Insee Flash Mayotte ·
Novembre 2023 · n° 164
Rebond du produit intérieur brut en 2021 Produit intérieur brut 2021 à Mayotte (résultats provisoires)
En 2021, l’activité économique rebondit à Mayotte : le produit intérieur brut (PIB) augmente de 11 % en valeur, après une année 2020 où la croissance avait été ralentie par l’épidémie de la Covid-19 (+4 %).
Avec la fin progressive des restrictions sanitaires, les entreprises mahoraises contribuent à ce rebond : elles dégagent 20 % de valeur ajoutée supplémentaire. La consommation des administrations publiques reste cependant le pilier de la croissance économique de l’île. La consommation des ménages augmente également sous l’effet de la hausse de leurs revenus, et malgré l’inflation qui affecte leur pouvoir d’achat.
Un PIB en hausse de 11 % en 2021
En 2021, l’activité économique rebondit à Mayotte : le produit intérieur brut (PIB) augmente de 11,3 % en valeur pour s’établir à 3,1 milliards d’euros (figure 1). Ce rebond fait suite à la croissance nettement ralentie de 2020 (+4,1 %) du fait de la crise de la Covid-19 et des mesures de restrictions sanitaires qui l’ont accompagnée (14 semaines de confinement, motifs impérieux, etc.). Mais en 2021, Mayotte a tout de même été soumise à un confinement de cinq semaines.
L’économie mahoraise demeure plus dynamique en 2021 que le niveau national (+8,2 % en valeur) ou que les autres départements ou régions d’Outre-mer (Drom) : de +2,5 % en Guadeloupe à +7,2 % à La Réunion.
Néanmoins, avec une population qui continue d'augmenter fortement, la croissance du PIB par habitant est plus mesurée (+7,6 % par rapport à 2020). Cette hausse est comparable à celle observée au niveau national (+7,9 %). À Mayotte, le PIB par habitant atteint 10 600 euros en 2021. Il reste encore très éloigné du niveau national : il ne représente que 29 % du PIB par habitant en France.
tableauFigure 1 – Évolution du taux de croissance annuel du PIB en valeur à Mayotte
Année | Taux de croissance annuel |
---|---|
2012 | 5,8 |
2013 | 7,5 |
2014 | 9,0 |
2015 | 12,1 |
2016 | 6,2 |
2017 | 9,6 |
2018 | 1,3 |
2019 | 9,3 |
2020* | 4,1 |
2021* | 11,3 |
- * provisoire.
- Source : Insee, Comptes définitifs et Estimations de PIB.
graphiqueFigure 1 – Évolution du taux de croissance annuel du PIB en valeur à Mayotte

- * provisoire.
- Source : Insee, Comptes définitifs et Estimations de PIB.
La production marchande des entreprises en croissance
Avec la fin progressive des restrictions sanitaires, la production des entreprises mahoraises repart en 2021 après une année 2020 atone. La valeur ajoutée des entreprises, différence entre la production des biens et services et les consommations intermédiaires nécessaires à les produire, progresse ainsi de 20 % (après +3,7 % en 2020) pour dépasser le milliard d’euros (figure 2). La valeur ajoutée des entreprises contribue ainsi principalement à la hausse du PIB (+6,3 points) avant celle des administrations publiques (+3,4 points), même si ces dernières dégagent toujours davantage de valeur ajoutée (1,6 milliard d’euros).
Reflet du dynamisme de l’activité en 2021, le nombre de créations d’entreprises progresse de nouveau fortement dans les secteurs marchands non agricoles (+33 %) pour atteindre un nouveau niveau record [Seguin, 2022 ; pour en savoir plus (5)]. Outre le recours très fréquent au statut de micro-entrepreneur en mai 2020, les créations sous forme sociétaire augmentent aussi nettement en 2021 (+30 %). Les entreprises mahoraises réalisent une hausse très sensible de leurs investissements (+29 %), alors que la formation brute de capital fixe des administrations est plutôt stable (+2 %).
tableauFigure 2 – Estimation des approches demande et production du produit intérieur brut (PIB)
Composition du PIB | 2021* | Part du PIB | Évolution 2020/2021 | Contribution à l’évolution 2020/2021 |
---|---|---|---|---|
en millions d'euros | en % | en points | ||
PIB - approche production | 3 102,8 | 100,0 | 11,3 | 11,3 |
Valeur ajoutée (VA) des administrations publiques | 1 577,9 | 50,9 | 6,4 | 3,4 |
VA des ménages | 439,5 | 14,2 | 7,2 | 1,1 |
VA des sociétés (financières et non-financières) | 1 038,4 | 33,5 | 20,5 | 6,3 |
Impôts nets de subventions sur produits | 47,0 | 1,5 | 37,9 | ,5 |
PIB - approche demande | 3 102,8 | 100,0 | 11,3 | 11,3 |
Dépense de conso. finale des admin. publiques et des ISBLSM1 | 2 044,6 | 65,9 | 9,5 | 6,4 |
Consommation finale des ménages | 1 391,8 | 44,9 | 13,3 | 5,8 |
Formation brute de capital fixe et variations de stocks | 715,9 | 23,1 | 22,9 | 4,8 |
Solde des échanges avec l'extérieur | - 1 049,5 | - 33,8 | 17,9 | - 5,7 |
- * provisoire.
