Insee Flash Grand Est · Juin 2023 · n° 70

Projections démographiques pour l’Aube Le département perdrait 22 000 habitants à l’horizon 2070

Si les tendances démographiques récentes se prolongeaient, la population de l’Aube baisserait de 22 000 habitants en un demi-siècle. Elle passerait de 310 000 habitants en 2018 à 288 000 en 2070. Cela correspondrait à une diminution de 7,1 %, soit -0,14 % par an en moyenne, deux fois moins que la moyenne régionale (0,28 % par an). Si l’on exclut le Bas-Rhin, dont la population augmenterait, l’Aube est le département de la région où elle diminuerait le moins.

L’évolution du nombre d’habitants à l’horizon 2070 dépend des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations. Dans l’hypothèse d’évolutions plus favorables de ces composantes (scénario population haute), la population de l’Aube augmenterait, avec 23 000 habitants supplémentaires à l’horizon 2070 (figure 1). En moyenne, la population progresserait de 0,14 % par an.

À l’inverse, une combinaison défavorable (scénario population basse) entraînerait une perte d’un habitant sur cinq dans le département. La population diminuerait de 0,44 % par an, soit une baisse de 63 000 habitants en cinquante ans.

Selon le scénario central, la baisse de population entre 2018 et 2070 serait entièrement due à un solde naturel négatif, contribuant pour 0,26 point par an en moyenne au recul du nombre d’habitants. L’ampleur du déficit des naissances par rapport aux décès continuerait de croître jusqu’en 2060, pour se stabiliser en fin de période (figure 2).

Le nombre annuel de naissances diminuerait quasiment sur toute la période : à l’horizon 2070, on en compterait 23 % de moins qu’en 2018. Le nombre de décès augmenterait jusqu’en 2045 puis baisserait à nouveau, jusqu’à atteindre en 2070 un niveau similaire à celui de 2018.

La contribution du solde migratoire serait positive et ferait croître la population de 0,12 % en moyenne par an jusqu’en 2070. Bien qu’excédentaire sur toute la période, il ne permettrait plus de compenser le déficit naturel après 2030. Après une légère baisse entre 2030 et 2040, il remonterait jusqu’en 2070, pour contribuer à hauteur de 0,13 % par an en moyenne à l’évolution de la population.

La population de l’Aube serait vieillissante à l’horizon 2070. L’âge moyen passerait de 41,7 ans en 2018 à 46,6 ans en 2070, soit cinq ans de plus. Dans le département, 29 % de la population aurait 65 ans ou plus, contre 21 % en 2018 (figure 3). En particulier, la part des personnes de 75 ans ou plus doublerait quasiment à l’horizon 2070 (18 %, contre 10 % en 2018).

L’espérance de vie à la naissance gagnerait huit ans pour les hommes (de 78 à 86 ans), et quatre ans pour les femmes (de 84 à 88 ans).

L’indicateur conjoncturel de fécondité diminuerait légèrement sur la période : 1,81 en 2018 contre 1,72 en 2070. Le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants (15-50 ans) baisserait de 17 % en un demi-siècle. Par conséquent, le nombre de naissances et de jeunes de moins de 20 ans se réduirait.

Ainsi, si en 2018 le département compte 87 personnes âgées de 65 ans ou plus, pour 100 jeunes de moins de 20 ans, ce rapport s’inverse fortement à l’horizon 2070 avec 147 personnes de 65 ans ou plus, pour 100 de moins de 20 ans.

Les projections départementales 2018-2070 présentées dans cette étude représentent une déclinaison locale des projections pour la France entière diffusées par l’Insee en novembre 2021 [Algava, Blanpain, 2021 ; pour en savoir plus (4)]. Le modèle Omphale permet de réaliser des projections infranationales en projetant d’année en année les pyramides des âges des différents territoires.

L’évolution de la population par sexe et âge repose sur des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations (flux internes à la France et solde migratoire avec l’étranger). Ces évolutions sont appliquées aux comportements observés sur la zone d’intérêt. Le point de départ des projections est la population 2018 issue du recensement de la population.

Différents scénarios sont élaborés selon les hypothèses retenues. Le scénario central décline localement les évolutions nationales basées sur l’observation du passé récent (hors pandémie de Covid-19) : un solde migratoire avec l’étranger de +70 000 personnes par an à compter de 2021, une fécondité stable à 1,8 enfant par femme à partir de 2023 et des gains d’espérance de vie de 8,1 ans pour les femmes et de 11,5 ans pour les hommes. Les autres scénarios se conçoivent comme des modulations appliquées aux dernières tendances observées, en modifiant l’hypothèse d’évolution d’une ou de plusieurs composantes. Les projections ne doivent pas être assimilées à des prévisions : il est impossible de prédire comment évolueront exactement les différentes composantes démographiques dans le futur. Les projections de population permettent d’illustrer et d’objectiver l’impact d’évolutions possibles des comportements démographiques sur la structure et la taille de la population à moyen et long terme.