Insee
Insee Première · Octobre 2023 · n° 1970
Insee PremièreQui sont les inactifs entre 30 et 54 ans, dont le nombre a légèrement augmenté depuis 10 ans ?

Vivien Guérin (Insee)

En 2022, 73,6 % des personnes âgées de 15 à 64 ans sont des actifs au sens du Bureau international du travail (BIT), une part à son plus haut niveau depuis que l’Insee la mesure (1975) et 1,6 point au-dessus de son niveau de 2014. Depuis cette date, l’augmentation est portée par les jeunes et les seniors, tandis que le taux d’activité des 30-54 ans s’est légèrement replié (-0,5 point). Ce léger repli résulte surtout de hausses de l’inactivité pour maladie ou invalidité et pour études et formations. Il concerne autant les hommes que les femmes.

Par rapport à l’ensemble des inactifs d’âge médian (30 à 54 ans), ceux qui sont inactifs pour maladie ou invalidité sont plus souvent peu diplômés et sans emploi depuis longtemps. Deux tiers d’entre eux ont une reconnaissance administrative de handicap. Ceux qui sont inactifs pour raisons familiales sont très majoritairement des femmes.

Seuls 7 % des inactifs d’âge médian un trimestre donné sont en emploi le trimestre suivant, mais cette part est plus élevée lorsque l’inactivité est due à un motif temporaire (23 %). Enfin, en 2019, le taux de pauvreté monétaire des inactifs d’âge médian s’établit à 41 %, contre 8 % des personnes en emploi de cette même tranche d’âge.

La hausse du taux d’activité est portée par les seniors

Le des personnes en âge de travailler a augmenté de façon quasi continue en France depuis le début des années 1990, hormis quelques reculs ponctuels, notamment au début de la crise sanitaire en 2020 (figure 1). En moyenne sur l’année 2022, 73,6 % des personnes de 15 à 64 ans sont actives au sens du Bureau international du travail (BIT), une part à son plus haut niveau depuis que l’Insee la mesure (1975) et 1,6 point au-dessus de son niveau de 2014. Entre 2014 et 2022, la progression du taux d’activité en France est portée par les plus âgés (+8,2 points pour les 55-64 ans) et, dans une moindre mesure, par les plus jeunes (+2,0 points pour les 15-29 ans, du fait d’un rebond depuis 2020, après un léger recul entre 2014 et 2020), alors que le taux d’activité des personnes d’âge médian (30 à 54 ans) a légèrement reculé (-0,5 point).

