Insee Première · Février 2023 · n° 1936

Le rythme des créations d’entreprises ralentit en 2022

En 2022, dans l’ensemble de l’économie marchande hors secteur agricole, 1 071 900 créations d’entreprises sont enregistrées, soit 21 400 de plus qu’en 2021 (figure 1). Il s’agit d’un niveau record, consacrant sept années consécutives de hausse, au cours desquelles le nombre de créations a presque doublé (+ 90 % depuis 2015). Le rythme des créations ralentit toutefois en 2022, l’augmentation observée dans la plupart des secteurs étant contrebalancée par le recul de quelques secteurs qui s’étaient fortement développés lors de la crise sanitaire (encadré).

La hausse est portée par les immatriculations d’entreprises individuelles sous le régime du micro-entrepreneur : 656 400 créations, un niveau plus de deux fois supérieur à celui de 2017, année qui précédait le relèvement des plafonds de chiffre d’affaires ouvrant droit au régime. La croissance des créations de micro-entreprises, de 3 % en 2022, est néanmoins la plus faible enregistrée depuis 2016. Les créations d’entreprises classiques augmentent légèrement au total (+ 1 %). Les créations sous forme de sociétés s’élèvent à 293 400 créations en 2022, en progression de 5 %. À l’inverse, les créations d’entreprises individuelles classiques diminuent fortement (− 7 %) : elles s’établissent à 122 100 en 2022, leur plus faible niveau depuis 2016. En 2022, 61 % des nouvelles entreprises sont créées sous le régime du micro-entrepreneur, une part relativement stable depuis 2020. Celle des entreprises individuelles classiques diminue (11 %, après 13 % en 2021), tandis que la part des sociétés reste stable à 27 %.

La société par actions simplifiée (SAS) reste le statut favori des créateurs de sociétés. En 2022, les SAS représentent 65 % des créations de sociétés, alors qu’elles étaient minoritaires dix ans auparavant (19 % en 2012). À l’inverse, la part des sociétés à responsabilité limitée (SARL) a fortement diminué au cours des dix dernières années, passant de 73 % en 2012 à 28 % en 2022.

En 2022, le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques est le premier contributeur à la hausse globale. Le nombre de créations y augmente fortement, de + 15 %, à un rythme légèrement inférieur à l’année précédente (figure 2). Avec 187 600 nouvelles entreprises en 2022, ce secteur est le premier par le nombre de créations, concentrant 17 % de l’ensemble des nouvelles entreprises de l’année. Il s’agit surtout de micro-entrepreneurs (71 %), dans une plus large proportion qu’en moyenne. Au sein de ce secteur, l’essor entrepreneurial est particulièrement vif dans les activités de conseil pour les affaires et autres conseils de gestion (+ 19 % en 2022, soit 42 % des créations du secteur), ainsi que dans les activités de conseil en relations publiques et communication (+ 38 %, dont notamment les community managers), et dans les activités spécialisées de design, qui incluent les infographistes pour Internet (+ 13 %).

Le deuxième secteur contributeur à la hausse globale est celui des activités de services administratifs et de soutien, qui enregistre une forte hausse en un an (+ 23 %, soit + 16 200 créations). Portées par la vigueur des créations sous le régime du micro-entrepreneur, qui représentent 65 % des créations, les créations d’entreprises ont plus que doublé depuis 2017 dans ce secteur, pour atteindre 86 600 créations en 2022. Le nombre de nouvelles entreprises s’accroît vivement dans les activités de nettoyage courant des bâtiments (comprenant notamment le petit bricolage, les « hommes toutes mains », etc.) et dans les services administratifs combinés de bureau.

Les « autres services aux ménages » est le troisième secteur contribuant le plus à la hausse globale des créations, avec + 11 100 créations en un an, soit une augmentation de 15 % en 2022. Ce secteur a fortement bénéficié de l’essor du régime du micro-entrepreneur (85 % de ses créations) et enregistre 86 100 nouvelles entreprises en 2022, plus du double qu’en 2017. La création d’entreprises augmente particulièrement dans les « autres services personnels non classés ailleurs » (qui incluent les coachs, naturopathes, tatoueurs), les activités de soins de beauté et celles d’entretien corporel.

En 2022, le nombre de créations dans les activités de transports et entreposage chute de 35 % (encadré), soit 43 400 créations de moins qu’en 2021, en raison du fort reflux des créations dans les « autres activités de poste et de courrier » (principalement des activités de coursier ou de livraison à domicile, notamment à vélo). Celles-ci représentent près des trois quarts des créations du secteur et sont exercées très majoritairement sous le régime du micro-entrepreneur.

Les créations d’entreprises reculent également dans le commerce (– 14 % par rapport à 2021, soit – 23 600). Ce repli est essentiellement le fait de la vente à domicile, dont les créations, très majoritairement sous forme d’entreprises individuelles classiques, plongent de 41 % (– 16 300 créations sur un an), et tombent à 23 100 en 2022, après avoir atteint un maximum de 48 700 en 2020.

