Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Mars 2023 · n° 127

Couples biactifs en Auvergne-Rhône-Alpes : les mères sont moins éloignées de leur lieu de travail

Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des régions de province où la distance moyenne parcourue par les actifs pour se rendre au travail, soit 18,7 km en moyenne, est la moins importante, derrière la Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie. Parmi les trois millions d’actifs en emploi, moins d’un sur quinze travaille depuis chez lui (hors télétravail). En dehors de ces situations de travail sans trajet, un navetteur sur deux fait moins de 10 km pour se rendre sur son lieu de travail et, pour 6 % d’entre eux, cette distance est supérieure à 50 km.

Dans un contexte d’accroissement des flux domicile-travail lié au phénomène de périurbanisation, il est important d’étudier les facteurs pouvant influencer le choix du lieu de résidence. Qu’en est-il pour les couples dans lesquels les deux conjoints travaillent : existe-t-il un arbitrage qui limiterait les déplacements d’un des conjoints ?

Avec un trajet de 15,0 km en moyenne, les femmes parcourent 7,1 km de moins que les hommes (figure 1) ; cet écart est légèrement plus élevé qu’en France métropolitaine.

Globalement, les actifs en couple travaillent plus loin de leur domicile que ceux vivant sans conjoint. Seule exception, les femmes en couple avec un conjoint qui ne travaille pas (couple monoactif), font moins de trajet que leurs homologues célibataires. C’est quand elles sont membres d’un couple biactif qu’elles travaillent le plus loin de leur domicile, à 15,5 km en moyenne. Parmi les hommes, ceux qui sont en couple parcourent en moyenne 23,2 km, distance qui reste inchangée selon que leur conjoint travaille ou non. Les hommes célibataires parcourent 5,1 km de plus que les femmes célibataires, et 3,7 km de moins que les hommes en couple.

Pour les 869 000 couples biactifs d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’éloignement entre le domicile et le lieu de travail peut être très différent pour chacun des conjoints (y compris conjoints de même sexe). En effet, dans moins d’un couple biactif sur dix seulement, les distances séparant les lieux de résidence et de travail sont identiques pour les deux conjoints (couples équidistants). Elles s’élèvent, dans ce cas, à 10,4 km en moyenne. À l’inverse, certains couples ont des trajets très déséquilibrés. Ils sont appelés « couples distanciés » : l’un des conjoints parcourt plus de 60 % de la distance cumulée du couple, et au moins 10 km de plus que son conjoint. Parmi les couples biactifs, près de quatre sur dix sont distanciés (figure 2).

Quand les deux conjoints sont de sexe différent, l’homme travaille plus loin de son domicile que sa compagne dans 57 % des cas. Cette proportion monte à 63 % dans le cas des couples distanciés. Au sein de ces couples, lorsque l’homme réalise le plus long trajet ; il parcourt alors 62,7 km en moyenne, contre 46,4 km pour les femmes lorsqu’elles sont plus éloignées de leur lieu de travail.

La présence d’enfant(s) vient très peu modifier le fait, qu’en majorité, l’homme réalise les trajets les plus longs au sein du couple. Elle réduit cependant les distances parcourues par le conjoint le plus éloigné. Cette diminution, de près de 3 km pour les femmes lorsqu’elles ont des trajets plus longs que leur conjoint, tombe à un peu plus d’1 km pour les hommes.

Dans 36 % des couples biactifs hétérosexuels, les deux conjoints ont une catégorie socioprofessionnelle (CS) identique. Dans plus d’un quart de ces couples, les conjoints parcourent exactement la même distance ; on peut supposer alors qu’ils exercent au même endroit. Quand ces distances sont différentes, les hommes sont, plus fréquemment, plus éloignés de leur emploi que leur compagne (57 %).

Les hommes sont 64 % à parcourir les distances les plus longues quand leur CS (hors agriculteur, artisan ou chef d’entreprise) est supérieure à celle de leur compagne. Cette part diminue mais reste majoritaire (58 %) quand, au contraire, la CS de la femme est plus élevée que celle de l’homme.

Dans les couples aux CS différentes, où l’un des conjoints est agriculteur, artisan ou chef d’entreprise, ce dernier, souvent l’homme, réalise les distances domicile-travail les plus courtes. De par son emploi, il réside en effet souvent sur son lieu de travail ou à proximité (exploitation, atelier, etc).

Globalement, les femmes sans enfants parcourent des trajets plus longs que celles qui en ont (figure 3), à l’inverse des hommes. Ce constat s’accentue avec le nombre d’enfants. Plus ces derniers sont nombreux, plus le déséquilibre des distances domicile-travail se fait sentir entre les pères et les mères. En effet, les trajets parcourus par les mères tendent à se réduire lorsque le nombre d'enfants augmente. Elles parcourent en moyenne 15,4 km quand elles en ont un. Cette distance, de 14,2 km avec trois enfants, s’établit à 12,1 km avec quatre enfants ou plus. Le poids des représentations sociales, qui tend à rendre les femmes plus enclines que les hommes à endosser les contraintes familiales, peut demeurer un élément explicatif.

Cette diminution des distances domicile-travail des femmes s’accompagne symétriquement d’un léger accroissement des trajets parcourus par les hommes, jusqu’à trois enfants. Ils parcourent en moyenne 23,2 km avec un enfant et 1 km de plus avec trois. Ce n’est qu’à partir de quatre enfants et plus que cette distance se réduit, mais elle reste supérieure de 9 km à celle des mères.

L’âge des enfants a peu d’influence sur les distances domicile-travail des pères. Le constat est différent chez les mères. Avec un ou plusieurs enfants qui ont tous 11 ans ou moins, elles parcourent en moyenne 16,5 km, soit 3 km de plus que les mères d’enfants qui ont tous plus de 11 ans. Les modes de garde des plus jeunes enfants, aux horaires plus étendus, permettent peut-être aux mères plus de souplesse quant à leur travail. Des enfants plus grands signifient également des parents plus âgés, donc avec un niveau de revenu potentiellement plus élevé, qui peut permettre de choisir plus facilement un lieu de résidence moins éloigné du lieu de travail des mères.