Figure 1 – Taux d'activité selon l'âge de 1975 à 2022

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Figure 1 – Taux d'activité selon l'âge de 1975 à 2022 (en %) - Lecture : Entre 1975 et 2022, le taux d'activité des femmes de 30 à 54 ans est passé de 58,0 % à 84,5 %.
Âge 15 à 64 ans 15 à 29 ans 30 à 54 ans 30 à 54 ans
(hommes)
30 à 54 ans
(femmes)
55 à 64 ans
1975 69,1 65,6 77,2 96,3 58,0 50,2
1976 69,5 66,0 77,8 96,3 59,3 50,1
1977 70,0 65,9 78,6 96,2 60,8 51,2
1978 69,7 65,1 78,8 96,1 61,4 50,4
1979 70,5 65,5 79,7 96,2 63,1 51,7
1980 70,6 64,8 80,4 96,4 64,2 52,1
1981 70,1 64,0 80,9 96,2 65,4 49,4
1982 69,6 64,2 81,3 95,8 66,7 45,4
1983 68,9 64,0 81,8 95,9 67,6 40,7
1984 68,3 63,2 82,2 95,7 68,7 38,2
1985 68,2 62,9 82,6 95,7 69,5 37,1
1986 68,5 63,0 83,1 95,6 70,6 37,0
1987 68,2 62,0 83,4 95,5 71,4 36,2
1988 67,8 59,9 83,8 95,5 72,2 36,3
1989 67,8 59,4 84,3 95,4 73,2 36,0
1990 67,7 58,4 84,6 95,4 73,9 35,2
1991 67,6 57,1 85,1 95,3 75,0 34,1
1992 67,9 57,1 85,5 95,0 76,1 33,6
1993 68,0 56,4 86,0 94,9 77,3 33,2
1994 68,2 55,6 86,5 95,1 78,0 32,6
1995 68,3 54,9 86,8 95,0 78,8 32,6
1996 69,0 54,6 87,4 95,3 79,7 32,8
1997 68,7 53,8 87,1 95,0 79,3 32,5
1998 68,9 54,1 87,2 94,7 79,9 31,9
1999 69,3 54,2 87,3 94,4 80,4 33,1
2000 69,6 55,3 87,1 94,2 80,1 32,9
2001 69,6 54,8 87,1 93,9 80,5 33,5
2002 69,9 54,6 87,2 93,8 80,7 36,7
2003 70,4 54,9 87,3 93,7 81,1 40,0
2004 70,5 54,8 87,5 93,5 81,7 41,1
2005 70,4 54,8 87,8 93,6 82,1 41,7
2006 70,4 55,1 88,1 93,8 82,5 41,5
2007 70,4 55,4 88,4 93,8 83,2 41,4
2008 70,6 55,5 89,1 94,1 84,2 41,2
2009 70,9 56,5 89,1 94,0 84,3 42,6
2010 71,0 56,1 89,2 94,0 84,6 43,6
2011 70,8 55,1 88,8 93,6 84,2 45,4
2012 71,4 54,5 88,9 93,5 84,5 48,9
2013 71,8 54,8 88,9 93,2 84,8 50,5
2014 72,0 54,3 88,9 93,0 84,9 52,1
2015 72,2 54,4 88,6 92,6 84,7 54,1
2016 72,3 54,4 88,4 92,5 84,5 55,1
2017 72,4 54,0 88,4 92,8 84,3 56,3
2018 72,8 54,3 88,5 92,6 84,6 57,5
2019 72,5 53,4 88,3 92,1 84,7 58,5
2020 71,9 52,0 87,9 91,8 84,3 58,6
2021 73,0 54,6 88,4 92,7 84,3 59,7
2022 73,6 56,3 88,4 92,5 84,5 60,3
  • Lecture : Entre 1975 et 2022, le taux d'activité des femmes de 30 à 54 ans est passé de 58,0 % à 84,5 %.
  • Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi, séries longues sur le marché du travail.

Figure 1 – Taux d'activité selon l'âge de 1975 à 2022

  • Lecture : Entre 1975 et 2022, le taux d'activité des femmes de 30 à 54 ans est passé de 58,0 % à 84,5 %.
  • Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi, séries longues sur le marché du travail.

Chez les jeunes, suivre des études ou une formation constitue la principale  : 37,5 % des 15-29 ans sont pour cette raison, loin devant les raisons familiales ou les motifs temporaires (déménagements, raisons administratives, etc.) (figure 2). Entre 2014 et 2022, la baisse du taux d’inactivité des jeunes (-2,0 points) provient essentiellement du recul de l’inactivité pour études ou formations (-1,3 point), notamment depuis 2020 avec l’essor de l’apprentissage, et de la diminution des raisons familiales (-0,9 point).

Figure 2 – Proportion de personnes inactives par raison d'inactivité en 2022

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Figure 2 – Proportion de personnes inactives par raison d'inactivité en 2022 (en %) - Lecture : En 2022, 4,6 % des 15 à 64 ans sont inactifs pour invalidité ou problèmes de santé.
Raisons d'inactivité 15-64 ans 15-29 ans 30-54 ans 55-64 ans
Invalidité, problèmes de santé 4,6 1,6 4,1 9,8
Raisons familiales 3,6 2,2 4,5 3,4
Retraite 5,1 0,0 0,1 24,6
Études, formations 11,2 37,5 1,2 0,3
Motifs temporaires 1,3 1,6 1,2 0,8
Découragement 0,4 0,4 0,3 0,6
Autres motifs ou motifs non renseignés 0,2 0,3 0,2 0,2
Actifs 73,6 56,3 88,4 60,3
  • Lecture : En 2022, 4,6 % des 15 à 64 ans sont inactifs pour invalidité ou problèmes de santé.
  • Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2022.

