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Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes · Février 2023 · n° 158
Insee Analyses Auvergne-Rhône-AlpesMixité professionnelle en Auvergne-Rhône-Alpes - Les métiers les plus qualifiés se féminisent

Serge Maury, Christophe Privas (Insee)

En vingt ans, si le taux de féminisation a fortement progressé dans plusieurs métiers qualifiés (droit, cadre de la fonction publique, médecin…), il a diminué pour les moins qualifiés (ouvrier ou caissier par exemple). Dans le même temps, les femmes investissent progressivement des métiers généralement masculins (ingénieur et cadre de l’industrie, policier, etc). Malgré ces évolutions souvent notables, la mixité professionnelle avance lentement. Les métiers mixtes sont minoritaires : pour une majorité, ils sont exercés principalement soit par des hommes, soit par des femmes. Celles-ci travaillent toujours majoritairement dans des métiers de services à la personne, de la santé et sont très peu présentes dans ceux de la construction ou du transport par exemple. Douze métiers seulement regroupent près de la moitié des femmes en emploi.

Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes
No 158
Paru le :Paru le02/02/2023

La part des femmes dans l’emploi total est en constante augmentation depuis 50 ans. Sur cette période, le taux d’activité des femmes a doublé et s’est rapproché de celui des hommes. Il est passé de 44 % en 1968 à 89 % en 2019 pour les 25 à 54 ans. Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. Le niveau de formation des femmes s’élève. Dans le même temps, nombreuses sont celles qui acquièrent une autonomie financière. Ces raisons se conjuguent avec l’essor du secteur tertiaire, vers lequel elles s’orientent davantage. Plus récemment, la législation en faveur d’une égalité professionnelle entre les hommes et les femmes a pu également faciliter leur insertion sur le marché du travail.

Entre 1999 et 2019, le nombre d’emplois total a progressé de 19 % en Auvergne-Rhône-Alpes ; cette évolution est portée aux deux tiers par les femmes. En 2019, les femmes représentent désormais 48 % de l’emploi dans la région (+ 3,5 points depuis 1999), part identique au niveau national. Cette presque-parité globale ne se retrouve pas dans tous les métiers, certains restant fortement genrés. Décrire les évolutions, lentes mais notables, de la mixité professionnelle dans chaque métier et à différents niveaux de qualification, s’intéresser en particulier à l’équilibre au sein de la jeune génération, permet d’identifier les avancées récentes et les marges de progression vers plus de parité.

De nombreux métiers se féminisent

L’évolution de la structure des emplois vers plus de qualifications est portée en grande partie par l’activité des femmes. Les effectifs féminins de cadres et professions intellectuelles supérieures ont plus que doublé en vingt ans. Désormais, 41 % des emplois de cette catégorie sont occupés par des femmes, contre 33 % en 1999 (figure 1).

Les femmes sont aussi plus nombreuses à travailler dans les professions intermédiaires ; elles y sont même devenues majoritaires. Cette catégorie d’emplois est aujourd’hui la plus mixte. En revanche, au sein de plusieurs grandes catégories socioprofessionnelles, les différences de genre restent importantes. Ainsi, les métiers d’exécution restent fortement sexués : près de huit employés sur dix sont des femmes alors que huit ouvriers sur dix sont des hommes. Une part importante des femmes reste cantonnée dans les métiers tertiaires peu qualifiés : parmi les femmes en emploi, 42 % sont employées en 2019.

Enfin, les artisans, commerçants et chefs d'entreprises sont trois fois plus souvent des hommes que des femmes, une répartition qui n’a pas changé en vingt ans.

