Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur ·
Décembre 2023 · n° 99
118 000 seniors en perte d’autonomie vivent à domicile
En 2021 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 8,1 % des 60 ans ou plus vivant à domicile sont en situation de perte d’autonomie. Cette part est comparable à celle de la France.
La perte d’autonomie croît avec l’âge pour atteindre 43 % chez les plus de 90 ans à domicile. En particulier, trois personnes à domicile sur cinq âgées de 85 ans ou plus connaissent des limitations motrices, sensorielles ou cognitives qui peuvent conduire à une perte d’autonomie. Celle-ci concerne davantage les femmes et touche moins les plus aisés. Dans leur quotidien, les seniors en perte d’autonomie bénéficient largement d’aides extérieures, cumulant souvent l’aide de leur entourage et une aide technique ou professionnelle.
- Des seniors plus nombreux et plus âgés en Provence-Alpes-Côte d’Azur
- Les plus âgés vivent davantage seuls
- À partir de 85 ans, près de trois seniors à domicile sur cinq ont au moins une limitation fonctionnelle
- Des seniors à domicile aussi fréquemment touchés par la perte d’autonomie qu’en France
- Une perte d’autonomie moins importante dans les communes les plus aisées
- Presque tous les seniors en perte d’autonomie bénéficient d’un soutien
- Encadré - L’APA, une aide financière déterminante pour les seniors les plus pauvres
Des seniors plus nombreux et plus âgés en Provence-Alpes-Côte d’Azur
En 2020 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 1,5 million d’habitants sont âgés de 60 ans ou plus. Ils représentent 30 % de la population, une part plus importante qu’en France métropolitaine (26 %). Ces seniors sont en moyenne plus âgés : 38 % ont 75 ans ou plus contre 36 % en France métropolitaine. Dans l’hypothèse d’une poursuite des tendances démographiques actuelles (sources), la population des seniors atteindrait 1 875 000 personnes en 2050, soit 36 % de la population régionale.
Les plus âgés vivent davantage seuls
Lorsqu’ils avancent en âge, les seniors vivent moins souvent à domicile. En 2020 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 96 % des seniors et 83 % des 85 ans ou plus vivent à domicile. Les hommes de 85 ans ou plus sont davantage en couple et vivent plus souvent à domicile que les femmes (respectivement 90 % et 80 %).
Parmi les seniors qui vivent à domicile, les plus âgés vivent plus fréquemment seuls.
Un quart des 60 à 74 ans (28 %) et plus de la moitié des 85 ans ou plus (56 %) vivent seuls. En raison d’une espérance de vie plus élevée, les femmes à domicile âgées de 85 ans ou plus vivent deux fois plus souvent seules que leurs homologues masculins (respectivement 68 % et 32 %).
À partir de 85 ans, près de trois seniors à domicile sur cinq ont au moins une limitation fonctionnelle
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, un quart des seniors vivant à domicile éprouvent au moins une limitation fonctionnelle. Il peut s’agir par exemple de difficultés pour monter un escalier, entendre correctement même en étant appareillé ou se concentrer plus de dix minutes.
Ces limitations fonctionnelles peuvent se cumuler. Les limitations de type moteur sont les plus fréquentes : 19 % des seniors à domicile de la région déclarent des difficultés pour se déplacer, un peu plus souvent qu’en France métropolitaine (17 %, figure 1). Les limitations sensorielles (vue ou audition même avec lunettes ou appareil) ou cognitifs (comme la compréhension ou la concentration) sont moins répandus. À partir de 85 ans, les limitations fonctionnelles concernent près de trois seniors à domicile sur cinq (59 %).
tableauFigure 1 – Part des seniors reconnaissant au moins une limitation fonctionnelle
| Zone | Provence-Alpes-Côte d’Azur | France métropolitaine |
|---|---|---|
| Au moins une limitation fonctionnelle | 25 | 23 |
| Avec limitation motrice | 19 | 17 |
| Avec limitation sensorielle | 10 | 10 |
| Avec limitation cognitive | 6 | 6 |
- Lecture : En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 25 % des seniors déclarent rencontrer au moins une limitation fonctionnelle et 19 % une limitation motrice.
- Champ : Personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête VQS 2021.
graphiqueFigure 1 – Part des seniors reconnaissant au moins une limitation fonctionnelle
- Lecture : En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 25 % des seniors déclarent rencontrer au moins une limitation fonctionnelle et 19 % une limitation motrice.
- Champ : Personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête VQS 2021.
Le sentiment de restriction dans les activités du quotidien concerne 38 % des seniors à domicile et 83 % de ceux qui éprouvent des limitations fonctionnelles. Pour 12 % des seniors, la limitation est perçue comme forte.