Figure 2 – Proportion de personnes inactives par raison d'inactivité en 2022

  • Lecture : En 2022, 4,6 % des 15 à 64 ans sont inactifs pour invalidité ou problèmes de santé.
  • Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2022.

La retraite constitue le principal motif d’inactivité des 55-64 ans : 24,6 % d’entre eux sont inactifs pour cette raison [Castelain, 2023]. Depuis 2014, la hausse de l’activité des seniors s’explique du reste surtout par le recul progressif des âges de départ à la retraite. Ainsi, la part des 55-64 ans inactifs pour motif de retraite a reculé de 8,3 points entre 2014 et 2022. Dans le même temps, l’inactivité des seniors pour raisons familiales a diminué de 1,4 point et celle pour découragement de 0,6 point. En revanche, l’inactivité pour invalidité ou problèmes de santé a augmenté de 1,7 point au sein des personnes de 55 à 64 ans. Cette hausse parmi les seniors explique la majeure partie de l’augmentation tous âges confondus de l’inactivité pour invalidité ou problèmes de santé : +3,8 points parmi les inactifs de 16 à 64 ans, moins toutefois qu’au Royaume-Uni (encadré).

Le taux d’activité des 30-54 ans s’est un peu replié

Le taux d’activité des personnes d’âge médian a fortement augmenté en France entre 1975 et 2014, passant de 77,2 % à 88,9 %. Cette hausse est exclusivement portée par les femmes, dont le taux d’activité a progressé de 26,9 points sur la période quand celui des hommes a diminué de 3,3 points. Ainsi, les taux d’activité des femmes et des hommes d’âge médian se sont rapprochés depuis 1975, même si le taux d’activité des femmes reste inférieur à celui des hommes (84,5 % contre 92,5 % en 2022).

Depuis 2014, le taux d’activité des personnes d’âge médian a légèrement baissé, autant chez les hommes que chez les femmes, et se situe à 88,4 % en 2022, soit 0,5 point au-dessous de son niveau de 2014.

À 88,4 %, le taux d’activité des 30-54 ans en France en 2022 est supérieur de 1,2 point à la moyenne de l’Union européenne (UE) et se situe au même niveau qu’en Allemagne (figure 3). Il est légèrement inférieur en Espagne (87,9 %) et nettement inférieur en Italie (79,8 %) qui affiche le taux d’activité le plus faible de l’UE pour cette tranche d’âge. Les écarts sont surtout marqués pour les femmes : leur taux d’activité aux âges intermédiaires est plus élevé en France (84,5 %) qu’en moyenne dans l’UE (82,0 %), en Espagne (83,5 %) et surtout en Italie (69,2 %).

Figure 3 – Taux d'activité des 30 à 54 ans en 2022 dans l'Union européenne, selon le sexe et le pays

en %
Figure 3 – Taux d'activité des 30 à 54 ans en 2022 dans l'Union européenne, selon le sexe et le pays (en %) - Lecture : En 2022, en Allemagne, le taux d'activité des hommes âgés de 30 à 54 ans est de 92,9 %.
Pays Hommes Femmes Ensemble
France 92,5 84,5 88,4
Allemagne 92,9 83,8 88,4
Italie 90,4 69,2 79,8
Espagne 92,3 83,5 87,9
Union européenne 92,4 82,0 87,2
  • Lecture : En 2022, en Allemagne, le taux d'activité des hommes âgés de 30 à 54 ans est de 92,9 %.
  • Champ : Union européenne à 27 pays, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 30 à 54 ans.
  • Sources : Instituts nationaux de statistique ; Eurostat, enquêtes sur les forces de travail (extraction des données en juillet 2023).

Figure 3 – Taux d'activité des 30 à 54 ans en 2022 dans l'Union européenne, selon le sexe et le pays

  • Lecture : En 2022, en Allemagne, le taux d'activité des hommes âgés de 30 à 54 ans est de 92,9 %.
  • Champ : Union européenne à 27 pays, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 30 à 54 ans.
  • Sources : Instituts nationaux de statistique ; Eurostat, enquêtes sur les forces de travail (extraction des données en juillet 2023).

