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Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes · Décembre 2023 · n° 173
Insee Analyses Auvergne-Rhône-AlpesLes trois visages de l’Isère

Aline Labosse, Florence Léger, Séverine Mugnier (Insee)

Entre les massifs montagneux à l’est et les plaines bordant la vallée du Rhône à l’ouest, l’Isère offre des paysages variés, riches en ressources naturelles qui ont façonné les bassins de vie et d’emploi. Trois territoires se révèlent, chacun avec ses particularités. Grenoble-Alpes-Métropole et sa périphérie au nord en forment un premier densément peuplé. Tout un pan de l’histoire économique du département s’est écrit ici avec la houille blanche. Attractif pour les étudiants et les cadres, il est tourné vers le futur grâce aux secteurs de la recherche et développement, de l’enseignement et des industries de haute-technologie. À l’ouest, un territoire moins accidenté accueille une population familiale attirée par un cadre de vie moins urbain ; il reste tourné vers la Métropole de Lyon et ses emplois, en majorité dans le secteur tertiaire. Un dernier territoire de montagnes à dominante rurale ceint Grenoble-Alpes-Métropole au sud et à l’est. Tourné vers le tourisme, il reste cependant connecté aux autres territoires du département, puisqu’une part conséquente de sa population y travaille.

Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes
No 173
Paru le :Paru le14/12/2023

Un relief qui structure le territoire

Situé à l’est de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le département de l’Isère offre un relief contrasté. Les massifs du Vercors, de Belledonne, de l’Oisans et de la Chartreuse façonnent sa moitié est avec leurs cours d’eau, quand sa partie ouest s’ouvre sur les plaines de l’Ain et la vallée du Rhône. Il est doté d’infrastructures de transport routier et ferré importantes. Chambéry est accessible depuis Grenoble par l’autoroute A41 en une heure, Valence en un peu plus d’une heure par l’A49, et la Métropole de Lyon en une heure et demie par l’A43. Plus du tiers de la population habite une commune desservie par une gare ferroviaire de voyageurs (36 % contre 41 % pour la région) et plus de deux habitants sur trois habitent à dix minutes ou moins de cet équipement (69 % comme pour la région).

La croissance démographique reste positive

L’Isère accueille 16 % de la population régionale en 2019, soit 1 271 000 habitants. La population se concentre autour et dans la métropole de Grenoble ainsi que dans les aires d’attraction des villes de Lyon et de Chambéry (figure 1). Le taux de croissance annuel moyen ralentit dans le département mais reste positif (+0,5 % entre 2013 et 2019 contre +0,8 % entre 2008 et 2013). Inférieur à celui de la région (+0,6 % sur la période récente), il est uniquement porté par le solde naturel. À l’image de la France métropolitaine, la croissance profite aux territoires situés dans les couronnes urbaines (+0,7 %) et ceux hors attraction des villes (+0,6 %) au détriment des centres (-0,1 %). Portés à la fois par des soldes naturel et migratoire dynamiques, les taux de croissance annuels moyens des de l’ouest du département sont nettement plus élevés qu’ailleurs. Si les tendances récentes de fécondité, de mortalité et de migrations se poursuivaient, la population iséroise augmenterait jusqu’en 2056 pour atteindre 1 378 000 personnes, avant de diminuer jusqu’à 1 372 200 personnes en 2070, soit un gain de près de 100 000 habitants sur la période.

Figure 1Niveau de densité de population du département de l’Isère en 2019

De la houille blanche aux cols blancs

Dans la seconde moitié du 19e siècle, l’essor de l’électricité permet le développement de l’hydroélectricité et du turbinage. La nouvelle centrale hydroélectrique de Gavet s’inscrit dans cette histoire. Depuis 2020, elle permet d’accroître la production de 40 % sur le même tronçon de rivière et contribue à faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la première région productrice d’énergie hydroélectrique (45 % de la production nationale). Une intense activité industrielle autour de la métallurgie, la chimie et la mécanique de précision s’est développée grâce à cette énergie. L’industrie textile est présente également dans le nord de l’Isère autour de Bourgoin-Jallieu dès le 19e siècle. Toutes ces industries ont su entreprendre un virage vers la haute technologie avec des débouchés pour le textile dans l’aéronautique ou l’industrie du luxe. L’industrie représente 16 % des 500 000 emplois du département (15 % pour la région). La construction représente 7 % quand l’agriculture pèse 1 %, comme dans la région. À l’image d’Auvergne-Rhône-Alpes, le secteur tertiaire reste le plus gros employeur (76 % des emplois).

