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Insee Analyses Hauts-de-France · Janvier 2023 · n° 147
Insee Analyses Hauts-de-FrancePour un quart des couples biactifs, la distance entre les deux lieux de travail excède 30 km

Géraldine Caron, Sophie Éblé, Marie-Michèle Legrand (Insee)

En 2018, dans les Hauts-de-France, 30 km ou plus séparent les lieux de travail des conjoints de 150 000 couples. Ils représentent un quart des couples biactifs, la part la plus élevée des régions de France métropolitaine. Ils résident plus souvent en périphérie des grands pôles urbains que les membres des autres couples biactifs et parcourent ainsi des distances 3,5 fois plus longues pour se rendre au travail. Ils sont en moyenne plus jeunes, plus diplômés, et plus souvent propriétaires de leur logement. Dans la majorité des cas, l’homme effectue un trajet plus long que la femme. Cette inégalité est d’autant plus marquée que ce dernier est plus qualifié que sa conjointe, que le couple réside dans un pôle urbain, ou que celui-ci a au moins 3 enfants.

Insee Analyses Hauts-de-France
No 147
Paru le :Paru le05/01/2023

Hauts-de-France : la part la plus élevée de couples biactifs aux emplois distants

En 2018, les membres de 150 000 couples résidant dans les Hauts-de-France travaillent à 30 kilomètres ou plus l’un de l’autre, soit un quart des , contre un cinquième à l’échelle de la France métropolitaine. La région affiche la part la plus élevée de couples biactifs aux emplois distants devant le Centre-Val de Loire (24 %) et la Normandie (23 %). Pour ces trois régions, la proximité et l’attractivité exercée par l’Île-de-France constitue un premier élément d’explication. Au sein des Hauts-de-France, la Métropole européenne de Lille attire également des travailleurs qui parcourent des distances importantes. Le maillage routier et ferroviaire dense et l’absence de relief important facilitent les déplacements au sein de la région.

Les questions de conciliation entre vie personnelle et professionnelle, tout comme la gestion des (budget, temps, moyens de transport disponible), se posent avec davantage d’acuité pour les couples aux emplois distants. La répartition des trajets au sein de ces couples peut en outre générer des inégalités entre les femmes et les hommes. Dans les zones très concernées par l’éloignement des lieux de travail des conjoints, l’aménagement du territoire et le développement durable représentent autant de défis pour les décideurs locaux : maîtrise de la périurbanisation, accès aux services, réduction de l’empreinte carbone des déplacements à travers l’organisation et le dimensionnement de l’offre de transports en commun ou encore la construction d’espaces dédiés pour promouvoir le covoiturage…

Quatre couples biactifs aux emplois distants sur dix dans l’Oise

L’Oise arrive en tête des départements de province avec 37 % de couples aux emplois distants, devant deux autres départements limitrophes de région francilienne : l’Eure-et-Loir (36 %) et l’Eure (34 %) (figure 1). Sept couples isariens sur dix dont les emplois sont éloignés de 30 km ou plus, ont au moins un conjoint qui travaille en Île-de-France, contre 2 sur 10 seulement à l’échelle régionale (pour en savoir plus).

Les couples aux emplois distants sont également plus présents dans l’Aisne (29 %) et le Pas-de-Calais (27 %) compte tenu des multiples navettes, respectivement en direction de l’Île-de-France et de la MEL.

En effet, dans l’Aisne, pour 26 % des couples aux emplois distants, au moins un conjoint se rend en région francilienne. Dans le Pas-de-Calais, les trajets vers la MEL concernent 35 % d’entre eux. À l’inverse, dans le Nord et la Somme (respectivement 20 % et 25 % de couples aux emplois distants), la forte densité d’emplois permet aux conjoints d’avoir des emplois moins éloignés l’un de l’autre.

