Un portrait de la rétention de main-d’oeuvre dans l’industrie française : analyse à partir des enquêtes mensuelles de conjoncture

Hugues Génin (Insee-Dese – Département de la conjoncture – Division « Enquêtes de conjoncture »), Suzanne Scott (Insee-Dese – Département des études économiques – Division « Marchés et entreprises »)

Documents de travail
No 2022-15
Paru le :Paru le07/12/2022
Hugues Génin (Insee-Dese – Département de la conjoncture – Division « Enquêtes de conjoncture »), Suzanne Scott (Insee-Dese – Département des études économiques – Division « Marchés et entreprises »)
Documents de travail No 2022-15- Décembre 2022

En s'appuyant sur des travaux entamés à la Commission européenne (Hristov et Thum-Thysen, 2021a) et à l'aide des enquêtes mensuelles de conjoncture auprès des entreprises, cette étude propose un indicateur individuel et mensuel de la rétention de main-d’oeuvre permettant l'étude de ce comportement dans l'industrie française entre 2004 et 2021. Selon cet indicateur, au moins un salarié de l'industrie sur dix travaille dans une entreprise retenant de la main-d’oeuvre chaque mois de la période d'étude. Cette part augmente durant les crises, particulièrement lors de la crise sanitaire où elle atteint un salarié sur deux. Elle est très volatile dans les matériels de transport et à l'opposé varie très peu dans le secteur agro-alimentaire. Les petites entreprises se distinguent quant à elles de deux façons : elles sont surreprésentées parmi les entreprises industrielles ne retenant jamais leur main-d’oeuvre, ainsi que parmi celles la retenant le plus souvent. Les entreprises déclarant que leur production est limitée par un manque de main-d’oeuvre ou de matériel sont moins concernées par la rétention que les autres, alors que celles dont la production est limitée par un manque de commandes retiennent leur main-d’oeuvre le plus souvent. Enfin, la confrontation de l'indicateur aux évolutions réelles des chiffres d'affaires et des effectifs des entreprises montre que la majorité des entreprises classées en rétention baissent tout de même leurs effectifs, mais que ces baisses sont moindres que celles des entreprises ne retenant pas leur main-d’oeuvre quand elles sont susceptibles de le faire.