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Insee Analyses Guadeloupe · Décembre 2023 · n° 78
Insee Analyses GuadeloupeAux Antilles, trois seniors sur dix rencontrent des difficultés dans leurs activités quotidiennes

Gwénaelle Taupe, Marcelle Jeanne-Rose, Valentine Chieze Devivier (Insee)

En 2021, aux Antilles (Guadeloupe et Martinique), les problèmes fonctionnels affectent trois personnes âgées de 60 ans et plus vivant à domicile sur dix. Les problèmes de santé restreignent 45,0 % des seniors dans leurs activités quotidiennes. Parmi l’ensemble des seniors à domicile, 11,0 % sont en situation de perte d’autonomie. Les Antilles se classent ainsi au deuxième rang parmi les régions de France (hors Mayotte) avec le plus grand nombre de seniors à domicile confrontés à la perte d’autonomie, après la Réunion.

La surreprésentation d’ouvriers dont la pénibilité au travail est forte, et le renoncement fréquent aux soins pour cause de délais aux Antilles ont des effets sur la santé des seniors : un senior antillais sur cinq déclare être en mauvais, voire très mauvais état de santé. Les seniors de la région ont plus souvent recours aux aides proposées à domicile, à l’exception de l’aide technique. La solidarité informelle est par ailleurs fréquente aux Antilles.

Insee Analyses Guadeloupe
No 78
Paru le :Paru le12/12/2023
Aux Antilles, trois seniors sur dix rencontrent des difficultés dans leurs activités quotidiennes.
Publication rédigée par :Gwénaelle Taupe, Marcelle Jeanne-Rose, Valentine Chieze Devivier (Insee)

La plupart des seniors antillais résident à domicile

En 2020, les Antilles comptent 208 900 personnes âgées de 60 ans et plus (figure 1), soit 28,1 % de la population contre 26,5 % en France métropolitaine. À l’horizon 2050, cette proportion atteindrait 47,3 % de la population totale aux Antilles, avec un vieillissement plus marqué en Martinique (49,5 %) qu’en Guadeloupe (45,2 %).

Les vivent majoritairement à domicile (98,1 %). Si moins de 2,0 % résident en institution, cette part augmente avec l’âge pour atteindre 3,6 % pour les 75 ans ou plus. Parmi les seniors résidant à domicile, plus d’un senior sur trois habite seul. En lien avec le veuvage, ce nombre augmente avec l’âge : 32,5 % des personnes âgées de 60 à 74 ans vivent seules à leur domicile contre 37,8 % chez les 75-84 ans et 44,6 % chez les 85 ans et plus.

Plus nombreuses parmi les seniors, les femmes vivent plus souvent seules que les hommes (21,6 % contre 13,2 % pour les hommes). Aux âges les plus avancés, le fait de vivre seul concerne une femme sur deux contre un homme sur trois. En Guadeloupe et en Martinique, tout comme au niveau national, l’espérance de vie à 60 ans des femmes (respectivement 26,9 ans, 27,7 ans et 27,3 ans), est en moyenne quatre années plus grande que celles des hommes (22,6 ans, 23,3 ans et 22,8 ans).

Figure 1Nombre de seniors par sexe et tranche d’âge dans les Antilles

(en nombre)
Nombre de seniors par sexe et tranche d’âge dans les Antilles ((en nombre)) - Lecture : Les Antilles comptent 92 300 hommes de 60 ans et plus.
Classe d’âge Femmes Hommes Total
60 à 74 ans 75 000 64 300 139 300
75 à 84 ans 27 500 20 400 47 900
85 ans et plus 14 100 7 600 21 700
Ensemble 116 600 92 300 208 900
  • Lecture : Les Antilles comptent 92 300 hommes de 60 ans et plus.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2020.

Les seniors antillais rencontrent davantage de problèmes fonctionnels qu’au niveau national

Les seniors antillais rencontrent davantage de difficultés que leurs homologues métropolitains pour accomplir certaines tâches de la vie courante. Ainsi, 29,8 % d’entre eux déclarent vivre avec au moins une , qu’elle soit motrice, sensorielle ou cognitive, soit 6,4 points de plus qu’au niveau national (figure 2).