Figure 1Part des couples dont les emplois sont séparés de 30 km ou plus par département en 2018

en %
Part des couples dont les emplois sont séparés de 30 km ou plus par département en 2018 (en %)
Code département Libellé département Part
01 Ain 26
02 Aisne 29
03 Allier 20
04 Alpes-de-Haute-Provence 22
05 Hautes-Alpes 13
06 Alpes-Maritimes 9
07 Ardèche 18
08 Ardennes 20
09 Ariège 22
10 Aube 21
11 Aude 19
12 Aveyron 16
13 Bouches-du-Rhône 21
14 Calvados 20
15 Cantal 13
16 Charente 20
17 Charente-Maritime 22
18 Cher 21
19 Corrèze 18
21 Côte-d'Or 19
22 Côtes-d'Armor 22
23 Creuse 22
24 Dordogne 20
25 Doubs 16
26 Drôme 18
27 Eure 34
28 Eure-et-Loir 36
29 Finistère 19
2A Corse-du-Sud 9
2B Haute-Corse 11
30 Gard 23
31 Haute-Garonne 13
32 Gers 26
33 Gironde 18
34 Hérault 17
35 Ille-et-Vilaine 21
36 Indre 21
37 Indre-et-Loire 19
38 Isère 23
39 Jura 23
40 Landes 26
41 Loir-et-Cher 25
42 Loire 22
43 Haute-Loire 19
44 Loire-Atlantique 21
45 Loiret 21
46 Lot 18
47 Lot-et-Garonne 17
48 Lozère 16
49 Maine-et-Loire 23
50 Manche 19
51 Marne 20
52 Haute-Marne 21
53 Mayenne 23
54 Meurthe-et-Moselle 23
55 Meuse 27
56 Morbihan 24
57 Moselle 22
58 Nièvre 21
59 Nord 20
60 Oise 37
61 Orne 21
62 Pas-de-Calais 27
63 Puy-de-Dôme 16
64 Pyrénées-Atlantiques 16
65 Hautes-Pyrénées 18
66 Pyrénées-Orientales 9
67 Bas-Rhin 19
68 Haut-Rhin 20
69 Rhône 13
70 Haute-Saône 27
71 Saône-et-Loire 23
72 Sarthe 20
73 Savoie 22
74 Haute-Savoie 15
76 Paris 22
79 Seine-Maritime 20
80 Seine-et-Marne 25
81 Yvelines 24
82 Deux-Sèvres 26
83 Somme 20
84 Tarn 22
85 Tarn-et-Garonne 26
86 Var 20
87 Vaucluse 16
88 Vendée 24
89 Vienne 21
90 Haute-Vienne 17
75 Vosges 6
77 Yonne 32
78 Territoire de Belfort 22
91 Essonne 23
92 Hauts-de-Seine 7
93 Seine-Saint-Denis 8
94 Val-de-Marne 8
95 Val-d'Oise 19
  • Champ : hors travailleurs frontaliers.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Figure 1Part des couples dont les emplois sont séparés de 30 km ou plus par département en 2018

  • Champ : hors travailleurs frontaliers.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Des couples biactifs aux emplois distants plus jeunes et plus qualifiés

Comme en France métropolitaine, les conjoints qui travaillent à 30 km ou plus l’un de l’autre sont en moyenne plus jeunes que les membres de couples biactifs non-distants (figure 2). Plus diplômés, ils occupent également des emplois plus qualifiés, donc mieux rémunérés. La double rémunération du couple facilite l’accession à la propriété : les couples biactifs distants sont un peu plus souvent propriétaires que les non-distants. Ils occupent également des logements plus spacieux alors que la composition familiale est sensiblement identique.

Figure 2Principales caractéristiques des membres des couples biactifs aux emplois distants en comparaison des non-distants et de l’ensemble des actifs, dans les Hauts-de-France en 2018

Principales caractéristiques des membres des couples biactifs aux emplois distants en comparaison des non-distants et de l’ensemble des actifs, dans les Hauts-de-France en 2018
Membre d’un couple aux emplois distants Membre d’un couple aux emplois non-distants Ensemble des actifs en emploi
Caractéristiques individuelles
Effectifs (Individus) 300 000 867 000 2 198 000
Moins de 40 ans (en %) 47 41 45
Diplômés du supérieur (en %) 49 41 38
Cadres ou professions intermédiaires (en %) 52 43 40
Caractéristiques du logement (en %)
Propriétaire de leur résidence principale 79 76 64
Logement de plus de 100 m² 54 48 39
Composition familiale (en %)
Sans enfant 28 28 36
1 ou 2 enfant(s) 60 59 51
3 enfants ou plus 12 13 12
  • Note : les membres des couples biactifs distants sont 47 % à être âgés de moins de 40 ans contre 41 % des membres des couples biactifs non-distants.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Des couples éloignés des grands pôles urbains

La plus grande superficie des logements s’explique en partie par leur localisation. En effet, lorsque la distance entre les lieux de travail des conjoints est de 30 km ou plus, ces derniers vivent plus fréquemment en dehors des espaces les plus denses (figure 3). Ils résident ainsi nettement moins souvent dans les (14 %) que leurs homologues non distants (25 %). Par ailleurs, ils sont proportionnellement près de deux fois plus nombreux (15 %) dans la partie régionale de l’aire de Paris que les non-distants (8 %).

