Insee Flash Grand Est · Juin 2023 · n° 73

Projections démographiques pour la Haute-Marne Le département perdrait près de trois habitants sur dix à l’horizon 2070

Si les tendances démographiques récentes se prolongeaient, la population de la Haute-Marne baisserait de 49 000 habitants en un demi-siècle. Elle passerait de 174 000 habitants en 2018 à 125 000 en 2070. Cela correspondrait à une diminution de 28,3 %, soit -0,64 % en moyenne par an. Cette déprise est deux fois plus importante que celle du Grand Est, mais est similaire à celle des Ardennes, de la Meuse et des Vosges.

L’évolution du nombre d’habitants à l’horizon 2070 dépend des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations. Dans l’hypothèse d’évolutions plus favorables de ces composantes (scénario population haute), la baisse de la population de la Haute-Marne serait plus contenue, à hauteur de 29 000 habitants d’ici 2070 (figure 1). Cela représenterait une évolution moyenne de -0,35 % par an.

À l’inverse, une combinaison défavorable (scénario population basse) entraînerait une perte de près de quatre habitants sur dix dans le département. La population diminuerait de 0,94 % par an, soit une baisse de 68 000 habitants en cinquante ans.

La déprise démographique du département démarre à la fin des années 60, elle s’accentue une première fois au début des années 80 puis une seconde fois au début des années 2010. Ainsi, entre 2013 et 2018, la population de la Haute-Marne baisse de 0,83 % par an en moyenne.

Selon le scénario central, la baisse de population entre 2018 et 2070 serait due à un solde naturel négatif, contribuant pour 0,70 point par an en moyenne au recul du nombre d’habitants. L’ampleur du déficit des naissances par rapport aux décès continuerait de croître jusqu’en 2060 et se stabiliser dans la dernière décennie (figure 2).

Le nombre annuel de naissances diminuerait continuellement sur toute la période : à l’horizon 2070, on en compterait 43 % de moins qu’en 2018. Le nombre de décès augmenterait jusqu’aux années 2040 puis diminuerait jusqu’à la fin de la période. En 2070, il y aurait ainsi 12 % de décès en moins par rapport à 2018. Ces derniers excèdent néanmoins le nombre de naissances dès 2018, et l’écart se creuserait de plus en plus tout au long de la période. En 2070, il devrait ainsi y avoir deux fois plus de décès que de naissances dans le département.

La contribution du solde migratoire serait positive et ferait croître la population à hauteur de 0,06 % en moyenne par an sur la même période. Excédentaire à partir de 2035, le solde migratoire ne permettrait pas de compenser le déficit naturel. Il augmenterait continuellement entre 2035 et 2070 et contribuerait à une hausse de la population de 0,35 % par an entre 2060 et 2070.

La population de la Haute-Marne serait très vieillissante à l’horizon 2070. L’âge moyen passerait de 44,4 ans en 2018 à 49,9 ans en 2070, soit presque six ans de plus. Dans le département, 34 % de la population aurait 65 ans ou plus, contre 25 % en 2018 (figure 3). En particulier, la part des personnes de 75 ans ou plus devrait presque doubler à l’horizon 2070 (21 %, contre 12 % en 2018).

L’espérance de vie à la naissance gagnerait neuf ans pour les hommes (de 77 à 86 ans), et quatre ans pour les femmes (de 84 à 88 ans).

L’indicateur conjoncturel de fécondité diminuerait sur la période : 1,79 en 2018 contre 1,68 en 2070. Le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants (15-50 ans) baisserait de 42 % en un demi-siècle. Par conséquent, le nombre de naissances et de jeunes de moins de 20 ans se réduirait.

Ainsi, si en 2018 le département compte déjà 115 personnes âgées de 65 ans ou plus, pour 100 jeunes de moins de 20 ans, ce rapport se creuserait fortement à l’horizon 2070 avec 204 personnes de 65 ans ou plus, pour 100 de moins de 20 ans.

Les projections départementales 2018-2070 présentées dans cette étude représentent une déclinaison locale des projections pour la France entière diffusées par l’Insee en novembre 2021 [Algava, Blanpain, 2021 ; pour en savoir plus (4)]. Le modèle Omphale permet de réaliser des projections infranationales en projetant d’année en année les pyramides des âges des différents territoires.

L’évolution de la population par sexe et âge repose sur des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations (flux internes à la France et solde migratoire avec l’étranger). Ces évolutions sont appliquées aux comportements observés sur la zone d’intérêt. Le point de départ des projections est la population 2018 issue du recensement de la population.

Différents scénarios sont élaborés selon les hypothèses retenues. Le scénario central décline localement les évolutions nationales basées sur l’observation du passé récent (hors pandémie de Covid-19) : un solde migratoire avec l’étranger de +70 000 personnes par an à compter de 2021, une fécondité stable à 1,8 enfant par femme à partir de 2023 et des gains d’espérance de vie de 8,1 ans pour les femmes et de 11,5 ans pour les hommes. Les autres scénarios se conçoivent comme des modulations appliquées aux dernières tendances observées, en modifiant l’hypothèse d’évolution d’une ou de plusieurs composantes. Les projections ne doivent pas être assimilées à des prévisions : il est impossible de prédire comment évolueront exactement les différentes composantes démographiques dans le futur. Les projections de population permettent d’illustrer et d’objectiver l’impact d’évolutions possibles des comportements démographiques sur la structure et la taille de la population à moyen et long terme.