Comptes définitifs 2019 de Guadeloupe

Chiffres détaillés
Paru le :Paru le09/02/2023
Laureen Kali (Insee)
- Février 2023
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En Guadeloupe, l’investissement et le tourisme sont moteurs de la croissance en 2019

Laureen Kali (Insee)

En 2019, la croissance économique en Guadeloupe poursuit sa progression. Elle s’établit à 1,9 % et poursuit le rebond entamé en 2018 (+1,7 %) suite au ralentissement de 2017 (+0,7 %). Le PIB atteint ainsi 9 268 millions d’euros. L’investissement et les exportations sont les moteurs de la croissance avec des contributions respectives de 1,5 point et 1,3 point. La consommation des ménages et celle des administrations publiques restent stables.

Insee Flash Guadeloupe

No 180

Paru le :09/02/2023

L’investissement soutient la croissance

L’économie guadeloupéenne est dynamique en 2019. Le PIB par habitant augmente de 2,4 % en volume par rapport à 2018 pour s’établir à 24 142 euros. Il est de 24 452 euros en Martinique et de 36 341 euros pour la France entière.

L’investissement connaît une forte croissance. En 2019, la formation brute de capital fixe (FBCF) augmente de 11,1 %. Cette hausse est portée en premier lieu par les sociétés non financières dont l’investissement croît de 22,6 %. Leur taux d’investissement progresse et atteint 34,3 % contre 32,5 % l’année précédente. Cette propension à investir est confirmée par la progression des nouveaux crédits octroyés aux sociétés non financières (+7,8 %).

L’investissement public contribue à cette hausse, notamment avec les administrations locales et les hôpitaux en progression de 13,0 % et dont le poids est prépondérant (86,6 %). Cette hausse est due en partie au lancement du chantier du nouveau CHU fin 2018. À l’inverse, l’investissement des administrations centrales chute (-14,8 %) (figure 1).

Figure 1Investissement hors acquisition objets de valeur

(en millions d'euros courants)
Investissement hors acquisition objets de valeur ((en millions d'euros courants) )
Année Sociétés financières et non financières Ménages y compris Entrepreneurs Individuels Administrations y compris Instituts sans but lucratif au service des ménages Total investissement
2015 480 404 576 1 460
2016 541 433 426 1 400
2017 578 453 408 1 438
2018 682 445 419 1 546
2019 834 430 452 1 717
  • Source : Insee, comptes régionaux définitifs de la Guadeloupe base 2014.

Figure 1Investissement hors acquisition objets de valeur

  • Source : Insee, comptes régionaux définitifs de la Guadeloupe base 2014.

L’activité touristique est dynamique

Avec une progression de 8,6 % en volume, les exportations se positionnent en véritable moteur de croissance. Le tourisme est à l’origine des quatre cinquièmes de cette hausse avec des dépenses touristiques qui augmentent fortement (+21,2 %). Le nombre de touristes s’accroît (+10,9 %) et la dépense moyenne par touriste progresse nettement (+9,3 % sur un an). En lien avec le regain de fréquentation touristique, les exportations de transport augmentent de 8,6 % et contribuent pour près d’un cinquième à la hausse des exportations.

Les importations ralentissent (+2,0 % en volume contre +4,1 % en 2018). Les importations de biens manufacturés progressent de 3,4 % et celles de carburants de 14 %. Elles contribuent toutes deux pour 2 points à la hausse des importations. A contrario, les importations de services de transport chutent de 8,9 % (après une augmentation de 6,8 % en 2018) avec une contribution de −1,1 point au total.

La forte accélération des exportations, conjuguée au ralentissement des importations, améliore le déficit du commerce extérieur. Il diminue de 2,7 % en volume alors qu’il a connu une hausse sensible de 9,7 % en 2018. Ainsi, ce solde du commerce extérieur contribue positivement à la croissance (+0,6 point contre -0,9 point l’année précédente) et le taux de couverture des échanges extérieurs gagne 2,8 points.