Figure 1Part des femmes dans l’emploi selon la catégorie socioprofessionnelle en 1999 et en 2019

en %
Part des femmes dans l’emploi selon la catégorie socioprofessionnelle en 1999 et en 2019 (en %) - Lecture : en 2019, la part des femmes dans les professions intermédiaires est de 54 %. Elle n'était que de 47 % en 1999.
Catégorie socioprofessionnelle 1999 2019
Ouvriers 19,7 19,8
Employés 78,1 76,0
Professions intermédiaires 46,9 53,5
Cadres et professions intellectuelles supérieures 33,4 40,9
Artisans, commerçants, chefs d’entreprises 27,2 27,8
Agriculteurs 30,1 25,0
Ensemble 100,0 100,0
  • Lecture : en 2019, la part des femmes dans les professions intermédiaires est de 54 %. Elle n'était que de 47 % en 1999.
  • Source : Insee, recensement de la population 1999 et 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

Figure 1Part des femmes dans l’emploi selon la catégorie socioprofessionnelle en 1999 et en 2019

  • Lecture : en 2019, la part des femmes dans les professions intermédiaires est de 54 %. Elle n'était que de 47 % en 1999.
  • Source : Insee, recensement de la population 1999 et 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

Les métiers qui se féminisent le plus sont souvent les plus qualifiés

L’analyse d’un niveau plus détaillé de la grille des métiers rend compte de plusieurs évolutions notables. La nomenclature des en 87 métiers, qui synthétise les approches liées au secteur d’activité et à la catégorie socioprofessionnelle, est utilisée par la suite. En 20 ans, la part des femmes progresse pour sept métiers sur dix (figure 2). De manière générale, ceux qui se féminisent le plus sont souvent parmi les plus qualifiés, sans pour autant concerner des métiers à fort effectifs. L’élévation du niveau de diplôme des femmes est un élément déterminant de ces évolutions.

Figure 2Effectifs par métier en 2019, part des femmes et évolution de cette part entre 1999 et 2019 en Auvergne-Rhône-Alpes