Figure 3Lieu de résidence des couples biactifs distants et non-distants selon le zonage en aires d’attraction des villes en 2018

en %
Lieu de résidence des couples biactifs distants et non-distants selon le zonage en aires d’attraction des villes en 2018 (en %)
Couple aux emplois distants Couple aux emplois non-distants
Aire de Paris (partie régionale) 15 8
AAV de 200 000 hab ou plus Pôle 14 25
Couronne 23 25
Ensemble 37 50
AAV de 50 000 à moins de 200 000 hab Pôle 9 8
Couronne 21 19
Ensemble 30 28
AAV de moins de 50 000 hab 11 10
Commune hors attraction des pôles 6 5
  • Note : 37 % des couples aux emplois distants vivent dans une grande aire d’attraction des villes (AAV de 200 000 habitants ou plus) contre 50 % des couples aux emplois non-distants.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Au sein des aires d’attraction des villes de la région, les couples aux emplois distants sont minoritaires dans l’aire de Lille (17 % de l’ensemble des couples biactifs) et particulièrement dans son pôle (13 %), eu égard à la densité d’emplois dans ces territoires. Ils vivent au contraire plus souvent dans les aires plus petites localisées dans sa périphérie comme celles de Steenvoorde (45 %), d’Hazebrouck (37 %) ou de Somain (36 %), sous influence de la Métropole européenne de Lille (figure 4). Dans la partie régionale de l’aire de Paris, ils représentent 40 % des couples biactifs.

Figure 4Part des couples biactifs distants dans les aires d’attraction des villes des Hauts-de-France en 2018

