Insee Analyses Centre-Val de Loire · Juillet 2023 · n° 98

Stabilité des effectifs dans les fonctions publiques d’État et territoriale entre 2011 et 2020

Au 31 décembre 2020, 192 100 personnes travaillent dans la fonction publique en Centre-Val de Loire, hors militaires, élèves et services civiques (champ). La région compte ainsi 74,6 agents publics pour 1 000 habitants, moins qu’en France métropolitaine hors Île-de-France (77,4 ‰). Le nombre d’agents publics rapporté à la population est également plus faible qu’au niveau national dans les Pays de la Loire et le Grand Est, mais plus élevé en Île-de-France, où sont présentes la plupart des administrations centrales des ministères, et en Corse. Au niveau départemental, le nombre d’agents publics pour 1 000 habitants est plus élevé dans le Loiret (79,0), département comprenant le chef-lieu de région. Ce ratio est toutefois inférieur à la moyenne constatée en France métropolitaine hors Paris dans les autres départements hébergeant le chef-lieu de région (84,6 ‰). Dans les autres départements de la région, le ratio est le plus faible en Eure-et-Loir (65,9 ‰) et en deçà de la moyenne régionale dans l’Eure-et-Loir et le Loir-et-Cher (inférieur à 70 ‰).

Les agents publics se répartissent entre la fonction publique d’État en Centre-Val de Loire (37 %), la fonction publique territoriale (36 %) et la fonction publique hospitalière (27 %) (figure 1).

La fonction publique d’État emploie 27,8 agents publics pour 1 000 habitants. Plus de la moitié de ces agents travaillent pour l’Éducation nationale. Ce sont essentiellement des professeurs des écoles (34 % des effectifs du ministère), des professeurs de l’enseignement secondaire (31 %), et des surveillants ou aides-éducateurs (14 %). Rapportés au nombre d’habitants en âge d’être scolarisés (de 3 à 16 ans), les effectifs de l’Éducation nationale sont un peu moins importants qu’en moyenne en France métropolitaine hors Île-de-France (98 agents publics pour 1 000 jeunes contre 103). Au sein de la région, le nombre d’agents publics de la fonction publique d’État est plus important dans le Loiret (32,6 ‰), département comprenant la commune chef-lieu de région. La fonction publique d’État pèse cependant moins dans le Loiret que dans les autres départements de France où se situe un chef-lieu de région (42,8 ‰). Dans les départements de France sans chef-lieu de région, elle emploie 28,9 agents pour 1 000 habitants (26,0 en Centre-Val de Loire hors Loiret).

Le nombre d’agents publics territoriaux rapporté à la population est parmi les plus faibles, au 3^e rang en partant de la fin parmi les régions métropolitaines hors Île-de-France (26,4 ‰). Plus d’un tiers d’entre eux sont des ouvriers qualifiés des travaux publics, les métiers administratifs représentant également une partie importante des effectifs. La fonction publique territoriale est plus présente dans le Loiret et le Cher (respectivement 29,7 et 27,4 agents publics pour 1 000 habitants).

La région se classe en revanche parmi les premières selon le nombre d’agents publics hospitaliers rapporté à la population (20,4 ‰, au 3^e rang en France métropolitaine, devant l’Île-de-France). Néanmoins, l’offre de soin est en moyenne moins développée que dans les autres régions. En particulier, la région est celle où la densité de médecins est la plus faible de France métropolitaine hors Île-de-France (256 médecins pour 100 000 habitants début 2022, tous modes d’exercice et toutes spécialités confondues). Ainsi, l’offre de soin repose proportionnellement davantage sur les professionnels de santé ayant le statut d’agent public dans les hôpitaux et moins sur les praticiens libéraux et cliniques privées. Dans le versant hospitalier, un quart des agents publics sont des aides-soignants, un sur cinq des infirmiers en soins généraux. Le nombre d’agents publics du versant hospitalier pour 1 000 habitants est le plus élevé dans l’Indre (24,1 ‰), et le plus faible dans le Loiret (16,8 ‰), seul département de France métropolitaine hors Corse comprenant un chef-lieu de région où le centre hospitalier n'est pas associé à une faculté de médecine.

