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Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Novembre 2022 · n° 87
Insee Flash Nouvelle-AquitaineNets rebonds de l’activité et de l’emploi en Gironde Les départements néo-aquitains à l’épreuve de la crise sanitaire

Laurent Brunet (Insee)

Durant l’épidémie de Covid-19, le nombre de décès, stable en 2020, n’augmente en Gironde qu’en 2021. L’activité économique et l’emploi affichent une plus forte dynamique de reprise que pour l’ensemble de la région. Au début de l’épidémie, les Girondins sont les plus nombreux à déclarer une situation financière détériorée, mais entre 2020 et 2021, les ménages ont davantage épargné qu’en moyenne dans la région.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine
No 87
Paru le :Paru le29/11/2022

Cette étude fait partie d'une série de publications sur « Les départements de Nouvelle-Aquitaine à l'épreuve de la crise sanitaire ».

La Gironde à l’épreuve de la crise sanitaire
Publication rédigée par :Laurent Brunet (Insee)

La Gironde en excédent naturel malgré la hausse des décès

Entre 2019 et 2020, marquant la première année de l’épidémie, le nombre de décès en Gironde croît modérément et plus lentement qu’en Nouvelle-Aquitaine : + 0,4 % sur un an, soit plus de 13 900 décès en 2020. À partir du printemps (premier confinement), les décès progressent pour atteindre un plateau à la fin de l’automne de la même année (figure 1).

Figure 1Évolution de la mortalité en 2020 et 2021

(base 100 en 2019)
Évolution de la mortalité en 2020 et 2021 ((base 100 en 2019)) - Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre 2019 en Gironde et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
Période Gironde Nouvelle-Aquitaine France
2020 T1 96 97 101
2020 T2 97 98 112
2020 T3 102 103 103
2020 T4 107 111 120
2021 T1 107 103 108
2021 T2 106 105 108
2021 T3 107 106 106
2021 T4 110 111 109
  • Note : l’année de référence prise est 2019. Les vagues sont déterminées en fonction de la courbe nationale des hospitalisations (Pour en savoir plus)
  • Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre 2019 en Gironde et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
  • Source : Insee, État civil 2019 à 2021. Les données 2021 sont provisoires.

Figure 1Évolution de la mortalité en 2020 et 2021

  • Note : l’année de référence prise est 2019. Les vagues sont déterminées en fonction de la courbe nationale des hospitalisations (Pour en savoir plus)
  • Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre 2019 en Gironde et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
  • Source : Insee, État civil 2019 à 2021. Les données 2021 sont provisoires.

En 2021, toutes causes confondues, les décès se stabilisent en Gironde au niveau atteint fin 2020, avec une accélération en fin d’année, qui correspond à la cinquième vague observée partout en France. Sur l’année, 1 000 décès de plus qu’en 2020 sont enregistrés. La surmortalité atteint 8 % en 2021, comme en moyenne nationale et davantage qu’en Nouvelle-Aquitaine.

Avec des naissances supérieures aux décès, la Gironde est le seul département néo-aquitain en excédent naturel. Ce dernier reste stable durant la première année de l’épidémie, mais diminue nettement en 2021, sous l’effet de l’augmentation des décès.

Un fort rebond de l’activité économique

Fin 2021, l’activité économique en Gironde (mesurée par le nombre d’heures rémunérées) dépasse de 4 % son niveau de fin 2019. Ce rebond est le plus important des départements néo-aquitains, avec la Charente-Maritime (figure 2).