en %
Part des couples biactifs distants dans les aires d’attraction des villes des Hauts-de-France en 2018 (en %)
Code de l’AAV Libellé de l’AAV Part
000 Commune hors attraction des villes 32
0011 Paris (partie régionale) – Pôle 42
0013 Paris (partie régionale) – Couronne 39
0041 Lille (partie française) – Pôle 13
0043 Lille (partie française) – Couronne 23
0351 Amiens – Pôle 19
0353 Amiens – Couronne 25
0363 Reims – Couronne 31
0381 Valenciennes (partie française) – Pôle 29
0383 Valenciennes (partie française) – Couronne 30
0421 Lens – Liévin – Pôle 25
0423 Lens – Liévin – Couronne 26
0481 Dunkerque – Pôle 15
0483 Dunkerque – Couronne 20
0591 Douai – Pôle 33
0593 Douai – Couronne 30
0681 Boulogne-sur-Mer – Pôle 19
0683 Boulogne-sur-Mer – Couronne 22
0691 Arras – Pôle 30
0693 Arras – Couronne 26
0731 Calais – Pôle 19
0733 Calais – Couronne 27
0761 Beauvais (partie régionale) – Pôle 27
0763 Beauvais (partie régionale) – Couronne 29
0771 Maubeuge (partie française) – Pôle 22
0773 Maubeuge (partie française) – Couronne 27
0781 Compiègne – Pôle 40
0783 Compiègne – Couronne 30
0941 Saint-Quentin – Pôle 19
0943 Saint-Quentin – Couronne 20
0961 Saint-Omer – Pôle 26
0963 Saint-Omer – Couronne 31
1081 Cambrai – Pôle 28
1083 Cambrai – Couronne 29
1251 Béthune – Pôle 32
1253 Béthune – Couronne 30
1281 Soissons – Pôle 32
1283 Soissons – Couronne 33
1361 Laon – Pôle 26
1363 Laon – Couronne 25
1561 Auchel – Lillers – Pôle 30
1563 Auchel – Lillers – Couronne 28
1641 Abbeville – Pôle 28
1643 Abbeville – Couronne 28
2091 Château-Thierry – Pôle 34
2093 Château-Thierry – Couronne 29
2211 Noeux-les-Mines – Pôle 29
2323 Caudry – Pôle 23
2321 Caudry – Couronne 29
2353 Berck – Pôle 9
2351 Berck – Couronne 17
2361 Hazebrouck – Pôle 39
2363 Hazebrouck – Couronne 34
2421 Noyon – Pôle 28
2423 Noyon – Couronne 31
2461 Friville-Escarbotin – Pôle 11
2463 Friville-Escarbotin – Couronne 19
2471 Étaples - Le Touquet-Paris-Plage – Pôle 25
2473 Étaples - Le Touquet-Paris-Plage – Couronne 24
2481 Eu – Pôle 22
2483 Eu – Couronne 18
2561 Bruay-la-Buissière – Pôle 27
2563 Bruay-la-Buissière – Couronne 25
2631 Aire-sur-la-Lys – Pôle 25
2633 Aire-sur-la-Lys – Couronne 40
2731 Chauny – Pôle 37
2733 Chauny – Couronne 34
2771 Péronne – Pôle 25
2773 Péronne – Couronne 22
2831 Tergnier – Pôle 31
2833 Tergnier – Couronne 28
2871 Fourmies – Pôle 18
2873 Fourmies – Couronne 16
2931 Saint-Pol-sur-Ternoise – Pôle 28
2933 Saint-Pol-sur-Ternoise – Couronne 34
3031 Somain – Pôle 36
3081 Hirson – Pôle 14
3083 Hirson – Couronne 24
3781 Hesdin – Pôle 32
3783 Hesdin – Couronne 30
3801 Avesnes-sur-Helpe – Pôle 25
3803 Avesnes-sur-Helpe – Couronne 18
4003 Gournay-en-Bray – Couronne 50
4011 Roye – Pôle 38
4013 Roye – Couronne 35
4021 Le Cateau-Cambrésis – Pôle 23
4023 Le Cateau-Cambrésis – Couronne 33
4501 Ham – Pôle 23
4503 Ham – Couronne 32
4661 Guise – Pôle 17
4663 Guise – Couronne 24
4721 Montdidier – Pôle 46
4723 Montdidier – Couronne 39
4761 Merville – Pôle 34
4911 Bapaume – Pôle 21
4913 Bapaume – Couronne 35
4941 Le Nouvion-en-Thiérache – Pôle 7
4943 Le Nouvion-en-Thiérache – Couronne 33
5471 Fruges – Pôle 29
5473 Fruges – Couronne 28
5621 Vervins – Pôle 18
5623 Vervins – Couronne 23
5711 Bohain-en-Vermandois – Pôle 17
5713 Bohain-en-Vermandois – Couronne 12
5763 Blangy-sur-Bresle – Couronne 20
5861 Breteuil – Pôle 45
5863 Breteuil – Couronne 63
6141 Solesmes – Pôle 26
6501 Steenvoorde – Pôle 45
6591 Bouchain – Pôle 39
6691 Méaulte – Pôle 28
6693 Méaulte – Couronne 20
6741 Saint-Venant – Pôle 32
6781 Chaulnes – Pôle 31
6783 Chaulnes – Couronne 9
6791 Montreuil – Pôle 23
CHA3 Charleroi (partie française) – Couronne 38
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Figure 4Part des couples biactifs distants dans les aires d’attraction des villes des Hauts-de-France en 2018

  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Des trajets domicile-travail beaucoup plus longs, en particulier pour les hommes

Comme les membres des couples biactifs distants vivent davantage en retrait des pôles qui concentrent les emplois, ils réalisent de plus longues distances pour se rendre au travail. La moitié d’entre eux parcourt ainsi au moins 28 km, soit 3,5 fois plus que les membres des autres couples biactifs. Les hommes font en général plus de route que leur conjointe. La entre leur domicile et leur travail s’élève à 37 km, deux fois plus que celle des femmes (17 km). À l’inverse, les trajets des conjoints qui travaillent à moins de 30 km l’un de l’autre sont équivalents (9 km pour les hommes , 7 km pour les femmes).

Pour se déplacer, les membres des couples biactifs distants utilisent un peu plus leur voiture (85 %) que les autres (82 %), de même pour les transports en commun (10 % contre 6 %). Les distances parcourues en transports en commun sont nettement plus longues qu’en voiture (médianes respectives de 60 et 28 km).

De fait, le réseau ferroviaire régional, très dense, couplé aux transports en commun franciliens pour ceux qui travaillent en Île-de-France, facilitent les trajets.

