités relevant de la TVA immobilière (opérations des marchands de biens, lotisseurs, agents immobiliers…);

– les activités artistiques relevant de la Maison des artistes ou de l’association Agessa ;

– les activités de dirigeant majoritaire d’une entreprise ;

– le cumul avec une activité de travailleur indépendant non salarié déjà immatriculé et relevant de la Sécurité sociale des indépendants.

Le régime de l’auto-entrepreneur a été initialement créé par la loi de modernisation de l'économie (LME) n°2008-776 du 4 août 2008 et est entré en vigueur au 1er janvier 2009.

La loi Pinel du 18 juin 2014 l’a transformé en régime du micro-entrepreneur à partir du 19 décembre 2014. Elle lui a imposé de nouvelles obligations comme l’immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS) pour les commerçants ou au répertoire des métiers (RM) pour les artisans. Elle a également mis fin à l’exonération de la taxe pour frais de chambre consulaire et exigé le paiement de la cotisation foncière des entreprises dès la deuxième année d’activité et non plus à partir de la quatrième année. Elle a aussi prévu la fusion du régime fiscal de la micro-entreprise et du régime micro-social à partir du 1er janvier 2016.

Ainsi, depuis cette date, les entrepreneurs individuels relevant du régime fiscal de la micro-entreprise sont automatiquement soumis au régime micro-social.

Depuis le 1er janvier 2023, les seuils de chiffre d’affaires permettant l’accès au régime fiscal de la micro-entreprise et du régime micro-social ont été doublés. Ils s’appliquent désormais aux entreprises dont le chiffre d’affaires de l’année civile précédente ou de l’avant-dernière année n’excède pas :

- 188 700 euros pour une activité de vente de marchandises, d'objets, d'aliments à emporter ou à consommer sur place, ou de fourniture de logement ;

- 77 700 euros pour une activité de prestations de services ou une profession libérale.

Ce régime doit être distingué de la catégorie des microentreprises définie par l’article 51 de la loi de modernisation de l’économie (LME) et précisée par le décret n° 2008-1354.

Remarque :
  • Depuis janvier 2011, le micro-entrepreneur peut bénéficier du statut de l'entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) en affectant à son activité professionnelle un patrimoine spécifique séparé de son patrimoine personnel. Il conserve toutefois le régime fiscal et social forfaitaire lié au régime de la micro-entreprise.
  • Ce régime doit être distingué à la fois du régime micro-fiscal (dit parfois régime fiscal de la micro-entreprise) ainsi que de la catégorie des microentreprises définie par l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie (LME) et précisée par le décret n° 2008-1354.

Pour en savoir plus

(1) Dorolle A., « Les créateurs d’entreprises de 2018 : deux sur trois sont seuls à l’origine du projet de création », Insee Première no1818, septembre 2020.

(2) Benhaddouche A., « En Guyane, six entreprises créées en 2014 sur dix sont pérennes », Insee Analyses Guyane no61, novembre 2022.

(3) Baillot A., « Entreprises créées en 2018 : huit sur dix sont encore actives trois ans après leur création », Insee Première no1962, juillet 2023.

(4) Juliachs S., « Près de la moitié des micro-entrepreneurs ayant démarré leur activité en 2018 sont encore actifs trois ans après », Insee Première no1963, juillet 2023.