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Insee Analyses Normandie · Décembre 2023 · n° 118
Insee Analyses NormandieDe jeunes agriculteurs normands moins nombreux mais plus diplômés

Thomas Balcone, Babacar Diop, Stéphanie Gosselin (Insee), Yvon Gourlaouen, Hélène Malvache, Sophie Morvannic (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt)

En 2020, près de 50 000 Normands contribuent à l’activité agricole. L’emploi agricole est majoritairement occupé par les exploitants, moins nombreux qu’en 2010, mais à la tête d’exploitations plus grandes. L’emploi salarié, moins développé que dans les autres secteurs de l’économie, diminue également. Au total, l’emploi agricole représente près de trois actifs occupés sur cent résidant en Normandie. Avec un âge moyen de 49 ans, la population des agriculteurs exploitants est vieillissante avec une relève de jeunes agriculteurs de moins de 35 ans peu nombreuse, mais qui dispose d’un niveau de formation élevé. Les ouvriers agricoles se distinguent peu des autres actifs, sont nettement plus jeunes en moyenne et bien moins diplômés.

Insee Analyses Normandie
No 118
Paru le :Paru le21/12/2023

Des exploitants agricoles moins nombreux à la tête d’exploitations de plus en plus grandes

En Normandie, près de 50 000 personnes travaillent régulièrement dans les 26 500 exploitations agricoles présentes sur le territoire en 2020, au cœur d’un paysage agricole largement dominé par les grandes cultures et l’élevage (encadré 1). Depuis 2010, la a diminué de 26 %, davantage qu’au niveau national (-22 %). Les chefs d’exploitation ou coexploitants et la main d’œuvre familiale contribuent le plus à cette baisse, l’emploi salarié non familial ayant diminué dans une moindre mesure (-4 %).

Les 34 000 chefs d’exploitation et coexploitants normands demeurent largement majoritaires. Ils sont à la tête d’exploitations un quart moins nombreuses qu’en 2010 mais dont la surface moyenne a augmenté d’un tiers. Actuellement, la surface agricole de 30 % des structures dépasse 100 hectares, contre 21 % en 2010.

Près d’un chef d’exploitation normand sur quatre gère une en 2020 alors qu’ils étaient moins de un sur six en 2010. Les micro et petites exploitations restent majoritaires dans la région et représentent plus d’une exploitation sur deux. Il faut noter cependant que dans l’Eure et en Seine-Maritime, les moyennes et grandes exploitations sont désormais prédominantes.

Même s’ils sont moins nombreux qu’en 2010 (-9 700), les exploitants individuels restent largement majoritaires en 2020 (6 chefs d’exploitation sur 10 en Normandie). Dans le même temps, les formes sociétaires ont progressé, accompagnant l’agrandissement des exploitations et le léger développement du salarié qui en découle. L’EARL (exploitation agricole à responsabilité limitée) reste la forme sociétaire la plus répandue dans la région (plus de 4 sociétés sur 10) même si elle est en recul depuis 10 ans (-8 %). Les GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun) connaissent quant à eux un fort développement (+19 %). Ils sont désormais majoritaires parmi les exploitations laitières en forme sociétaire et se sont ainsi beaucoup développés dans l’Orne (+49 %) et la Manche (+32 %).

Près de trois actifs occupés normands sur cent ont un métier agricole

En 2020, près de trois normands sur cent exercent une profession agricole. La Normandie est ainsi la 7e région métropolitaine, au-dessus du niveau national (2,1 %). La place qu’occupent les actifs agricoles dans la population varie par ailleurs fortement sur le territoire régional. Ils sont très présents dans l’Orne (6,1 %, 10e département métropolitain) et la Manche (5,0 % ; figure 1). Les actifs agricoles normands ne sont pas répartis de manière homogène sur tout le territoire. Ils vivent davantage dans la Manche (près de 3 personnes sur 10), en particulier dans les communautés d’agglomération (CA) du Mont-Saint-Michel Normandie et du Cotentin qui regroupent près d’un actif agricole normand sur sept. À l’inverse, l’Eure est le département de la région où ils sont le moins présents.