Effectifs par métier en 2019, part des femmes et évolution de cette part entre 1999 et 2019 en Auvergne-Rhône-Alpes - Lecture : 29 000 femmes sont médecins ou assimilés. La part de femmes dans ce métier est de 55 %, supérieure à la moyenne (48 %, marquée par le trait vertical pointillé). Ce métier est donc classé comme mixte (couleur bleue). Le taux de féminisation des médecins a évolué de 12 points entre 1999 et 2019.
Métiers Taux de féminisation en 2019 (en %) Évolution de la part des femmes dans les métiers entre 1999 et 2019 (en points) Effectif total (en nombre)
Agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons 24,8 -2,2 55 604
Maraîchers, jardiniers, viticulteurs 18,1 -5,5 27 326
Techniciens et cadres de l'agriculture 27,9 9,0 7 001
Marins, pêcheurs, aquaculteurs 14,4 -4,3 811
Ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment, des travaux publics, du béton et de l'extraction 7,3 6,0 35 878
Ouvriers qualifiés des travaux publics, du béton et de l'extraction 2,5 1,5 11 385
Ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment 2,8 1,7 37 138
Ouvriers non qualifiés du second œuvre du bâtiment 14,7 9,3 26 231
Ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment 2,5 1,5 66 432
Conducteurs d'engins du bâtiment et des travaux publics 0,9 0,6 7 399
Techniciens et agents de maîtrise du bâtiment et des travaux publics 11,4 2,5 43 560
Cadres du bâtiment et des travaux publics 22,3 12,7 25 177
 Ouvriers non qualifiés de l'électricité et de l'électronique 36,2 -17,7 6 592
 Ouvriers qualifiés de l'électricité et de l'électronique 30,7 3,5 7 430
 Techniciens et agents de maîtrise de l'électricité et de l'électronique 10,4 1,7 14 943
 Ouvriers non qualifiés travaillant par enlèvement ou formage de métal 25,5 -1,1 10 464
Ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement de métal 11,4 7,4 16 000
 Ouvriers qualifiés travaillant par formage de métal 3,2 1,5 16 243
 Ouvriers non qualifiés de la mécanique 14,2 -7,9 32 198
Ouvriers qualifiés de la mécanique 22,7 9,5 13 744
Techniciens et agents de maîtrise des industries mécaniques 13,2 6,5 34 974
Ouvriers non qualifiés des industries de process 33,9 -1,5 41 896
Ouvriers qualifiés des industries de process 28,2 9,1 36 892
Techniciens et agents de maîtrise des industries de process 25,0 8,8 32 063
Ouvriers non qualifiés du textile et du cuir 64,4 -1,9 4 823
Ouvriers qualifiés du textile et du cuir 72,1 6,5 9 885
Ouvriers non qualifiés du travail du bois et de l'ameublement 11,8 -7,6 4 806
Ouvriers qualifiés du travail du bois et de l'ameublement 11,9 2,9 9 256
Ouvriers des industries graphiques 28,2 4,7 6 855
Techniciens et agents de maîtrise des matériaux souples, du bois et des industries graphiques 27,4 4,2 4 028
Ouvriers qualifiés de la maintenance 8,3 4,7 29 784
Ouvriers qualifiés de la réparation automobile 2,9 1,6 24 516
Techniciens et agents de maîtrise de la maintenance 14,9 8,5 72 601
Ingénieurs et cadres techniques de l'industrie 22,9 15,7 50 456
Ouvriers non qualifiés de la manutention 30,5 2,9 46 633
Ouvriers qualifiés de la manutention 17,2 7,1 51 741
Conducteurs de véhicules 10,4 4,0 98 140
Agents d'exploitation des transports 22,8 -3,0 11 331
Agents administratifs et commerciaux des transports et du tourisme 61,3 5,5 23 282
Cadres des transports, de la logistique et navigants de l'aviation 24,7 13,4 10 161
Artisans et ouvriers artisanaux 45,6 1,4 22 179
Secrétaires 93,9 -4,9 45 088
Employés de la comptabilité 84,6 10,2 37 788
Employés administratifs d'entreprise 76,0 -5,0 64 767
Secrétaires de direction 96,5 -1,8 17 971
Techniciens des services administratifs, comptables et financiers 73,5 9,7 74 544
Cadres des services administratifs, comptables et financiers 47,7 11,8 94 362
Dirigeants d'entreprises 18,6 4,8 28 235
 Employés et opérateurs de l'informatique 0,0 0,0 3 092
Techniciens de l'informatique 17,1 -2,2 20 765
Ingénieurs de l'informatique 20,4 1,0 44 284
Personnels d'études et de recherche 24,6 7,6 58 830
Employés administratifs de la fonction publique (catégorie C et assimilés) 73,9 -2,4 89 880
Professions intermédiaires administratives de la fonction publique (catégorie B et assimilés) 69,4 2,4 55 127
Cadres de la fonction publique (catégorie A et assimilés) 52,8 13,8 57 131
Professionnels du droit (hors juristes en entreprise) 58,8 21,0 11 492
Armée, police, pompiers 16,5 9,1 41 732
Employés de la banque et des assurances 76,1 2,5 29 589
Techniciens de la banque et des assurances 69,5 12,1 25 805
Cadres de la banque et des assurances 43,5 11,8 23 902
Caissiers, employés de libre service 75,7 -5,1 38 476
Vendeurs 72,2 -2,7 107 405
Attachés commerciaux et représentants 38,1 4,5 83 317
Maîtrise des magasins et intermédiaires du commerce 48,4 -1,0 74 527
Cadres commerciaux et technico-commerciaux 31,3 15,0 62 292
Bouchers, charcutiers, boulangers 19,2 11,0 30 679
Cuisiniers 36,6 12,8 44 172
Employés et agents de maîtrise de l'hôtellerie et de la restauration 62,7 -1,0 50 336
Patrons et cadres d'hôtels, cafés, restaurants 38,7 -5,3 26 834
Coiffeurs, esthéticiens 88,9 5,4 30 938
Employés de maison 95,3 -2,5 9 100
Assistantes maternelles, Aides à domicile et aides ménagères 96,7 -2,4 108 699
Agents de gardiennage et de sécurité 21,0 -5,2 21 229
Agents d'entretien 72,5 -0,1 146 520
Employés des services divers 39,3 0,0 22 730
Professionnels de la communication et de l'information 63,0 10,8 17 201
Professionnels des arts et des spectacles 45,6 7,0 45 226
Aides-soignants 92,4 0,1 90 616
Infirmiers, Sages-femmes 87,8 1,4 86 040
Médecins et assimilés 54,9 11,6 52 926
Professions para-médicales 74,2 5,0 60 510
Professionnels de l'action sociale et de l'orientation 75,9 3,6 44 112
Professionnels de l'action culturelle, sportive et surveillants 55,2 3,2 56 305
Enseignants 67,6 4,1 131 034
Formateurs 52,5 0,8 22 253
Professionnels de la politique et clergé 37,0 15,5 2 821
  • Lecture : 29 000 femmes sont médecins ou assimilés. La part de femmes dans ce métier est de 55 %, supérieure à la moyenne (48 %, marquée par le trait vertical pointillé). Ce métier est donc classé comme mixte (couleur bleue). Le taux de féminisation des médecins a évolué de 12 points entre 1999 et 2019.
  • Source : Insee, recensements de la population 1999 et 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