Les limitations fonctionnelles augmentent avec l’âge. Parmi les seniors âgés de 60 à 74 ans vivant à leur domicile, 21,1 % déclarent rencontrer un ou plusieurs problèmes fonctionnels quand ils sont 36,6 % chez les 75-84 ans et 70,6 % parmi les 85 ans et plus. À partir de 85 ans, sept seniors sur dix éprouvent au moins une limitation fonctionnelle, soit 12,9 points de plus qu’en France métropolitaine.

En lien avec une espérance de vie plus longue, les femmes sont plus nombreuses à déclarer un problème fonctionnel (32,4 % contre 26,5 % pour les hommes). Les femmes antillaises sont par ailleurs plus souvent concernées par l’obésité que les hommes [Leduc, Drees, 2021 ; pour en savoir plus (1)]. Ce facteur accroît le risque de nombreuses pathologies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et certaines affections respiratoires, qui peuvent expliquer la prévalence des limitations fonctionnelles chez les femmes. Le nombre de femmes déclarant un problème fonctionnel est également plus élevé qu’en France métropolitaine où une femme sur quatre est concernée.

Figure 2Part des seniors à domicile avec au moins un problème fonctionnel, selon le type de problème

(en %)
Part des seniors à domicile avec au moins un problème fonctionnel, selon le type de problème ((en %)) - Lecture : Aux Antilles, 29,8 % des seniors vivant à domicile déclarent vivre avec au moins un problème fonctionnel.
Problème fonctionnel Antilles France métropolitaine
Moteur 23,0 17,3
Cognitif 10,1 5,7
Sensoriel 11,3 10,1
Au moins un problème fonctionnel 29,8 23,4
  • Lecture : Aux Antilles, 29,8 % des seniors vivant à domicile déclarent vivre avec au moins un problème fonctionnel.
  • Champ : Personnes de 60 ans et plus vivant à domicile aux Antilles.
  • Source : Drees, Enquête Vie quotidienne et Santé (VQS) – 2021.

Figure 2Part des seniors à domicile avec au moins un problème fonctionnel, selon le type de problème

  • Lecture : Aux Antilles, 29,8 % des seniors vivant à domicile déclarent vivre avec au moins un problème fonctionnel.
  • Champ : Personnes de 60 ans et plus vivant à domicile aux Antilles.
  • Source : Drees, Enquête Vie quotidienne et Santé (VQS) – 2021.

Les problèmes fonctionnels moteurs sont les plus courants

Parmi l’ensemble des seniors, (avec ou sans problèmes fonctionnels), 45,0 % sont restreints dans leurs activités quotidiennes pour des raisons de santé, dont 16,1 % fortement. Ceux confrontés à des problèmes fonctionnels sont davantage touchés, avec plus de huit seniors sur dix à être limités dans leurs activités quotidiennes.

Les difficultés motrices concernent 23,0 % des seniors antillais, soit 5,7 points de plus qu’en France métropolitaine, suivies par les difficultés sensorielles (11,3 % contre 10,1 %). Les limitations motrices affectent davantage les femmes (26,6 % contre 18,5 % des hommes). Au contraire, les hommes sont plus nombreux à être confrontés à une limitation sensorielle (12,4 % contre 10,5 % des femmes).

Les limitations cognitives affectent plus fortement les seniors antillais : un senior sur 10 est concerné par cette situation, soit 4,4 points de plus qu’en France hexagonale. Les limitations cognitives concernent davantage les femmes que les hommes (10,6 % contre 9,5 %).

Les seniors antillais sont plus touchés par la perte d’autonomie que leurs homologues de France métropolitaine

Aux Antilles, 11,0 % des seniors vivant à domicile sont en situation de perte d’autonomie, soit 3,8 points de plus qu’en France métropolitaine (figure 3). Cet écart est encore plus accentué chez les 85 ans et plus où près d’un senior sur deux est en situation de perte d’autonomie contre moins d’un senior sur trois au niveau national. Ainsi, les Antilles occupent la deuxième place parmi les régions de France (hors Mayotte) où la perte d’autonomie chez les seniors vivant à domicile est la plus importante, après la Réunion.

La perte d’autonomie augmente rapidement avec l’âge. Si elle ne concerne que 4,6 % des 60-74 ans vivant à domicile, elle atteint 14,0 % pour les 75-84 ans et 45,5 % pour les 85 ans et plus. La perte d’autonomie survient à un stade plus précoce qu’au niveau national. Aux âges les plus jeunes, chez les 60-74 ans, elle concerne 4,6 % des seniors contre 3,1 % seulement en France métropolitaine. Comme au niveau national, les femmes sont davantage concernées par la perte d’autonomie (12,9 %) que les hommes (8,5 %).