Une répartition déséquilibrée des trajets, surtout dans les pôles

Plus de la moitié des couples aux emplois distants habite davantage à proximité du travail de la femme (53 %) que de celui de l’homme (19 %). Pour les 28 % restants, la répartition des trajets est plus équilibrée (pour comprendre). Lorsque le domicile se situe plus proche de l’emploi de la femme, cela ne signifie pas pour autant que ces dernières se déplacent sur de faibles distances : si la moitié d’entre elles réside à moins de 6 km de son travail, une sur dix fait 18 km ou plus pour s’y rendre.

Plusieurs facteurs influencent la répartition des trajets au sein des couples : la localisation du domicile, le niveau de qualification des conjoints, le nombre d’enfants et leur âge, le travail à temps partiel… (figure 5). Vivre plus près du travail de la conjointe est notamment plus répandu pour les couples résidant dans les pôles des aires de 200 000 habitants ou plus (61 %) que pour ceux installés en couronne (45 %). Quand le couple réside dans un pôle, c’est en effet plus souvent l’homme que la femme qui change de pôle pour se rendre à son travail.

Figure 5Facteurs jouant sur la répartition des trajets au sein des couples biactifs distants en 2018

en %
Facteurs jouant sur la répartition des trajets au sein des couples biactifs distants en 2018 (en %)
Plus proche de l’emploi de la femme Plus proche de l’emploi de l’homme Localisation intermédiaire
Domicile Pôle des grandes AAV 61 25 14
Niveau de qualification Femme plus qualifiée 49 22 29
Homme plus qualifié 61 14 25
Nombre d’enfant(s) Pas d’enfant 48 24 28
1 ou 2 enfant(s) 53 18 29
3 enfant(s) ou plus 59 16 25
Âge des enfants Moins de 2 ans 47 21 32
Moins de 5 ans 49 19 32
Moins de 15 ans 53 18 29
  • Note : parmi les couples aux emplois distants qui résident dans le pôle d’une grande aire d’attraction des villes (AAV de 200 000 habitants ou plus), 61 % résident davantage à proximité de l’emploi de la femme.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Figure 5Facteurs jouant sur la répartition des trajets au sein des couples biactifs distants en 2018

  • Note : parmi les couples aux emplois distants qui résident dans le pôle d’une grande aire d’attraction des villes (AAV de 200 000 habitants ou plus), 61 % résident davantage à proximité de l’emploi de la femme.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Pour un couple biactif distant sur cinq résidant dans les Hauts-de-France, au moins l’un des conjoints travaille en Île-de-France. Ce dernier effectue de fait des trajets domicile-travail plus longs. Dans les deux tiers des cas, seul l’homme est concerné.

Un domicile plus proche du travail de la femme quand l’homme est le plus qualifié

Les différences de catégorie socioprofessionnelle entre les membres du couple influent également sur la répartition des trajets. D’un côté, la fonction de cadre se concentre dans les pôles urbains, potentiellement loin du lieu de résidence des couples. De l’autre, les postes d’employé sont mieux répartis sur le territoire puisqu’ils répondent aux besoins de la population présente (services à la personne, commerce…). Quand l’homme occupe un emploi plus qualifié que sa conjointe, son trajet domicile-travail est plus long : 61 % des couples vivent alors plus près du travail de la femme (soit 8 points de plus que la moyenne). Inversement, quand la catégorie sociale de la femme est plus élevée que celle de son conjoint, seuls 22 % des couples vivent plus près du travail de l’homme. La part des couples qui résident plus près de l’emploi de la femme reste alors importante (49 %).

Les mères plus proches de leur lieu de travail

La part des trajets réalisés par la femme diminue avec le nombre d’enfants (figure 5) : 59 % des couples qui en ont trois ou plus habitent plus près du travail de la mère, soit 11 points de plus que ceux qui n’en ont pas. Quand la femme est à temps partiel, ce qui est plus fréquent chez les couples avec enfants, le domicile est plus proche de son emploi dans 60 % des cas. De même, quel que soit l’âge des enfants, les couples résident plus souvent à proximité de l’emploi de la femme. Les mères consacrent en effet en moyenne plus de temps à leurs enfants que les pères (pour en savoir plus).