Léger ralentissement de la valeur ajoutée

La valeur ajoutée ralentit légèrement en 2019 (figure 2). Elle reste toutefois bien orientée avec une hausse de 2,3 % (contre 2,7 % en 2018). La filière banane se démarque avec une évolution de 74,9 % et contribue pour 0,2 point à la hausse de la valeur ajoutée. En 2018, elle chutait d’un tiers suite au passage du cyclone Maria qui a touché la Guadeloupe fin 2017. Cette embellie permet de dépasser le niveau atteint en 2017. Les principaux contributeurs à la hausse de la valeur ajoutée sont le commerce (contribution de 0,5 point), la santé (0,4 point), l’énergie (0,3 point) et la construction (0,3 point).

Le taux de marge des entreprises non financières (SNF) s’accroît de 1,8 point en 2019 et rompt avec une période de stabilité entre 2016 et 2018. La valeur ajoutée de ces sociétés connaît un léger ralentissement en 2019 (+4,8 % après +5,6 % en 2018) tandis que la rémunération des salariés ralentit fortement (+1,7 % en 2019 contre +5,1 % en 2018), ce qui entraîne une accélération de l’excédent brut d’exploitation (EBE). Cette décélération de la rémunération est due à la généralisation de la baisse des cotisations patronales sur les rémunérations inférieures ou égales à 2,5 SMIC dans le cadre de la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) au 1er janvier 2019.

Figure 2Valeur ajoutée, rentabilité et taux d’investissement des entreprises non financières

Valeur ajoutée, rentabilité et taux d’investissement des entreprises non financières
Année Valeur ajoutée (en millions d’euros) Taux de marge (en %) Taux d’investissement (en %)
2015 3 288 31,4 14,3
2016 3 343 32,4 15,9
2017 3 350 32,2 17,3
2018 3 539 32,5 19,1
2019 3 708 34,3 22,4
  • Source : Insee, comptes régionaux définitifs de la Guadeloupe base 2014.

Figure 2Valeur ajoutée, rentabilité et taux d’investissement des entreprises non financières

  • Source : Insee, comptes régionaux définitifs de la Guadeloupe base 2014.

La consommation des ménages reste stable

Contrairement à l’année précédente, la consommation finale a une contribution nulle à la croissance, avec -0,1 point pour la consommation des administrations publiques et +0,1 point pour la consommation des ménages (figure 3). À prix courants, la consommation des ménages augmente de 1,3 %, une progression proche du niveau d’inflation (+1,1 %). Cette hausse contenue de la consommation des ménages (+0,1 % en volume) est concomitante à la timide hausse des salaires des ménages (+0,3 %), dans un contexte de recul du taux de chômage qui atteint 21 % en 2019 (-1 point par rapport à 2018).

Le revenu disponible brut (RDB) connaît une légère hausse (+0,8 %), soutenu par les prestations sociales (+3,4 %) et la hausse timide des revenus : +0,3 % pour la rémunération des salariés et +0,8 % pour le revenu des entrepreneurs individuels. Les impôts perçus augmentent sensiblement (+4,8 %) tandis que le taux d’épargne des ménages reste stable (24,0 %).

Le RDB par habitant connaît une légère amélioration entre 2018 et 2019 (+1,6 %) qui s’explique en partie par la décroissance constante de la population. En effet, la population guadeloupéenne continue de diminuer avec une baisse moyenne de 0,9 % par an entre 2017 et 2019. Compte-tenu de la hausse modérée du RDB par habitant et de l’évolution de l’indice des prix à la consommation, le pouvoir d’achat par habitant progresse légèrement (+0,5 %), bien en deçà de celle de la France entière (+2,3 %).

Figure 3Consommation, revenu et épargne des ménages

Consommation, revenu et épargne des ménages
Année Consommation des ménages (en millions d’euros) Revenu Disponible Brut (en millions d’euros) Évolution Pouvoir d’achat / Tête (en %) Taux d'épargne (en %)
2015 4 825 6 491 0,7 25,7
2016 4 805 6 479 0,9 25,8
2017 4 857 6 535 0,9 25,7
2018 4 987 6 597 0,6 24,4
2019 5 053 6 617 -0,1 23,6
  • Source : Insee, comptes régionaux définitifs de la Guadeloupe, base 2014.

