Insee Première · Septembre 2023 · n° 1965

Les salaires dans la fonction publique hospitalière En 2021, le salaire net moyen augmente de 2,8 % en euros constants

Fin 2021, 1,2 million de personnes sont agents de la fonction publique hospitalière (FPH). Le volume de travail sur l’année s’élève à 1,1 million d’équivalents temps plein (EQTP), répartis pour 87 % dans les hôpitaux et pour 13 % dans les établissements médico-sociaux. Les agents de la FPH sont fonctionnaires en grande majorité (70 %), alors que 23 % sont contractuels et 7 % sont des personnels médicaux.

En 2021, le salaire net moyen en EQTP des agents de la FPH s’établit à 2 590 euros par mois, en hausse de 4,5 % en euros courants par rapport à 2020 (figure 1). Corrigé de l’inflation (+1,6 % en 2021), il augmente de 2,8 % en euros constants après une hausse déjà forte en 2020 (+5,9 %). Cette hausse en 2021 est la plus élevée des trois versants de la fonction publique. Elle s’explique par la poursuite de l’application des accords du Ségur de la santé de juillet 2020. Ces accords ont notamment prévu le versement mensuel d’un complément de traitement indiciaire (CTI) d’un montant de 90 euros nets à compter de septembre 2020, porté à 183 euros nets depuis décembre 2020, pour la plupart des personnels non médicaux. Par ailleurs, ils ont permis la mise en place d’une revalorisation des grilles indiciaires de rémunération pour le personnel des filières des services de soins et du médico‑technique à partir d’octobre 2021. L’effet de ces revalorisations n’est pas pleinement effectif en 2021, leur entrée en vigueur ayant eu lieu en fin d’année, avec un paiement en 2022 pour certains établissements.

Le ralentissement en 2021 résulte surtout du non-renouvellement de la prime Covid‑19 ponctuellement versée en 2020 et qui pouvait aller jusqu’à 1 500 euros. Sans cette prime exceptionnelle, l’évolution annuelle moyenne du salaire net entre 2020 et 2021 aurait été de +6,5 % en euros constants.

Le salaire brut en EQTP s’élève en moyenne à 3 174 euros par mois (figure 2). Il augmente de 3,3 % en euros constants, soit plus vite que le salaire net, par contrecoup d’un écart inverse en 2020, la prime Covid-19 étant exonérée de cotisations et de contributions sociales.

En 2021, le salaire en EQTP des fonctionnaires s’élève à 2 426 euros nets en moyenne par mois, en hausse de 2,9 % en euros constants par rapport à 2020. Leur salaire brut moyen augmente de 3,2 %, à 2 983 euros. Le salaire brut comprend à la fois le traitement indiciaire brut (76 % du salaire brut en moyenne) et les primes et rémunérations annexes (24 %) (figure 3). En 2021, le traitement indiciaire brut augmente très fortement (+8,3 %) en euros constants, en raison de l’effet en année pleine de l’instauration du complément de traitement indiciaire. À l’inverse, les primes et rémunérations annexes chutent de 10,4 %, par contrecoup, du fait du non-renouvellement de la prime exceptionnelle Covid-19.

Le salaire net mensuel moyen des fonctionnaires de catégorie A augmente de 2,9 % en euros constants, à 2 836 euros, celui de la catégorie B de 1,1 %, à 2 609 euros, et celui de la catégorie C de 3,2 %, à 2 090 euros (figure 4). L’augmentation plus prononcée pour les agents de catégorie C, en moyenne les moins rémunérés, s’explique en partie par la hausse du traitement minimum en octobre 2021 pour s’aligner sur la revalorisation du Smic dans le secteur privé : le traitement minimum est ainsi passé de 309 à 340 points d’indice majoré, soit +10,0 %.

En 2021, les contractuels perçoivent en moyenne 1 916 euros nets par mois en EQTP, soit 3,1 % de plus qu’en 2020 en euros constants. Le salaire des personnels médicaux augmente de 3,2 % à 6 217 euros nets par mois. Cette augmentation provient principalement de la revalorisation de l’indemnité d’engagement de service public exclusif (IESPE) et de son versement en année pleine ; elle atteint ainsi 1 010 euros bruts mensuels depuis décembre 2020. Par ailleurs, la rémunération des personnels médicaux a bénéficié de diverses mesures d’attractivité de l’exercice médical à l’hôpital public (refonte des grilles salariales des praticiens hospitaliers, majoration du temps de travail additionnel, création ou augmentation des indemnités de fonction pour les chefs de service et les chefs de pôle).

En 2021, la moitié des salariés de la FPH gagnent moins de 2 213 euros nets par mois en EQTP. Ce salaire médian augmente de 2,6 % en euros constants (figure 5). Les 10 % des salariés les moins bien rémunérés perçoivent moins de 1 671 euros nets par mois en équivalent temps plein (1^er décile ou D1), ce seuil augmentant de 2,7 % ; à l’opposé de l’échelle, les 10 % les mieux rémunérés gagnent plus de 3 595 euros (9^e décile ou D9), en hausse de 3,0 %. Les disparités salariales sont quasi stables par rapport à 2020, avec un rapport interdécile (D9/D1) atteignant 2,15 (+0,01 point).