Entre 2011 et 2020, les effectifs de la fonction publique augmentent à un rythme plus soutenu que la population en Centre-Val de Loire. Le nombre d’agents publics progresse de 2 %, alors que l’ensemble des salariés du secteur privé diminue légèrement (-0,5 %) sur la même période. Cette hausse ne concerne que le versant hospitalier. Le nombre d’agents publics hospitaliers pour 1 000 habitants en 2020 est supérieur d’un point à celui en 2011 (0,5 point en France métropolitaine hors Île-de-France). Les effectifs évoluent peu dans la fonction publique d’État et dans la fonction publique territoriale.

Cette stabilité régionale masque de grandes disparités entre les départements. Ainsi, l’Indre et le Cher sont les départements de la région dans lesquels la progression des effectifs de la fonction publique hospitalière rapportés à la population est la plus importante entre 2011 et 2020. Le nombre d’agents de la fonction publique d’État pour 1 000 habitants progresse le plus dans l’Indre et l’Indre-et-Loire, tandis qu’il recule dans le Cher et le Loir-et-Cher. Le nombre d’agents publics territoriaux pour 1 000 habitants recule davantage dans l’Eure-et-Loir et l’Indre-et-Loire.

Fin 2020 en région Centre-Val de Loire, un agent sur cinq est âgé de 55 ans ou plus (figure 2). La fonction publique est confrontée au vieillissement de ses agents, dans une tendance de fond de vieillissement de la population active. La part des agents de 55 ans ou plus augmente de 6 % entre 2011 et 2020. Dans le même temps, la proportion d’agents de moins de 25 ans stagne à 5 %. La part des agents de 55 ans ou plus atteint un quart dans la fonction publique territoriale (données complémentaires). C’est aussi dans ce versant que leur proportion a le plus augmenté entre 2011 et 2020 : +8 points, contre respectivement 4 et 5 points dans les versants d’État et hospitalier. Le vieillissement de la fonction publique concerne tous les territoires.

En 2020, les femmes occupent 68 % des emplois publics de la région. Elles sont particulièrement présentes dans la fonction publique hospitalière (81 %), notamment parmi les agents de moins de 25 ans (85 %). Leur poids est plus faible dans les fonctions publiques d’État (65 %) et territoriale (62 %).

En 2020, le Centre-Val de Loire compte autant de départs (2 710) que d’arrivées (2 750) d’agents publics respectivement à destination ou en provenance d’autres régions. Le rapport entre la part des mobilités géographiques dans les entrées et la part dans les sorties reflète en partie l’attractivité des régions. Ainsi, un rapport proche de 1 correspond à l’équilibre entre les entrées et les sorties de la région, comme c’est le cas pour la région Centre-Val de Loire. Ce rapport est supérieur à 1 dans les Pays de la Loire (1,6) et la Corse (1,5), ce qui traduit un poids plus important des mobilités entrantes que des mobilités sortantes. À l’inverse, il est inférieur à 1 pour les Hauts-de-France (0,8) et le Grand-Est (0,7), moins attractives pour les agents publics mobiles.

Les effectifs de la fonction publique en Centre-Val de Loire sont majoritairement stables en 2020, puisque 89 % des agents travaillaient déjà dans la fonction publique et dans la région un an plus tôt (figure 3). Pour compenser les sorties (départ à la retraite, mobilités géographiques, fin de mission des contractuels), les effectifs sont renouvelés par voie de concours, mobilité géographique, recrutement de contractuels, etc. Hors mobilités géographiques, près d’un tiers des nouveaux entrants dans la fonction publique sont âgés de moins de 25 ans, majoritairement des contractuels (70 % des nouveaux arrivants). Les mobilités géographiques se font surtout en provenance d’Île-de-France (4 sur 10), particulièrement de Paris (10 %), des Yvelines et de l’Essonne (8 % et 5 %). À l’inverse, 26 % des agents publics du Centre-Val de Loire quittant la région en 2020 partent occuper un poste en Île-de-France. Les mobilités vers les régions plus au sud (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, et Provence-Alpes-Côte d'Azur) représentent 37 % des sorties et 27 % des arrivées.