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la prévalence de la perte d’autonomie à domicile aux Antilles. Le faible taux d’équipement en places d’hébergements pour personnes âgées en Guadeloupe et en Martinique peut expliquer le maintien à domicile : elles disposent respectivement de 42 et 52 places d’hébergement pour 1 000 personnes âgées de 75 ans et plus en 2021, loin derrière la France métropolitaine (116 places). Par ailleurs, le coût élevé des places d’hébergement dans les établissements pour personnes âgées peut également limiter le placement des seniors en perte d’autonomie en institution : en 2019, les 15 EPHAD privés à but lucratif concentrent plus d’un quart de la capacité d’accueil des établissements pour personnes âgées aux Antilles. Cette concentration est d’autant plus importante en Guadeloupe où six places en établissement sur dix sont pourvues par le secteur privé ; en Martinique elles représentent cinq places sur dix.

Les cohabitations intergénérationnelles demeurant significatives aux Antilles, permettent également le maintien à domicile des seniors en situation de perte d’autonomie : près d’un senior antillais sur trois cohabite avec au moins une personne âgée de moins de 25 ans.

Le maintien à domicile pose toutefois la question de l’adaptation des logements aux besoins des personnes âgées. Aux Antilles, les seniors résidant à domicile sont majoritairement propriétaires de leur logement (78,2 %) et plus de huit seniors sur dix vivent dans une maison individuelle. Ils sont également nombreux à résider dans un grand logement : près d’une personne âgée de 60 ans et plus sur trois vit dans un logement d’au moins 5 pièces et ils sont plus d’un senior sur deux à résider dans un logement d’au moins 80 mètres carrés. En termes de confort, seuls 38,2 % disposent d’une pièce climatisée au sein de leur habitation. Par ailleurs, 21,8 % ne bénéficient pas d’une arrivée d’eau chaude et 1,2 % ne disposent pas de l’électricité au sein de leur logement.

Figure 3Part des seniors à domicile en situation de perte d’autonomie selon l’âge

(en %)
Part des seniors à domicile en situation de perte d’autonomie selon l’âge ((en %)) - Lecture : Aux Antilles, 11,0 % des seniors vivant à domicile sont en situation de perte d’autonomie.
Classe d’âge Antilles France métropolitaine
60 à 74 ans 4,6 3,1
75 à 84 ans 14,0 9,1
85 ans et plus 45,5 29,8
Ensemble 11,0 7,2
  • Lecture : Aux Antilles, 11,0 % des seniors vivant à domicile sont en situation de perte d’autonomie.
  • Champ : Personnes de 60 ans et plus vivant à domicile aux Antilles.
  • Source : Drees, Enquête Vie quotidienne et Santé (VQS) – 2021.

Figure 3Part des seniors à domicile en situation de perte d’autonomie selon l’âge

  • Lecture : Aux Antilles, 11,0 % des seniors vivant à domicile sont en situation de perte d’autonomie.
  • Champ : Personnes de 60 ans et plus vivant à domicile aux Antilles.
  • Source : Drees, Enquête Vie quotidienne et Santé (VQS) – 2021.

Un senior antillais sur cinq se déclare en mauvais état de santé

La prévalence de la perte d’autonomie à domicile aux Antilles peut également s’expliquer par une altération de l’état de santé plus prononcée chez les seniors antillais. En effet, un senior sur cinq se déclare en mauvais voire très mauvais état de santé, soit 8,1 points de plus qu’en France métropolitaine (figure 4). Cet écart est d’autant plus prononcé aux âges les plus avancés où un senior de 85 ans et plus sur deux se déclare en mauvaise santé contre un sur quatre à l’échelle métropolitaine.

Plusieurs facteurs contribuent à cet état de santé des seniors antillais, notamment des conditions de travail plus pénibles. Les personnes exposées à des contraintes physiques durant leur parcours professionnel sont moins souvent en bonne santé [Bahu et al., DREES, 2011 ; pour en savoir plus (2)]. Les ouvriers, catégorie socio-professionnelle la plus exposée à la pénibilité au travail, représentent une part plus élevée de la population active de 55 ans et plus qu’en France métropolitaine (+2,3 points). Par ailleurs, le renoncement aux soins pour cause de délais, particulièrement fréquent aux Antilles [Glenisson, Insee, 2021 ; pour en savoir plus (3)], contribue également au mauvais état de santé des seniors.

