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Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Novembre 2022 · n° 90
Insee Flash Nouvelle-AquitaineDans les Pyrénées-Atlantiques, davantage de mortalité et de baisse de l’activité Les départements néo-aquitains à l’épreuve de la crise sanitaire

Laure Genebes (Insee)

Dans les Pyrénées-Atlantiques, l’épidémie de Covid-19 a engendré davantage de décès qu’en moyenne régionale en 2020. Le département a enregistré de fortes baisses d’activité, mais dépasse son niveau d’avant-crise fin 2021. L’emploi industriel a été davantage touché par la crise sanitaire qu’aux niveaux régional et national. Les Basco-Béarnais ont connu une hausse plus importante de bénéficiaires de prestations sociales telles que le RSA ou la prime d’activité.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine
No 90
Paru le :Paru le29/11/2022

Cette étude fait partie d'une série de publications sur « Les départements de Nouvelle-Aquitaine à l'épreuve de la crise sanitaire ».

Les Pyrénées-Atlantiques à l’épreuve de la crise sanitaire
Publication rédigée par :Laure Genebes (Insee)

Un fort pic de décès fin 2020

Les Pyrénées-Atlantiques figurent parmi les territoires néo-aquitains les plus touchés par l’épidémie de Covid en 2020. Les décès (+ 4 % par rapport à 2019) y progressent deux fois plus qu’en Nouvelle-Aquitaine. Cela reste toutefois inférieur à la situation nationale. Contenue lors de la 1re vague, la mortalité augmente ensuite, notamment au dernier trimestre 2020 où le surcroît de décès atteint + 18 %. Cette hausse, supérieure à celle connue à l’échelle de la région, est comparable à la moyenne nationale (figure 1).

Figure 1Évolution de la mortalité en 2020 et 2021

(base 100 en 2019)
Évolution de la mortalité en 2020 et 2021 ((base 100 en 2019)) - Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre 2019 dans les Pyrénées-Atlantiques et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
Période Pyrénées-Atlantiques Nouvelle-Aquitaine France
2020 T1 98 97 101
2020 T2 97 98 112
2020 T3 103 103 103
2020 T4 118 111 120
2021 T1 100 103 108
2021 T2 99 105 108
2021 T3 103 106 106
2021 T4 112 111 109
  • Note : l’année de référence prise est 2019. Les vagues sont déterminées en fonction de la courbe nationale des hospitalisations (Pour en savoir plus).
  • Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre 2019 dans les Pyrénées-Atlantiques et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
  • Source : Insee, État civil 2019 à 2021. Les données 2021 sont provisoires.

Figure 1Évolution de la mortalité en 2020 et 2021

  • Note : l’année de référence prise est 2019. Les vagues sont déterminées en fonction de la courbe nationale des hospitalisations (Pour en savoir plus).
  • Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre 2019 dans les Pyrénées-Atlantiques et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
  • Source : Insee, État civil 2019 à 2021. Les données 2021 sont provisoires.

En 2021, les conséquences du Covid sont en revanche moins marquées. Toutes causes confondues, 7 500 décès sont enregistrés (+ 4 % par rapport à 2019). Cette augmentation est nettement en retrait des niveaux national et régional, le début d’année 2021 ne s’accompagnant pas de surmortalité. La hausse des décès n’est en effet portée que par le surcroît de décès au 4e trimestre 2021 (+ 12 %). Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, se détériore en 2020 et reste stable en 2021, en dépit d’une natalité en légère hausse qui ne suffit pas à compenser l’augmentation de la mortalité.

Un recul d’activité marqué en 2020 et 2021, lié aux spécificités sectorielles du département

En décembre 2021, l’activité économique des Pyrénées-Atlantiques dépasse son niveau d’avant-crise (+ 2 %), avec un nombre d’heures rémunérées supérieur à celui de décembre 2019 (+ 1 % en France) (figure 2).