Rapportés à l’ensemble des mobilités au sein de la région, les flux entre les versants sont faibles en 2020, un an après la loi de transformation de la fonction publique (6 août 2019) qui incite les agents publics à diversifier leur carrière, notamment en changeant de versant. En 2020, moins de 4 agents publics du Centre-Val de Loire sur 1 000 changent de versant en restant dans la région. Les plus grands flux d’agents s’opèrent entre les fonctions publiques d’État et territoriale. Entre 2016 et 2020, près de 400 agents ont quitté la fonction publique d’État pour le versant territorial, quand 300 agents ont effectué une mobilité dans le sens inverse. Sur la même période, moins de 300 agents publics ont quitté la fonction publique hospitalière pour rejoindre celle d’État.

En Centre-Val de Loire, un agent public sur cinq est contractuel en 2020, une proportion proche dans chacun des versants de la fonction publique (22 % des agents pour le secteur hospitalier, 20 % pour l’État et 18 % dans la territoriale). Entre 2011 et 2020, le recours aux contractuels a augmenté de 5 points dans la région (20 %) comme en France métropolitaine hors Île-de-France (22 %) (données complémentaires). Dans la région, il s’accroît le plus dans la fonction publique hospitalière, mais plus dans celle d’État en France métropolitaine hors Île-de-France. Pendant la crise sanitaire en 2020, le recours aux contractuels a été particulièrement fort dans le versant hospitalier. Dans le Loiret et l’Indre, la part de contractuels du versant hospitalier augmente de 8 points entre 2011 et 2020.

Les contractuels sont relativement plus nombreux parmi les agents de catégorie B ou C (19 % et 21 %, contre 12 % des agents de catégorie A). C’est dans la fonction publique d’État que les parts de contractuels parmi les agents de catégories B et C sont plus hautes. Dans la fonction publique territoriale, la proportion d’agents de catégorie A contractuels est nettement plus importante que dans les autres versants. Les contractuels sont plus jeunes que les titulaires. Leur âge médian est de 37 ans, soit 10 ans de moins que les titulaires. L’écart est moins important dans la fonction publique d’État : il n’est que de 7 ans contre 12 dans les deux autres versants. Une part plus importante de contractuels deviennent titulaires dans la région. Fin 2020, 11 % des agents contractuels fin 2019 ont été titularisés, soit 2 points de plus qu’en France métropolitaine hors Île-de-France. Cette proportion est nettement plus faible dans la fonction publique d’État (3 % contre 16 % dans les autres versants). Elle diffère également selon la catégorie : 5 % pour les agents de catégorie B, 10 % pour les catégories A et 14 % pour les catégories C.

En 2020 en Centre-Val de Loire, le salaire net mensuel médian en équivalent temps plein (EQTP) est proche de celui de France métropolitaine hors Île-de-France tous versants confondus (2 040 € contre 2 080 €). Il est plus élevé pour les agents de la fonction publique d’État (2 440 €) que ceux de la fonction publique hospitalière (2 060 €) et territoriale (1 750 €). Ces écarts proviennent essentiellement d’une différence de métiers exercés, qui se retrouvent au travers des grandes catégories de la fonction publique. La proportion des agents de catégorie A est cinq fois plus importante dans la fonction publique d’État que territoriale (63 % contre 12 %). Au sein des versants hospitalier et territorial, les agents de catégorie C sont majoritaires (55 % et 76 %).

Dans la fonction publique, le salaire des agents titulaires augmente avec l’âge, en lien avec la hausse de l'indice essentiellement liée à l'ancienneté et aux éventuelles primes liées aux postes occupés, aux responsabilités ou encore aux conditions d'exercice (figure 4). Pour les agents de même catégorie et classe d’âge, les écarts de salaires entre les versants s’expliquent en partie par les professions exercées. Parmi les agents de catégorie A de plus de 55 ans, le salaire en EQTP d’un médecin hospitalier est par exemple deux fois plus élevé que celui d’un professeur de l’enseignement secondaire. Quelle que soit la fonction publique, les écarts de salaire entre le début et la fin de carrière croissent avec la catégorie des agents publics. Ainsi, le salaire net mensuel médian en EQTP des agents publics âgés de 55 ans ou plus de catégorie A est 70 % plus élevé que celui de leurs homologues de moins de 30 ans. Cet écart est moindre pour les agents de catégorie C (25 %), qui peuvent néanmoins au cours de leur carrière évoluer vers les catégories B ou A.