En Normandie, comme au niveau national, deux sur trois sont des agriculteurs exploitants. Ces derniers sont également majoritaires dans tous les départements normands. Cependant, les ouvriers agricoles sont davantage présents dans l’Eure, le Calvados et la Seine-Maritime que dans la Manche et dans l’Orne. Ces différences s’expliquent par la présence des différents systèmes agricoles sur le territoire : les exploitations d’élevage bovin occupent en moyenne davantage de personnes qu’en grandes cultures. La production agricole de l’Eure, du Calvados ou de la Seine-Maritime, où la spécialisation en bovins est la moins présente, génère ainsi moins d’emplois d’ouvriers agricoles que dans l’Orne et la Manche.

Figure 1Part de la population agricole parmi les actifs occupés par département en 2020

(en %)
Part de la population agricole parmi les actifs occupés par département en 2020 ((en %))
Département Part de la population agricole parmi les actifs occupés
01 1,5
02 3,7
03 4,7
04 4,1
05 3,9
06 0,4
07 4,0
08 3,4
09 4,4
10 6,0
11 5,4
12 9,0
13 0,8
14 2,5
15 11,1
16 5,9
17 3,9
18 4,3
19 4,8
21 3,3
22 5,7
23 10,7
24 5,4
25 2,0
26 3,5
27 2,0
28 2,5
29 3,5
2A 1,6
2B 3,4
30 2,9
31 0,8
32 9,7
33 2,8
34 2,0
35 2,6
36 5,1
37 2,3
38 1,0
39 3,1
40 3,4
41 3,5
42 1,9
43 5,3
44 1,8
45 1,6
46 7,1
47 7,1
48 10,6
49 4,5
50 5,0
51 6,7
52 4,3
53 6,7
54 1,1
55 5,0
56 2,9
57 0,9
58 5,8
59 0,9
60 1,3
61 6,1
62 1,8
63 2,4
64 3,3
65 3,3
66 3,0
67 1,0
68 1,6
69 0,8
70 3,6
71 4,7
72 3,3
73 1,5
74 1,0
75 0,1
76 1,6
77 0,6
78 0,2
79 5,3
80 3,5
81 4,0
82 5,3
83 1,4
84 4,1
85 3,9
86 3,0
87 3,2
88 2,3
89 4,4
90 0,6
91 0,2
92 0,0
93 0,0
94 0,1
95 0,2
971 2,4
972 3,4
973 2,0
974 2,6
  • Source : Insee, recensement de la population 2020 – exploitation complémentaire

Figure 1Part de la population agricole parmi les actifs occupés par département en 2020

  • Source : Insee, recensement de la population 2020 – exploitation complémentaire

Un renouvellement des générations difficile pour les agriculteurs exploitants

L’âge moyen des actifs agricoles normands est de 44 ans. Les agriculteurs exploitants sont nettement plus âgés que les autres actifs dans la région (49 ans contre 42 ans) alors que les ouvriers agricoles sont plus jeunes (35 ans). Une forte proportion des exploitants agricoles se situe dans les âges proches de la retraite (figure 2), et la part des 65 ans ou plus est particulièrement élevée. Pour 100 agriculteurs exploitants de plus de 50 ans, on n’en compte que 12 de moins de 30 ans. Ce constat est particulièrement marqué dans l’Eure où l’âge moyen des chefs d’exploitation est le plus élevé de la région (51 ans). La présence majoritaire des grandes cultures dans ce département explique cette situation, les exploitants agricoles en grandes cultures étant les plus âgés en France métropolitaine comme en Normandie.

Les agricultrices exploitantes normandes sont plus âgées que leurs homologues masculins (51 ans contre 48 ans). Cette différence témoigne d’installations plus tardives que pour les hommes, du fait des successions entre époux au moment de la retraite, et des changements intervenus dans le statut de conjointe à coexploitante. Plus de deux compagnes sur trois exercent cette profession après 50 ans alors que seule une sur huit est coexploitante avant 30 ans. Le taux de féminisation varie ainsi sensiblement avec l’âge. Alors qu’un peu plus d’un exploitant agricole sur quatre est une femme en Normandie tous âges confondus, ce taux atteint 32 % pour les plus de 50 ans et seulement 19 % pour les moins de 30 ans.