- 1. institutions sans but lucratif au service des ménages.
- Source : Insee, estimations de PIB.
Les administrations restent le pilier d’une croissance bridée par le déficit commercial
La dépense de consommation finale des administrations publiques (y compris les associations) s’élève à 2 milliards d’euros en 2021. Elle constitue les deux tiers du PIB à Mayotte, trois fois plus qu’en France. Elle reste le pilier de la croissance du PIB mahorais : elle progresse de manière dynamique (+9,5 %) et contribue pour 6,4 points à l’augmentation du PIB. Cette hausse tient notamment à l’augmentation de la masse salariale des agents du secteur public.
Avec la levée progressive des restrictions sanitaires, les échanges avec l’extérieur sont davantage possibles. Les exportations de biens et services reprennent (+28,8 %), tout comme les importations (+18,1 %). Cependant, comme dans les autres Drom, la balance commerciale reste très déficitaire : les exportations couvrent seulement 1,7 % des importations. De plus, la période de confinement en avril a freiné le départ de résidents et l’arrivée de visiteurs. Le solde des échanges avec l’extérieur contribue ainsi négativement à la croissance du PIB (-5,7 points).
Une croissance de la consommation des ménages malgré l’inflation qui affecte le pouvoir d’achat
La consommation finale des ménages augmente de 13,3 % en 2021, pour atteindre 1,4 milliard d’euros, après une année 2020 atone en raison des restrictions liées à la crise sanitaire. Sa hausse contribue pour 5,8 points à la croissance du PIB.
La progression de la consommation des ménages est liée à la hausse du revenu disponible des ménages (+9 %). Ainsi, la rémunération des salariés augmente (+9 %) avec la fin du chômage partiel notamment, et les prestations sociales croissent également (+8 %). Dans le même temps, les ménages ont une propension moindre à épargner qu’en 2020. Les actifs financiers détenus (comme les dépôts à vue ou l’épargne) progressent seulement de 2,4 % en 2021 contre +29,4 % en 2020 [Iedom, 2022 ; pour en savoir plus (4)].
Cependant, la croissance du pouvoir d’achat individuel des habitants en volume (+3 %) est plus mesurée que celle du revenu disponible. En effet, en plus de la forte croissance démographique, l’inflation se fait davantage ressentir en 2021 (+2 % contre +1 % en 2020).
Pour comprendre
Les données de cette étude reposent essentiellement sur les comptes régionaux annuels en base 2014 : il s’agit de comptes définitifs annuels jusqu’en 2019 puis, pour 2020 et 2021, d’estimations provisoires obtenues à partir des données disponibles. Les estimations pourront faire l’objet d’une révision lorsque la totalité des données de chacune de ces années seront connues.
Définitions
Le produit intérieur brut (PIB) est le principal agrégat mesurant l’activité économique. Il correspond à la somme des valeurs ajoutées brutes nouvellement créées par les unités productrices résidentes une année donnée, évaluées au prix du marché. Le PIB donne une mesure de la richesse produite sur le territoire sur une année et permet des comparaisons internationales.
Le revenu disponible brut (RDB) des ménages est le revenu dont disposent les ménages pour consommer ou investir, après opérations de redistribution. Il comprend les revenus d'activité, les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d'autres ménages et les prestations sociales en espèces (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs.
La dépense de consommation finale des administrations comprend les dépenses collectives correspondant aux fonctions d’administration générale (justice, défense, police, administration générale, etc.) et les dépenses individuelles dont le bénéfice revient aux ménages (dépenses de santé, d’éducation, action sociale, etc.)
L’évolution du pouvoir d’achat du revenu disponible brut rapporte l’évolution du revenu disponible brut à celle du prix de la dépense de consommation finale des ménages, mesurée par l’évolution de l’indice des prix à la consommation. Pour approcher une notion plus individuelle du pouvoir d’achat, sa progression est rapportée à des unités démographiques (personne, ménage, unité de consommation), ici le nombre d’habitants à Mayotte.
Pour en savoir plus
(1) Insee, « Comptes économiques de Mayotte », Chiffres détaillés, novembre 2023.
(2) Planchat C., Rageot F., « Produit intérieur brut 2020 à Mayotte (résultats provisoires) — Le PIB augmente malgré la crise sanitaire », Insee Flash Mayotte no 147, décembre 2022.
(3) Rageot F. « Ouvrir dans un nouvel onglet10 ans de départementalisation de Mayotte : Une économie en forte croissance, mais encore en retrait des standards nationaux », Cerom, septembre 2022.
(4) Iedom Mayotte, « Ouvrir dans un nouvel ongletRapport annuel économique 2021 », juin 2022.
(5) Seguin S., « Créations d’entreprises à Mayotte en 2021 — Nouveau record d’entreprises créées en 2021 et essor du micro-entrepreneuriat », Insee Flash Mayotte no 136, mai 2022.
(6) Amoureux V., Héarn J.-C., Laurent T., « Les comptes de la Nation en 2021 — Fort rebond de l’activité et hausse du pouvoir d’achat des ménages », Insee Première no 1904, mai 2022.