Trois territoires distincts se dessinent au sein du département par leurs dynamiques et leurs caractéristiques en termes de mode de cohabitation, de catégorie socioprofessionnelle et de secteurs d’activité. Le premier territoire est constitué d’EPCI sous influence de la métropole de Grenoble, le second d’EPCI sous l’influence de la Métropole de Lyon et le troisième d’EPCI à dominante rurale (pour comprendre).

Territoire sous l’influence de Grenoble : des ressources naturelles que les hommes ont su exploiter…

Aux pieds de la Chartreuse, du Vercors et de Belledonne, l’histoire de Grenoble s’est écrite au sein d’un environnement contraignant. Le réseau hydraulique développé grâce aux reliefs et aux rivières est pourvoyeur d’emplois dans la zone d’influence de la métropole qui s’étend jusqu’au nord du département en direction de Chambéry. Plus de la moitié des Isérois (655 000 habitants) réside dans ce territoire en 2019 et plus d’un tiers dans le seul EPCI de Grenoble-Alpes-Métropole (447 000 habitants).

La croissance démographique y est dynamique (+0,2 % en moyenne annuelle entre 2013 et 2019) mais reste moins soutenue qu’au niveau départemental (figure 2) et que dans le territoire sous influence de Lyon (+0,9 %). Au sein de cette zone, les EPCI du Grésivaudan et du Pays Voironnais présentent la croissance annuelle moyenne la plus importante (+0,4 %). Ces EPCI sont les plus peuplés du département derrière la métropole de Grenoble (croissance de +0,1 % seulement) et la Communauté d’agglomération Porte de l’Isère (CAPI).

Figure 2 Décomposition de l’évolution de la population entre 2013 et 2019

(en %)
Décomposition de l’évolution de la population entre 2013 et 2019 ((en %)) - Lecture : Entre 2013 et 2019, le taux de croissance annuel moyen du département était de +0,5 %, le solde naturel de +0,5 % et le solde migratoire nul.
Territoire Solde naturel Solde migratoire Taux de croissance
EPCI sous influence de Grenoble 0,50 -0,28 0,22
EPCI sous influence de Lyon 0,50 0,37 0,87
EPCI à dominante rurale 0,03 0,06 0,10
Isère 0,47 0,01 0,48
  • Lecture : Entre 2013 et 2019, le taux de croissance annuel moyen du département était de +0,5 %, le solde naturel de +0,5 % et le solde migratoire nul.
  • Source : Insee, Recensements de la population, exploitation complémentaire, 2013 et 2019.

Figure 2 Décomposition de l’évolution de la population entre 2013 et 2019

  • Lecture : Entre 2013 et 2019, le taux de croissance annuel moyen du département était de +0,5 %, le solde naturel de +0,5 % et le solde migratoire nul.
  • Source : Insee, Recensements de la population, exploitation complémentaire, 2013 et 2019.

Le solde naturel est positif entre 2013 et 2019 (+0,5 %), comme dans le département et le territoire sous l’influence de Lyon ; il est quasiment nul dans le territoire à dominante rurale (+0,03 %). Malgré l’apport de nombreux étudiants, le solde migratoire est déficitaire alors qu’il est nul dans le territoire à dominante rurale, et excédentaire pour le territoire sous influence de Lyon.

Cette zone est particulièrement dense, puisqu’elle compte 349 habitants au km2 et 12 % de terres artificialisées (contre 11 % pour le territoire sous influence de Lyon et 2 % pour celui à dominante rurale).