En France, 4,5 % des personnes d’âge médian sont inactives en 2022 pour des raisons familiales et déclarent devoir s’occuper d’un enfant ou d’un proche, et 4,1 % sont inactives en raison d’invalidité ou de problèmes de santé (figure 2). Parmi les 30-54 ans, les autres raisons d’inactivité sont structurellement moins fréquentes : motifs temporaires (1,2 %), études ou formations (1,2 %) et découragement (0,3 %). L’inactivité pour raisons familiales est plus fréquente entre 30 et 40 ans : elle concerne 5,9 % des 30-34 ans et des 35-39 ans. L’invalidité ou les problèmes de santé sont bien moins fréquents pour ces deux tranches d’âge, tandis qu’ils deviennent la principale raison d’inactivité après 45 ans : 4,9 % des 45-49 ans et même 7,2 % des 50-54 ans sont inactifs pour maladie ou invalidité.

Parmi les 30-54 ans, une légère hausse de l’inactivité pour maladie ou formations

Le léger recul du taux d’activité (-0,5 point) des personnes d’âge médian depuis 2014 résulte d’une hausse de l’inactivité pour maladie ou invalidité (+0,4 point entre 2014 et 2022) et pour études et formations (+0,3 point), que ne compense qu’en partie la baisse de l’inactivité pour d’autres motifs comme le découragement. L’inactivité des personnes d’âge médian pour invalidité ou problèmes de santé a commencé à augmenter avant la crise sanitaire (+0,4 point entre 2015 et 2019). La hausse de l’inactivité pour études ou formation renvoie notamment à l’augmentation du taux d’accès à la formation des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, dont une partie sont inactifs au sens du BIT [Ouvrir dans un nouvel ongletArbeláez Ayala et al., 2022].

Davantage de personnes peu diplômées chez les inactifs de 30 à 54 ans découragés ou ayant des problèmes de santé

Près de sept inactifs d’âge médian sur dix sont des femmes (figure 4). Leur part est encore plus grande parmi les personnes inactives pour raisons familiales (neuf sur dix). Elles restent majoritaires mais de manière moins marquée au sein des inactifs pour découragement (56 %) ou pour maladie ou invalidité (55 %). Elles sont minoritaires parmi les inactifs pour des motifs temporaires (47 %).

Figure 4 – Principales caractéristiques des personnes inactives de 30 à 54 ans, selon la raison d'inactivité

en %
Figure 4 – Principales caractéristiques des personnes inactives de 30 à 54 ans, selon la raison d'inactivité (en %) - Lecture : 35 % des inactifs de 30 à 54 ans le sont pour invalidité ou problèmes de santé et, parmi eux, 55 % sont des femmes.
Caractéristiques des personnes Inactifs au sens du Bureau international du travail (BIT) Chômeurs au sens du BIT Ensemble des
30 à 54 ans
Invalidité, problèmes de santé Raisons familiales Études, formations Motifs temporaires Découragement Ensemble des inactifs2
Part dans l'ensemble des inactifs 35 38 10 11 3 100 /// ///
Caractéristiques sociodémographiques
Femme 55 91 63 47 56 69 50 51
Peu ou pas diplômé1 68 55 30 51 64 57 49 35
Famille monoparentale 18 14 17 13 24 16 17 11
Vit en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) 16 22 16 15 22 18 16 7
Caractéristiques professionnelles
Inscrit à Pôle emploi, dont : 25 23 82 62 71 36 87 15
Perçoit une allocation chômage 10 9 52 34 24 17 50 7
N'a jamais travaillé 18 28 7 9 18 19 5 2
A déjà travaillé, sans emploi depuis cinq ans ou plus 50 39 15 15 26 37 12 5
A déjà travaillé, sans emploi depuis un à cinq ans 23 21 36 25 32 24 31 4
A déjà travaillé, sans emploi depuis moins d'un an 10 12 42 51 25 20 52 5
État de santé
Se déclare en mauvaise ou très mauvaise santé 57 5 8 5 7 24 8 6
A une reconnaissance de handicap 65 2 12 6 5 26 8 7
  • /// : absence de résultat due à la nature des choses.
  • 1. Sans diplôme ou diplôme inférieur ou égal au BEP, CAP.
  • 2. Y compris autres motifs ou motifs non renseignés.
  • Lecture : 35 % des inactifs de 30 à 54 ans le sont pour invalidité ou problèmes de santé et, parmi eux, 55 % sont des femmes.
  • Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 30 à 54 ans.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2022.