Des seniors à domicile aussi fréquemment touchés par la perte d’autonomie qu’en France
L'enquête Vie quotidienne et santé (VQS) attribue à chaque senior un score en fonction de ses capacités fonctionnelles, de ses difficultés quotidiennes et de l’état de santé qu’il déclare (sources). Au-delà d’un certain score, lorsque les limitations fonctionnelles sont trop nombreuses ou fréquentes, le senior est considéré en situation de perte d’autonomie.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 118 000 personnes, soit 8,1 % des seniors vivant à domicile, sont en situation de perte d’autonomie. Le taux standardisé de perte d’autonomie), c’est-à-dire celui qui serait observé dans la région si la structure de la population des seniors par sexe et âge était la même qu’en France, est de 7,7 %, comparable au niveau national (7,3 %).
La part des seniors en perte d’autonomie croît avec l’âge. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, elle atteint 43 % pour les 90 ans ou plus à domicile, une part similaire à celle observée en France métropolitaine (42 %, figure 2). Les femmes sont davantage concernées que les hommes (respectivement 10,1 % et 5,5 %), du fait notamment de leur espérance de vie supérieure. Toutefois, à âge équivalent, un écart en défaveur des femmes demeure. Il est encore plus marqué à partir de 85 ans (34,0 % contre 20,7 %). En raison d’un effet de sélection, il est possible que les hommes de cette classe d’âge soient en meilleure santé que les femmes et moins touchés par des maladies générant des problèmes physiques et cognitifs, en particulier des problèmes ostéo-articulaires et des troubles mentaux [Laborde, 2017 ; pour en savoir plus (4)].
tableauFigure 2a – Part des seniors en perte d’autonomie par âge, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en France métropolitaineEnsemble
| Tranche d’âge | Provence-Alpes-Côte d’Azur | France métropolitaine |
|---|---|---|
| De 60 à 64 ans | 4 | 3 |
| De 65 à 69 ans | 3 | 3 |
| De 70 à 74 ans | 4 | 4 |
| De 75 à 79 ans | 6 | 6 |
| De 80 à 84 ans | 15 | 12 |
| De 85 à 89 ans | 22 | 22 |
| 90 ans ou plus | 43 | 42 |
- Lecture : En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 15 % des personnes de 80 à 84 ans vivant à domicile sont en perte d’autonomie, contre 12 % en France métropolitaine.
- Champ : Personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête VQS 2021.
graphiqueFigure 2a – Part des seniors en perte d’autonomie par âge, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en France métropolitaineEnsemble
- Lecture : En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 15 % des personnes de 80 à 84 ans vivant à domicile sont en perte d’autonomie, contre 12 % en France métropolitaine.
- Champ : Personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête VQS 2021.
Une perte d’autonomie moins importante dans les communes les plus aisées
Les communes de France métropolitaine sont classées selon le niveau de vie médian de leurs habitants. Au sein des communes régionales faisant partie des 25 % les plus aisées de France métropolitaine, 5,2 % des seniors sont en situation de perte d’autonomie contre près de 8 % dans les autres communes.
La question du financement du maintien à domicile, cruciale pour les moins aisés en perte d’autonomie, constitue un enjeu d’importance dans la région. En effet, comme pour l’ensemble de la population, le taux de pauvreté monétaire des seniors en Provence-Alpes-Côte d’Azur est plus élevé qu’au niveau national. Dans la région, 11,7 % des personnes habitant dans un ménage dont la personne de référence a 75 ans ou plus sont pauvres, contre 9,9 % en France métropolitaine. Pour aider à payer les dépenses nécessaires liées à une perte d’autonomie, les personnes âgées peuvent demander à bénéficier de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA, encadré).
Presque tous les seniors en perte d’autonomie bénéficient d’un soutien
En 2021, 94 % des seniors à domicile en situation de perte d’autonomie bénéficient d’une aide professionnelle (infirmier, aide ménagère) ou technique (canne, déambulateur, fauteuil roulant, etc.) et 90 % sont soutenus par leur entourage (respectivement 94 % et 91 % en France métropolitaine). Si 85 % des seniors en perte d’autonomie cumulent les deux types de soutien, un peu moins d’1 % ne bénéficient d’aucune aide.
La région présente une situation favorable au regard de la densité d’infirmiers libéraux. Dans chacun des départements, elle dépasse le niveau national. Elle varie de 258 infirmiers libéraux pour 100 000 habitants dans le Vaucluse à 378 dans le Var (181 en France métropolitaine).