Figure 2Pyramide des âges des exploitants agricoles, des ouvriers agricoles et des actifs occupés non agricoles résidant en Normandie en 2020

(en %)
Pyramide des âges des exploitants agricoles, des ouvriers agricoles et des actifs occupés non agricoles résidant en Normandie en 2020 ((en %))
Âge Exploitants agricoles Exploitantes agricoles Ouvriers agricoles Ouvrières agricoles Actifs occupés non agricoles Actives occupées non agricoles
14 0,010 0,000 0,194 0,000 0,013 0,011
15 0,045 0,021 0,945 0,173 0,098 0,040
16 0,061 0,042 1,398 0,148 0,183 0,092
17 0,043 0,021 1,824 0,585 0,231 0,102
18 0,045 0,000 3,000 0,913 0,379 0,230
19 0,097 0,021 2,768 0,922 0,490 0,348
20 0,237 0,063 2,923 0,729 0,632 0,530
21 0,268 0,040 2,612 0,657 0,717 0,629
22 0,239 0,042 3,020 0,559 0,775 0,681
23 0,258 0,021 2,679 0,958 0,841 0,775
24 0,436 0,138 2,696 0,977 0,879 0,840
25 0,537 0,043 2,685 1,351 0,945 0,872
26 0,604 0,144 1,927 0,640 0,970 0,920
27 0,656 0,117 1,986 0,573 1,038 0,969
28 0,533 0,267 1,646 0,604 1,027 1,001
29 0,814 0,160 1,730 0,674 1,125 1,064
30 1,008 0,324 1,830 0,838 1,159 1,058
31 1,294 0,283 1,863 0,637 1,149 1,088
32 1,263 0,211 1,777 0,652 1,193 1,106
33 1,049 0,343 1,824 0,638 1,214 1,186
34 1,536 0,254 0,905 0,649 1,250 1,197
35 1,498 0,305 0,991 0,610 1,231 1,202
36 1,214 0,326 1,256 0,477 1,259 1,224
37 1,612 0,605 1,032 0,513 1,276 1,242
38 1,437 0,482 1,133 0,443 1,256 1,221
39 1,677 0,431 0,935 0,467 1,310 1,263
40 1,531 0,565 1,209 0,474 1,242 1,149
41 1,554 0,600 1,074 0,165 1,248 1,200
42 1,517 0,398 0,812 0,532 1,284 1,232
43 1,479 0,653 0,996 0,686 1,245 1,262
44 1,264 0,341 0,948 0,414 1,321 1,291
45 1,893 0,483 1,202 0,338 1,346 1,303
46 1,867 0,730 1,423 0,392 1,358 1,356
47 2,208 0,765 1,331 0,397 1,356 1,329
48 1,711 0,496 1,335 0,614 1,377 1,367
49 2,023 0,775 1,108 0,416 1,396 1,351
50 2,361 0,768 0,900 0,185 1,375 1,343
51 2,162 1,060 1,148 0,610 1,315 1,323
52 2,558 1,039 0,955 0,422 1,316 1,267
53 2,500 1,261 0,982 0,623 1,379 1,301
54 2,565 1,287 1,336 0,418 1,330 1,327
55 2,586 1,213 1,416 0,648 1,261 1,327
56 2,404 1,026 1,074 0,451 1,296 1,290
57 2,748 1,009 1,266 0,554 1,231 1,228
58 2,693 1,307 1,142 0,338 1,165 1,133
59 2,796 1,392 1,386 0,381 1,025 1,071
60 2,495 0,958 0,586 0,271 0,597 0,785
61 1,704 0,871 0,210 0,042 0,469 0,637
62 1,079 0,470 0,149 0,042 0,297 0,321
63 0,999 0,441 0,164 0,130 0,221 0,227
64 0,752 0,416 0,167 0,000 0,163 0,185
65 0,643 0,281 0,193 0,042 0,118 0,103
66 0,656 0,235 0,249 0,000 0,088 0,075
67 0,446 0,344 0,301 0,040 0,076 0,060
68 0,522 0,270 0,165 0,044 0,063 0,051
69 0,435 0,084 0,082 0,043 0,064 0,048
70 0,231 0,241 0,128 0,000 0,041 0,031
71 0,185 0,137 0,169 0,000 0,040 0,027
72 0,123 0,209 0,083 0,000 0,026 0,022
73 0,278 0,102 0,042 0,000 0,023 0,020
74 0,082 0,127 0,000 0,042 0,021 0,013
75 0,125 0,125 0,000 0,044 0,015 0,013
76 0,083 0,043 0,000 0,044 0,011 0,007
77 0,042 0,063 0,000 0,029 0,012 0,010
78 0,066 0,054 0,000 0,036 0,011 0,007
79 0,021 0,101 0,000 0,084 0,005 0,007
80 0,021 0,061 0,088 0,000 0,011 0,005
81 0,060 0,020 0,000 0,009 0,008 0,008
82 0,054 0,041 0,042 0,000 0,005 0,007
83 0,021 0,021 0,041 0,042 0,007 0,009
84 0,020 0,020 0,000 0,043 0,004 0,009
85 0,061 0,000 0,000 0,044 0,007 0,007
86 0,000 0,021 0,000 0,000 0,006 0,006
87 0,042 0,042 0,000 0,000 0,006 0,005
88 0,021 0,021 0,000 0,000 0,000 0,003
89 0,033 0,041 0,000 0,000 0,003 0,004
90 0,042 0,000 0,000 0,000 0,002 0,002
  • Source : Insee, recensement de la population 2020 – exploitation complémentaire