Les 290 000 emplois du territoire sous influence de Grenoble représentent 59 % des emplois du département, alors que sa population ne correspond qu'à 51 %. Les plus gros établissements employeurs y sont localisés. L’hôpital Nord sur la commune de La Tronche compte près de 10 000 postes, l’Université Grenoble Alpes à Saint-Martin-d’Hères quasiment 7 000 et le Département 5 000. Les emplois dans les secteurs industriels de haute-technologie (nano, micro, bio et informatique) sont nombreux et représentent une spécificité qui apparente ce territoire à la Silicon Valley française. Plusieurs établissements dépassent ou approchent les 2 000 postes (STMicroelectronics, Becton Dickinson France). Pour développer sa croissance et diversifier les débouchés, l’industrie s’est tournée très tôt vers la recherche et l’enseignement. Le polygone scientifique de Grenoble accueille une partie de ces activités : le CNRS ou le CEA-Grenoble fournissent plusieurs milliers de postes, quand le secteur de la conception-recherche occupe 25 % des cadres.

… qui profitent aux cadres et aux étudiants

Les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 26 % de la population active (figure 3), alors qu’ils ne sont que 14 % dans les autres territoires, reflétant la structure des emplois de la zone. Cette catégorie socioprofessionnelle est la plus fréquente en 2019 derrière les professions intermédiaires (28 %) et devant les employés (25 %). Cependant, comme dans l’ensemble du département, les cadres ne restent pas tous quand vient l’heure de la retraite. La part des anciens cadres n’atteint plus que 13 % de la population des retraités.

Figure 3Répartition de la population selon la catégorie socioprofessionnelle

(en %)
Répartition de la population selon la catégorie socioprofessionnelle ((en %)) - Lecture : En 2019, 24 % de la population habitant le territoire regroupant des EPCI sous influence de Lyon appartiennent à la catégorie socioprofessionnelle des ouvriers.
Territoire Agriculteurs exploitants Artisans, commerçants, chefs d'entreprise Cadres, professions intellectuelles supérieures Professions intermédiaires Employés Ouvriers
EPCI sous influence de Grenoble 0,3 5,9 26,0 27,8 24,8 15,2
EPCI sous influence de Lyon 1,1 7,4 14,0 28,0 25,2 24,3
EPCI à dominante rurale 2,8 9,5 13,6 27,2 26,0 20,9
Isère 0,9 6,8 20,1 27,8 25,0 19,4
  • Lecture : En 2019, 24 % de la population habitant le territoire regroupant des EPCI sous influence de Lyon appartiennent à la catégorie socioprofessionnelle des ouvriers.
  • Source : Insee, Recensement de la population, exploitation complémentaire, 2019.

Figure 3Répartition de la population selon la catégorie socioprofessionnelle

  • Lecture : En 2019, 24 % de la population habitant le territoire regroupant des EPCI sous influence de Lyon appartiennent à la catégorie socioprofessionnelle des ouvriers.
  • Source : Insee, Recensement de la population, exploitation complémentaire, 2019.

Dans ce territoire, près du quart de la population active possède un diplôme d’études supérieures longues (9 % pour le territoire sous influence de Lyon et 11 % pour le territoire à dominante rurale). Il accueille plus de 63 000 étudiants (95 % des étudiants isérois) à la rentrée 2019, répartis dans 69 établissements d’enseignement supérieur (88 % des établissements isérois). Près d’un habitant sur dix est étudiant dans ce territoire. Cette population représente le tiers des nouveaux arrivants et 20 % des partants. Les ménages d’une seule personne rassemblent 18 % de la population contre 12 % dans le territoire sous influence de Lyon et 15 % dans celui à dominante rurale. Parmi ces résidents, 9 % sont des étudiants. Malgré un parc de logements riche en studios et deux pièces (25 % des résidences principales), un des enjeux de ce territoire artificialisé, dense et contraint par la géographie, reste de satisfaire la demande des nouveaux arrivants, en particulier celle des étudiants et des jeunes actifs.