De même, les personnes peu ou pas diplômées sont relativement plus nombreuses parmi les inactifs d’âge médian que dans l’ensemble de la population des 30-54 ans (57 % contre 35 %). Elles sont encore plus nombreuses parmi les inactifs en situation d’invalidité ou ayant des problèmes de santé (68 %) et ceux en situation de découragement (64 %). Les personnes vivant en famille monoparentale constituent 16 % de la population des inactifs d’âge médian, un niveau proche de ce qu’elles représentent dans la population des chômeurs au sens du BIT (17 %). Elles sont relativement plus nombreuses parmi les inactifs découragés (24 %). Enfin, 18 % des inactifs résident en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), contre 16 % des chômeurs et 7 % de l’ensemble des 30-54 ans. Ils sont relativement plus nombreux à vivre dans un QPV lorsqu’ils sont inactifs pour raisons familiales (22 %) ou par découragement (22 %).

Deux tiers des inactifs d’âge médian pour raisons de santé ont une reconnaissance administrative de handicap

57 % des inactifs de 30 à 54 ans pour raisons de santé se déclarent en mauvaise ou très mauvaise santé (contre 24 % de l’ensemble des inactifs de 30 à 54 ans), 65 % ont une reconnaissance administrative de handicap (26 % dans l’ensemble des inactifs d’âge médian). Ils sont fortement et durablement éloignés de l’emploi : ainsi 68 % sont sans emploi depuis au moins cinq ans ou n’ont jamais travaillé (56 % dans l’ensemble des inactifs d’âge médian).

Les inactifs d’âge médian pour des raisons familiales, en très grande majorité des femmes (91 %, contre 69 % de l’ensemble des inactifs d’âge médian), sont tout aussi éloignés de l’emploi ; 67 % n’ont jamais travaillé ou sont sans emploi depuis au moins cinq ans. Leur situation d’inactivité renvoie ici plutôt à un choix ou à des contraintes liées à la garde d’enfants ou à l’aide de parents âgés par exemple.

Les inactifs d’âge médian en formation se déclarent quant à eux très souvent inscrits à Pôle emploi (82 %, contre 36 % de l’ensemble des inactifs d’âge médian). 52 % perçoivent une allocation chômage, un taux comparable à celui observé au sein des chômeurs au sens du BIT. Beaucoup plus diplômés que les autres inactifs du même âge, leur situation en formation ne leur permet pas d’être en recherche active d’emploi et donc d’être considérés comme chômeurs au sens du BIT.

Les inactifs pour des raisons temporaires ou en situation de découragement se déclarent également fréquemment inscrits à Pôle emploi et ont un profil relativement proche des chômeurs au sens du BIT. Les inactifs pour découragement, plus proches de l’emploi que ceux pour raisons de santé ou familiales, sont souvent peu ou pas diplômés (64 %), et sont plus fréquemment à la tête d’une famille monoparentale, ce qui peut les éloigner épisodiquement de l’emploi.

En 2022, 7 % des inactifs de 30 à 54 ans sont en emploi le trimestre suivant

Parmi les inactifs d’âge médian, à un moment donné en 2022, 17 % sont devenus actifs le trimestre suivant, dont 7 % en emploi et 10 % au chômage (figure 5). Les inactifs pour raisons temporaires, et dans une moindre mesure ceux en formation, sont les plus proches de l’emploi : 23 % des premiers sont en emploi le trimestre suivant, et 13 % des seconds. À l’inverse, seuls 2 % des inactifs d’âge médian pour maladie ou invalidité sont en emploi le trimestre suivant. La majorité des inactifs (83 %) le restent donc au trimestre suivant, la plupart avec la même raison d’inactivité (71 %). Les motifs temporaires et le découragement sont les raisons d’inactivité les moins pérennes : 26 % et 28 % des inactifs de 30 à 54 ans pour ces raisons le sont encore le trimestre suivant. Par comparaison, la très grande majorité des inactifs d’âge médian malades ou invalides (88 %) ou qui doivent s’occuper d’un proche (79 %) sont encore dans cette situation le trimestre suivant.