Le salaire net mensuel médian des personnels médicaux est de 5 990 euros, en hausse de 3,1 % en euros constants. Les 10 % des personnels médicaux les moins bien rémunérés perçoivent moins de 3 438 euros nets par mois en équivalent temps plein, ce seuil augmentant de 2,7 % en un an ; à l’opposé de l’échelle, les 10 % les mieux rémunérés gagnent plus de 9 041 euros, en hausse de 3,8 %. Ainsi pour les personnels médicaux, les disparités salariales augmentent par rapport à 2020, avec un rapport interdécile (D9/D1) atteignant 2,63 (+0,03 point). En revanche, pour les contractuels, les disparités baissent en 2021 avec un rapport interdécile (D9/D1) atteignant 1,56 (‑0,03 point).

En 2021, le salaire net en EQTP des femmes dans la FPH s’élève en moyenne à 2 459 euros par mois, soit 19,6 % de moins que celui des hommes (3 058 euros). Cet écart est en hausse de 0,5 point sur un an, après une plus nette baisse l’année précédente (‑1,5 point), la prime Covid-19 ayant surtout bénéficié aux métiers dans lesquels les femmes sont davantage représentées.

À statut donné, les écarts salariaux entre les femmes et les hommes sont bien plus réduits, mais persistent : les femmes gagnent en moyenne 1,5 % de moins parmi les fonctionnaires, 6,8 % de moins parmi les contractuels ; l’écart culmine à 14,3 % au sein des personnels médicaux, les femmes étant notamment plus jeunes dans cette catégorie.

Au total, à statut, âge, grade, catégorie hiérarchique et type d’établissement identiques, les femmes perçoivent 3,7 % de moins que les hommes, un écart en augmentation de 0,3 point, après une baisse de 0,2 point en 2020.

Cependant, cet écart ne peut pas s’interpréter comme une mesure des différences de salaire entre femmes et hommes à poste de travail égal. Une partie des écarts résiduels provient en effet de caractéristiques non observées (ancienneté, expérience, tâches effectuées, etc.). Par ailleurs, le salaire en EQTP permet de comparer des salaires pour une quantité de travail équivalente : ne sont pas prises en compte ici les différences de conditions d’emploi (notamment le recours plus ou moins fréquent au temps partiel), qui contribuent aussi aux écarts de revenus mensuels entre femmes et hommes.

Les salariés en place, c’est-à-dire présents du 1^er janvier 2020 au 31 décembre 2021 chez le même employeur et avec la même quotité de temps de travail pendant les deux années, représentent près des deux tiers du volume de travail de la FPH en 2020. Les fonctionnaires – tout particulièrement les agents de catégories B et C –, les hommes et les agents en seconde partie de carrière figurent parmi les salariés de la FPH restant le plus souvent en place. Le salaire net moyen de ces salariés présents deux années consécutives, appelé rémunération moyenne des personnes en place (RMPP), augmente de 4,1 % en 2021 en euros constants (figure 4). Cette hausse, plus marquée que celle de l’ensemble des agents de la FPH, reflète les effets positifs des gains d’ancienneté, des progressions de carrière et des mesures de revalorisation salariale. Pour les fonctionnaires, la RMPP augmente de 3,8 % : elle s’accroît de 4,3 % pour les agents de catégorie A, de 2,6 % pour la catégorie B et de 3,9 % pour la catégorie C. Elle augmente de 4,7 % pour les contractuels et de 4,6 % pour les personnels médicaux.

Outre les personnes en place, 18,3 % des salariés de 2021 sont « entrés » dans la FPH en 2020 ou 2021 et 17,4 % des salariés de 2020 sont « sortis » en 2020 ou en 2021. Enfin, 15,0 % sont désignés comme « fluctuants » : soit ils n’ont travaillé qu’une partie de 2020 et une partie de 2021, soit ils ont changé d’employeur ou de quotité de temps de travail au cours de ces deux années. Les femmes, les jeunes, les non-fonctionnaires, en particulier les bénéficiaires de contrats aidés, sont surreprésentés dans ce groupe. La hausse du salaire moyen de l’ensemble des agents en 2021 (2,8 % en euros constants) se décompose entre les évolutions des salaires et des effectifs de chacun de ces groupes. Ainsi, la hausse de la RMPP y contribue pour +2,6 points et celle de la rémunération des « fluctuants » pour +0,6 point. La contribution de l’écart de salaire moyen entre les « entrants » et les « sortants » sur l’évolution du salaire moyen de l’ensemble est négative, ‑0,2 point. Cela reflète le fait que les jeunes générations entrantes sont moins rémunérées que les plus âgées sortantes (« effet de noria »). Enfin, les variations d’effectifs de ces groupes contribuent à peine (‑0,1 point) à l’évolution du salaire net moyen.

Les salaires et les effectifs de la fonction publique hospitalière (FPH) sont obtenus à partir du système d’information des agents des services publics (Siasp).

Cette publication concerne tous les salariés travaillant dans la FPH en France hors Mayotte, qu’ils soient fonctionnaires, contractuels (y compris en contrats aidés), ou personnels médicaux. Pour les professeurs universitaires‑praticiens hospitaliers, seules les heures effectuées dans la FPH sont prises en compte, leur activité d’enseignement et de recherche et la rémunération qui y est associée étant comptabilisées dans la fonction publique de l’État. Les internes, externes et apprentis, sont exclus du champ de cette publication.

Par rapport à l’lnsee Première n° 1921 sur les salaires dans la FPH en 2020, le salaire moyen des personnels médicaux a été légèrement rehaussé en niveau (+0,6 %) avec une extension du champ des postes rentrant dans le calcul.