Figure 2Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021

(en points)
Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021 ((en points)) - Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situe 33 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (17 points), la construction (5), l’hébergement-restauration (5), l’industrie (4) et les services principalement non marchands (2).
Période Autres services principalement marchands Construction Hébergement et restauration Industrie Services principalement non marchands
jan 2020 1,5 0,5 0,3 0,3 0,4
fév 2020 1,8 0,5 0,3 0,3 0,4
mars 2020 -5,9 -3,0 -2,1 -1,3 -0,7
avril 2020 -16,9 -5,3 -5,2 -3,5 -2,0
mai 2020 -10,4 -2,0 -4,7 -2,5 -1,1
juin 2020 -3,7 0,0 -2,4 -0,9 -0,1
juil 2020 -2,2 0,0 -1,4 -0,6 -0,1
août 2020 -1,0 0,3 -1,1 -0,4 0,0
sept 2020 -1,0 0,1 -1,1 -0,6 0,1
oct 2020 -1,1 0,0 -1,2 -0,5 0,2
nov 2020 -3,6 0,3 -3,5 -0,5 0,2
déc 2020 -0,6 0,0 -3,5 -0,3 0,4
jan 2021 0,3 0,8 -2,6 -0,5 0,6
fév 2021 0,0 0,5 -3,2 -0,4 0,7
mars 2021 0,6 0,7 -3,2 -0,4 0,8
avril 2021 -1,3 0,4 -3,7 -0,4 0,5
mai 2021 -0,4 0,3 -2,7 -0,6 0,6
juin 2021 2,0 0,8 -0,8 0,0 0,8
juil 2021 1,5 0,2 -0,1 -0,3 0,6
août 2021 1,8 0,2 -0,1 -0,2 0,7
sept 2021 2,3 0,5 -0,1 -0,1 0,7
oct 2021 2,5 0,4 0,1 -0,2 0,7
nov 2021 3,4 0,6 0,2 0,2 0,8
déc 2021 3,3 -0,1 0,0 0,0 0,7
  • Note : la situation de référence est le même mois de l’année 2019.
  • Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situe 33 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (17 points), la construction (5), l’hébergement-restauration (5), l’industrie (4) et les services principalement non marchands (2).
  • Source : Insee, Déclarations sociales nominatives – traitement provisoire.

Figure 2Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021

  • Note : la situation de référence est le même mois de l’année 2019.
  • Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situe 33 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (17 points), la construction (5), l’hébergement-restauration (5), l’industrie (4) et les services principalement non marchands (2).
  • Source : Insee, Déclarations sociales nominatives – traitement provisoire.

Malgré un début d’année 2021 encore pénalisé par les restrictions liées aux mesures sanitaires, l’activité girondine dépasse, en moyenne annuelle, son niveau d’avant-crise de 1 %. C’est dans les services marchands que la contribution à la reprise de l’activité en Gironde est la plus forte (+ 3 points en fin d’année), devant les services non marchands. Construction, industrie et hébergement-restauration retrouvent leur niveau d’avant-crise.

L’activité économique a diminué plus nettement en 2020 (− 8 %, comme en moyenne régionale). Elle décroît fortement lors du premier confinement, au printemps, avec une baisse d’activité de 33 %. Le recours au chômage partiel intégral (14 % des Girondins) est comparable à celui de la région. Grâce à une structure des emplois qui le permet largement, le recours au télétravail exclusif durant le premier confinement (32 %) est supérieur de 10 points à la moyenne régionale.

Après une reprise progressive mais incomplète de l’activité pendant l’été, un deuxième confinement est intervenu à l’automne 2020. La baisse d’activité y est moins marquée (– 7 %), les restrictions ayant davantage ciblé les services, notamment l’hébergement-restauration et le commerce. Les activités de production ont pu s’organiser pour s’adapter aux nouvelles conditions. L’activité dans le secteur de la construction progresse à partir de l’été 2020 avec une hausse des mises en chantier de futurs logements neufs (notamment individuels).

La consommation des Girondins est, dans la région, celle qui a le plus pâti des restrictions associées aux confinements. Ainsi, par rapport au même mois de 2019, le montant de transactions par cartes bancaires CB a baissé de 47 % en avril 2020, et de 28 % en novembre. La consommation résiste mieux en 2021, malgré un nouveau trou d’air assez conséquent en avril.

