Insee Analyses Normandie · Septembre 2023 · n° 117

En Normandie, en 2020, un agent sur cinq de la fonction publique est âgé de 55 ans ou plus

Le vieillissement des agents de la fonction publique et les nombreuses cessations d’activité à venir que celui-ci induit devraient générer de forts besoins en renouvellement d’effectifs, lesquels s’accompagnent d’enjeux liés à la transmission des compétences, à l’accompagnement des agents en fin de carrière et à l’organisation des services. En 2020, en Normandie, 53 500 agents de la fonction publique sont âgés de 55 ans ou plus, soit 21 % des effectifs, une part légèrement inférieure à celle que l’on observe en France métropolitaine hors Île-de-France (22 %). La Normandie se situe ainsi parmi les régions où la proportion de seniors dans la fonction publique est la plus faible, après les régions Pays de la Loire et Hauts-de-France (20 % ; figure 1). Cette proportion demeure néanmoins assez nettement supérieure à celle de l’ensemble de la population active normande (17 %).

Les trois versants de la fonction publique (État, Territoriale et Hospitalière) ne sont pas confrontés de la même façon à la question du vieillissement des agents. Celle-ci se pose plus fortement dans la Fonction Publique Territoriale (FPT) et la Fonction Publique d’État (FPE), qui concentrent chacune plus du tiers des emplois publics (environ 37 %). En Normandie, un agent territorial sur quatre est âgé de 55 ans ou plus, une proportion comparable à celle de France métropolitaine hors Île-de-France. Dans la fonction publique d’État, les seniors représentent 20 % des effectifs (contre 21 % en France métropolitaine hors Île-de-France). La Fonction Publique Hospitalière (FPH) est globalement moins concernée par le vieillissement des agents avec une proportion plus faible de seniors (16 % contre 17 % en France métropolitaine hors Île-de-France) et une proportion d’agents de moins de 35 ans largement plus élevée que dans les autres versants : 32 % contre 20 % dans la FPE et 19 % dans la FPT.

Les corps d’emplois de fonctionnaires sont classés en trois catégories statutaires (A, B, C) selon leur niveau de recrutement et les fonctions qui ont vocation à être exercées par les agents de ces corps. En Normandie, les agents de catégorie C sont les plus nombreux, ils représentent quasiment la moitié du contingent d’agents publics. C’est aussi la catégorie où la proportion de seniors de 55 ans ou plus est la plus importante : 23 % d’entre eux sont âgés de 55 ans ou plus (soit 28 700 agents) contre 20 % des agents de catégorie B (7 500 agents) et 18 % des agents de catégorie A (17 000 agents ; figure 2).

De ce fait, la FPT, composée aux trois quarts d’agents de catégorie C, devrait connaître de nombreux départs à la retraite puisque 18 500 agents sont âgés de 55 ans ou plus soit 26 % des effectifs de cette catégorie. Dans la FPE, la proportion de seniors est aussi plus importante parmi les agents de catégorie C (23 %), mais les agents âgés de 55 ans ou plus représentent aussi 20 % des effectifs de catégorie A. Pour cette catégorie qui regroupe plus de 60 % des agents au sein de la FPE, cela représente environ 11 000 agents de 55 ans ou plus en 2020. Les agents de catégorie C sont également majoritaires dans la FPH mais seulement 17 % d’entre eux ont 55 ans ou plus (6 000 agents). Cette proportion culmine à 23 % pour les agents de catégorie B (1 800 agents).

Dans la FPE, le ministère de l’Économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique et le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires concentrent les plus fortes proportions d’agents âgés de 55 ans ou plus (respectivement 35 et 30 % ; figure 3). Ces deux ministères seront probablement confrontés à d’importants besoins en renouvellement des effectifs au cours des prochaines années. C’est également le cas au sein du ministère de l’Éducation Nationale. Bien que les agents de 55 ans ou plus ne représentent que 18 % des effectifs totaux de ce ministère, ils rassemblent à eux seuls 10 300 agents en Normandie sur les 18 600 que compte la FPE (55 %).

Dans la FPT normande, 23 800 agents sont âgés de 55 ans ou plus, ce qui représente près d’un quart des effectifs. L’enjeu lié au renouvellement des agents est particulièrement important pour les communes, principaux employeurs de ce versant et dont près de 26 % des agents ont 55 ans ou plus, mais également pour la Région et les Conseils départementaux qui emploient près de 30 % d’agents seniors alors que seulement 12 % de leurs effectifs ont moins de 35 ans.

Certaines professions publiques qui emploient beaucoup de seniors et/ou qui attirent peu les jeunes générations peuvent poser dans les années qui viennent des défis particuliers en termes de renouvellement des effectifs. Dans la FPE, les filières administratives comme les contrôleurs des Impôts, du Trésor, des Douanes ou les adjoints administratifs de l’État (agents d’accueil et d’orientation, standardistes, enquêteurs, etc.) sont les plus concernées par le vieillissement des agents puisque plus du tiers de leurs effectifs sont identifiés comme seniors (figure 4). Parallèlement, la proportion de jeunes de moins de 35 ans dans ces filières demeure faible (5 % des contrôleurs des Impôts, Trésor, Douanes et assimilé et 13 % des adjoints administratifs de l’État).

