Insee Flash Pays de la Loire · Décembre 2022 · n° 132

L’illectronisme : un phénomène davantage rencontré dans les zones rurales

En 2019, dans les Pays de la Loire, si 74 % des Ligériens se connectent à Internet quasi quotidiennement, 15 % sont en situation d’illectronisme (méthode). Ces personnes n’ont pas utilisé Internet au cours de l’année ou ne disposent pas des compétences numériques de base. Depuis le début des années 2000, l’utilisation du Web s’est fortement développée. De nombreux services aux particuliers se sont dématérialisés, conduisant à réduire les accès physiques à certains services sur les territoires (encadré). Pour beaucoup, l’usage d’Internet facilite et enrichit la vie quotidienne. Mais pour d’autres, ne pas y avoir accès ou ne pas savoir l’utiliser constitue une réelle difficulté. Ainsi, la lutte contre l’illectronisme est un enjeu de politique publique d’égalité et d’accès aux droits. Repérer et accompagner les personnes en difficulté avec le numérique est un moyen d’action.

Dans les Pays de la Loire, la part de la population concernée par l’illectronisme est estimée à un niveau supérieur à la moyenne régionale dans deux départements, moins densément peuplés. Ainsi, en Mayenne, 18 % des habitants sont en situation d’illectronisme et 17 % en Vendée. Ces deux départements se caractérisent par une population plus âgée et une densité de population plus faible. La Sarthe et le Maine-et-Loire sont proches de la moyenne régionale, respectivement 16 % et 15 %. En revanche, la Loire-Atlantique se distingue avec le plus faible taux d’illectronisme (12 %). Dans ce département, la population est plus jeune, plus diplômée, et avec davantage de cadres, de professions intermédiaires et d’employés pour lesquels le travail facilite l’accès aux outils numériques. Pour autant, ce département, le plus peuplé de la région, concentre 30 % des personnes en situation d’illectronisme (soit 135 000 personnes).

Dans les Pays de la Loire, les intercommunalités sont confrontées différemment à l’illectronisme (figure 1). Ces écarts sont liés à l’âge et aux caractéristiques socio-économiques des habitants. D’un territoire à l’autre, les taux d’illectronisme estimés varient du simple au triple, de près de 9 % jusqu’à environ 26 %.

Dans le nord de la Mayenne, la part d’illectronisme est la plus élevée de la région. Le Bocage Mayennais et le Mont des Avaloirs ont respectivement 26 % et 24 % de leurs habitants estimés en situation d’illectronisme. À l’est et au sud de la Sarthe, les Vallées de la Braye et de l’Anille, Loir-Lucé-Bercé, Maine Saosnois et Sud Sarthe ont des parts d’illectronisme entre 21 % et 22 %. Enfin, dans des intercommunalités du littoral vendéen, la part d’illectronisme est aussi plus élevée que dans la région : de 18 % pour Challans Gois Communauté à 22 % pour l’Île de Noirmoutier.

Ces taux élevés d’illectronisme vont de pair avec une plus forte absence d’Internet au domicile (par absence d’équipement, d’abonnement ou de connexion) : 16 % à 20 % des habitants n’y ont pas accès dans les intercommunalités rurales peu denses, contre 7 % à 9 % dans les intercommunalités urbaines. Les territoires ruraux sont plus éloignés des services publics et des commerces et se caractérisent par une population plus âgée et davantage d’agriculteurs. La part des personnes de 60 ans ou plus varie de 40 % à 51 %, contre 33 % en moyenne dans la région. En ce qui concerne les intercommunalités rurales de Mayenne et de Sarthe, les ouvriers sont davantage présents : 16 % à 22 %, contre 15 % dans les Pays de la Loire.

Les zones de revitalisation rurale (ZRR) sont plus concernées par ce phénomène (figure 2). En effet, les Ligériens de 15 ans ou plus résidant dans ces espaces sont 19 % estimés en situation d’illectronisme, contre 14 % dans le reste de la région.

Les ZRR se caractérisent par une plus faible densité de population et des revenus plus faibles.

En Loire-Atlantique, l’écart entre les habitants vivant en ZRR et ceux vivant hors de ces territoires, est le plus élevé (6 points), comme en Mayenne. Les écarts sont les plus faibles pour la Vendée et le Maine-et-Loire (2 points).

Ces différences sont liées, notamment, aux écarts d’âge et de densité de population, de situation professionnelle entre les ZRR et les autres territoires. Toutefois, des disparités existent entre les ZRR selon, entre autres, leurs distances aux pôles urbains : de 12 % à Nozay à 26 % pour le Bocage Mayennais.

Dans les intercommunalités à proximité de Nantes, les taux d’illectronisme sont estimés les plus faibles de la région. De la même façon, les intercommunalités à proximité d’un chef-lieu de département, ont des parts d’illectronisme inférieures ou égales à la moyenne régionale : Angers Loire Métropole (12 %), La Roche-sur-Yon Agglomération (13 %), Le Mans Métropole (15 %). Ces métropoles rayonnent et attirent les habitants des intercommunalités voisines. De nombreux habitants de ces communes se déplacent quotidiennement vers les grands pôles pour y travailler ou y étudier. Ces espaces se caractérisent par davantage de cadres, de professions intermédiaires, d’employés et d’étudiants. Les populations sont aussi plus jeunes et plus diplômées.