Cependant, les couples avec des enfants en bas âge vivent moins fréquemment près du travail de la mère que ceux avec des enfants plus âgés. La hausse du niveau de qualification des femmes contribue à expliquer ce résultat. Chez les jeunes couples (moins de 35 ans), 42 % des femmes occupent un emploi plus qualifié que leur conjoint contre 33 % chez ceux de 45 ans ou plus. Les trajets sont ainsi mieux équilibrés chez les plus jeunes.

Publication rédigée par :Géraldine Caron, Sophie Éblé, Marie-Michèle Legrand (Insee)

Pour comprendre

Les couples choisissent communément leur lieu de résidence en fonction de leurs revenus, de la taille de leur famille ou encore de la proximité de leurs emplois. Il est cependant difficile de savoir dans quelle mesure ce dernier critère intervient dans cette décision. D’une part, l’emploi a pu être décroché après l’installation dans le logement, d’autre part, les aléas de la vie peuvent affecter les arbitrages initiaux. L’analyse des facteurs influençant la répartition des trajets entre les membres d’un couple est donc menée sans tenir compte de la chronologie de ces événements.

Celle-ci se base sur la part que représente la distance parcourue par l’un des conjoints par rapport à celle du couple :

  • le domicile est davantage situé à proximité du travail de la femme (respectivement de l’homme) si elle (il) effectue moins de 30 % de la somme des distances domicile-travail du couple ;
  • la répartition des trajets est plus équilibrée si chacun effectue entre 30 et 70 % de leur distance cumulée.

Par ailleurs, on pose l’hypothèse que les cadres sont plus qualifiés que les professions intermédiaires, eux-mêmes plus qualifiés que les employés, eux-mêmes plus qualifiés que les ouvriers.

Les couples dont un des membres est agriculteur ou artisan ont été exclus de cette analyse. En effet, pour ces derniers, le domicile est quasi systématiquement localisé au lieu de travail du membre agriculteur ou artisan.

Sources

Les données utilisées dans cette étude sont issues du recensement de la population 2018 et de ses exploitations complémentaires. Elles ne permettent donc pas de prendre en compte le télétravail qui s’est considérablement développé suite à la crise sanitaire.

Définitions

L’un des objectifs de cette étude étant d’analyser les différences entre sexes, les couples de même sexe n’ont pas été retenus dans le champ. Les couples « biactifs » désignent les couples hétérosexuels dont les deux conjoints travaillent. Ils sont qualifiés de « biactifs distants » lorsque les lieux où ils exercent leur activité sont éloignés de 30 km ou plus.

Les couples biactifs qui parcourent au moins 30 km chacun pour se rendre au travail mais dont les emplois sont distants de moins de 30 km sont donc exclus du champ des couples biactifs distants. Ils ne représentent toutefois que 22 000 couples, soit 2 % de l’ensemble des couples biactifs.

La distance domicile-travail correspond au trajet en kilomètres entre la commune de domicile et la commune de travail. Elle est déterminée avec le distancier Metric-OSRM, par la route entre les chefs-lieux des communes localisées en France et entre les centroïdes des communes pour les lieux de travail situés en Belgique.

Pour se limiter aux déplacements pouvant être effectués quotidiennement, les trajets déclarés supérieurs à 10 km à pied, à 30 km en vélo, à 100 km en voiture et à 300 km en transports en commun ont été exclus.

L’aire d’attraction d’une ville (AAV) définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Une aire est composée d’un pôle, défini à partir de critères de population et d’emploi, et d’une couronne, constituée des communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. Au sein du pôle, la commune la plus peuplée est appelée commune-centre.

La distance médiane partage les personnes en deux groupes : la moitié des personnes parcourant une distance inférieure à cette valeur et l’autre moitié, une distance supérieure.

Pour en savoir plus

Un dynamisme et des prix des logements plus élevés à Lille, sur le littoral et le sud de la région, Insee Analyses Hauts-de-France no 124, mai 2021.

Une influence francilienne établie au nord et en croissance à l’ouest , Insee Analyses Île-de-France no 110, novembre 2019.

Partager équitablement les trajets domicile-travail avec son conjoint : plutôt une affaire de jeunes, Insee Analyses Occitanie no 52, octobre 2017.

Rôles sociaux des femmes et des hommes – L’idée persistante d’une vocation maternelle des femmes malgré le déclin de l’adhésion aux stéréotypes de genre, Femmes et hommes, l’égalité en question, Insee Références, mars 2017.

Première région de France pour les déplacements domicile-travail , Insee Analyses Hauts-de-France no 18, juillet 2016.