Figure 2Pyramide des âges des exploitants agricoles, des ouvriers agricoles et des actifs occupés non agricoles résidant en Normandie en 2020

  • Source : Insee, recensement de la population 2020 – exploitation complémentaire

Les jeunes exploitants agricoles parmi les mieux formés

Les exploitants agricoles normands âgés de moins de 35 ans sont plus souvent diplômés que les actifs non agricoles du même âge. Plus de huit jeunes chefs d’exploitation agricole sur dix sont au moins bacheliers (figure 3) contre moins de sept actifs non agricoles sur dix. Cette tendance n’est pas seulement liée aux baccalauréats professionnels, très nombreux parmi les jeunes agriculteurs (plus de 8 diplômes sur 10), il y a également un effet générationnel : 43 % des jeunes agriculteurs exploitants sont diplômés de l’enseignement supérieur alors qu’ils sont moins d’un sur six au-delà de 50 ans.

À l’inverse, les ouvriers agricoles normands sont moins diplômés que les autres actifs occupés. Seulement 44 % d’entre eux sont bacheliers alors que cette part s’élève à 58 % pour les actifs non agricoles. Même si, suivant la tendance générale, les jeunes ouvriers agricoles sont plus souvent titulaires du Baccalauréat (56 % des moins de 25 ans et des 25-34 ans), ces métiers peu rémunérés restent caractérisés par un plus faible niveau de formation (encadré 2).

En référence à leur spécialisation, les chefs d’exploitations normands spécialisés dans les grandes cultures sont un peu plus souvent diplômés de l’enseignement supérieur que ceux travaillant avec des bovins (29 % contre 24 %). La situation est inverse pour les ouvriers agricoles. Seuls 13 % de ceux de la région spécialisés en bovins sont sans diplôme alors qu’un ouvrier agricole sur cinq spécialisé dans les grandes cultures n’est pas diplômé.