Figure 4Part des seniors à domicile se déclarant en mauvais état de santé selon l’âge

(en %)
Part des seniors à domicile se déclarant en mauvais état de santé selon l’âge ((en %)) - Lecture : Aux Antilles, 20,4 % des seniors vivant à domicile se déclarent en mauvais état de santé.
Classe d’âge Antilles France métropolitaine
60 à 74 ans 14,4 9,6
75 à 84 ans 24,4 14,4
85 ans et plus 50,0 24,6
Ensemble 20,4 12,3
  • Lecture : Aux Antilles, 20,4 % des seniors vivant à domicile se déclarent en mauvais état de santé.
  • Champ : Personnes de 60 ans et plus vivant à domicile aux Antilles.
  • Source : Drees, Enquête Vie quotidienne et Santé (VQS) – 2021.

Figure 4Part des seniors à domicile se déclarant en mauvais état de santé selon l’âge

  • Lecture : Aux Antilles, 20,4 % des seniors vivant à domicile se déclarent en mauvais état de santé.
  • Champ : Personnes de 60 ans et plus vivant à domicile aux Antilles.
  • Source : Drees, Enquête Vie quotidienne et Santé (VQS) – 2021.

Les seniors antillais vivant à domicile sont davantage aidés

Les seniors antillais vivant à domicile recourent plus souvent à une aide que leurs homologues de la France métropolitaine, à l’exception de l’aide technique (figure 5). Parmi l’ensemble des seniors vivant à domicile, qu’ils souffrent ou non d’une perte d’autonomie, 23,5 % reçoivent une aide informelle, soit près de 7 points de plus qu’à l’échelle nationale. Il peut s’agir d’une aide aux activités quotidiennes, d’un soutien moral ou d’une aide financière de la part d’un proche (conjoint, parent, enfant, ami…). L’appui des proches est également l’aide la plus sollicitée par les seniors antillais, constituant très souvent un socle indispensable au maintien à domicile des personnes âgées. Les Antilles se distinguent ainsi par une forte solidarité informelle, juste après la Réunion (25,4 %). Toutefois, le vieillissement de la population (88 seniors pour 100 jeunes) et le phénomène de décohabitation peuvent rendre difficile le recours à ce type d’aide.

Parmi les seniors antillais, 25,7 % reçoivent au moins une aide formelle dans leur vie quotidienne contre 22,0 % en France métropolitaine. Il peut s’agir d’une aide d’un professionnel, d’une aide technique (canne, déambulateur, fauteuil roulant) ou d’un aménagement du logement. Parmi ces aides, l’aide professionnelle est la plus sollicitée sur ces territoires contrairement à la France métropolitaine où l’aide technique est plus fréquente. Par ailleurs, les seniors antillais sont plus fréquemment aidés par un professionnel, 16,8 % contre 11,0 % en France métropolitaine et sont 9,4 % à bénéficier d’un aménagement du logement contre 7,3 %.

Les deux types d’aides, formelles et informelles se cumulent davantage aux Antilles (aide « mixte ») : parmi les seniors à domicile bénéficiant d’une aide professionnelle et/ ou technique, 65,6 % profitent également d’une assistance d’un proche contre 53,8 % en France métropolitaine.

Parmi les seniors en perte d’autonomie, la grande majorité recourt à au moins une aide formelle dans leur vie quotidienne (96,8 %). L’aide professionnelle est la plus fréquente (86,5 %). Ils sont 62,9 % à bénéficier d’une aide technique et 45,5 % recourent à un aménagement du logement. L’entourage est également très présent puisque les seniors en perte d’autonomie sollicitent une aide de leur entourage dans 93,6 % des cas contre 91,1 % en France hexagonale. Enfin, ils sont 93,7 % à avoir recours à une aide technique et/ou professionnelle, en plus d’une aide de l’entourage (aide « mixte »).

Figure 5Part des seniors à domicile bénéficiant d’une aide selon le type d’aide

(en %)
Part des seniors à domicile bénéficiant d’une aide selon le type d’aide ((en %)) - Lecture : Aux Antilles, 16,8 % des seniors vivant à domicile bénéficient d’une aide professionnelle.
Type d’aide Antilles France métropolitaine
Entourage 23,5 16,6
Aménagement du logement 9,4 7,3
Technique 15,3 16,0
Professionnelle 16,8 11,0
  • Lecture : Aux Antilles, 16,8 % des seniors vivant à domicile bénéficient d’une aide professionnelle.
  • Champ : Personnes de 60 ans et plus vivant à domicile aux Antilles.
  • Source : Drees, Enquête Vie quotidienne et Santé (VQS) – 2021.