En 2022, le nombre de créations d’entreprises s’accroît dans une majorité de régions (figure 3). En France métropolitaine, les évolutions des créations d’entreprises s’étagent de + 6 % en Corse et + 4 % en Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, à – 2 % pour la Normandie. En raison de son poids économique, l’Île‑de‑France est la première région contributrice à la hausse globale, avec 9 900 créations supplémentaires en 2022 (soit + 4 %).

À l’exception de la Corse, les évolutions sectorielles décrites au niveau national traversent l’ensemble des régions de France métropolitaine. Ainsi, les activités spécialisées, scientifiques et techniques, les activités de services administratifs et de soutien et les « autres services aux ménages », auxquels s’ajoute l’industrie dans quelques régions, sont parmi les principaux secteurs contributeurs à la hausse des créations. À l’inverse, dans toutes ces régions, un recul marqué est constaté dans les transports et l'entreposage et le commerce.

Au-delà de ces points communs, des particularités régionales, notamment en matière de tissu sectoriel, expliquent les différences d’évolution entre régions. Ainsi, la part des créations dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques, premier secteur contributeur à la hausse en 2022, est particulièrement élevée en Île‑de‑France, qui concentre à elle seule 40 % des créations du secteur, alors qu’elle est généralement plus faible dans les régions où le nombre de créations diminue. Les écarts d’évolution résultent également d’évolutions sectorielles différentes dans chacune des régions. En particulier, les créations d’entreprises dans le secteur de l’information et communication augmentent particulièrement en Provence‑Alpes‑Côte d'Azur (+ 36 %, contre + 14 % au niveau national).

Enfin, la croissance des créations est élevée dans les régions d’outre-mer, à l’exception de Mayotte. Elle est particulièrement forte en Martinique (+ 17 %), principalement dans les activités de services administratifs et de soutien (+ 37 %) et certainement en lien avec les dispositifs d’investissements pour le développement économique ouvrant droit à défiscalisation. En Guadeloupe, l’augmentation des créations (+ 17 %) est soutenue par l’essor des créations sous le régime du micro‑entrepreneur (+ 26 % en 2022). Les créations d’entreprises augmentent également à La Réunion (+ 6 %) et en Guyane (+ 5 %).

En 2022, 2 % des nouvelles entreprises emploient au moins un salarié au moment de leur création (figure 4). En excluant les micro‑entrepreneurs, la part des entreprises employeuses à la création est de 5 %, comme en 2021.

Hors micro‑entrepreneurs, les nouvelles entreprises sont le plus souvent employeuses dans l’hébergement et la restauration (11 %), la construction (10 %) et l’industrie (5 %). À l’opposé, les proportions sont les plus faibles dans les activités immobilières (1 %), les activités financières et d’assurance (2 %) et l’information et la communication (2 %).

Les entreprises employeuses au moment de leur création en 2022 démarrent leur activité avec 2,9 salariés en moyenne, contre 3,0 en 2021. Parmi elles, l’effectif salarié moyen à la création est le plus élevé dans la construction (4,0), les transports et l’entreposage (3,9) et l’industrie (3,2). Il est le plus bas dans les activités immobilières (1,6) et dans l’information et la communication (1,9).

De 38 ans en 2012, l’âge moyen des créateurs d’entreprises individuelles a diminué régulièrement jusqu’à descendre à 35 ans en 2020. Il remonte en 2022 et s’établit à 36 ans, en raison du recul des créations dans les transports et l’entreposage, où les créateurs d’entreprises sont particulièrement jeunes. La part des moins de 30 ans diminue : elle est de 39 % en 2022, contre 41 % en 2021 (figure 5). Elle reste plus élevée chez les micro‑entrepreneurs (39 %) que chez les créateurs d’entreprises individuelles classiques (35 %).

Tous types d’entreprises individuelles confondus, les créateurs sont les plus jeunes dans les transports et l’entreposage (31 ans en moyenne, pour 52 % de moins de 30 ans) et dans l’information et la communication (32 ans en moyenne). À l’inverse, ils sont généralement plus âgés dans l’industrie (43 ans en moyenne) et dans l’hébergement et la restauration (41 ans).

En 2022, les femmes ont créé 45 % des nouvelles entreprises. Cette part augmente de 2 points par rapport à l’année précédente, alors qu’elle était restée stable autour de 43 % entre 2015 et 2021. Cette progression s’explique par la vigueur des créations d’entreprises dans certains secteurs particulièrement féminisés, tels que les « autres services aux ménages », et le recul des créations dans les transports et l'entreposage, où les hommes sont surreprésentés. Les femmes sont à l’origine de 55 % des créations d’entreprises individuelles classiques et de 43 % des immatriculations sous le régime du micro-entrepreneur. Comme les années précédentes, les femmes sont majoritaires dans les « autres services aux ménages » (77 %), la santé humaine et l’action sociale (73 %), l’industrie (52 %) et l’enseignement (52 %). La part des hommes est la plus élevée dans la construction (97 %), les transports et l’entreposage (91 %) ainsi que dans l’information et la communication (74 %).