Figure 3Niveau de diplôme par tranche d’âge pour les agriculteurs exploitants et ouvriers agricoles normands en 2020

(en %)
Niveau de diplôme par tranche d’âge pour les agriculteurs exploitants et ouvriers agricoles normands en 2020 ((en %))
Tranche d’âge Aucun diplôme ou certificat d'études primaires BEPC, BEP ou CAP Baccalauréat Bac+2 à Bac+4 Bac+5 ou plus
Moins de 35 ans
Agriculteurs exploitants 2,0 14,0 41,0 38,0 5,0
Ouvriers agricoles 7,0 37,0 40,0 15,0 1,0
35 à 44 ans
Agriculteurs exploitants 2,7 14,4 45,7 32,8 4,4
Ouvriers agricoles 12,4 42,5 28,9 13,3 3,0
45 à 54 ans
Agriculteurs exploitants 6,7 38,9 29,9 22,0 2,5
Ouvriers agricoles 28,9 50,3 12,1 7,7 1,1
55 à 64 ans
Agriculteurs exploitants 15,7 50,4 21,9 9,8 2,2
Ouvriers agricoles 39,0 43,6 10,0 6,4 1,1
65 ans et plus
Agriculteurs exploitants 38,4 34,4 13,4 8,8 4,9
Ouvriers agricoles 60,6 24,0 13,5 1,9 0,0

Figure 3Niveau de diplôme par tranche d’âge pour les agriculteurs exploitants et ouvriers agricoles normands en 2020

Deux actifs agricoles sur trois résident à proximité des grands pôles d’emploi

Les actifs agricoles normands vivent davantage dans l’, à la périphérie des grands pôles d’emploi, que les actifs non agricoles (2 sur 3 contre 55 %). Ils résident également plus fréquemment dans une commune qui n’appartient ni à un pôle, ni à une couronne d’une aire d’attraction des villes (plus de 1 sur 4 contre 9 %), et quasiment tous dans une maison en milieu rural. Ils sont plus fréquemment propriétaires de leur logement que les autres actifs occupés (3 sur 4 contre 64 %), principalement du fait de l’importante part de propriétaires parmi les agriculteurs exploitants (82 %), cette part étant beaucoup plus faible chez les ouvriers agricoles (61 %).

Les logements des actifs agricoles normands sont souvent plus anciens. En lien avec leur localisation rurale, la moitié d’entre eux ont été construits avant 1945 alors que seulement un logement d’actif non agricole sur cinq est dans cette situation. La transmission patrimoniale peut également favoriser cette forte part de logements anciens.

Les chefs d’exploitation normands vivent presque tous dans une maison composée d’au moins 4 pièces (un peu moins de 8 ouvriers agricoles sur 10) et leurs logements sont souvent plus spacieux que ceux des actifs non agricoles et des ouvriers agricoles. En effet, 63 % des agriculteurs exploitants vivent dans des habitations d’au moins 100 m² alors que cette part n’est que de 42 % pour les actifs non agricoles et de 40 % pour les ouvriers agricoles.

Les agriculteurs exploitants vivent davantage en couple

Les agriculteurs exploitants normands vivent plus souvent en couple que les actifs non agricoles (77 % contre 68 %), contrairement aux ouvriers agricoles (52 %), par ailleurs plus jeunes. Seulement un conjoint d’actif agricole sur trois travaille lui aussi dans le milieu agricole. Cette part est un peu plus élevée pour les agriculteurs exploitants, près de quatre conjoints sur dix exercent la même profession. Elle atteint même 61 % pour les conjoints d’agricultrices exploitantes et 80 % en prenant en compte les retraités (figure 4).

Les jeunes Normands en couple avec un exploitant agricole travaillent majoritairement en dehors du milieu agricole (2 sur 3 pour les 25-34 ans). Ils sont également davantage diplômés du supérieur que les jeunes en couple avec des actifs non agricoles (56 % contre 44 %). À l’inverse, la moitié des Normands plus âgés (55-64 ans) vivant avec un exploitant agricole travaillent sur l’exploitation et moins de 20 % d’entre eux ont suivi des études supérieures.

Les jeunes en couple avec un ouvrier agricole sont davantage titulaires du baccalauréat (2 sur 3) que leurs aînés (moins de 4 sur 10), tout comme les jeunes conjoints d’actifs non agricoles.

