Insee Flash Corse · Décembre 2023 · n° 82

En Corse, 10 000 seniors vivant à domicile sont en perte d’autonomie

En 2021, avec 104 000 personnes de 60 ans ou plus, soit trois habitants sur dix, la population corse est la plus âgée de France métropolitaine après celle de Nouvelle-Aquitaine (figure 1). Elle est même en première position pour le quatrième âge, avec 11 % de la population âgée de 75 ans ou plus. De surcroît, selon les projections de population, les seniors représenteraient quatre habitants sur dix en Corse à l’horizon 2070 [Tourtin-Battini, 2022 ; pour en savoir plus (1)]. Un quart de la population insulaire atteindrait alors le quatrième âge.

Sur l’île, 97 % des seniors vivent à domicile. Parmi eux, 27 % vivent seuls, soit la part la moins importante des régions de France métropolitaine. Avec l’âge, la solitude s’accroît néanmoins, tout en restant inférieure au reste de l’Hexagone. Les femmes sont majoritaires parmi les seniors du fait d’une espérance de vie supérieure. Après 85 ans, 52 % d’entre elles vivent seules contre 28 % des hommes. Dans ce contexte, l’accompagnement des personnes âgées devient un enjeu sociétal, notamment face à la perte d’autonomie.

En Corse, 10 000 seniors vivant à domicile sont en perte d’autonomie, soit 10 % des plus de 60 ans (figure 2). L’île se situe parmi les régions métropolitaines où les seniors font le plus souvent face à cette situation avec les Hauts-de-France et l’Occitanie [Marylise Dehon, 2023 ; pour en savoir plus (2)].

La perte d’autonomie se développe avec l’âge. Entre 60 et 74 ans, 5 % des seniors insulaires sont dans cette situation, alors qu’ils sont 31 % à 85 ans ou plus. Par ailleurs, à âge égal, les femmes sont davantage touchées que les hommes. Ainsi après 85 ans, 39 % d’entre elles sont en perte d’autonomie à domicile contre 18 % des hommes. En effet, suite au veuvage les hommes partiraient plus tôt et plus souvent en institution.

À l’échelle nationale, pauvreté et mauvaise santé sont liées or l’île fait partie des régions françaises les plus pauvres, notamment dans ses territoires ruraux. La perte d’autonomie est ainsi plus fréquente dans les communes rurales où 12 % des seniors insulaires y font face contre 9 % parmi ceux habitant en ville. En Corse, deux tiers des seniors résident en zone rurale.

Les seniors en perte d’autonomie peuvent recourir à l’aide de l’entourage ou aux aides professionnelles (infirmiers, aides-ménagères, etc.). Les aides techniques (canne, déambulateur, fauteuil roulant, etc.) y compris aménagement de logement (barre d’appui, douche adaptée, porte élargie) complètent ces dispositifs d’accompagnement. En Corse, tous les seniors en perte d’autonomie bénéficient d’au moins une de ces aides, toutefois la plus généralisée est l’aide d’un proche, avec neuf seniors sur dix bénéficiaires (figure 3).

Ces derniers cumulent souvent différents soutiens : huit sur dix s’appuient ainsi à la fois sur leur entourage et sur des aides professionnelles ou techniques. Parmi les seniors en perte d’autonomie, la totalité des hommes de 85 ans et 85 % des femmes concilient ces deux types d’aides.

Sur l’île, le maintien à domicile est aussi favorisé par un grand nombre de professionnels en soins infirmiers. Avec 430 infirmiers pour 100 000 habitants, la couverture régionale est deux fois supérieure à la moyenne de France de province.

D’une part, en Corse, qu’ils soient en perte d’autonomie ou non, trois seniors sur dix font face à des limitations fonctionnelles, c’est-à-dire des difficultés pour réaliser des activités courantes. La Corse est parmi les régions les plus concernées avec les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Un senior insulaire sur cinq fait face à des problèmes moteurs comme la marche ou la préhension. Un sur dix signale des problèmes sensoriels visuels ou auditifs. Enfin, un sur vingt présente des troubles cognitifs de compréhension ou de concentration. Ainsi sur l’île, 38 % des seniors sont limités dans leurs activités au quotidien, soit deux points de plus qu’en France métropolitaine.

D’autre part, 18 % des seniors vivant à domicile se déclarent en mauvaise ou très mauvaise santé. C’est le taux le plus élevé des régions métropolitaines dont la moyenne est de six points inférieure.

Comme au niveau national, les hommes se déclarent plus souvent en mauvaise santé que les femmes entre 75 et 84 ans. Après 85 ans, la situation s’inverse. Dans tous les cas, les problèmes de santé ou les limitations fonctionnelles se renforcent avec l’âge.