Figure 2Effectifs par métier en 2019, part des femmes et évolution de cette part entre 1999 et 2019 en Auvergne-Rhône-Alpes

  • Lecture : 29 000 femmes sont médecins ou assimilés. La part de femmes dans ce métier est de 55 %, supérieure à la moyenne (48 %, marquée par le trait vertical pointillé). Ce métier est donc classé comme mixte (couleur bleue). Le taux de féminisation des médecins a évolué de 12 points entre 1999 et 2019.
  • Source : Insee, recensements de la population 1999 et 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

Parmi les quinze métiers où l’augmentation de la part des femmes est supérieure à dix points, treize sont très qualifiés. Pour plusieurs d’entre eux, elles y deviennent majoritaires. Leur part passe de 38 % à 59 % chez les professionnels du droit, de 39 % à 53 % chez les fonctionnaires de catégorie A de la fonction publique et de 43 % à 55 % chez les médecins. La féminisation est également notable dans certaines professions de cadres (services administratifs, comptables et financiers, banque et assurance) sans toutefois devenir majoritaire (47 % en 2019 contre 35 % en 1999).

Par ailleurs, malgré la persistance de certaines représentations sociales qui peuvent associer une image masculine à certaines professions, les femmes investissent des métiers traditionnellement très masculins. En 2019, presque un quart des ingénieurs et cadres techniques de l’industrie sont des femmes contre 7 % il y a vingt ans. De même, la part des femmes parmi les cadres du bâtiment et des travaux publics est passée de 10 % à 22 %. D’autres emplois « typiquement » masculins voient arriver de plus en plus de femmes. Elles représentent par exemple 17 % des policiers, militaires et pompiers (7 % en 1999) et 19 % des bouchers, charcutiers, boulangers (8 % en 1999).

La part des femmes progresse peu dans deux cas de figure particuliers. Soit ces métiers sont déjà fortement féminisés (professionnels de l'action sociale et culturelle, employés de banque, enseignants, catégorie B de la fonction publique), soit ils sont moins qualifiés (ouvriers, techniciens, conducteurs de véhicule) et la part des femmes y demeure particulièrement faible. Par ailleurs, la proportion des hommes augmente dans des métiers peu qualifiés dont les effectifs diminuent : métiers d’ouvriers non qualifiés de l’industrie, agents d’exploitation des transports, fonctionnaires de catégorie C, caissiers, employés de maison.