Figure 5Part des seniors à domicile bénéficiant d’une aide selon le type d’aide

  • Lecture : Aux Antilles, 16,8 % des seniors vivant à domicile bénéficient d’une aide professionnelle.
  • Champ : Personnes de 60 ans et plus vivant à domicile aux Antilles.
  • Source : Drees, Enquête Vie quotidienne et Santé (VQS) – 2021.

Encadré 1 - La majorité des bénéficiaires de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie résident à domicile aux Antilles

L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) est une allocation gérée par les départements permettant la prise en charge des besoins des personnes âgées de 60 ans ou plus résidant en France confrontées à des situations de manque ou de perte d’autonomie. En 2020, 7,5 % des seniors aux Antilles bénéficient de cette allocation, une part similaire à la France métropolitaine (7,4 %). L’attribution de cette allocation peut se faire au titre de l’APA « à domicile », pour les seniors résidant en logement ordinaire ou en résidence autonomie, ou de l’APA « en établissement », pour les seniors résidant en établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPA).

Alors que la demande d’allocation est quasi systématique pour les seniors en établissement, les seniors en situation de perte d’autonomie à domicile n’entreprennent pas toujours les démarches, expliquant pourquoi les seniors souffrant de perte d’autonomie ne sont pas tous bénéficiaires de l’APA : en 2020, seuls 6,4 % des seniors antillais résidant à domicile bénéficient de cette allocation. La part des bénéficiaires de l’APA à domicile est toutefois supérieure à la France métropolitaine (4,4 %). À l’inverse, seuls 1,1 % des seniors antillais bénéficient de l’APA en établissement, contre 3,1 % au niveau national.

La grande majorité des bénéficiaires de l’APA ne sont pas en institution. En 2020, 85,8 % des 15 673 allocataires antillais vivent à domicile, soit 27,2 points de plus qu’en France métropolitaine. Enfin, la dépense totale par bénéficiaire engagée par les départements des Antilles, fortement conditionnée par le niveau de revenu, est la plus élevée de France (Hors Mayotte) en 2020 : 8 134 euros sont alloués par bénéficiaire sur un an au titre de l’APA, contre 4 701 euros au niveau national.

Encadré 2 - Les seniors guyanais rencontrent davantage de problèmes fonctionnels qu’au niveau national

En 2020, 25 671 Guyanais ont 60 ans et plus, la grande majorité ayant entre 60 et 74 ans (77,9 %). Les seniors représentent 9,0 % de la population régionale, soit 17 points de moins qu’en France hexagonale. D’ici 2050, cette part atteindrait 16,4 % de la population totale. Une large majorité des seniors guyanais vivent à domicile (98,3 %). Parmi eux, 26,8 % habitent seul et 9,3 % sont en situation de perte d’autonomie, soit 2,1 points de plus qu’en France métropolitaine.

L’espérance de vie à 60 ans des seniors guyanais est semblable à celle des seniors de la France métropolitaine : elle est de 22,4 ans pour les hommes et de 27,1 ans pour les femmes en Guyane. Parmi les seniors vivant à domicile, 15,7 % se déclarent en mauvais ou en très mauvais état de santé contre 12,3 % en France hexagonale. Les hommes sont en moins bonne santé que les femmes avec respectivement 16,4 % et 15,1 % .

Les seniors guyanais rencontrent davantage de problèmes fonctionnels qu’au niveau national, et ce malgré leurs âges relativement moins avancés : 27,5 % ont au moins un problème fonctionnel contre 23,4 %. Les femmes sont plus concernées par cette limitation, 30,5 %, contre 21,4 % des hommes. Comme au niveau national, les problèmes fonctionnels moteurs sont les plus courants : 21,2 % des seniors sont concernés sur le territoire. Ils sont 41,9 % à être limités dans leur activité quotidienne pour des raisons de santé et huit seniors sur dix atteints d’une limitation fonctionnelle sont restreints dans leurs activités.