Une majorité de familles vit dans le territoire sous influence de Lyon

En 2019, plus de 520 000 habitants vivent dans le territoire sous influence de Lyon, soit 40 % de la population de l’Isère. La démographie y est très dynamique, portée par des soldes naturel et migratoire positifs (+0,5 % et +0,4 % entre 2013 et 2019). Les quatre EPCI à plus forte croissance du département se situent dans cet espace : +2,1 % pour Lyon Saint Exupéry en Dauphiné, +1,3 % pour Les Balcons du Dauphiné, +1,0 % pour Porte de l’Isère (CAPI) et +0,9 % pour la partie iséroise de Vienne-Condrieu. Près du tiers des migrations résidentielles se fait avec l’ de Lyon avec un nombre d’arrivées presque deux fois plus importants que les départs (6 200 arrivées dont 1 600 de Lyon et 600 de Villeurbanne pour 3 700 départs dont 1 200 vers Lyon et 600 vers Villeurbanne).

Près de deux habitants sur trois vivent dans une famille avec enfants (figure 4) contre 56 % dans les autres territoires. De même, 21 % de la population ont moins de 14 ans contre 18 % ailleurs. Sept habitants sur dix sont propriétaires de leur résidence principale (60 % pour le territoire sous influence de la métropole grenobloise et 73 % pour le territoire à dominante rurale), dont 71 % sont des maisons individuelles (respectivement 35 % et 72 %).

Figure 4 Répartition de la population selon le mode de cohabitation en 2019

(en %)
Répartition de la population selon le mode de cohabitation en 2019 ((en %)) - Lecture : En 2019, 53 % de la population résidant dans un EPCI sous influence de Lyon vivent dans un ménage composé d’un couple avec enfants.
Territoire Couples avec enfant(s) Couples sans enfant Familles monoparentales Personnes seules Autres ménages
EPCI sous influence de Grenoble 44,8 23,7 10,9 18,2 2,4
EPCI sous influence de Lyon 53,2 23,1 10,1 12,1 1,5
EPCI à dominante rurale 45,7 27,5 10,0 15,1 1,7
Isère 48,3 23,8 10,5 15,5 1,9
  • Lecture : En 2019, 53 % de la population résidant dans un EPCI sous influence de Lyon vivent dans un ménage composé d’un couple avec enfants.
  • Source : Insee, Recensement de la population, exploitation complémentaire, 2019.

Figure 4 Répartition de la population selon le mode de cohabitation en 2019

  • Lecture : En 2019, 53 % de la population résidant dans un EPCI sous influence de Lyon vivent dans un ménage composé d’un couple avec enfants.
  • Source : Insee, Recensement de la population, exploitation complémentaire, 2019.

Des emplois majoritairement dans le tertiaire malgré une industrie davantage présente

Sur les 170 000 emplois du territoire, soit le tiers de ceux du département, 71 % appartiennent au secteur tertiaire. Les principaux établissements employeurs, plus de 1 000 postes, sont les centres hospitaliers de Vienne et de Bourgoin-Jallieu, ainsi que le groupe publicitaire Idal à Salaise-sur-Sanne. Dans ce territoire, les professions intermédiaires sont majoritaires avec 28 % des emplois. Les employés et les ouvriers en représentent le quart. Cette zone se caractérise par la plus forte part d’emplois industriels (18 % contre 15 % ou moins ailleurs). L’industrie alimentaire et la fabrication de produits métalliques hors machines et équipements (12 % des postes chacun) sont les secteurs industriels les plus pourvoyeurs d’emploi. La centrale nucléaire de Saint-Alban ou le groupe Calor à Pont-Evêque (plus de 500 postes) font partie des principaux employeurs industriels.

De nombreux navetteurs se déplacent en voiture pour rejoindre leur lieu de travail

Ce territoire implanté entre les métropoles de Lyon et de Grenoble est un lieu d’échanges d’actifs qui génère des déplacements domicile-travail importants. À mesure que la famille s’agrandit, les ménages quittent les centres-villes pour habiter en maison individuelle. Une partie des actifs s’éloigne de leur lieu de travail et allonge ses temps de trajets. Dans ce territoire riche en axes de transport routiers et ferrés, les actifs parcourent en moyenne 25 km pour aller travailler (contre 17 km dans le territoire sous influence de Grenoble et 24 km dans celui à dominante rurale). Cette distance atteint 40 km pour les cadres et 30 km pour les professions intermédiaires.