Figure 2Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021

(en points)
Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021 ((en points)) - Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situait 36 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse des heures rémunérées dans les autres services principalement marchands (17 points), la construction (5), l’hébergement-restauration (6), l’industrie (5) et les services principalement non marchands (3).
Période Autres services principalement marchands Construction Hébergement - restauration Industrie Services principalement non marchands Ensemble
Jan 2020 1,0 0,4 0,1 0,3 0,2 2,0
fév 2020 0,9 0,4 0,0 0,1 0,1 1,5
mars 2020 -6,6 -3,4 -2,4 -2,1 -1,0 -15,5
avril 2020 -16,6 -5,3 -5,8 -5,2 -2,7 -35,6
mai 2020 -9,5 -1,9 -5,5 -4,6 -1,5 -23,0
juin 2020 -3,6 -0,3 -2,7 -2,5 -0,5 -9,6
juil 2020 -2,5 -0,2 -1,5 -2,1 -0,5 -6,8
août 2020 -1,5 0,1 -1,0 -1,5 -0,3 -4,2
sept 2020 -1,1 -0,2 -0,9 -1,8 -0,1 -4,1
oct 2020 -0,9 -0,4 -1,1 -1,9 -0,1 -4,4
nov 2020 -4,9 0,0 -4,0 -2,0 -0,1 -11,0
déc 2020 -1,8 -0,1 -4,0 -1,7 0,2 -7,4
jan 2021 -0,9 0,8 -3,1 -1,8 0,1 -4,9
fév 2021 -1,3 0,4 -3,7 -1,6 0,3 -5,9
mars 2021 -1,5 0,7 -3,8 -1,5 0,4 -5,7
avril 2021 -3,4 0,4 -4,5 -1,9 0,1 -9,3
mai 2021 -1,9 0,3 -3,1 -1,7 0,3 -6,1
juin 2021 0,6 0,6 -0,6 -1,0 0,5 0,1
juil 2021 0,5 0,3 0,2 -1,2 0,2 0,0
août 2021 1,1 0,3 0,2 -0,8 0,4 1,2
sept 2021 1,7 0,5 0,1 -1,0 0,5 1,8
oct 2021 2,0 0,5 0,3 -1,2 0,4 2,0
nov 2021 2,6 0,6 0,4 -0,8 0,6 3,4
déc 2021 2,1 0,0 0,1 -0,9 0,5 1,8
  • Note : la situation de référence est le même mois de l’année 2019.
  • Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situait 36 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse des heures rémunérées dans les autres services principalement marchands (17 points), la construction (5), l’hébergement-restauration (6), l’industrie (5) et les services principalement non marchands (3).
  • Source : Insee, Déclarations sociales nominatives – traitement provisoire.

Figure 2Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021

  • Note : la situation de référence est le même mois de l’année 2019.
  • Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situait 36 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse des heures rémunérées dans les autres services principalement marchands (17 points), la construction (5), l’hébergement-restauration (6), l’industrie (5) et les services principalement non marchands (3).
  • Source : Insee, Déclarations sociales nominatives – traitement provisoire.

Le début d’année 2021, et tout particulièrement le printemps, ayant été pénalisés par les mesures sanitaires, la baisse d’activité moyenne de ce département touristique est de 2 % sur l’année.

À l’exception de l’industrie, les secteurs d’activité retrouvent leurs niveaux d’activité d’avant-crise à partir du mois de juillet 2021. La hausse des heures rémunérées dans les services marchands et, dans une moindre mesure, non marchands, compense le recul dans l’industrie par rapport à décembre 2019. La construction et l’hébergement-restauration retrouvent leur niveau d’avant-crise.

L’activité a davantage baissé en 2020, de 10 % en moyenne annuelle. Il s’agit du repli le plus fort enregistré dans la région, deux points au-delà de la moyenne régionale. Cette baisse est surtout due au confinement du printemps 2020, où l’activité a reculé de 36 % dans le département, une baisse supérieure aux moyennes nationale et régionale. Ainsi, 17 % de Basco-Béarnais ont été intégralement au chômage partiel pendant le premier confinement, deux points de plus que la Nouvelle-Aquitaine ou la France. Le recours au télétravail exclusif a également été moindre pendant le premier confinement (19 %, contre 22 % dans la région et 28 % en France).

Après une reprise progressive de l’activité pendant l’été, un deuxième confinement est intervenu à l’automne 2020. La baisse de l’activité a été nettement plus modérée (- 11 % en novembre) car les restrictions ont davantage ciblé les services, notamment l’hébergement-restauration et le commerce. Cette baisse a toutefois été plus prononcée qu’au niveau national, notamment dans l’industrie et l’hébergement-restauration.

La consommation des ménages a aussi diminué en 2020, notamment pendant les confinements : par rapport au même mois de 2019, le montant de transactions par cartes bancaires CB baisse de 49 % au mois d’avril 2020, et de 28 % en novembre. Ces baisses sont en partie compensées par un rebond lié à l’affluence estivale. La consommation résiste davantage en 2021, malgré un nouveau trou d’air au mois d’avril.