En Guyane, 21,4 % des seniors vivant à domicile reçoivent au moins une aide formelle dans leur vie quotidienne. Parmi ces aides, l’aide professionnelle est la plus sollicitée (15,3 %). Les seniors guyanais bénéficient également de l’aide de leur entourage (20,5 %) et des aides technique ou professionnelle en plus de l’aide de l’entourage (63,0 %), plus qu’en France hexagonale (respectivement 16,6 % et 53,8 %).

Publication rédigée par :Gwénaelle Taupe, Marcelle Jeanne-Rose, Valentine Chieze Devivier (Insee)

Pour comprendre

L’enquête Vie quotidienne et santé (VQS) a pour objectif d’établir des statistiques sur les conditions de vie des personnes vivant à domicile, leurs difficultés à réaliser les activités de la vie quotidienne et les aides qu’elles reçoivent. Elle a été réalisée auprès de 334 000 personnes vivant en France en domicile ordinaire, entre février 2021 et avril 2022. Aux Antilles-Guyane, 4 400 seniors ont répondus à l’enquête. En France métropolitaine et dans les DROM, hors Mayotte, les personnes ont pu répondre par internet, en renvoyant un questionnaire papier ou par téléphone. Une personne du logement pouvait répondre pour l’ensemble des membres du logement.

Outre la source principale VQS, le Recensement de la Population 2020 (RP) est utilisé pour décrire les volumes et caractéristiques des populations concernées. Les résultats de l’enquête EPHA 2019 portent sur les établissements et places en institutions. La source DRJSCS (Panorama Statistique Jeunesse Sports Cohésion Sociale pour les places d’hébergement) fournit le taux d’hébergement pour personnes âgées.

Publication rédigée par :Gwénaelle Taupe, Marcelle Jeanne-Rose, Valentine Chieze Devivier (Insee)

Définitions

Les limitations fonctionnelles peuvent être motrices (se déplacer, emprunter un escalier…), sensorielles (voir, entendre…) ou encore cognitives (comprendre, se concentrer…). Les seniors déclarant avoir au moins une limitation fonctionnelle rencontrent ainsi des difficultés pour réaliser des activités courantes comme monter un étage d’escalier, entendre une conversation ou se concentrer plus de 10 minutes.

Les personnes restreintes dans leurs activités sont limitées depuis au moins six mois en raison d’un problème de santé.

La perte d’autonomie est définie au-delà d’un certain seuil de limitations fonctionnelles et/ou d’activité, mesuré par le « score VQS ». Ce score synthétise les diverses difficultés rencontrées par les personnes âgées de 60 ans et plus, à partir de questions issues de l’enquête VQS portant sur leurs capacités fonctionnelles, leurs difficultés quotidiennes et leur état de santé général. Ainsi, un senior déclarant de fortes difficultés pour de nombreuses activités a un score VQS élevé et est considéré en perte d’autonomie. Cette situation de perte d'autonomie, bien que proche, n’est pas complètement équivalente à la dépendance au sens de la grille AGGIR (Autonomie, gérontologie, groupes iso-ressources), utilisée pour accorder l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).

Les seniors désignent dans cette étude les personnes âgées de 60 ans et plus.

Pour en savoir plus

(1) Leduc A. (DREES), Deroyon T. (DREES), Rochereau T. (Irdes), Renaud A. (Insee), « Ouvrir dans un nouvel ongletPremiers résultats de l’enquête santé européenne (EHIS) 2019 », Les dossiers de la DREES, avril 2021.

(2) Bahu M., Mermilliod C., Volkoff S., « Ouvrir dans un nouvel ongletConditions de travail pénibles au cours de la vie professionnelle, et état de santé après 50 ans », L’état de santé de la population en France – Rapport 2011 de la DREES, novembre 2011.

(3) Glenisson J., « Trois Guadeloupéens sur 10 ont renoncé ou retardé des soins en 2019 », Insee Analyses Guadeloupe, no50, septembre 2021.

(4) Dugué A., « Davantage de personnes âgées en perte d’autonomie à domicile dans les départements les plus pauvres », Insee Focuso314, décembre 2023.

(5) Carrière A., Roy D., Toulemon L., « Ouvrir dans un nouvel ongletVieillir à domicile : disparités territoriales, enjeux et perspectives », rapport no41, Institut des Politiques Publiques, mars 2023.

(6) Jeanne-Rose M., Raimbaud B., « La Guadeloupe face au défi de la dépendance des seniors à l’horizon 2030 », Insee Analyses Guadeloupe, no49, mai 2021.