Aujourd’hui, les femmes et les hommes n’occupent toujours pas les mêmes emplois

Si la part des femmes dans l’emploi a fortement progressé, parfois d’une façon significative pour les métiers qualifiés, la majorité des métiers reste, en 2019, très genrée. Les métiers réellement mixtes demeurent minoritaires. Ainsi, 70 % des emplois du secteur de l’administration, de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale sont occupés par des femmes (figure 3). À l’inverse, la construction est le secteur d’activité le plus masculin avec 89 % des emplois occupés par des hommes. L’agriculture et l’industrie comptent chacun environ un tiers de femmes. Enfin, l’ensemble « commerce, transports, services divers », qui regroupe l’essentiel du tertiaire marchand, est le seul qui se rapproche de la parité : 45 % des emplois y sont occupés par des femmes.

Figure 3Répartition de l'emploi par sexe et secteur d’activité dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2019

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Répartition de l'emploi par sexe et secteur d’activité dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2019 (en %) - Lecture : la part des femmes dans le secteur « Administration publique, enseignement, santé humaine, action sociale » est de 70 %.
Secteurs d’activités Femmes Hommes
Administration publique, enseignement, santé humaine, action sociale 70,13 29,87
Commerce, transport, divers 45,65 54,35
Construction 11,32 88,68
Industrie 30,49 69,51
Agriculture 27,82 72,18
  • Lecture : la part des femmes dans le secteur « Administration publique, enseignement, santé humaine, action sociale » est de 70 %.
  • Source : Insee, recensement de la population 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

Figure 3Répartition de l'emploi par sexe et secteur d’activité dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2019

  • Lecture : la part des femmes dans le secteur « Administration publique, enseignement, santé humaine, action sociale » est de 70 %.
  • Source : Insee, recensement de la population 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

Douze métiers regroupent la moitié des femmes en emploi

Bien que la nomenclature en 87 métiers distingue davantage les métiers masculins que les métiers féminins (en détaillant notamment les métiers industriels), la concentration d'emploi est bien plus marquée pour les femmes. En effet, 50 % travaillent dans seulement 12 métiers (figure 4), alors que la moitié des hommes travaillent dans 20 métiers.

Figure 4Les dix principaux métiers féminins et masculins

en %
Les dix principaux métiers féminins et masculins (en %)
Les dix principaux métiers des femmes Part du métier dans l’emploi des femmes Proportion de femmes dans le métier
Agents d'entretien 6,5 72,5
Assistantes maternelles, Aides à domicile et aides ménagères 6,5 96,7
Enseignants 5,5 67,6
Aides-soignants 5,2 92,4
Vendeurs 4,8 72,2
Infirmiers, sages-femmes 4,7 87,8
Employés administratifs de la fonction publique (catégorie C et assimilés) 4,1 73,9
Techniciens des services administratifs, comptables et financiers 3,4 73,5
Employés administratifs d'entreprise 3,0 76,0
Cadres des services administratifs, comptables et financiers 2,8 47,7
  • Source : Insee, recensement de la population 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

Les métiers mixtes sont les moins nombreux

Les métiers peuvent être classés en trois catégories selon l’équilibre femmes/ hommes des travailleurs qui les exercent. En 2019, 23 métiers sont à , 43 à et 21 métiers sont . Cette répartition a connu peu d’évolution dans le temps.

Les métiers à dominance féminine sont principalement ceux du lien social, du soin ou des métiers d’employés. La présence massive des femmes dans ces professions illustre particulièrement le poids des représentations sociales qui, souvent, associent ce type de travaux à des qualités tenues pour typiquement féminines. On y trouve des métiers exercés à plus de 87 % par des femmes, comme les aides à domicile, les coiffeurs esthéticiens, les assistants maternels, les aides-soignants ou les infirmiers et sages-femmes. La mixité y progresse peu. Les femmes sont aussi présentes, à plus de 75 %, chez les professionnels de l’action sociale et de l’orientation, parmi les professions paramédicales, ainsi que pour les métiers d’employés (comptabilité, banques et assurances, services administratifs et financiers).

