Insee Flash Centre-Val de Loire · Novembre 2022 · n° 56

Un habitant sur cinq n’a aucune compétence numérique dans la région

En 2019, 19 % de la population âgée de plus de 15 ans résidant en Centre-Val de Loire est en situation d’illectronisme. Le taux d’illectronisme est plus élevé dans la région qu’en France de province (17 %) et le Centre-Val de Loire se classe au 3^e rang des régions de France métropolitaine les plus touchées derrière la Corse et la Normandie. De surcroît, la part des personnes ayant une maîtrise élevée des outils numériques est la plus faible dans la région. C’est uniquement le cas de 21 % des habitants, contre 27 % en France de province.

Équipement et usages numériques révèlent d’abord une fracture générationnelle importante. L’illectronisme est très faible pour les personnes âgées de 15 à 44 ans (4 %) (figure 1). Ce phénomène augmente ensuite avec l’âge : 9 % des 45-59 ans sont en situation d’illectronisme, 23 % des 60-69 ans et 62 % des personnes âgées de plus de 70 ans. Par ailleurs, plus de 6 personnes en situation d’illectronisme sur 10 dans la région ont plus de 60 ans, alors qu’elles représentent moins de 4 habitants sur 10 parmi les plus de 15 ans.

Les « fragilités numériques » se cumulent fréquemment avec des fragilités sociales et économiques. Le taux d’illectronisme diminue avec le niveau de diplôme : 39 % des personnes pas ou peu diplômées sont en situation d’illectronisme, contre seulement 4 % des diplômés du supérieur. Une part importante des non-diplômés est âgée. Mais même parmi les moins de 60 ans, les personnes pas ou peu diplômés sont plus souvent en situation d’illectronisme (19 %, contre 2 % des diplômés du supérieur). Pour les jeunes, être diplômé est peu associé aux situations d’illectronisme : 7 % des non-diplômés âgés de 15 à 29 ans sont en situation d’illectronisme, contre seulement 2 % parmi les diplômés du supérieur du même âge. Par ailleurs, les jeunes ni en emploi, ni en formation, ni en études restent éloignés du numérique. L’illectronisme touche 8 % de cette population.

Au sein de la population active, les ouvriers (11 %) et les agriculteurs (12 %) sont les plus touchés par l’illectronisme. À l’inverse, plus d’un cadre sur deux a une maîtrise élevée du numérique, en lien avec ses usages professionnels.

Le clivage lié à l’âge peut être atténué par le niveau de diplôme et l’ancienne catégorie socioprofessionnelle des personnes. Parmi les plus de 70 ans, 75 % des personnes qui ne détiennent peu ou pas de diplôme sont en situation d’illectronisme, contre 36 % des titulaires du baccalauréat et 26 % des diplômés du supérieur. Moins de 2 anciens cadres sur 10 sont touchés par l’illectronisme, contre près de 6 anciens ouvriers et plus de 7 agriculteurs sur 10.

En 2019, plus de 17 % des personnes n’ont pas utilisé internet au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête. Cette proportion régionale est la plus élevée parmi les régions métropolitaines et supérieure de près de 2 points à la moyenne de France de province. Néanmoins, plus de 7 habitants de la région sur 10 utilisent internet tous les jours ou presque, classant le Centre-Val de Loire au 5^e rang des régions métropolitaines où l’utilisation quotidienne ou quasi-quotidienne d’Internet est la plus répandue, derrière l’Île-de-France, les Pays de la Loire, la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine.

Au-delà du manque de compétences, le coût du matériel et des abonnements peut également être un frein à l’usage d’internet. Parmi les personnes en situation d’illectronisme, 92 % n’ont pas utilisé internet dans l’année et 66 % n’ont pas d’accès à internet depuis leur domicile, quel que soit le type d’appareil (ordinateur, tablette, téléphone portable) et de connexion.

Les disparités territoriales en matières d’illectronisme sont importantes. Le taux d’illectronisme est inférieur à la moyenne régionale dans le Loiret (17 %), l’Indre (17 %) et l’Eure-et-Loir (18 %) et supérieur dans le Loir-et-Cher (21 %), le Cher (22 %) et l’Indre (25 %). À l’échelle des intercommunalités, le taux d’illectronisme est globalement plus faible le long de l’axe ligérien et entre Orléans et Chartres (figure 2). Ces territoires rassemblent une population plus jeune et plus diplômée qui occupe plus fréquemment des postes de cadres et de professions intermédiaires. Les intercommunalités du nord-est de la région bénéficient de la proximité de la région parisienne, elle-même très connectée, et comptent davantage de navetteurs (plus souvent cadres ou jeunes) que dans le reste de la région. À l’inverse, l’illectronisme est plus marqué dans le sud de la région. Dans les 9 intercommunalités où le taux d'illectronisme est le plus élevé, toutes situées au sud de la région, plus de 20 % des habitants ne disposent pas d'un accès à internet (contre 13 % en Centre-Val de Loire) et 27 % n'ont pas utilisé internet au cours des 12 derniers mois (10 points au-dessus du niveau régional).

Le taux d’illectronisme est légèrement supérieur dans l’espace rural (20 % de la population, contre 18 % dans l’espace urbain). Il est toutefois plus important dans l’espace rural à habitat très dispersé, où un habitant sur quatre est concerné. Ces territoires sont aussi ceux à la couverture numérique moins complète.