Figure 5 – Inactifs de 30 à 54 ans en emploi le trimestre suivant, selon la raison d'inactivité, en 2022

en %
Figure 5 – Inactifs de 30 à 54 ans en emploi le trimestre suivant, selon la raison d'inactivité, en 2022 (en %) - Lecture : Parmi les personnes inactives un trimestre donné en 2022, 7 % sont en emploi au trimestre suivant.
Raisons d'inactivité Part
Invalidité, problèmes de santé 2
Raisons familiales 6
Découragement 7
Études, formations 13
Motifs temporaires 23
Ensemble1 7
  • 1. Y compris autres motifs ou motifs non renseignés.
  • Lecture : Parmi les personnes inactives un trimestre donné en 2022, 7 % sont en emploi au trimestre suivant.
  • Champ : France hors Mayotte, personnes inactives vivant en logement ordinaire, âgées de 30 à 54 ans.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi 2022 et au 1er trimestre 2023.

Figure 5 – Inactifs de 30 à 54 ans en emploi le trimestre suivant, selon la raison d'inactivité, en 2022

  • 1. Y compris autres motifs ou motifs non renseignés.
  • Lecture : Parmi les personnes inactives un trimestre donné en 2022, 7 % sont en emploi au trimestre suivant.
  • Champ : France hors Mayotte, personnes inactives vivant en logement ordinaire, âgées de 30 à 54 ans.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi 2022 et au 1er trimestre 2023.

Un risque de pauvreté plus élevé pour les inactifs découragés, pour raisons familiales ou problèmes de santé

En 2019, le des personnes inactives de 30 à 54 ans s’établit à 41 %, contre 8 % des personnes en emploi de cette même tranche d’âge. Parmi les inactifs d’âge médian, le taux de pauvreté est le plus élevé parmi les inactifs pour découragement (67 %). Ces derniers vivent en effet très souvent dans des ménages où aucune personne n’est en emploi (71 %, contre 48 % pour l’ensemble des inactifs de 30-54 ans). À l’inverse, le taux de pauvreté monétaire est plus faible, tout en restant nettement supérieur à la moyenne de la population, pour les inactifs d’âge médian pour invalidité ou problèmes de santé (37 %) ou pour ceux suivant une formation ou des études (34 %). Les premiers, plus âgés, vivent plus fréquemment dans des ménages percevant des pensions de retraite. Les seconds perçoivent des revenus salariés sur l’année relativement plus élevés, du fait d’une probabilité plus forte de retrouver rapidement un emploi ou parce que leur formation (parfois rémunérée) n’occupe qu’une partie de l’année.

Encadré – Comparaison avec le Royaume-Uni

Entre 2014 et 2022, la part de l’inactivité pour problèmes de santé ou handicap a nettement augmenté au Royaume-Uni : en 2022, 29,4 % des inactifs âgés de 16 à 64 ans le sont pour invalidité ou problèmes de santé, soit une hausse de 5,1 points par rapport à 2014 (figure). En France, la part des inactifs pour invalidité ou problèmes de santé a dans le même temps augmenté moins vite, de 3,8 points, à 18,8 % en 2022. Cette hausse en France provient notamment d’une nette augmentation parmi les seniors qui contribuent pour +2,2 points, contre +1,2 point pour les 30-54 ans et +0,4 point pour les 16-29 ans.

Les données du Royaume-Uni ne sont toutefois pas strictement comparables avec celles concernant la France, car elles résultent d’une réponse à une question directe de la Labour Force Survey, alors que les raisons d’inactivité pour la France sont construites à partir de la consolidation de plusieurs variables (sources).