Les métiers à dominance masculine comptent moins d’un tiers de femmes. Dans cet ensemble figure la plupart des professions agricoles, les ouvriers ou les cadres de l’industrie ou du BTP. La prépondérance des hommes s’explique là encore pour partie par les représentations sociales, mais également par des mécanismes de socialisation précoces, les jeunes filles étant moins souvent orientées vers les filières de formation menant à ces métiers.

L’industrie manufacturière et le bâtiment sont, en général, des secteurs très masculins. Ainsi, la part des hommes est majoritaire dans 19 métiers d’ouvriers (qualifiés ou non qualifiés), mais également dans cinq professions de techniciens proches des métiers de production (maintenance, industrie de process, BTP, mécanique, matériaux souples et travail du bois). Quant aux techniciens de l’informatique, de l’électricité et de l’électronique, il s’agit de professions industrielles hautement qualifiées plébiscitées par les hommes. Enfin, parmi ces métiers masculins, on en dénombre sept qui correspondent à des postes très qualifiés avec des fonctions de responsabilité dans le monde de l’entreprise : cadres d’industrie, personnels d’étude et de recherche, commerciaux du bâtiment ou des transports, dirigeants d’entreprises, ingénieurs…

Enfin, d’autres métiers typiquement masculins gardent une très forte identité de genre héritée de l’histoire. C’est le cas des métiers de l’armée, de la police, des agents de gardiennage et de sécurité. Les risques physiques liés à l’exercice de ces professions en font des métiers traditionnellement masculins (le concours d’agent de police n’est ouvert aux femmes que depuis 1979).

Pour finir, les métiers mixtes correspondent aux professions regroupant entre un tiers et deux tiers de femmes. Cette catégorie présente une grande diversité. D’un côté, des professions très qualifiées comme certains métiers de cadres, médecins, professionnels du droit, patrons et cadres d’hôtel et de restaurant, et de l’autre des professions manuelles ou demandant une moindre qualification telles que les cuisiniers, employés, quelques métiers d’ouvriers non qualifiés, ainsi que certaines fonctions commerciales.

Dans les jeunes générations, la part des femmes, souvent plus diplômées, augmente pour les métiers qualifiés

Pour la génération des moins de trente ans, la part des jeunes femmes en activité est légèrement moins importante que pour leurs aînées (46 % contre 48 %), car elles sont plus nombreuses à être encore en études. L’évolution du taux de féminisation de certains métiers s’explique en partie par le comportement de cette génération (figure 5). Ce taux progresse dans les métiers où les jeunes femmes arrivent plus fortement ; ce sont souvent des professions qualifiées. Inversement, il baisse pour les métiers les moins qualifiés vers lesquels les jeunes femmes s’orientent peu. Les femmes de moins de trente ans sont, par exemple, bien plus que leurs aînées, des professionnelles du droit (77 % de femmes parmi les moins de 30 ans contre 57 % parmi celles de plus de 30 ans), des ingénieures et cadres techniques de l’industrie (34 % contre 22 %), des cadres commerciales et technico-commerciales (41 % contre 31 %), mais aussi des médecins, des cadres administratives et financières, des techniciennes et agents de maîtrise des industries de process.

Figure 5Part des femmes pour les métiers présentant les plus grands écarts de mixité entre les femmes de moins de trente ans et celles de plus de trente ans