Près de neufs actifs occupés sur dix utilisent un véhicule motorisé individuel pour rejoindre leur lieu de travail. Presque 50 % des ménages possèdent deux voitures ou plus (contre 34 % dans le territoire sous influence de Grenoble et 45 % dans celui à dominante rurale). Seulement 6 % de la population utilisent les transports en commun, en raison notamment de la moindre dotation en gare ferroviaire de voyageurs. Un quart des personnes vit dans une commune en disposant et 54 % des habitants y accèdent en moins de 10 minutes (respectivement 47 % et 84 % dans le territoire sous influence de Grenoble et 18 % et 42 % dans celui à dominante rurale). 89 000 actifs travaillent dans une autre commune du territoire et 95 % d’entre eux utilisent un véhicule motorisé.

88 000 actifs (soit 40 % de ceux en emploi) sortent par ailleurs de la zone pour se rendre sur leur lieu de travail. Un sur cinq travaille à Lyon. Ceux qui partent du territoire utilisent aussi majoritairement un véhicule motorisé, mais dans une moindre mesure (87 %).

Des actifs viennent également travailler dans le territoire. Ils occupent un cinquième des emplois offerts par la zone. Parmi eux, 91 % utilisent un véhicule motorisé individuel. Ce constat soulève la question du coût du transport, de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l’offre de transports en commun dans ces EPCI résidentiels, puisque les trajets s’effectuent le plus souvent en voiture.

Un troisième territoire rural ouvert sur la métropole de Grenoble

Grâce à un écosystème varié, l’agriculture iséroise est diversifiée. Deux espaces agricoles se font face : la vaste étendue de plaines au nord-ouest, constituée du Bas-Dauphiné et de la vallée du Rhône et les montagnes au sud-est avec le Vercors, les Pré-Alpes et les Alpes.

Ce troisième territoire, rural, ceint la métropole de Grenoble avec le Vercors au sud et l’Oisans à l’est. Avec 1 200 exploitations agricoles, il concentre le quart des exploitations iséroises comme le quart de la (240 000 ha). L’élevage, très présent, concerne principalement les bovins, les ovins et les caprins. L’EPCI de Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté se distingue avec sa production de fruits et particulièrement de noix. Elle correspond au tiers de la production agricole du territoire et à 9 % de la production départementale. La part des agriculteurs dans la population active est élevée si on la compare aux autres territoires (2,8 % contre 1,0 % ou moins dans les territoires sous influence des métropoles). Plus du quart de la population active en emploi exerce une profession intermédiaire ou occupe un poste d’employé.

Près de 60 % des actifs occupés travaillent dans leur EPCI de résidence. Cette part atteint 85 % pour les habitants de l’Oisans, dont les actifs occupés travaillent essentiellement dans le tourisme. Le nombre d’emplois n’étant pas suffisant pour occuper l’ensemble des actifs, 75 emplois pour 100 actifs (contre 106 pour le territoire sous influence de Grenoble et 77 pour celui sous influence de Lyon), 40 % des actifs en emploi l’occupent ailleurs. Deux tiers d’entre eux se rendent dans l’unité urbaine de Grenoble. Les professions intermédiaires représentent la plus grosse part des navetteurs sortants (33 %) devant les cadres (22 %) et les employés (21 %) suivis par les ouvriers (18 %).

Le territoire accueille également des navetteurs entrants. Ils occupent 20 % des emplois et sont près d’un quart à venir de l’unité urbaine de Grenoble. Plus d’un sur deux travaille dans l’EPCI de Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté et près d’un sur quatre dans l’EPCI de l’Oisans. La part des ouvriers et des professions intermédiaires est la plus importante (autour de 30 %) dans l’EPCI de Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté, alors que dans l’Oisans, les employés et les professions intermédiaires prédominent (30 % chacune).