Inactifs pour invalidité ou problèmes de santé parmi les inactifs de 16 à 64 ans

en %
Inactifs pour invalidité ou problèmes de santé parmi les inactifs de 16 à 64 ans (en %) - Lecture : En 2014, au Royaume-Uni, la part d'inactifs de 16 à 64 ans pour invalidité ou problèmes de santé est de 24,3 %.
Année Royaume-Uni France
2014 24,3 15,0
2015 25,3 15,9
2016 24,8 16,7
2017 24,8 17,1
2018 25,1 17,3
2019 25,8 17,9
2020 27,1 16,9
2021 27,7 17,9
2022 29,4 18,8
  • Lecture : En 2014, au Royaume-Uni, la part d'inactifs de 16 à 64 ans pour invalidité ou problèmes de santé est de 24,3 %.
  • Champ : Personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 16 à 64 ans.
  • Sources : Insee, enquêtes Emploi (France) ; ONS, Labour Force Survey (Royaume-Uni).

Inactifs pour invalidité ou problèmes de santé parmi les inactifs de 16 à 64 ans

  • Lecture : En 2014, au Royaume-Uni, la part d'inactifs de 16 à 64 ans pour invalidité ou problèmes de santé est de 24,3 %.
  • Champ : Personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 16 à 64 ans.
  • Sources : Insee, enquêtes Emploi (France) ; ONS, Labour Force Survey (Royaume-Uni).
Publication rédigée par :Vivien Guérin (Insee)

Sources

L’enquête Emploi est la seule source permettant de mesurer le chômage et l’activité au sens du Bureau international du travail (BIT). Elle est menée en continu, sur l’ensemble des semaines de l’année, en France hors Mayotte. Chaque trimestre, en 2022, environ 90 000 personnes de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire (c’est-à-dire hors foyers, hôpitaux, maisons de retraite, etc.) ont répondu à l’enquête. Les personnes décrivent leur situation vis-à-vis du marché du travail au cours d’une semaine donnée, dite « de référence ».

En 2021, l’enquête Emploi a connu une refonte majeure. Son questionnaire a été rénové afin, d’une part, de se conformer au nouveau règlement européen sur les statistiques sociales qui l’encadre et, d’autre part, de mieux répondre aux besoins des utilisateurs et aux nouveaux enjeux du marché du travail. Son protocole de collecte a également été modernisé (possibilité de répondre par Internet en réinterrogation) et sa méthode de pondération revue. Les données de 2014 à 2020 présentées dans cette étude ont été calculées avec une pondération rétropolée pour être mises en cohérence avec la mesure de 2021 et 2022.

L’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) vise à analyser les revenus suivant des critères sociodémographiques usuels (catégorie socioprofessionnelle et âge des personnes composant le ménage, taille du ménage, activité de chaque individu, etc.) et à mesurer le niveau de vie et la pauvreté monétaire des personnes. Elle s’appuie sur les données de l’enquête Emploi en continu du quatrième trimestre de chaque année. Les données d’enquête, une fois collectées, sont rapprochées individuellement de données administratives comme les revenus déclarés à l’administration fiscale, les impôts payés et les prestations sociales perçues.

Définitions

Le taux d’activité est le rapport entre le nombre de personnes actives (en emploi ou au chômage) et le nombre total de personnes.

Les raisons d’inactivité ont été construites à partir des différentes raisons de ne pas avoir recherché d’emploi, de ne pas être disponible ou de ne pas souhaiter travailler, ainsi que par quelques modalités du statut spontanément déclaré afin de limiter autant que possible la modalité « autres motifs ». L’étude des libellés en clair a aussi permis de reclasser un grand nombre de motifs « autres » dans la liste des motifs précédents. Les « motifs temporaires » couvrent les vacances, déménagements, l’attente de résultats de démarches antérieures, ou les personnes déclarant avoir déjà trouvé un emploi qui commence ultérieurement.

Les inactifs sont les personnes âgées de 15 ans ou plus qui ne sont ni en emploi ni au chômage.

Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian. C’est le seuil retenu dans cette publication. Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d'individus (ou de ménages) étant en situation de pauvreté monétaire.