Dans la sphère enseignante, le nombre de cessations d’activité pourrait être important au cours des prochaines années chez les professeurs de l’enseignement supérieur et les maîtres de conférence : 30 % d’entre eux sont âgés de 55 ans ou plus.

Dans la FPT, la prévention des risques professionnels et plus généralement la prise en compte des conditions de santé permettant le maintien en emploi des agents sont liés à des enjeux particulièrement marqués en matière d’évolution d’effectifs à moyen terme.

Les ouvriers qualifiés des travaux publics (agents de travaux, ferrailleurs, terrassiers, etc.), qui rassemblent plus de 40 % des agents territoriaux, sont ainsi parmi les plus touchés par le vieillissement : près de 30 % d’entre eux sont âgés de 55 ans ou plus, soit 11 400 personnes. Ce métier subit également un déséquilibre important au niveau des entrées/sorties (encadré) rendant encore plus prégnante la question du renouvellement des effectifs.

Deux autres professions concentrent les parts d’agents seniors les plus élevées de ce versant mais avec des volumes moins conséquents : les assistantes maternelles et familiales (42 %, soit environ 1 000 agents de 55 ans ou plus) et les agents de service des autres établissements d’enseignement (ouvriers d’entretien, employés de cantine, etc. ; 35 %, représentant près de 1 000 agents). À court terme, le renouvellement semble être assuré par la classe d’âge des 45-54 ans, toute aussi nombreuse, mais ces professions souffrent néanmoins d’un déficit d’attractivité auprès des jeunes de moins de 35 ans, qui représentent moins de 11 % des effectifs de chacune de ces filières.

Dans la FPH, la proportion de seniors est la plus élevée parmi les médecins hospitaliers (31 %). En raison d’une carrière décalée par des études longues, les médecins cessent généralement leur activité plus tard que les agents des autres filières d’emploi (64,9 ans en moyenne). La filière technique ouvrière ainsi que les professions intermédiaires administratives des hôpitaux sont aussi concernées par le vieillissement des agents (23 % des effectifs).

Entre 2024 et 2033, 6 800 agents exerçant en Normandie cesseraient leur activité tous les ans en moyenne. Ainsi, 34 % des effectifs présents à la fin de l’année 2020 auraient quitté la fonction publique d’ici 2033, indépendamment de leur remplacement (pour comprendre). Sur l’ensemble de la décennie 2024-2033, le volume annuel moyen de départs serait de 2 400 dans la FPE, 2 900 dans la FPT et 1 500 dans la FPH. Alors que les agents de la FPT représentent 37 % des effectifs publics en 2020, ils représenteraient 42 % du volume total des départs de la fonction publique normande entre 2024 et 2033. Cela s’explique par un plus grand volume d’agents ayant au moins 55 ans au sein de ce versant. Ainsi, 40 % des effectifs présents fin 2020 au sein de ce dernier devraient avoir cessé leur activité d’ici 2033 contre 33 % pour la FPE et 29 % dans la FPH.

Sur l’ensemble du territoire régional, les agents de catégorie A pourraient être 2 100 à cesser leur activité chaque année en moyenne sur la même période, contre 1 000 pour les agents de catégorie B. Les agents de catégorie C représenteraient quant à eux plus de la moitié des départs (55 %) avec 3 700 départs possibles chaque année en moyenne. D’ici 2033, 39 % des agents de cette catégorie présents fin 2020 pourraient avoir cessé leur activité, contre 28 % pour les agents de catégorie A et 34 % pour les agents de catégorie B.

Du fait de la plus forte présence de Directions régionales et/ou départementales sur ces territoires, les arrondissements de Rouen, Caen et Le Havre, qui regroupent déjà à eux-seuls un peu plus de la moitié des effectifs de fonctionnaires en 2020, représenteraient également la moitié des cessations d’activité de fonctionnaires en Normandie sur la décennie 2024-2033. Plus précisément, 16 700 agents quitteraient leur poste dans l’arrondissement de Rouen, 11 000 dans celui de Caen et 7 300 dans celui du Havre, sur l’ensemble de la décennie (figure 5). La partie ouest de la région serait toutefois proportionnellement un peu plus impactée par les départs que la partie est. Ainsi, plus de 35 % de l’effectif présent fin 2020 dans les arrondissements de Cherbourg, Saint-Lô, Caen et Alençon aurait quitté la fonction publique normande à l’horizon 2033.

La FPT représenterait la plus grande part du volume des cessations d’activité d’agents publics dans presque tous les arrondissements normands. Les exceptions concernent ceux d’Argentan et de Caen où les agents de la FPE seraient plus nombreux à partir, ainsi que ceux de Bayeux et d’Avranches où les plus gros volumes de départs concerneraient la FPH. Pour tous les arrondissements, les agents de catégorie C représenteraient plus de la moitié des départs et même plus de 60 % dans les arrondissements de Bernay, Mortagne-au-Perche et Dieppe.