Un territoire attractif pour les touristes

Les activités touristiques représentent 4 900 emplois mensuels moyens sur l’année, soit 17 % des 30 000 emplois qu’offre le territoire. Au plus fort de la saison, on recense jusqu’à 1 700  supplémentaires par mois. Près d’un tiers est comptabilisé dans l’activité hébergement et 16 % dans la restauration-café. Les plus gros établissements employeurs (plus de 350 postes) relèvent de ce secteur : le Club Med, la Société d’aménagement touristique de l’Alpe-d’Huez et Deux Alpes Loisirs qui gèrent les remontées mécaniques et les téléphériques.

La zone offre 170 000 lits touristiques dont 90 % en résidences secondaires. Plus du tiers des logements du territoire sont des résidences secondaires contre 4 % et moins dans les autres territoires. Les autres lits dédiés au tourisme sont des lits hôteliers (32 % de la capacité iséroise) et des emplacements de camping (46 % de la capacité iséroise).

Ce territoire propose de multiples activités aux sportifs et aux adeptes des milieux naturels. Les huit stations de ski de l’Oisans et les six du Vercors rassemblent 74 % des équipements des domaines skiables du département. On compte quatre grands lacs et 9 000 km de sentiers de randonnée balisés et labellisés au sein notamment des parcs naturels du Vercors et des Écrins. D’autres équipements sportifs et de loisirs complètent l’offre. Alors que seulement 8 % de la population départementale vivent dans ce territoire, la moitié des équipements de sport nautique et des terrains de golf y est recensée. Rapportée à sa population, ce territoire compte le plus d’équipements touristiques.

Un des enjeux de ce territoire touristique est de satisfaire la demande en logement des résidents, en réduisant le nombre de lits , ainsi que celle des saisonniers, en leur proposant des solutions de logement adaptées.

Publication rédigée par :Aline Labosse, Florence Léger, Séverine Mugnier (Insee)

Pour comprendre

EPCI composant les territoires :

  • Territoire composé d’EPCI sous influence de Grenoble : Grenoble-Alpes-Métropole, du Grésivaudan, du Pays Voironnais et la partie iséroise de l’EPCI du Cœur de Chartreuse ;
  • Territoire composé d’EPCI sous influence de Lyon : Porte de l’Isère (CAPI), partie iséroise de l’EPCI de Vienne Condrieu, Les Balcons du Dauphiné, Entre Bièvre et Rhône, les Vals du Dauphiné, Bièvre Isère, Lyon Saint-Exupéry en Dauphiné, les Collines du Dauphiné et Bièvre Est ;
  • Territoire composé d’EPCI à dominante rurale : Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté, la Matheysine, le Massif du Vercors, l’Oisans et le Trièves.

Définitions

Les Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) sont des regroupements de communes ayant pour objet l’élaboration de « projets communs de développement au sein de périmètres de solidarité ».

Une unité urbaine est une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants.

La superficie agricole utilisée correspond à la superficie totale de l’exploitation, diminuée des bâtiments et cours, des landes et friches non productives, des bois et du territoire non agricole.

L’emploi touristique comprend l'emploi direct issu de 109 activités potentiellement touristiques, regroupées en onze grands secteurs.

Un lit est considéré « froid » lorsqu’il est occupé moins de quatre semaines par an, qu'il soit en hôtel, en camping, en résidence secondaire …

Pour en savoir plus

(1) Aude J., Lécroart A., « Impact de la crise sanitaire en Isère – Quatre Isérois sur dix ressentent des soucis financiers plus d’un an après le début de la crise sanitaire », Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes no 167, Juillet 2023.

(2) Bianco E., Thouilleux C., « 1 372 200 habitants en Isère à l’horizon 2070 », Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes no 120, Janvier 2023.

(3) Albert R,. Bouvet S., « SCoT Nord-Isère : un territoire hétérogène qui se développe sous l’influence de l’agglomération lyonnaise », Insee Analyse Auvergne-Rhône-Alpes no 143, Mai 2022.