Par ailleurs, les créations d’entreprises sont dynamiques en 2021 (10 200 entreprises créées, soit 24 % par rapport à 2020) après un moindre dynamisme en 2020 (+ 4 % par rapport à 2019).

Malgré un chômage bas, l’emploi industriel particulièrement touché par la crise sanitaire

Avant la crise, le marché de l’emploi salarié des Pyrénées-Atlantiques était dynamique, à l’image de la France. L’épidémie de Covid a stoppé cette tendance avec une baisse des emplois de 2,1 % au 1er trimestre 2020, soit - 5 200 emplois. Ce recul, prolongé le trimestre suivant, est néanmoins plus limité que la baisse de l’activité économique.

L’intérim a constitué la variable d’ajustement : fortement touché au 1er trimestre 2020 (- 45 %), il ne retrouve son niveau d’avant-crise qu’au 3e trimestre 2021 avant de le dépasser de 6 % en fin d’année.

Hors intérim, l’emploi industriel des Pyrénées-Atlantiques a été particulièrement pénalisé compte tenu de son orientation vers l’aéronautique : en dépit d’un rebond fin 2021, l’emploi reste inférieur de 2 % à son niveau d’avant-crise (- 0,4 % en France). L’emploi a également baissé en 2020 dans les services marchands avant de progresser à nouveau en 2021 et de dépasser en fin d’année son niveau d’avant-crise de 4,5 %. Dans le tertiaire non marchand, l’emploi est en légère augmentation. La construction dans les Pyrénées-Atlantiques a aussi bien résisté qu’en Nouvelle-Aquitaine. Ainsi, fin 2021, l’emploi dans ce secteur a progressé de 9 % par rapport à l’avant-crise, hausse supérieure à la moyenne nationale. La hausse globale de l’emploi depuis la crise s’élève à 3,3 %, supérieure à la moyenne française (2,5 %).

Le chômage, qui baissait régulièrement depuis 2017, est fortement remonté durant la crise pour atteindre 7,5 % au 3e trimestre 2020. Puis, la reprise économique a permis sa diminution à 5,8 % fin 2021, parmi les plus bas de Nouvelle-Aquitaine.

Une plus forte hausse de bénéficiaires du RSA

Les dispositifs d’aide aux employeurs ont soutenu indirectement le pouvoir d’achat des actifs en protégeant les emplois. Le pouvoir d’achat a également été protégé par des mesures directes de maintien dans les dispositifs de protection comme le revenu de solidarité active (RSA) ou l’indemnisation chômage, ou des aides monétaires exceptionnelles accordées aux familles modestes courant 2020.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, 21 % des ménages déclarent avoir rencontré des difficultés financières durant le premier confinement, un niveau comparable à la moyenne régionale et légèrement inférieur à la moyenne française.

En 2020, le nombre des bénéficiaires du RSA augmente de 9 %, deux points de plus qu’en France ou en Nouvelle-Aquitaine. Après un pic atteint en fin d’année 2020, avec la reprise de l’activité économique et le desserrement des contraintes sanitaires, le nombre de bénéficiaires du RSA baisse en 2021 sous l’effet des retours à l’emploi, jusqu’à retrouver un niveau légèrement supérieur à celui observé avant le début de la crise, avec 15 100 allocataires en décembre 2021.

La hausse des bénéficiaires d’une prime d’activité a été moins spectaculaire. Après une première hausse de 2 % en 2020, le pic de 51 200 bénéficiaires est atteint seulement en décembre 2021, avec un point supplémentaire.

Seuls 2 % des ménages déclarent ressentir une amélioration de leurs finances lors du premier confinement. Le patrimoine financier des ménages augmente en 2020-2021, à un rythme plus soutenu que la période avant-crise. Le surplus d’épargne s’explique par la prudence des ménages face aux incertitudes et par les restrictions qui ont limité leurs dépenses. Les encours des produits d’épargne (différents livrets) augmentent de 2,2 milliards d’euros entre février 2020 et décembre 2021. Cette progression de 8 % en rythme annuel est équivalente aux moyennes régionale et nationale.

Publication rédigée par :Laure Genebes (Insee)

Pour en savoir plus

Génin G., « Une surmortalité marquée et un léger rebond des naissances en 2021 en Nouvelle-Aquitaine », Insee Flash Nouvelle-Aquitaine n° 74, mai 2022.

« Les départements de Nouvelle-Aquitaine à grands traits », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 101 à 112, décembre 2021.

« En quatre vagues, l’épidémie de Covid-19 a causé 116 000 décès et lourdement affecté le système de soins », France, portrait social Édition 2021, novembre 2021.