Encadré - L’APA, une aide financière déterminante pour les seniors les plus pauvres
L’APA est une allocation départementale versée aux personnes en perte d’autonomie, qu’elles vivent à domicile ou en institution. La perte d’autonomie est évaluée par la grille nationale Autonomie gérontologique groupes iso-ressources (AGGIR) qui permet de mesurer le degré de perte d’autonomie du demandeur de l’APA. Cette évaluation est effectuée par un médecin et diffère légèrement de celle, déclarative, du champ de l’enquête VQS mobilisée pour cette étude.
Fin 2020, 110 000 seniors, soit 7,3 % d’entre eux, bénéficient de l’APA dans la région, une proportion comparable au niveau national (7,4 %). Plus de trois sur cinq vivent à domicile. L’APA aide ces derniers à payer les dépenses nécessaires pour le maintien à domicile malgré la perte d’autonomie.
Sources
L’enquête Vie quotidienne et santé (VQS) de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a pour objectif d’établir des statistiques sur les conditions de vie des personnes vivant à domicile, leurs difficultés à réaliser les activités de la vie quotidienne et les aides qu’elles reçoivent. Elle a été réalisée auprès de 334 000 personnes vivant en France en domicile ordinaire, entre février 2021 et avril 2022. En France, les personnes ont pu répondre par Internet, par téléphone ou en renvoyant un questionnaire papier, sauf à Mayotte où les personnes ont répondu en face-à-face. Une personne du logement pouvait répondre pour l’ensemble des membres du logement.
Le modèle Omphale de l’Insee permet de réaliser des projections de population infranationales à horizon 2070, en projetant d’année en année les pyramides des âges des différents territoires, avec des hypothèses d’évolution de trois composantes (fécondité, mortalité et migrations).
Le recensement de la population millésimé 2020 est utilisé pour le dénombrement de la population concernée par l’étude.
Le Fichier localisé social et fiscal (Filosofi), produit à partir de données fiscales et sociales, fournit des indicateurs sur les niveaux de vie et de pauvreté.
Définitions
Les seniors désignent dans cette étude les personnes âgées de 60 ans ou plus.
Les limitations fonctionnelles sont classées en trois catégories : difficultés motrices (pour marcher ou monter un escalier, lever le bras ou se servir de ses mains), difficultés sensorielles (problèmes de vue ou d’audition) et difficultés cognitives (concentration, compréhension ou prise de décision).
Les personnes avec des restrictions dans les activités ont répondu être limitées, depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement.
La perte d’autonomie est mesurée par le « score VQS », qui synthétise les diverses difficultés rencontrées par les personnes âgées, à partir des questions de l’enquête VQS portant sur leurs capacités fonctionnelles (« La personne a-t-elle des difficultés pour voir, même avec ses lunettes ou lentilles de contact si elle en porte ? »), leurs difficultés quotidiennes (« A-t-elle des difficultés pour sortir de son logement ? ») et leur état de santé général (« La personne a-t-elle une maladie ou un problème de santé qui soit chronique ou de caractère durable ? »). Plus la personne déclare de difficultés sévères sur des limitations fonctionnelles ou pour la réalisation d’activités, plus elle aura un score VQS élevé et sera donc considérée en situation de perte d’autonomie. Cette situation de perte d’autonomie est proche, mais pas complètement équivalente à la dépendance au sens de la grille AGGIR, utilisée pour accorder l’allocation personnalisée d’autonomie.
Afin de comparer des territoires présentant des structures de population potentiellement éloignées, un taux standardisé de perte d’autonomie est calculé à partir de la répartition par sexe et âge au niveau de la France entière.
Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d’individus en situation de pauvreté monétaire, c’est-à-dire ceux dont le niveau de vie du ménage est inférieur à 60 % du niveau de vie médian.
Pour en savoir plus
(1) Dehon M., « Davantage de personnes âgées en perte d’autonomie à domicile dans les départements les plus pauvres », Insee Focus no 314, décembre 2023.
(2) Larbi K., « 4 millions de seniors seraient en perte d’autonomie en 2050 », Insee Première, no 1767, juillet 2019.
(3) Durieux S., « Perte d’autonomie des seniors à domicile : plus fréquente en Provence-Alpes-Côte d’Azur », Insee Flash Provence-Alpes-Côte d’Azur no 41, juin 2018.
(4) Laborde C., Tissot I., Trigano L., « Incapacité et dépendance des personnes âgées : près de 170 000 Franciliens en perte d’autonomie », Insee Analyses Île-de-France no 68, septembre 2017.
(5) Pougnard I., « Provence-Alpes-Côte d’Azur - Près de 100 000 personnes bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie », Insee Flash Provence-Alpes-Côte d’Azur no 31, décembre 2016.
(6) « Ouvrir dans un nouvel ongletEnquête Vie quotidienne et santé 2021 - Données détaillées », Données nationales, régionales et départementales, Drees, février 2023.