Insee Flash Grand Est · Novembre 2022 · n° 63

En 2022, le vote intermittent est majoritaire et l’abstention est au plus haut

En 2022, 3,7 millions d’habitants du Grand Est sont inscrits sur les listes électorales, soit 91,4 % des personnes en âge de voter. Ce taux est très proche du niveau national (91,5 %). Parmi elles, 34,1 % ont voté chaque dimanche d’élection : aux deux tours de l’élection présidentielle, puis aux élections législatives (vote systématique). Le taux pour la France métropolitaine atteint 37,0 %, après la Corse, le Grand Est est la région où le vote systématique est le moins répandu.

À l’inverse, 16,8 % des inscrits (figure 1) se sont abstenus aux quatre tours de scrutin. Cette abstention systématique est en hausse de 2,8 points par rapport au niveau historique de 2017. La région Grand Est se positionne au quatrième rang des régions les plus abstentionnistes derrière les Hauts-de-France (18,2 %), la Normandie (17,8 %) et la Corse (17,3 %). Depuis 2002, avec le regroupement sur une même année des deux échéances nationales, le taux d’abstention systématique n’a jamais été aussi élevé dans la région.

Près de la moitié des inscrits (49,1 %) n’a donc voté qu’à une partie des scrutins. Depuis 2017, le vote par intermittence est ainsi le comportement de vote privilégié par les électeurs dans le Grand Est, comme en France. Il est toutefois en recul de 2,9 points par rapport à 2017, car les électeurs de 2022 ont été plus nombreux à s’abstenir totalement.

Parmi les autres tendances, comme en 2017, les électeurs se sont davantage mobilisés pour l’élection présidentielle : 82,3 % des inscrits ont voté à au moins un tour de cette élection, contre 54,4 % pour les élections législatives. Cet intérêt est cependant en recul : l’abstention pour la présidentielle est en hausse, passant de 14,6 % en 2017 à 17,7 % en 2022. La désaffection pour les élections législatives est particulièrement marquée dans le Grand Est. L’abstention à chaque tour est la plus fréquente dans le Grand Est et dans les Hauts-de-France pour les rendez-vous électoraux de juin, avec des taux de 45,6 % et de 45,7 %. Le taux dans la région dépasse de 4,2 points celui de France métropolitaine. L’abstention aux législatives est très forte chez les jeunes électeurs, plus de deux tiers des 18-29 ans n’ont pas voté.

La part des votants systématiques a tendance à augmenter avec l’âge entre 25 et 79 ans. À partir de 60 ans, le vote systématique devient majoritaire et culmine à 51,9 % pour les 70-79 ans (figure 2). Depuis 2002, la part de votants systématiques a diminué pour toutes les tranches d’âge. La baisse est la plus importante pour les 30 à 39 ans, elle a chuté de plus de 15 points, passant de 35,4 % à 19,7 %. Le recul de la participation systématique se fait majoritairement au profit du vote intermittent pour toutes les tranches d’âge, et également au profit de l’abstention totale pour les 25-39 ans.

L’âge est l’un des critères les plus discriminants pour la participation aux élections, mais l’exercice du droit de vote varie aussi selon la catégorie socio-professionnelle, le niveau de diplôme et le niveau de vie.

Les agriculteurs, les cadres et les retraités votent plus systématiquement. Par ailleurs, l’abstention chez les cadres ne dépasse pas 5,0 %, alors qu’elle atteint plus de 30,4 % chez les personnes sans activité professionnelle. Cet écart est plus marqué dans le Grand Est qu’au niveau national ; pour la France, l’abstention atteint 6,8 % pour les cadres et 27,9 % pour les personnes sans activité professionnelle.

Plus le niveau d’étude est faible, plus l’abstention systématique augmente. Les électeurs du Grand Est sans diplôme s’abstiennent systématiquement trois fois plus souvent que les inscrits titulaires d’un diplôme supérieur au bac (29,1 % contre 9,7 %, figure 3).

De même, l’abstention systématique baisse à mesure que le niveau de vie croît : 29,4 % de ceux qui ont les revenus les plus bas (1^er quartile) n’ont pas voté en 2022, contre 10,1 % pour les plus aisés (4^e quartile). Enfin, la localisation influe peu sur le vote par intermittence, c’est le choix de près de 49 % des électeurs dans les zones urbaines comme dans les zones rurales. En revanche, le vote systématique est moins fréquent chez les citadins (32,8 %) que chez les ruraux (38,2 %).