Figure 3Consommation, revenu et épargne des ménages

  • Source : Insee, comptes régionaux définitifs de la Guadeloupe, base 2014.

Pour comprendre

La comptabilité nationale est le domaine de la statistique publique qui cherche à mesurer l’activité économique d’un territoire sur une période donnée, en mobilisant toutes informations disponibles (enquêtes, données administratives, etc.) et en s’appuyant sur des concepts et méthodes recommandés au niveau international dans des manuels tels que le « Système européen des comptes » (SEC) dans leur plus récente version.

L’existence de statistiques spécifiques, notamment sur le commerce extérieur, permet d’élaborer les comptes régionaux de Guadeloupe, Guyane et Martinique de A à Z selon les concepts et méthodes susmentionnés et non via la régionalisation des comptes France entière à l’instar des comptes des régions métropolitaines. Les comptes annuels Antilles-Guyane donnent une description globale et détaillée de l’économie de chacune des 3 régions une fois par an. Cette description porte sur les ressources et emplois de biens et de services, l’activité des branches et des secteurs institutionnels. En sont extraits divers indicateurs tels le Produit Intérieur Brut (PIB) et deux tableaux importants : le tableau entrées-sorties (TES) et le tableau économique d’ensemble (TEE).

Définitions

Produit intérieur brut (PIB) : mesure de la richesse produite sur un territoire donné, grâce à la somme des VA des biens et services produits sur le territoire.

La croissance est définie par l’évolution du PIB en volume.

L’évolution en volume ou en « euros constants » permet de mesurer l’évolution d’un agrégat macro-économique d’une année sur l’autre, indépendamment de l’évolution des prix. Elle décrit l’évolution des quantités produites.

L’évolution en valeur tient compte de l’évolution en volume conjuguée à l’évolution des prix. Par défaut, lorsque rien n’est mentionné, dans la publication les évolutions sont en valeur.

Valeur ajoutée (VA) : solde du compte de production. La VA est égale à la valeur de la production diminuée de la consommation intermédiaire.

Consommation intermédiaire : valeur des biens et services utilisés pour assurer la production.

Consommation des administrations publiques : celle-ci est conceptuellement égale à la production desdites administrations. Cette production étant évaluée aux coûts des facteurs, soit l’ensemble de leurs dépenses hors investissement utilisées pour remplir sa mission de service public à la nation ; la consommation des administrations correspond à leurs dépenses de fonctionnement (consommations intermédiaires) et rémunérations dans les secteurs de l’éducation, la santé, l’administration générale et la sécurité.

Revenu disponible brut des ménages (RDB) : revenu dont disposent les ménages pour consommer ou investir, après opérations de redistribution. Il comprend l’ensemble des revenus d’activité (rémunérations salariales y compris cotisations légalement à la charge des employeurs, revenu mixte des non-salariés), des revenus de la propriété (intérêts, dividendes, revenus d’assurance-vie…) et des revenus fonciers (y compris les revenus locatifs imputés aux ménages propriétaires du logement qu’ils occupent). On y ajoute principalement les prestations sociales en espèces reçues par les ménages et on en retranche les cotisations sociales et les impôts versés.

Pouvoir d’achat : volume de biens et services qu’un revenu permet d’acheter. L’évolution du pouvoir d'achat des ménages est calculée en retranchant au taux de croissance du RDB des ménages le taux de croissance du déflateur de la dépense de consommation finale en comptabilité nationale.

Taux d’épargne : ratio qui rapporte l’épargne des ménages au RDB.

Solde des échanges extérieurs (ou solde commercial) : différence entre exportations et importations.

Taux de couverture du commerce extérieur : rapport entre la valeur des exportations et celle des importations

Excédent brut d’exploitation (EBE) : solde du compte d’exploitation pour les sociétés. Il est égal à la VA, diminuée de la rémunération des salariés et des impôts nets des subventions sur la production et augmentée des subventions d’exploitation.

Taux de marge (EBE/VA) : ratio qui rapporte l’EBE ou le revenu mixte à la valeur ajoutée.

Taux d’investissement : ratio qui rapporte l’investissement corporel brut hors apport à la VA.