Figure 4Statut professionnel du conjoint des actifs agricoles vivant en couple en Normandie

(en %)
Statut professionnel du conjoint des actifs agricoles vivant en couple en Normandie ((en %))
Catégorie d’actif agricole vivant en couple Sexe de l’actif agricole vivant en couple Statut professionnel du conjoint de l’actif occupé résidant en Normandie
Actifs occupés non agricoles Actifs occupés agricoles dont agriculteurs exploitants dont ouvriers agricoles Actifs inoccupés ou inactifs dont retraités ou préretraités dont autres Total
Exploitant agricole Hommes 56 30 28 3 14 7 7 100
Femmes 17 63 61 2 21 19 2 100
Total 44 40 38 2 16 11 5 100
Ouvrier agricole Hommes 69 9 2 7 22 3 19 100
Femmes 48 34 19 15 18 10 8 100
Total 62 17 7 10 21 5 16 100
  • Note de lecture : 61 % des conjoints d’agricultrices exploitantes sont eux-mêmes agriculteurs exploitants.
  • Source : Insee, recensement de la population 2020 – exploitation complémentaire

Plus d’un actif agricole sur deux vit avec des enfants

Comme l’ensemble des actifs, les actifs agricoles normands vivent le plus souvent en couple avec des enfants (près de 6 sur 10), dans des familles avec au plus deux enfants (près de 8 actifs sur 10).

Les enfants âgés d’au moins 20 ans des actifs agricoles normands vivant encore avec leurs parents sont plus souvent entrés dans la vie active que ceux des actifs non agricoles (88 % contre 77 %). Ces enfants actifs sont également davantage diplômés de l’enseignement supérieur (4 sur 10 contre un peu plus de 3 sur 10). Parmi ceux ayant un emploi, un peu plus d’un sur trois occupe également une profession agricole alors que cette part est minime (moins de 3 %) quand aucun des parents est un actif agricole.

Quasiment tous les enfants âgés d’au moins 20 ans vivant dans une famille ouvrière agricole sont déjà actifs. Ils ont moins souvent suivi avec succès des études supérieures que ceux résidant dans une famille d’exploitants agricoles (1 sur 5 contre plus de 2 sur 5).

Encadré 1 - Une région de grandes cultures et d’élevage

La région Normandie représente environ 7 % des exploitations agricoles en France. Une baisse du nombre d’exploitations est observée depuis 1970, moindre sur la période récente (baisse de 8 900 exploitations entre 2010 et 2020) que lors des deux décennies précédentes.

La surface agricole utile normande se stabilise autour de 2 millions d’hectares, avec une surface moyenne des exploitations de 74 hectares. La part de l’espace agricole sur le territoire est l’une des plus importantes des régions françaises (près de 70 %). Les exploitations de grande taille économique représentent un quart des exploitations normandes.

Bien que relativement diversifiée, la production agricole en Normandie est dominée par les grandes cultures (1 exploitation normande sur 3). Cette spécialisation, qui ne cesse de progresser, est surtout implantée dans les départements de l’Eure, de la Seine-Maritime et du Calvados. Les départements de la Manche et de l’Orne sont davantage spécialisés dans la production de bovins lait et de bovins viande (figure 5).

La Normandie se situe parmi les premières régions de France métropolitaine pour de nombreuses productions telles que les fromages au lait de vache, le beurre, la crème, les pommes à cidre ou encore le lin textile.

Figure 5Orientation technico-économique des exploitations agricoles (OTEX) dominante par commune en 2020

  • Le tableau associé à cette carte est disponible dans le fichier en téléchargement DONNÉES
  • Source : Agreste - Recensement agricole 2020

Encadré 2 - Des ouvriers agricoles moins bien rémunérés

En Normandie, un peu plus de 4 % des postes d’ouvriers sont occupés par des ouvriers agricoles. L’apprentissage y est particulièrement répandu, la part d’apprentis étant près de quatre fois plus élevée que parmi les autres ouvriers (11 % contre 3 %).

