Insee Flash Corse · Février 2024 · n° 85

En Corse, 63 000 jeunes ont moins de 18 ans

En 2020, 63 000 personnes âgées de 0 à 17 ans résident en Corse. Ces jeunes représentent 18 % de la population, soit trois points de moins que la moyenne de France métropolitaine. L’île se situe au dernier rang des régions, derrière la Nouvelle-Aquitaine (19 %). À l’inverse, les Hauts-de-France et l’Île-de-France sont les régions métropolitaines les plus jeunes (23 %). Au-delà, en outremer la part des mineurs est la plus importante en Guyane (39 %) et à La Réunion (27 %).

La situation est la même au niveau départemental. Avec 18 % de jeunes en Haute-Corse et 19 % en Corse-du-Sud, les départements insulaires figurent parmi les vingts départements de France métropolitaine qui comptent la plus faible proportion de mineurs. Ces départements sont principalement ruraux tels que la Creuse et le Lot (17 %) mais Paris (16 %) se situe également en fin de classement. À l’inverse, les départements franciliens en périphérie de la capitale, ceux du nord de la France et autour de Lyon ont une part de jeunes plus importante (figure 1).

Entre 2014 et 2020, la Corse compte 2 800 jeunes supplémentaires. Leur population croît de 0,75 % par an alors qu’elle baisse de 0,14 % en France métropolitaine, soit une tendance régionale particulièrement dynamique. Cependant, l’accroissement du nombre de jeunes est moins rapide que celui des personnes âgées de 18 ans et plus, qui s’établit à +1,0 % par an depuis 2014 (figure 2). Ce phénomène perdure dans le temps. Entre 1990 et 2020, la part des jeunes dans la population diminue et passe de 22 % à 18 %. D’ailleurs, à l’horizon 2070, l’île devrait voir sa population vieillir encore [Isabelle Tourtin-Battini, Antonin Bretel, 2022, pour en savoir plus (1)].

Parmi les jeunes qui résident en Corse en 2020, 79 % y sont nés, 17 % sont originaires d’une autre région et 4 % sont nés à l’étranger. L’arrivée de familles sur l’île contribue à l’augmentation de la population des mineurs. En revanche, le nombre de naissances diminue et le taux de fécondité régional demeure le plus faible de France métropolitaine.

La présence des enfants et des adolescents est liée à celle de leur famille. Ils résident principalement dans les grandes villes telles qu’Ajaccio (14 700 jeunes) ou Bastia (9 700 jeunes). Ainsi, quatre jeunes insulaires sur dix vivent dans un de ces deux pôles.

Parallèlement, les jeunes sont plus présents dans la ceinture urbaine de Bastia, le long du cordon lagunaire plus au sud, dans les villes de Borgo, Biguglia ou Lucciana ou encore dans la périphérie ajaccienne. En effet, l’accès facilité à l’emploi, aux services, aux établissements scolaires et la possibilité d’avoir une maison avec jardin rendent ces territoires périurbains attractifs pour les familles.

Pour autant, sur l’île, 43 % des jeunes résident dans le rural, soit 10 points de plus qu’en France métropolitaine (figure 3). La Corse, « montagne dans la mer », est une région aux espaces contraints et faiblement peuplés où le rural se confond parfois avec le périurbain (Sarrola-Carcopino, Peri). Ces spécificités insulaires tant au niveau géographique, démographique que culturel, font que 27 000 jeunes résident en milieu rural. Parmi eux, 16 000 jeunes vivent dans une commune rurale à habitat dispersé voir très dispersé.

En Corse, 9 400 enfants ont moins de trois ans, c’est la petite enfance. Pour eux, les familles ont des besoins de garde en structures d’accueil collectif ou en assistantes maternelles. En Corse, la capacité d’accueil globale de la petite enfance est de 38 places pour 100 enfants, loin des 63 places de France métropolitaine. Un déficit qui s’explique par un manque d’assistantes maternelles (15 places pour 100 enfants contre 41 en France métropolitaine). Pour pallier ce manque, les parents corses semblent davantage recourir aux modes de garde alternatifs comme le retrait d’un des parents du marché du travail, l’aide de la famille, ou encore l’entrée à l’école dès deux ans. À l’inverse, l’île est bien pourvue en places dans les établissements d’accueil collectif (23 places pour 100 enfants de moins de trois ans contre 22 en France métropolitaine) (source).

Depuis 2019, l’école est obligatoire dès trois ans. En Corse, 29 000 enfants ont entre 3 et 10 ans. Ils sont en âge d’être scolarisés dans le premier degré. Ils fréquentent le réseau des 259 écoles de Corse, dont 133 sont situées dans le rural. Parmi ces enfants, neuf sur dix vivent dans une commune équipée d’une école élémentaire publique (données complémentaires).

Avec l’âge, la distance au lieu d’enseignement s’accroît. En Corse, 14 300 jeunes ont entre 11 et 14 ans, ils fréquentent l’un des 31 collèges de l’île. Cependant, quatre collégiens sur dix ne disposent pas d’un collège dans leur commune. Ils parcourent en moyenne 20 km pour se rendre sur leur lieu d’étude, soit un trajet de 24 minutes en voiture et souvent plus en transport collectif.

De même, 10 300 jeunes de 15 à 17 ans sont en âge d’étudier dans l’un des 15 lycées de Corse. Moins d’un sur deux dispose d’un lycée dans sa commune. La distance moyenne à parcourir est alors de 33 km pour une durée de 36 minutes en voiture.

Quel que soit l’âge, lorsque les élèves doivent se rendre dans une autre commune pour étudier, la durée du trajet est deux fois plus longue en Corse qu’en moyenne française.