en %
Part des femmes pour les métiers présentant les plus grands écarts de mixité entre les femmes de moins de trente ans et celles de plus de trente ans (en %) - Lecture : pour les ouvriers de l’électronique, la part des femmes de moins de 30 ans est de 15 %. Elle est de 38 % pour les plus de 30 ans.
Métiers Part de femmes de moins de 30 ans Part de femmes de plus de 30 ans
Métiers où les femmes de moins de trente ans sont moins présentes que celles de plus de trente ans
Ouvriers non qualifiés du textile et du cuir 53,1 66,2
Secrétaires 81,6 95,7
Employés de la comptabilité 68,6 87,3
Ouvriers non qualifiés travaillant par enlèvement ou formage de métal 10,8 29,9
Ouvriers de l’électricité et de l’électronique 14,7 37,8
Métiers où les femmes de moins de trente ans sont plus présentes que celles de plus de trente ans
Professionnels du droit (hors juristes en entreprise) 77,1 56,9
Ingénieurs et cadres techniques de l'industrie 33,6 21,5
Cadres commerciaux et technico-commerciaux 41,1 30,5
Techniciens et cadres de l'agriculture 35,7 25,5
Personnels d'études et de recherche 33,0 22,9
  • Lecture : pour les ouvriers de l’électronique, la part des femmes de moins de 30 ans est de 15 %. Elle est de 38 % pour les plus de 30 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

Figure 5Part des femmes pour les métiers présentant les plus grands écarts de mixité entre les femmes de moins de trente ans et celles de plus de trente ans

  • Lecture : pour les ouvriers de l’électronique, la part des femmes de moins de 30 ans est de 15 %. Elle est de 38 % pour les plus de 30 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2019, exploitation complémentaire au lieu de résidence.

À l’inverse, les jeunes femmes sont moins nombreuses en tant que secrétaires (82 % contre 96 %), employées de la comptabilité (69 % contre 87 %) ou employées administratives de la fonction publique (67 % contre 75 %), ouvrières non qualifiées du textile et du cuir, ou encore employées de banque et d'assurance.

Cette augmentation importante de la part des femmes dans les métiers qualifiés au sein des jeunes générations traduit un phénomène qui s’amplifie : les filles ont de meilleurs résultats scolaires que les garçons. Chez les moins de trente ans, la part des femmes actives ayant un diplôme équivalent ou supérieur à un « bac + 2 » est en augmentation (49 % contre 44 % dans la population active générale) alors que la tendance est inverse chez les hommes (36 % contre 39 %). Par ailleurs, ce mouvement ne préjuge pas à lui seul d’évolutions favorables à la parité. L’accès aux métiers comportant le plus de responsabilités peut en effet s’opérer plus tard dans la carrière. Or, des mécanismes sociaux continuent de jouer au détriment des carrières des femmes comme, par exemple, la fréquente gestion des contraintes familiales.

Publication rédigée par :Serge Maury, Christophe Privas (Insee)

Définitions

Familles professionnelles :

les métiers sont analysés ici par famille professionnelle. Les familles professionnelles (FAP) sont une des principales nomenclatures de métiers. Leur construction résulte d’un rapprochement entre la nomenclature des « professions et catégories socioprofessionnelles » (PCS) utilisée par l’Insee et le « répertoire opérationnel des métiers et des emplois » (ROME) utilisé par Pôle emploi. Les FAP comportent 225 postes pour le niveau le plus détaillé, regroupés en 87 postes qui rassemblent les métiers à un niveau de qualifications identiques et relevant des compétences professionnelles proches.

Dominance des métiers :

les métiers sont répartis en trois catégories : métiers à dominance féminine, à dominance masculine ou mixte. Si, pour un métier, la part des femmes dans l’emploi (taux de féminisation) est supérieure de plus de 15 points à la part moyenne des femmes pour l’ensemble des métiers, ce métier est dit à dominance féminine. Si, au contraire, la part des femmes pour un métier est inférieure d’au moins 15 points à la part moyenne des femmes tous métiers confondus, alors ce métier est classé parmi ceux à dominance masculine. Si la part des femmes dans un métier se situe entre les deux, le métier est considéré comme mixte.

Pour en savoir plus

« La parité est proche dans le Public, du chemin reste à faire dans le Privé », Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes no 98, mars 2022.

« Entrepreneuriat féminin : la parité avance à petits pas », Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes no 86, mars 2021.

Femmes et hommes, l’égalité en questions, Insee Références, Édition 2022.