À l’instar des constats existants pour les ménages agricoles (pour en savoir plus), les revenus des ouvriers agricoles sont en moyenne inférieurs à ceux des autres ouvriers. En 2020, bien que le salaire horaire brut des ouvriers agricoles normands « permanents » soit supérieur au Smic (qui s’élève à 10,2 €), il reste inférieur en moyenne de 3,5 € à celui des autres ouvriers (11,6 € contre 15,1 €). La forte présence d’apprentis, le plus jeune âge, et les niveaux de formation plus faibles peuvent expliquer cette différence de niveau de rémunération. Les sont à peine mieux payés que les ouvriers agricoles « permanents » (11,8 €), mais l’écart de salaire avec les autres ouvriers saisonniers (13,8 €) est plus faible.

Publication rédigée par :Thomas Balcone, Babacar Diop, Stéphanie Gosselin (Insee), Yvon Gourlaouen, Hélène Malvache, Sophie Morvannic (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt)

Pour comprendre

Dans cette publication, la population active agricole est observée sur les bases du recensement agricole pour les aspects concernant les exploitations, sur la profession exercée dans la base tous salariés pour les revenus, et sur celle du recensement de la population pour toutes les autres caractéristiques.

Définitions

La main d’œuvre permanente correspond à toutes les personnes travaillant, salariée ou non, à temps partiel ou à temps complet sur l’exploitation pendant au moins 8 mois sur l’année.

La classification selon la taille d’exploitation et celle selon l’orientation technico-économique (Otex) utilisée sont identiques à celles utilisées habituellement dans les statistiques agricoles. Elles sont fondées sur la Production Brute Standard (PBS) qui donne une valeur monétaire au potentiel de production des exploitations en fonction de leur nature et permet la classification des exploitations selon leur dimension économique. Une exploitation est considérée comme spécialisée dans une production quand au moins deux tiers de sa PBS est générée par cette production.

Le volume de travail est mesuré en équivalent temps plein (ETP). L’ETP est l’unité de mesure d’une capacité de travail ou de production. Pour une période donnée, il correspond à un travail (ou une production) qui nécessite une personne à plein temps pour le réaliser pendant la période considérée.

Les actifs occupés (ou population active ayant un emploi) correspondent, au sens du recensement de la population, aux personnes qui déclarent être dans l’une des situations suivantes :

- exercer une profession (salariée ou non), même à temps partiel ;

- aider une personne dans son travail (même sans rémunération) ;

- être apprenti, stagiaire rémunéré ;

- être chômeur tout en exerçant une activité réduite ;

- être étudiant ou retraité mais occupant un emploi.

L’espace périurbain correspond dans cette étude aux couronnes du zonage en aire d’attraction des villes. Ces couronnes sont constituées des communes qui envoient au moins 15 % de leurs actifs travailler dans le pôle.

Un saisonnier agricole est une personne qui a travaillé à temps complet ou à temps partiel, (y compris les stagiaires, apprentis, le woofing et les contrats de qualification, non compris le service de remplacement) sur une durée de moins de 8 mois.

Pour en savoir plus

(1) « Ouvrir dans un nouvel ongletLa formation des chefs d’exploitation et coexploitants en Normandie en 2020 », Agreste Études no14, DRAAF Normandie, mai 2023.

(2) « Ouvrir dans un nouvel ongletL’agriculture normande entre 1970 et 2020 », Agreste Études no12, DRAAF Normandie, septembre 2022.

(3) « Ouvrir dans un nouvel ongletRecensement agricole 2020 - Âge des exploitants et devenir des exploitations », Agreste Études no10, DRAAF Normandie, juillet 2022.

(4) « Ouvrir dans un nouvel ongletMémento de la statistique agricole 2022 – Normandie », Agreste, DRAAF Normandie.

(5) Mura B. & al, « Les revenus des ménages agricoles normands, plus faibles dans les territoires d’élevage », Insee Analyses Normandie no96, octobre 2021.