Les créations d’entreprises sont en hausse entre 2020 et 2021 (+ 21 %) sans atteindre tout à fait le dynamisme régional, après une année 2020 plutôt morose (+ 1 %).

Une reprise du marché du travail plus franche en Gironde

L’emploi salarié girondin était dynamique avant la crise sanitaire. Il a diminué de 1,9 % au 1er trimestre 2020 (soit 12 300 destructions nettes d’emplois salariés) en lien avec le premier confinement, puis a rejoint son niveau de 2019 à partir du 3trimestre 2020. À la fin de l’année 2021, la croissance retrouvée de l’emploi salarié permet de dépasser de 4,8 % l’évolution d’avant-crise.

L’emploi intérimaire en Gironde a connu un ajustement en début d’année 2020, en chutant fortement (– 40 % en un trimestre). Il retrouve son niveau d’avant-crise début 2021, et le dépasse de 14 % en fin d’année.

Hors intérim, l’emploi industriel girondin pâtit peu de la crise. Fin 2021, le secteur industriel progresse de 2 %. De même, dans le secteur de la construction, l’emploi augmente de 8 % entre fin 2019 et fin 2021. Celui des services non marchands est également en constante croissance (217 600 emplois fin 2021, soit 4 % de plus que fin 2019). Dans les services marchands, l’emploi se replie modérément en 2020 et retrouve son niveau d’avant épidémie au début de l’année 2021. Fin 2021, il le dépasse de 5,5 %.

Le chômage, en baisse régulière depuis 2017, a fortement progressé durant la crise pour atteindre 8,6 % au 3e trimestre 2020. Puis, la reprise économique permet des créations d’emplois et une baisse du chômage à 6,8 % fin 2021, un niveau comparable à la moyenne régionale.

Une situation financière ressentie dégradée au début de l’épidémie

Les dispositifs d’aide aux employeurs ont soutenu indirectement le pouvoir d’achat des actifs en protégeant les emplois. Le pouvoir d’achat a également été porté par des mesures directes de maintien dans les dispositifs de protection comme le revenu de solidarité active (RSA), l’indemnisation chômage ou des aides monétaires exceptionnelles à destination des familles modestes courant 2020.

Durant le premier confinement, un quart des ménages girondins déclarent une situation financière dégradée. Cette part est la plus élevée de la région, et supérieure à la moyenne nationale.

Le nombre de bénéficiaires du RSA en Gironde est en hausse pendant l’année 2020 (+ 6 %). Il recule en 2021, avec la reprise de l’activité économique et un assouplissement des contraintes sanitaires. En fin d’année, 40 600 personnes en bénéficient, elles sont moins nombreuses qu’avant le début de la crise sanitaire.

La croissance du nombre de bénéficiaires d’une prime d’activité a été plus modérée, avec deux hausses successives de 1 % en 2020 et 2021.

Seuls 2 % des ménages déclarent ressentir une amélioration de leurs finances lors du premier confinement. Le patrimoine financier des Girondins augmente pourtant en 2020-2021, à un rythme plus soutenu qu’avant la crise (+ 9 % par an, contre 6 %). Le surplus d’épargne s’explique par un report des dépenses de consommation courantes et une réaction de prudence des ménages vis-à-vis d’un climat d’incertitude. Cela représente une augmentation des encours des produits d’épargne (différents livrets) de 4,9 milliards d’euros entre février 2020 et décembre 2021.

Publication rédigée par :Laurent Brunet (Insee)

Pour en savoir plus

Génin G., « Une surmortalité marquée et un léger rebond des naissances en 2021 en Nouvelle-Aquitaine », Insee Flash Nouvelle-Aquitaine n° 74, mai 2022.

« Les départements de Nouvelle-Aquitaine à grands traits », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 101 à 112, décembre 2021.

« En quatre vagues, l’épidémie de Covid-19 a causé 116 000 décès et lourdement affecté le système de soins », France, portrait social Édition 2021, novembre 2021.